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CETTE FOLIE CESSERA LE JOUR OU LES OUVRIERS D’ALLEMAGNE ET DE FRANCE, D’ANGLETERRE ET DE RUSSIE SE RÉVEILLERONT ENFIN DE LEUR IVRESSE ET SE TENDRONT UNE MAIN FRATERNELLE, COUVRANT À LA FOIS LE CHOEUR BESTIAL DES FAUTEURS DE GUERRE IMPERIALISTES ET LE RAUQUE HURLEMENT DES HYÈNES CAPITALISTES, EN POUSSANT LE VIEUX ET PUISSANT CRI DE GUERRE DU TRAVAIL : PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! (R. Luxembourg, "La Crise de la Social-Démocratie")
Considérer les questions de la guerre du seul point de vue d'un vague humanitarisme ne peut amener à comprendre ce qui détermine les guerres.
C 'est le rapport qui existe entre la crise économique et la guerre qui détermine objectivement les véritables enjeux de la situation mondiale. Dans la débâcle économique du capitalisme mondial, à l'Est comme à l'Ouest, l’alternative "guerre ou paix" est tout aussi fausse que "austérité ou prospérité" ; la seule véritable alternative est : guerre ou révolution.
La "paix", le "désarmement", la "prospérité, en pleine crise capitaliste, ne sont que des illusions. Et des illusions qui peuvent coûter cher, comme elles ont coûté cher lors de la 1ère et de la 2ème guerres mondiales. Les vagues déclarations d'intentions pacifistes, les attitudes pacifiques ne peuvent en aucun cas construire la force qui peut s'opposer à la perspective de guerre qu'implique la crise mondiale du capitalisme. Au contraire, ceux gui organisent aujourd'hui les "marches pour la paix" un peu partout en Europe, la gauche, ne font qu’organiser une vaste entreprise de récupération.
Les mobilisations qu'ils préconisent sur les faux mots d‘ordre de paix, font partie d'une vaste entreprise de démobilisation générale face à la crise militaire et économique du capitalisme mondial.
Crise et guerre
Dans cette ambiance de crise mondiale, le renforcement des préparatifs de guerre, l'accumulation de moyens de destruction monstrueux qui, est-il encore besoin de le dire, dépassent l'entendement, vient, comme une décharge électrique, secouer la conscience de millions de personnes.
La crise, économique et le danger d'une 3ème guerre mondiale forment aujourd'hui un couple dont l'unité s'affiche de plus en plus au grand jour. La profondeur de l'une révélant la possible terreur de l'autre.
C'est justement le lien qui existe entre la crise économique mondiale du capitaliste et la guerre qu'il faut saisir pour comprendre la situation mondiale et ses enjeux.
Crise et guerre sont indissociables, le capitalisme détermine nécessairement l'une qui engendre l'autre.
Si la crise n'est pas autre chose que le procès d'autodestruction du capital au niveau économique, fermeture d'usines, inemploi de plus en plus grand de l'appareil productif...etc. la guerre, elle, n'est que le prolongement ultime de cette réalité. La destruction massive, systématique, directe, par les moyens militaires des forces productives et humaines que le capitalisme ne peut plus contenir et encore moins développer.
Ainsi, l'accumulation colossale d'armements aujourd'hui et leur capacité destructrice témoigne de la profondeur des contradictions du système.
Plus l'appareil de production est "moderne", plus la production s'effectue sur une large échelle, plus la crise de surproduction est profonde et généralisée. L'armement suit le même chemin, la même logique ; son modernisme, sa capacité de destruction, la place aujourd'hui énorme qu'il occupe dans l'ensemble de la production, ne fait que renforcer le danger de guerre.
"L'équilibre de la terreur" est un mensonge total, du début des années 50 â la fin des années 60, ce n'est pas l'accumulation des bombes atomiques qui a empêché la guerre ; si, durant ces années-là; une 3ème guerre mondiale n'était pas à l'ordre du jour, c'est que la situation économique mondiale ne le nécessitait pas de façon immédiate. Le repos qu'offraient au capitalisme mondial les désastres de la seconde guerre repoussait de quelques années la nécessité d'une troisième guerre mondiale. Et pourtant, les données essentielles de cette 3ème guerre furent données dès la fin de la 2ème guerre, la guerre froide mettant clairement en opposition les deux camps autour desquels allaient s'axer tous les conflits mondiaux. Le bloc des pays de l'Est et celui des pays de l’Ouest.
C'est dans les grandes années de "prospérité" d'après-guerre que sont accumulées à une vitesse accélérée les contradictions économiques qui débouchent aujourd'hui sur la crise économique mondiale. Ici aussi le lien entre la guerre et la crise est net. Les périodes dites de "prospérité" ne sont en fait que des périodes de reconstruction, qui ne peuvent que déboucher sur une nouvelle période de crise. Les années de "paix" ne sont que les années de préparation à la guerre.
Si dans les pseudos périodes de "prospérité" se sont accumulées les contradictions économiques, durant les pseudos années de "paix" se sont accumulés les moyens d'une 3ème guerre mondiale.
Le lien qui existe entre la crise et la guerre pose déjà nettement que l'alternative face à la situation mondiale n'est ni "prospérité" ou "austérité", ni "guerre" ou "paix", mais ne peut être que guerre ou révolution.
La guerre et le pacifisme
La préparation de la guerre est, par centre, elle, bien concrète, les déclarations de Reagan sont claires. En fait, le flou des déclarations "pacifistes”, le spectacle des "marches pour la paix" permettent aux préparatifs de guerre de s'affirmer nettement, de s'imposer massivement.
La question qui se pose est : le "pacifiste" est-il ou non un moyen efficace de lutte contre la guerre ? À CELA NOUS REPONDONS CATEGORIQUEMENT : NON !
L'expérience le démontre amplement, les deux guerres mondiales, ainsi que la période de guerre froide, ont toujours été précédées de larges mouvements pacifistes animés, encadrés, dirigés par la gauche. Dans ces mouvements, la gauche, non seulement n'a pas empêché les guerres, mais de plus a préparé le lit du militarisme où la gauche s'est vautrée pendant la première et la deuxième guerre mondiales.
Ici il faut renverser le dicton qui est la philosophie affichée de l'État : "Si tu veux la paix, prépare la guerre", la réalité est plutôt s "Si tu prépares la guerre, parle de paix".
D'ailleurs, de manière générale déjà, la guerre ne se fait jamais au nom de la guerre maïs toujours au nom de la paix. Quand les blocs russe et américain préparent activement la guerre, ils le font au nom de la "paix mondiale". Le bombardement atomique d'Hiroshima a été fait, lui aussi, au nom de la paix.
Bonn : la récupération
Bonn, 11 octobre : 300.000 personnes sont réunies pour une marche de la paix :
- "Pendant près de quatre heures ces 300.000 personnes ont écouté des discours pacifistes déjà connus... Ils sont restés ainsi debout, au coude à coude, sous une fine pluie froide. Pour supporter ce rassemblement sinistre et répétitif, il fallait vraiment qu'ils aient la foi !" ("Libération", 12.10.81).
Les manifestations pacifistes comme les marches pour la paix qu'organise en ce moment la gauche dans toute l'Europe n'ont pour seul but que : 1°) de brouiller les cartes par leurs mots d'ordre pacifistes 2°) d'anéantir l'idée d'une alternative possible face à la guerre et à la crise du capitalisme. L'impuissance manifeste de tels "rassemblements humanitaires" contre la guerre n'aboutissent finalement qu'à entretenir l'idée que la guerre est inévitable, qu’on n'y peut rien, que finalement "l'ennemi", 1'"oppresseur", c'est "les autres", et que bien qu'on soit contre la guerre, il faut tout de même se "défendre".
Les grandes déclarations sur la paix s'alternent avec celles de la nécessité de préparer celle-ci. La lutte contre la guerre se ramène à de vagues déclarations humanitaires, se réduit à la lutte contre l'installation de tel ou tel missile nucléaire, entretient plus qu'un flou artistique sur les causes, les buts et les moyens d'une véritable lutte contre les perspectives de guerre. Souvent, cette fameuse "lutte pour la paix" se conclut par l'affirmation de la guerre elle-même :
- "L 'occident de toutes façons esc de taille, en matière d'armes atomiques, à faire face à l'Est sans déployer de nouvelles fusées". (E. Eppler, membre du présidium du SPD, lors de la manifestation de Bonn, "Libération", 12/10/81).
Considérer la question de la guerre d'un point de vue humanitaire ne peut permettre ni de comprendre ce qui détermine les guerres, ni, encore moins, de s'opposer efficacement à la perspective d'une autre guerre mondiale.
Pour la bourgeoisie, les "pacifistes" sont autant nécessaires que les "bellicistes" peur faire passer le message, pour habituer les populations à l'idée de la guerre, canne elle les habitue à l'horreur par le spectacle d'une guerre nucléaire qu'elle diffuse, 1'air désolé, quotidiennement par le réseau des médias, radio, télévision et journaux. Le "dialogue" entre les "pacifistes de gauche" et les "bellicistes de droite" n'a pour fonction que de donner la parole à la bourgeoisie et lui permettre, en brouillant les cartes, de dire ce qu'elle veut de la guerre.
Pacifisme, nationalisme et paix sociale
Avec le pacifisme, la gauche du bloc occidental a aussi trouvé un mot d'ordre, le thème d’une campagne qui lui permette de refaire le plein dans ses rangs, qui lui permette de retrouver "l'écoute des masses". Elle en avait bien besoin.
Les discours pacifistes de la gauche sont un canal à travers lequel la gauche peut faire passer une idéologie nationaliste et de paix... sociale.
Le neutralisme, un certain "anti-américanisme" ne s'appuient sur aucune réalité concrète au sein du bloc américain où les nations serrent de plus en plus les rangs. L'attitude de Mitterrand aux USA est, sur ce sujet, éloquente. Par contre, ils permettent de développer de façon indirecte, sans choquer les consciences, une pensée, une démarche, une attitude FONDAMENTALEMENT NATIONALISTE. Et pour la bourgeoisie, c'est cela qui est important.
Si le "neutralisme" permet de développer des thèmes nationalistes, ^"pacifisme" permet, lui, d'essayer d'inculquer aux les exploités une mentalité pacifique, passive, bien utile à la bourgeoisie dans la guerre sociale, dans la lutte de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat, qu'attise chaque jour l'approfondissement de la crise économique.
Ainsi le pacifisme prépare le terrain de la guerre en maintenant la "paix sociale" et cette paix-là est la seule paix pour laquelle se bat réellement la gauche.
C'est ce que dénonçaient les révolutionnaires lors de la 1ère guerre mondiale :
- "La suppression de la lutte de classes a donc été une mesure parfaitement unilatérale. Tandis que pour la classe ouvrière, "l’ennemi de l’intérieur", c'est-à-dire l'exploitation et l'oppression capitalistes, a continué d’exister, les dirigeants de la classe ouvrière : la social-démocratie et les syndicats, dans un mouvement de magnanimité patriotique, ont livré sans combat la classe ouvrière à son ennemi pour toute la durée de la guerre. Tandis que les classes dominantes restent sur pied de guerre, en possession de tous leurs droits de propriétaires et de maîtres, la social-démocratie a ordonné au prolétariat de "désarmer". (Rosa Luxembourg, "La crise de la social-démocratie")
La "paix sociale", 1'"union nationale", le nationalisme qui drape le tout, sont les fondements de toute situation de guerre et ils sont aussi les fondements des compagnes "pacifistes".
Crise, guerre et révolution
Un mouvement qui s'oppose véritablement à la perspective de guerre ne peut être qu'un mouvement qui brise le cadre de la guerre : les frontières nationales, un mouvement qui aille vers l'unification de la société humaine à l'échelle mondiale, un mouvement solidaire internationalement, une lutte internationale et internationaliste, qui est l'antithèse absolue de la guerre qui est, du point de vue ouvrier, "un suicide de la classe ouvrière" carme le dit Rosa Luxembourg :
- "Ici encore la guerre actuelle s'avère, non seulement un gigantesque assassinat, mais aussi un suicide de la classe ouvrière européenne. Car ce sont les soldats du socialisme, les prolétaires d'Angleterre, de France, d'Allemagne, de Russie, de Belgique qui depuis des mois se massacrent les uns les autres sur l'ordre du capital, ce sont eux qui enfoncent dans leur cœur le fer meurtrier, s'enlaçant d'une étreinte mortelle, chancelant ensemble, chacun entraînant l’autre dans la tombe". (R. Luxembourg, ibid.).
Lors de la manifestation pacifiste de Bonn, un avion survolait la manifestation tirant derrière lui une banderole : "Qui manifeste à Moscou ?"... "Provocation" se sont écriés les organisateurs de la manifestation. Mais de la manifestation ne s'est élevé aucun appel à la solidarité avec les ouvriers des pays de l'Est, aucun appel à unifier les efforts et les luttes des ouvriers des deux blocs antagoniques, et, pourtant, en cas de guerre, ce sont eux qu'on appellera à se massacrer mutuellement.
Il n'y avait personne qui manifestait à Moscou pour la paix lors de la manifestation de Bonn. Mais en Pologne depuis plus d'un an, il y a une classe ouvrière qui a lutté de façon acharnée contre son état et qui, aujourd'hui, crève de son isolement. 300 000 personnes à Bonn "contre la guerre" et pas un mot d'ordre, pas la plus petite déclaration de "solidarité" avec les ouvriers polonais et les autres ouvriers des pays de l'Est qui, dans la perspective de guerre, sont présentés carme "les ennemis".
Enfin, nous ne pouvons pas reprocher aux manifestations pacifistes de ne pas être internationalistes et révolutionnaires alors qu'elles ont pour vocation et pour tâche d'enrayer le processus qui mène vers la révolution mondiale.
Sans l'affirmer dans de grandes déclarations humanitaires, la lutte de classe en Pologne constitue dans la pratique un véritable frein à la perspective de la guerre mondiale,' de la même manière que les soulèvements révolutionnaires des années 1917 ont contraint la bourgeoisie a stopper la guerre mondiale, de la même manière que les soulèvements, les grèves en 1944 en Italie, ont contraint la bourgeoisie italienne à se retirer de la guerre mondiale :
- "La bourgeoisie a montré dans la deuxième guerre comment elle a parfaitement assimilé les enseignements de la première pour ce qui concerne les dangers de révoltes ouvrières.
En 1943, c'est volontairement que l'Angleterre ne profite pas de l'avantage donné par 1'effondrement de 1'armée de Mussolini et s'abstient d'envahir le nord de l'Italie, laissant à l'armée allemande le soin de réprimer les luttes des ouvriers de Milan et de Turin. Comme 1'expliquait Churchill, c'était la politique de "laisser les Italiens mijoter le temps nécessaire dans leur jus". La même politique sera employée par 1'armée russe qui pendant trois jours reste devant les portes de Varsovie et de Budapest qui sont soulevées, pour laisser le temps nécessaire à 1'armée allemande en déroute pour accomplir la saignée judicieuse. Ce sera ensuite l'avance précipitée des armées aussi bien russes qu’américaines, en Allemagne pour relever au plus vite l'appareil défaillant hitlérien afin d'écraser dans l'œuf toute tentative de soulèvement". (Revue Internationale n° 26, “Les conditions historiques de la généralisation de la lutte de la classe ouvrière").
La bourgeoisie -et cela vaut pour toutes les bourgeoisies, à l'Est corme à l'Ouest- ne peut manœuvrer Ie sur ce front-là, ses meilleurs officiers mains libres sur le front social, et sur ce fait-là, ses meilleurs officiers sont la gauche, ses meilleurs états-majors, les syndicats.
Il n'y a qu'une seule force qui puisse s'opposer à la perspective d'une 3e guerre mondiale, c'est la force qui sera capable de briser le mur de Berlin, non pas pour réunifier la "nation allemande" mais pour unifier la lutte des ouvriers des pays de l'Est et de l'Ouest par-delà toutes les frontières nationales. Cette lutte-là ne peut être qu'une lutte révolutionnaire qui s'attaque aux racines du mal, aux causes de la crise et de la guerre, une lutte qui s'attaque au capitalisme et à ses différents États nationaux.
Prénat