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Le 23 décembre dernier, à Paris, une nouvelle tuerie raciste et xénophobe faisait trois morts, les victimes étaient toutes issues de la communauté kurde. Au fil des informations, le profil du suspect devient de plus en plus clair : un homme viscéralement raciste qui voulait tuer le plus d’étrangers possible lors de cette fusillade. Ce dernier ayant déjà attaqué un migrant avec un sabre en décembre 2021.
Un crime à l’image de la folie meurtrière du capitalisme
Ce genre d’actes ignobles n’a, hélas, rien d’extraordinaire. Au contraire, ils rythment désormais le quotidien de la société au quatre coins du monde et font régulièrement les Unes des journaux et des émissions de télévision. L’assassinat du 23 décembre ne doit donc rien au hasard, bien au contraire. Pour autant, les représentants politiques comme les médias aux ordres n’ont pas tardé à réduire cette tuerie comme le simple fait d’un « déséquilibré » au « cerveau grillé », imbibé de l’idéologie d’extrême-droite. Autrement dit, un individu psychologiquement malade. Voilà ! L’affaire était réglée ! En réalité, la démarche de ces individus n’est en rien le produit d’un simple acte individuel mais bien celui d’une société sans aucun futur, se noyant tous les jours dans la barbarie, la destruction des liens sociaux, la marginalisation, l’atomisation des individus, le nihilisme ou encore l’anéantissement de l’affectivité. Un tel cocktail ne pouvant que fabriquer en chaîne des êtres broyés dont les pulsions de haine et de mort peuvent trouver leur conclusion dans le massacre de boucs-émissaires, cette fois-ci des individus issus de la communauté kurde.
Un crime instrumentalisé par la gauche de la bourgeoisie
Personnalités politiques, représentants des différentes sphères de l’État, journalistes et commentateurs de tous bords se sont émus de cet acte barbare en jouant sur le terrain de la peur. Mélenchon et la France insoumise, par exemple, ont dénoncé un authentique acte terroriste d’un militant d’extrême – droite manipulé par la Turquie. Si pour le moment, rien ne permet de confirmer cette thèse, ce qui est sûr c’est que la gauche et l’extrême gauche (LO, NPA notamment) mais aussi, bien sûr, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont tout de suite compris le bénéfice qu’elles pouvaient tirer de ce drame. En déclarant d’emblée qu’il s’agissait d’un attentat terroriste, toutes ces officines de l’État ont été en mesure d’instrumentaliser la colère des Kurdes en les appelant à se mobiliser sur le terrain de l’antifascisme et de la défense du peuple kurde. (1)Ainsi, preque toute la bourgeoisie est à l’unisson pour dénoncer la montée du fascisme qui mettrait en péril la démocratie. Nous assistons à deux campagnes concomitantes mais totalement complémentaires consistant à entraîner les ouvriers sur le terrain de l’antifascisme. D’un côté, l’extrême droite, par ses discours haineux, déverse sur les réseaux sociaux un odieux mélange de haine, d’appel au lynchage et au pogrom envers tout individu extérieur à la prétendue « communauté nationale ». D’ailleurs, les militants d’extrême-droite ont désormais toujours un fauteuil réservé sur les plateaux télévisés et en radio, à l’image de Zemmour lors de la dernière élection présidentielle, leur donnant ainsi toute légitimité pour déverser leurs discours racistes.
Face à ce déferlement de haine, on assiste, de l’autre côté, à un grand battage médiatique de la gauche et de l’extrême-gauche qui déploient tout leur arsenal dans l’appel au « combat contre le fascisme ». Dès le 23 décembre, les ténors de la NUPES, pour ne citer qu’eux, ont largement occupé les chaînes d’information pour dénoncer la violence de l’extrême – droite qui constituerait une grave menace pour la France. Cette campagne a été lancée, il y a déjà quelque temps, sur les réseaux sociaux. Les médias de gauche « alternatifs », prétendument indépendants, ne cessent de développer ce thème de la montée en puissance de la violence d’extrême-droite. Ce discours est perfide car il distille l’idée selon laquelle la solution politique au pourrissement de la société serait contenue dans la défense de « L’État de droit », c’est-à-dire de la nation, de l’État et de la République bourgeoise, qu’il conviendrait d’utiliser avec efficacité pour régler les problèmes de racisme, de xénophobie, de terrorisme. Mais tout ce ramassis de lieux communs et de mensonges n’est qu’un bourrage de crânes qui montre pleinement la véritable fonction de la gauche du capital : dévoyer la lutte de la classe ouvrière contre le système capitaliste pour mieux l’amener à soutenir et défendre son principal oppresseur : l’État « démocratique ».
S’en remettre aux sbires de la gauche pour changer le monde et préserver l’humanité de la barbarie capitaliste est un dangereux leurre que la classe ouvrière ne doit pas gober !
Mathilde, 30 décembre 2022
1 Les Kurdes savent pertinemment que l’État français ne peut ni ne veut les protéger : les enjeux et le désamour diplomatique avec Erdogan est un sujet brûlant de politique internationale qui prévaut sur tout autre risque d’insécurité de ressortissants kurdes en l’occurrence. Rappelons l’attentat de janvier 2013 qui avait tué trois militantes kurdes et qui s’était soldé, après plusieurs années de procédure, par un classement secret-défense entraînant ainsi la fin de toute procédure.