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L’édition de la coupe du monde du football 2022, aussi « festive » soit-elle, exprime au plus haut point l’irrationalité et la pourriture du monde capitaliste. La bourgeoisie est bien consciente que, cette fois-ci, la compétition pue ouvertement la corruption, comme le révèle le « scandale » du « Qatargate » impliquant un vaste réseau de corruption au sein de l’honorable institution du Parlement européen, subventionné par le Qatar et le Maroc (dont une des vice-présidentes, « socialiste » de surcroît, a été écrouée après la découverte de 600 000 € en liquide chez elle) ou encore le fort soupçon pesant sur le président de l’Union des associations européennes de foot, Michel Platini, d’avoir perçu de substantiels dessous-de-table pour avoir soutenu la candidature du Qatar comme pays organisateur de cette Coupe, et où flotte encore l’odeur des cadavres de milliers d’ouvriers morts sur les chantiers ! Mais elle préfère vite oublier et s’extasier plutôt sur la « bonne organisation de ce Mondial ». Une expression, probablement, de sa cynique « positive attitude » en plein marasme économique ! La bourgeoisie ne pourra jamais se priver d’une occasion pour attiser le chauvinisme et le nationalisme, même si c’est au prix de se rouler dans la fange !
Des stades construits sur le sang des ouvriers
Les conditions de travail terribles des ouvriers qui ont construit les stades, les métros, les logements et la ville nouvelle de Lusail sont connus depuis longtemps : travail forcé, interdiction de boire ou de manger sur le chantier, confiscation des documents d’identités, salaires versés au compte-goutte (voire, pas du tout), logements pourris et surpeuplés, emprisonnement dans les stades ou autres lieux de travail, interdiction de quitter le pays ou de changer d’emploi…
Il est impossible de savoir le nombre exact d’accidents de travail graves et mortels, car le Qatar fait tout pour dissimuler les chiffres. Mais des enquêtes du Guardian, de la BBC et d’Amnesty International indiquent clairement que des milliers d’ouvriers venant du Bangladesh, de l’Inde, du Kenya, du Népal, des Philippines, du Sri Lanka ou du Soudan sont morts dans ces véritables camps de travail. Le comble, quelques semaines avant le Mondial, les survivants ont été expulsés en masses de leur logement pour faire de la place aux supporters et pour « nettoyer » les quartiers de la réalité barbare du sport et de l’exploitation capitaliste.
Cette compétition est aussi une catastrophe environnementale ahurissante. Alors que la planète se réchauffe dramatiquement, que les ressources en eau se raréfient, menaçant des régions entières de désastre écologique, la bourgeoisie n’a pas trouvé mieux que de construire huit stades climatisés consommant chacun 10 000 litres d’eau par jour pour une déplorable compétition sportive !
L’hypocrisie des grandes « démocraties »
Face à l’indignation suscitée par la barbarie de la bourgeoisie qatarie, une partie de la presse occidentale et des partis de gauche ont été contraints de dénoncer l’horreur de la situation, comme le caractère rétrograde du régime en place. Comme d’habitude, on nous explique que seuls le Qatar et les instances dirigeantes corrompues du football (c’est-à-dire une partie de la bourgeoisie) seraient responsables de ce désastre. Mais le véritable responsable, c’est le capitalisme !
Les pays « démocratiques » ont mis aussi les deux pieds dans la barbarie ! Car les entreprises de construction, les sociétés de logistique ou de transports sont des firmes françaises, allemandes, chinoises, néerlandaises, belges… Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a d’ailleurs répondu cyniquement aux critiques et accusations venant des pays européens : « Combien de ces entreprises européennes qui gagnent des millions et des millions au Qatar ou dans d’autres pays de la région (des milliards chaque année), combien d’entre elles se sont penchées sur les droits des travailleurs migrants ? J’ai la réponse : aucune, car si elles changent la législation, cela signifie moins de profits ». Pour une fois, on ne pourra pas lui reprocher de mentir ! Les pays « démocratiques » participent ainsi sans broncher à la coupe du monde, et pas seulement sur le plan sportif. L’homophobie, l’archaïsme du régime, l’esclavage et les morts ne comptent pas. Les juteux bénéfices valent bien quelques milliers de vie ouvrières. Si l’Émir du Qatar et sa clique de mafieux abjects n’inspirent que le dégoût, loin d’être une aberration, ils ne sont qu’une expression de la réalité sordide de l’exploitation capitaliste !
Face aux enjeux impérialistes, le foot n’est pas qu’un « jeu »
L’organisation de la coupe du monde au Qatar a été décidée en 2010 par les pays démocratiques, avec le soutien appuyé de la France et des autres puissances occidentales, le tout dans une ambiance de corruption éhontée. Car ces événements sportifs n’ont rien à voir avec la « fraternité entre les peuples » tant vantée par la bourgeoisie. La France, par exemple, a soutenu le Qatar et sa volonté d’apparaître comme une puissance régionale respectable, car elle y a des intérêts importants.
Mais, immédiatement après le vote, les accusations de corruption se sont multipliées, révélant les enjeux et tensions impérialistes derrière la « fête » du football. Ce sont les médias anglais qui ont accusé la FIFA de corruption. C’est la justice américaine qui a enquêté et condamné des responsables dans les diverses organisations internationales de football. Le président américain, Barack Obama, a même ouvertement critiqué le choix du Qatar, parce que les États-Unis voulaient eux-mêmes devenir le pays hôte pour 2022 et en récolter les revenus et le prestige !
Maintenant que la crise de l’énergie fait rage en Europe suite à la guerre en Ukraine, il est encore plus important de maintenir de bonnes relations avec le Qatar, qui est un producteur majeur de gaz naturels liquéfiés. Ce n’est pas un hasard si l’Allemagne et la Chine viennent de conclure des accords pour l’importation du gaz qatari.
Il y a en revanche une chose que les différentes bourgeoisies ne bouderont pas : c’est la propagande nationaliste forcenée que chacune de ces compétitions suscite ! Avec ses drapeaux, ses hymnes nationaux, ses supporters beuglant leur haine de l’adversaire, le Mondial est une nouvelle occasion de déchaîner une énorme campagne pour faire croire aux ouvriers que l’union derrière le drapeau national, celui des intérêts de la bourgeoisie, est une « fête » !
LC, 20 décembre 2022