LES ZIGZAGS DE L'INVARIANCE

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Le "P.C.I." ("Programme Communiste" et "Le Prolétaire") se réclament d'une invariance, d'une ligne directe du manifeste Communiste à nos jours. Mais elle n’est "qu’une apparence recouvrant l’absence d’une vitalité de pensée, une invariance démentie par des contradictions et des confusions politiques du groupe".

L'évolution de la crise sociale se poursuit d'une façon si généralisée qu'on peut même voir ses conséquences idéologiques dans des sectes sclérosées du marxisme, telles que celle de "Programme Communiste". Les anciens dogmes dits révolutionnaires : le syndicalisme, la libération nationale, se heurtent aujourd'hui à la réalité des luttes ouvrières autonomes, des problèmes économiques et des conflits inter-impérialistes.

Aujourd'hui on assiste à un réveil de la lutte de classe qui rompant avec l'apathie sociale réduit l'isolement des révolutionnaires qui avait caractérisé les années de réaction. Même un groupe comme Programme Communiste, dont l'idéologie a été irrémédiablement déformée par la période de recul du mouvement, ne peut éviter de subir les répercussions d'un nouvel élan dans la classe ouvrière. Dernièrement, certains articles du "Prolétaire" ont rend évidente l'existence de divergences qui ont fait surgir une série de scissions. Celles-ci ont des fondements plus ou moins confus dans des questions telles que la fonction de syndicats et la critique de la conception léniniste du parti.

LES POSITIONS CONFUSES DE "PROGRAMME COMMUNISTE"

Depuis quelque temps déjà, "Programme Communiste" prend ses distances par rapport aux luttes de libération nationale. Il faut dire que, sur cette question, l'évidence crève les yeux même aux aveuglés. Mais, "Le Prolétaire", tout en soutenant EN PRINCIPE "le droit à l'autodétermination des peuples" ne veut tout de même pas se confondre avec les trotskistes et les tiers-mondistes. Ils se tirent du dilemme en considérant chaque lutte de Libération Nationale comme "un cas particulier" qui ne tient pas à la règle, ou en disant que dans tel ou tel pays, une "révolution démocratique" n'est plus à faire mais laissant entendre qu’ailleurs cela peut être autrement. N'ayant pas une vision globale de la période actuelle du capitalisme décadent, "Programme Communiste" ne peut pas avoir une analyse cohérente des positions politiques à prendre face aux problèmes actuels.

L'ambiguïté sur la nature des luttes de Libération Nationale ne peut qu'être politiquement gênante; la compréhension de la nature réactionnaire de telles luttes est devenue, une mesure essentielle du contenu révolutionnaire du programme d'un groupe politique. Par le fait même que la bourgeoisie mondiale utilisé les "Libérations Nationales" comme moyen idéologique pour entraîner les travailleurs dans des conflits inter-impérialiste s, (comme vient de le démontrer encore, récemment le Bangladesh) un groupe politique qui continue à se réclamer de ces mystifications ne fait que semer la confusion la plus dangereuse.

REGLER LES COMPTES AVEC LE SYNDICALISME

La confusion de "Programme Communiste" est également évidente en ce qui concerne la question du rôle des syndicats dans la lutte de classes. Après avoir soutenu depuis longtemps la position "orthodoxe" sur la nécessité d'une "C.G.T. Rouge", on a cru assister à une rapide volte-face dans le numéro 114 du Prolétaire. Dans un article intitulé "Régler les comptes avec le syndicat'", il est écrit :

  • "Notre rôle, pensons-nous, est de dénoncer les syndicats pour ce qu'ils sont et d'appeler les ouvriers à combattre, leurs directives, à s'émanciper de leurs ordres défaitistes, à s'organiser indépendamment d'eux et contre eux"

On aurait cru que tout à coup un "bon vent avait soufflé" et que "le Prolétaire" avait pris subitement conscience du fait que le développement du système capitaliste a intégré les syndicats directement ou indirectement, dans l'appareil de contrôle étatique; que désormais le syndicalisme -en tant que forme historique de la lutte du Prolétariat- est condamné à un rôle contre-révolutionnaire.

Faisant cela, "Le Prolétaire" n'aurait fait que tirer les leçons des luttes ouvrières autonomes qui se placent en dehors et contre le cadre de récupération syndicale. Cependant, malgré le fait que la position "anti-syndicaliste" a dans l'"ultra-gauche" une tradition remontant jusqu'au K.A.P.D. et se rattachant à une critique de la tactique de la IIIe Internationale, l'article du "Prolétaire" a basé sa nouvelle position sur l'exemple d'une simple grève du métro parisien en 1971. Qu'est-ce qui a changé dans leur analyse de la lutte de classes globalement prise pour justifier cette nouvelle position? De toute façon, cela a semblé étrange que "le Prolétaire" ait publié un article en contradiction avec sa ligne officielle sans offrir d'explication aux lecteurs. Mais puisqu'aucun article du "Prolétaire" n'est signé (et qu'il faut donc les prendre tous comme "obiter dicta" du groupe dans son ensemble), on aurait pu croire que cette nouvelle analyse de la question syndicale devait être prise au sérieux. Mais apparemment "le Prolétaire" ne se soucie pas de la cohérence. Depuis novembre, les bordiguistes ne parlent plus de cette volte- face sur le syndicalisme. Comme si rien n'était jamais dit, "le Prolétaire" se contredit d'un numéro à l'autre sans signe d'une discussion interne. L'article, malgré tout ce qu'il promettait, n'était qu’une pierre jetée à l'eau. "Programme Communiste" sans doute se réfugiera dans l'affirmation que la lutte du prolétariat peut être aussi bien menée DANS les syndicats qu'en dehors, pourvu que le Parti en ait le contrôle. Mais ceci n'est qu'une façon de tourner le dos aux véritables problèmes des prolétaires en se cachant derrière l'idée de la compréhension miraculeuse d'un parti tout-puissant.

LES SCISSIONS

Sans doute, il fallait croire que cet article sur la grève du métro à Paris était l'expression d'une tendance politique au sein de "Programme Communiste" qui essayait de s'exprimer contre la position officielle. Mais l'absence d'une discussion dans les pages du "Prolétaire" ne nous a pas permis d'aller plus loin. Cependant, des scissions n'ont pas manqué de se manifester peu après. "Programme Communiste" ne tolère pas qu'une tendance politique en son sein puisse "douter" de la ligne. Au lieu d'offrir la possibilité de discuter jusqu'à ce que les divergences deviennent claires, "Programme Communiste" préfère précipiter les scissions pour se "protéger" contre leur influence "néfaste". Néanmoins un noyau a pu écrire un document "Pourquoi nous quittons Programme Communiste" nous permettant de voir, quant à leur scission, les raisons pour la rupture.

Ce texte de scission se réclame d'une position nettement anti-syndicaliste: "Dans la lutte révolutionnaire les syndicats n'ont aucun rôle à jouer. On ne peut les qualifier de trahison: ils sont désormais partie intégrante du Capital". Mais quant à la question du Parti du prolétariat, le texte dit: "A présent que ces tâches sont réalisées (c'est-à-dire que le Capital a généralisé la condition du prolétariat) le parti formel n'a plus de raison d'être. Il n'y a plus besoin de médiation. Plus que jamais le parti sera le mouvement du prolétariat se constituant en classe -"parti historique"- Plus que jamais "l'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes". Si "Programme Communiste" dit que le parti est la classe, ce texte semble avoir pris simplement le contre-pied en disant que la classe est le parti. En ce sens, le texte se rapproche des positions de la revue "Invariance". Si "Programme Communiste" élève le parti à un niveau absolu d'une omniscience mystique, ce texte élimine la nécessité d'un parti du prolétariat. Toutes deux, ces positions sont une réponse erronée à un problème d'une importance capitale.- Mais dans la mesure où le document de scission est une ouverture vers une discussion plus ample sur la question, il est beaucoup plus positif et important que la position figée de "Programme Communiste".

Le texte de scission se réfère au passé de "Programme Communiste" et du Parti Communiste International dans la mesure où il situe la scission d'aujourd'hui dans le contexte des critiques faites à la Gauche Italienne par "Internationalisme"(qui a scissionné après la guerre[1] et des critiques du camarade Vercesi (Perrone) en Belgique.

Les militants qui ont écrit ce texte étaient depuis longtemps dans "Programme Communiste". Il y a eu récemment des scissions de militants plus jeunes. A la suite, de Mai 68, beaucoup de jeunes militants ont été attirés vers "Programme Communiste" parce que ce groupe semblait offrir un certain sérieux, une expérience dans la lutte, un souci de préserver le marxisme. Mais il s'est avéré, que "Programme Communiste" n'offre pas un terrain favorable au développement d'une conscience critique, pour la formulation de nouvelles idées qui puissent répondre aux besoins de la lutte de classes aujourd'hui. "Programme Communiste" ne peut que susciter une profonde désillusion chez les militants quand ceux-ci se rendent compte de tout un monde d’idées (depuis, le K.A.P.D jusqu'au véritable passé du P.C.I lui-même) qui leur a été caché par ce groupe replié sur lui-même. W(1)

LA TENDANCE .VERS LE CONSERVATISME

Dans une certaine mesure, ce blocage de "Programme Communiste" a une explication historique. Pour, se protéger des assauts idéologiques de la contre-révolution, beaucoup de groupes révolutionnaires avaient senti le besoin de se renfermer sur les positions du passé déjà acquises. Néanmoins, pendant les années 30, la Gauche Italienne en exil (le groupe autour de la revue "BILAN") a fait une étude critique du passé d'une grande importance, en élaborant des positions CONTRE l'anti-fascisme, la défense de l'URSS, et le Front Populaire -ces positions étant les plus fermés de toute la Gauche Révolutionnaire à l'époque. Mais à partir de la déception qui suivit la deuxième guerre mondiale, après que les premières manifestations de luttes de classes eurent été immédiatement étouffées dans l'œuf, la Gauche Italienne a subi une régression par rapport à ses propres positions d'avant-guerre, et est tombée dans l'opportunisme en formant un parti en période de recul.

Les groupes révolutionnaires qui continuaient à exister pendant la période de réaction, réduits à l'isolement quasi-total, devinrent très souvent les simples conservateurs des positions du passé par peur de se dissoudre dans la confusion, ils fermaient la porte à tout. Cette situation a empêché l'évolution de "Programme Communiste" au point que quand la situation sociale a changé, le groupe soit resté figé dans ses positions passéistes (la tactique de la IIIe Internationale), incapable d'être à la hauteur des évènements, ni de la tâche théorique. Il continue à se réclamer d'une invariance, "une ligne directe du Manifeste Communiste jusqu'à nos jours", Mais, ni le mouvement ouvrier, ni la conscience de classe ne se développent en ligne directe; en voulant le voir ainsi, on finit par déformer tout contexte historique. Cette invariance se réduit à une simple répétition des erreurs de Lénine et à une déification de son œuvre révolutionnaire. L'Invariance de "Programme. Communiste" n'est qu'une apparence recouvrant l'absence d'une vitalité de pensée, une invariance démentie par des contradictions et des confusions politiques du groupe

LES COMMUNISTES DU BLACK POWER?

On peut mieux-mesurer la confusion qui règne chez les bordiguistes si on considère leur réponse aux "nouveaux problèmes" (ou au moins à un problème nouveau pour eux) : la question noire aux Etats Unis. Cette question touche au problème du nationalisme, au problème fondamental pour l'unification de la classe ouvrière aux Etats-Unis, dans le principal centre industriel du monde c'est-à-dire au cœur me- me de la lutte de classes. Dans le même numéro 114 du "Prolétaire" où paraissait l'article sur les syndicats, il y avait un article intitulé "Le mouvement noir aux Etats-Unis" à travers lequel le groupe essayait de dégager une perspective pour la lutte aux Etats-Unis.

L'article commence : "Leur cas (des noirs) est particulier puisque la race recouvre à peu près une appartenance de classe". Bien sûr, on est contre les revendications nationalistes des "peuples". MAIS -et c'est le grand MAIS, qui ouvre la porte à tous les noirs aux E.U. sont un cas particulier parce que la race est presque synonyme de classe. N'importe quel sociologue bourgeois peut nous fournir l'information que beaucoup de noirs appartiennent à la classe ouvrière, agricole ou industrielle. Mais ce qui est essentiel dans la question noire est son contenu POLITIQUE. Est-ce que les revendications spécifiques noires sont "à peu près" des revendications de classe ou non? Est-ce que les noirs en tant que noirs, ou n'importe quelle catégorie nationale, sont révolutionnaires en tant que tels ou non? Les bandes fascistes peuvent contenir statistiquement beaucoup d'ouvriers, mais est-ce que le fascisme est considéré une position de classe? ET le black power?

Gomme toujours quand on commence à dire que la race est "à peu près" la classe, on oublie de QUELLE classe il est question. "Ils (les noirs) appartiennent en effet en majorité au prolétariat ou au sous-prolétariat et la frontière est bien mince entre ces deux". Ainsi on finit par ne plus savoir faire la distinction entre le prolétariat et le lumpen. Justement, beaucoup de "gauchistes" aux. E.U., désespérés par la lenteur de la prise de conscience chez les ouvriers américains, ont mis leurs espoirs chez les marginaux, pour la plupart noirs que le système industriel ne peut plus intégrer dans la production. Les marginaux, qui vivent souvent dans la révolte individuelle, la violence et la criminalité, sont la proie parfaite de l'Idéologie Black Panther qui donne une mystique "révolutionnaire" et une justification raciale aux actes anti-sociaux sans avenir. L'article du "Prolétaire" tombe ouvertement dans le même piège en parlant des "prisons, école de guerre du communisme". L'article semble croire à la propagande Black Panther en considérant la population noire en prison comme étant composée en entier de prisonniers politiques. Il est vrai que le racisme est en grande partie responsable d'un taux élevé de criminalité chez les marginaux noirs et, par conséquent, d'une plus forte répression gouvernementale. Mais la population des prisons n'offre pas plus aux E.U qu'ailleurs, une qualité révolutionnaire en soi. L’article nous dit "Les détenus profitent de leur séjour en prison pour lire, pour discuter et finalement pour sortir de la prison avec une révolte consciente cette fois, des buts à atteindre et de l'ennemi à abattre". C'est du pur délire, surtout pour un journal qui se dit marxiste révolutionnaire.

L'article cite comme exemple de cette nouvelle conscience la révolte à la prison d'Attica en septembre 1971. Mais justement, la seule conscience qui soit issue de cette révolte est du niveau "Black Power". (Une des revendications les plus discutées de la révolte d'Attica était : davantage de gardiens noirs pour les prisonniers noirs. Ceci est à mettre en parallèle avec les revendications de DRUN (une organisation du Black Power dans certaines usines de Détroit) qui a demandé pendant une grève sauvage, davantage de contremaîtres noirs (!) L'article du "Prolétaire" soutient explicitement DRUN comme il soutient "les prisons, école de guerre du communisme".

Du point de vue de la conscience de classe, la révolte à Attica n'a même pas présenté un danger pour la bourgeoisie. Elle a simplement servi au gouvernement comme moyen de prouver sa fermeté devant des convulsions sociales chaotiques. En effet, toute convulsion sociale, bien qu'étant l'indice d'une décomposition sociale, n'est pas automatiquement une réponse de classe à la question de la lutte révolutionnaire. Attica trouve des parallèles en France et même au Luxembourg avec les révoltes des prisonniers dans ces pays. Aux E.U. le résultat fut un massacre comme seule la bourgeoisie est capable d'en faire : la violence gratuite et sanglante. La révolte n'a nullement marqué un début de conscience de classe et seuls les Blacks Panthers peuvent la voir comme un signe "positif".

Un flirt avec l'idéologie du Black Power imprègne tout l'article du "Prolétaire". On nous parle de la bourgeoisie "blanche", encore mieux, de "l’Amérique blanche". C'est le langage typique des tiers-mondistes aux E.U. qui voient le monde divisé en couleurs et non en classes, avec tous les blancs comme exploiteurs des gens de couleur du monde entier. Tout cela pour faire croire qu'aux E.U. les ouvriers blancs ne sont plus des exploités mais des collaborateurs en bloc avec la "bourgeoisie blanche". C'est une conception profondément réactionnaire, une idée qui ne peut sortir que de l'idéologie bourgeoise.

"Les noirs (quels noirs?) se sentent solidaires avec des luttes du Tiers-monde car c'est le même impérialisme qui les opprime Dans le Tiers-monde, il y a des impérialismes qui SE FONT CONCURRENCE; les USA, l’URSS, la Chine. Mais cela les tiers-mondistes ne l'admettent pas. Dans la mesure où les Black Panthers sont pro-chinois ou pro-russes, ils peuvent "se sentir solidaires" avec les luttes existant au Tiers-monde. Pour eux, il s'agit de choisir l'impérialisme de préférence -'impérialisme "de couleur"-. Comme le mouvement nationaliste noir préconise une alliance inter-classe pour tous les noirs aux E.U, il peut avec facilité soutenir les alliances inter-classes des différents peuples pour leur "libération nationale". Toute cette politique de couleur est logique pour les Blacks Panthers. Doit-on croire que c'est également la logique du "Prolétaire"?

En France, c'est encore facile d'émettre un tel bavardage sur la question noire -il n'y a pas une répercussion immédiate dans la réalité des luttes. Mais aux E.U, un groupe comme "le Prolétaire", avec de tels articles, serait immédiatement dénoncé comme apologiste du nationalisme, comme un danger pour l'effort vers la réunification de la classe ouvrière.

LES CONSEQUENCES DE LA CONFUSION

Le manque de clarté sur les positions à prendre face à la libération nationale, ne fera qu'amener "le Prolétaire" à semer la confusion partout. Sur la question syndicale, il se fera le serviteur de la C.G.T par sa position incohérente sur le rôle du syndicalisme aujourd'hui. Sur le passé du mouvement ouvrier, "Programme Communiste" n'of- fre aucune attitude véritablement critique permettant un dépassement; sur son propre passé, celui de la Gauche Italienne de 1930-1952; il préfère maintenir, les camarades dans l’ignorance. Il parle d'une haute théorie communiste en la rabaissant au niveau d'un catéchisme de Parti.

Leur mépris pour le "bas niveau" de conscience des ouvriers -ce qui à leurs yeux obligera le Parti à prendre le Pouvoir par-dessus les Conseils Ouvriers et même malgré eux- est d'autant plus ridicule que leur théorie n'a pas encore assimilé le contenu réel de ce que les luttes ouvrières autonomes nous montrent par leur pratique. Avec leur rigidité dans le léninisme, ils ont élevé la notion du Parti à une idée absolue, au point qu'ils ne voient plus que c'est dans la théorie léniniste du Parti (et l'identification du Parti à l'état en Russie) que le capitalisme d'état a trouvé et trouvera son plus fort apologiste.

Pour "Programme Communiste", les autres courants marxistes ne sont que de "la racaille"; et la férocité de sa polémique ne recouvre qu'une sclérose à l'intérieur du groupe. Il est définitivement figé dans le passé. Etant l'héritier d'une tradition ultra-gauche, il a transformé cet héritage en une invariabilité sacrée, et il l'a momifié au lieu de l'approfondir.

On ne peut que saluer les nouvelles scissions qui se' sont accomplies. Cela ne peut qu'être un bon signe de la force des nouvelles idées qui arrivent à pénétrer même le brouillard des "principes léninistes éternels" pour faire évoluer des militants. Maintenant que le premier pas est franchi, et que le carcan de la ligne "Invariable" est rejeté, il reste encore UN TRAVAIL DE CLARIFICATION POLITIQUE A FAIRE.

Judith Allen

 

[1] INTERNATIONALISME (la fraction française de LA Gauche Communiste) a scissionné en 1945 en s'opposant à l'opportunisme du P.C.I qui a formé le parti en Italie pendant la période de recul des luttes. "Internationalisme" défendait des positions anti-syndicalistes, anti-libérations nationales et critiquait la conception léniniste du Parti.

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