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Il y a quarante ans, durant l’été 1980, la classe ouvrière en Pologne mettait le monde en haleine. Un gigantesque mouvement de grève s’étendait dans le pays : plusieurs centaines de milliers d’ouvriers se mettaient en grève sauvage dans différentes villes, faisant trembler la classe dominante en Pologne comme dans d’autres pays. La grève de masse en Pologne fut l’un des combats les plus importants mené par le prolétariat mondial à la fin du XXe siècle. De la même façon que c’est bien la révolution russe d’Octobre 1917 qui a obligé la bourgeoisie des deux camps belligérants à signer l’Armistice du 11 novembre 1918 et à mettre fin à la première boucherie mondiale, la grève de masse des ouvriers de Pologne a permis de lever la chape de plomb d’un des régimes les plus barbares et sanguinaires que l’humanité ait connu au siècle dernier : le stalinisme. Ces deux événements, qui ont marqué le début et la fin du XXe siècle, montrent que la classe ouvrière est bien la seule force de la société qui puisse changer le monde. À l’occasion de ce quarantième anniversaire nous faisons paraître dans ce journal un article publié en septembre 2000 dans Welt Revolution (organe de presse du CCI en Allemagne) rappelant le formidable combat mené par les ouvriers de Pologne en août 1980.
Que s’est-il passé en août 1980 ?
Suite à l’annonce de l’augmentation des prix de la viande, les ouvriers réagissent dans de nombreuses usines par des grèves spontanées. Le premier juillet, les ouvriers de Tczew près de Gdansk et à Ursus dans la banlieue de Varsovie se mettent en grève. A Ursus, des assemblées générales se tiennent, un comité de grève est élu et des revendications communes sont mises en avant. Durant les jours suivants, les grèves continuent à s’étendre : Varsovie, Lodz, Gdansk, etc. Le gouvernement tente d’empêcher une plus grande extension du mouvement en faisant de rapides concessions telles que des augmentations de salaires. Mi-juillet, les ouvriers de Lublin, un important carrefour ferroviaire, se mettent en grève. Lublin était située sur la ligne de train qui relie la Russie à l’Allemagne de l’Est. En 1980, c’était une ligne vitale pour le ravitaillement des troupes russes en Allemagne de l’Est. Les revendications des ouvriers sont les suivantes : pas de répression contre les ouvriers en grève, retrait de la police hors des usines, augmentation des salaires et élections libres de syndicats.
Ce qui fait la force des ouvriers
Les ouvriers avaient tiré les leçons des luttes de 1970 et de 1976. (1) Ils voyaient clairement que l’appareil syndical officiel était du côté de l’État stalinien et du côté du gouvernement chaque fois qu’ils avançaient des revendications. C’est pourquoi ils prennent directement l’initiative dans les grèves de masse de 1980. N’attendant aucune instruction venant d’en haut, ils marchaient ensemble, tenaient des assemblées afin de décider eux-mêmes du lieu et du moment de leurs luttes. C’est ce qu’on a vu le plus clairement à Gdansk, Gdynia et Sopot, c’est-à-dire la ceinture industrielle de la mer Baltique. Les seuls chantiers navals Lénine de Gdansk comptaient 20 000 ouvriers.
Des revendications communes étaient mises en avant dans des assemblées de masse. Un comité de grève fut formé. Au début, les revendications économiques étaient au premier plan. Les ouvriers étaient déterminés. Ils ne voulaient pas une répétition de l’écrasement sanglant de la lutte comme en 1970 et 1976. Dans un centre industriel tel que celui de Gdansk-Gdynia-Sopot, il était évident que tous les ouvriers devaient s’unir pour faire en sorte que le rapport de force soit en leur faveur. Un comité de grève inter-usines (MKS) fut constitué ; il était formé de 400 membres, de deux délégués par entreprise. Durant la seconde moitié d’août, quelque 800 à 1000 délégués se réunissaient. En formant un comité de grève inter-usines, l’habituelle dispersion des forces était dépassée. À présent, les ouvriers pouvaient faire face au capital de façon unie. Chaque jour des assemblées générales se tenaient aux chantiers navals Lénine. Des haut-parleurs avaient été installés pour permettre à tous de suivre les discussions des comités de grève et les négociations avec les représentants du gouvernement. Peu après, des micros furent installés en-dehors de la salle de réunion du MKS, afin que les ouvriers présents dans les assemblées générales puissent intervenir directement dans les discussions du MKS. Le soir, les délégués (la plupart pourvus de cassettes avec l’enregistrement des débats) rentraient sur leur lieu de travail et présentaient les discussions et la situation dans “leurs” assemblées générales d’usine, rendant leur mandat devant celles-ci.
Tels étaient les moyens grâce auxquels le plus grand nombre d’ouvriers ont pu participer à la lutte. Les délégués devaient rendre leur mandat, étaient révocables à tout moment, et les assemblées générales étaient toujours souveraines. Toutes ces pratiques étaient en opposition totale avec la pratique syndicale.
Pendant ce temps, après que les ouvriers de Gdansk-Gdynia-Sopot se soient unis, le mouvement s’étendit à d’autres villes. Pour saboter la communication entre les ouvriers, le gouvernement coupa les lignes téléphoniques le 16 août. Immédiatement, les ouvriers menacèrent d’étendre encore plus leur mouvement si le gouvernement ne les rétablissait pas sur le champ. Ce dernier fit marche arrière.
L’assemblée générale décida la mise sur pied d’une milice ouvrière. Alors que la consommation d’alcool était largement répandue, il fut décidé collectivement de la prohiber. Les ouvriers savaient qu’il leur fallait avoir la tête claire dans leur confrontation contre le gouvernement.
Une délégation gouvernementale rencontra les ouvriers afin de négocier. Cela se fit devant une assemblée générale entière et non pas derrière des portes closes. Les ouvriers exigèrent une nouvelle composition de la délégation gouvernementale parce que celle-ci était constituée de représentants d’un rang trop bas. Le gouvernement fit encore marche arrière.
Lorsque le gouvernement menaça de réprimer à Gdansk, les cheminots de Lublin déclarèrent : “Si les ouvriers de Gdansk sont physiquement attaqués et si un seul d’entre eux est touché, nous paralyserons la ligne de chemin de fer stratégiquement la plus importante entre la Russie et l’Allemagne de l’Est”. Le gouvernement saisit ce qui était en jeu : son économie de guerre entière. Ses troupes auraient été frappées à l’endroit le plus fragile et, du temps de la Guerre froide, cela lui aurait été fatal.
Dans presque toutes les principales villes, les ouvriers étaient mobilisés. Plus d’un demi-million d’entre eux comprenaient qu’ils constituaient la seule force décisive dans le pays capable de s’opposer au gouvernement. Ils sentaient ce qui leur donnait cette force :
– l’extension rapide du mouvement au lieu de son épuisement dans des affrontements violents comme en 1970 et 1976 ;
– leur auto-organisation, c’est-à-dire leur capacité à prendre l’initiative eux-mêmes au lieu de compter sur les syndicats ;
– la tenue d’assemblées générales dans lesquelles ils peuvent unir leurs forces, exercer un contrôle sur le mouvement, permettre la plus grande participation de masse possible et négocier avec le gouvernement devant tous.
En bref, l’extension du mouvement fut la meilleure arme de la solidarité ; les ouvriers ne se sont pas contentés de faire des déclarations, ils ont pris eux-mêmes l’initiative des luttes. C’est ce qui a rendu possible le développement d’un rapport de forces différent. Tant que les ouvriers luttaient de façon aussi massive et unie, le gouvernement ne pouvait mener aucune répression. Pendant les grèves de l’été, lorsque les ouvriers affrontaient le gouvernement de façon unie, pas un seul d’entre eux ne fut tué ou frappé. La bourgeoisie polonaise avait compris qu’elle ne pouvait pas se permettre une telle erreur mais qu’elle devrait affaiblir la classe ouvrière de l’intérieur.
En outre, les ouvriers de Gdansk, auxquels le gouvernement avait accordé des concessions, exigeaient que celles-ci soient également garanties aux ouvriers du reste du pays. Ils voulaient s’opposer à toute division et manifestaient ainsi leur solidarité aux autres ouvriers.
La classe ouvrière devenait le point de référence pour toute la population. Aux côtés d’autres ouvriers qui se rendaient à Gdansk afin d’établir un contact direct avec les ouvriers en grève, des paysans et des étudiants venaient aux portes de l’usine recevoir les bulletins de grève et diverses informations. La classe ouvrière était devenue le pôle de référence pour toute la population et a montré qu’elle constituait une menace pour la classe dominante.
La réaction de la bourgeoisie : l’isolement
Le danger que constituaient les luttes en Pologne pouvait être appréhendé à travers les réactions des pays voisins. Les frontières entre la Pologne et l’Allemagne de l’Est, la Tchécoslovaquie et l’Union soviétique furent immédiatement fermées. Alors qu’auparavant les ouvriers polonais se rendaient fréquemment en Allemagne de l’Est, surtout à Berlin, pour faire des achats parce qu’il y avait encore moins de marchandises dans les magasins polonais qu’en Allemagne de l’Est, la bourgeoisie cherchait à isoler la classe ouvrière. Un contact direct entre les ouvriers des différents pays devait être évité à tout prix. Et la bourgeoisie avait de bonnes raisons de prendre une telle mesure ! Parce que dans la région charbonnière voisine d’Ostrava en Tchécoslovaquie, les mineurs, suivant l’exemple polonais, s’étaient également mis en grève. Dans les régions minières roumaines, en Russie à Togliattigrad, les ouvriers suivaient le même chemin que leurs frères de classe en Pologne. Même si, dans les pays d’Europe de l’Ouest, il n’y avait pas eu de grèves en solidarité directe avec les luttes des ouvriers polonais, les ouvriers de nombreux pays reprenaient les mots d’ordre de leurs frères de classe de Pologne. À Turin, on entendit en septembre 1980 les ouvriers scander : “Gdansk nous montre le chemin”.
À cause de sa perspective et de ses méthodes de luttes, la grève de masse en Pologne avait un énorme impact sur les ouvriers des autres pays. À travers celle-ci, la classe ouvrière a montré, comme elle l’avait fait en 1953 en Allemagne de l’Est, en 1956 en Pologne et en Hongrie, en 1970 et en 1976 en Pologne à nouveau, que, dans les prétendus pays “socialistes”, l’exploitation capitaliste existe comme à l’Ouest et que leurs gouvernements sont des ennemis de la classe ouvrière. Malgré l’isolement imposé aux frontières polonaises, malgré le rideau de fer, la classe ouvrière de Pologne, tant qu’elle restait mobilisée, représentait un pôle de référence à l’échelle mondiale. Précisément à l’époque de la Guerre froide, pendant la guerre en Afghanistan, les combats des ouvriers de Pologne contenaient un important message : ils s’opposaient à la course aux armements et à l’économie de guerre par la lutte de classe. La question de l’unification des ouvriers entre l’Est et l’Ouest, même si elle n’était pas encore concrètement posée, resurgissait en tant que perspective.
Comment le mouvement a été saboté ?
Le mouvement a pu développer une telle force parce qu’il s’est étendu rapidement et parce que les ouvriers eux-mêmes ont pris l’initiative. L’extension au-delà du cadre de l’usine, les assemblées générales, la révocabilité des délégués, toutes ces mesures contribuèrent à leur force. Alors qu’au début il n’y avait pas d’influence syndicale, les membres des “syndicats libres” (2) s’appliquèrent à entraver la lutte.
Tandis qu’initialement les négociations étaient menées de façon ouverte, il fut prétendu, au bout d’un certain temps, que des “experts” étaient nécessaires afin de mettre au point les détails des négociations avec le gouvernement. De façon croissante, les ouvriers ne pouvaient plus suivre les négociations, encore moins y participer, les haut-parleurs qui transmettaient celles-ci ne fonctionnaient plus à cause de problèmes “techniques”. Lech Walesa, membre des “syndicats libres”, fut couronné leader du mouvement grâce à la mesure de renvoi dont l’avait frappé la direction des chantiers navals de Gdansk. Le nouvel ennemi de la classe ouvrière, le “syndicat libre”, avait travaillé à infiltrer le mouvement et commença son travail de sabotage. Ainsi, il s’attacha à distordre complètement les revendications ouvrières. Alors qu’initialement les revendications économiques et politiques se trouvaient en tête de liste, le “syndicat libre” et Walesa poussaient à présent à la reconnaissance de syndicats “indépendants”, mettant seulement au second plan les revendications économiques et politiques. Ils suivaient la vieille tactique “démocratique” : défense des syndicats au lieu des intérêts ouvriers.
La signature des accords de Gdansk le 31 août marque l’épuisement du mouvement (même si des grèves se poursuivent pendant quelques jours en d’autres endroits). Le premier point de ces accords autorise la création d’un syndicat “indépendant et autogéré” qui prendra le nom de Solidarnosc. Les quinze membres du présidium du MKS (comité de grève inter-entreprises) constituèrent la direction du nouveau syndicat.
Parce que les ouvriers avaient été clairs sur le fait que les syndicats officiels marchaient avec l’État, la plupart d’entre eux pensaient maintenant que le syndicat Solidarnosc nouvellement fondé, fort de dix millions d’ouvriers, n’était pas corrompu et défendrait leurs intérêts. Ils n’étaient pas passés par l’expérience des ouvriers à l’Ouest qui se sont confrontés pendant des décennies aux syndicats “libres”.
Alors que Walesa avait déjà promis en ce temps-là : “Nous voulons créer un second Japon et établir la prospérité pour tous” et que beaucoup d’ouvriers, à cause de leur inexpérience de la réalité du capitalisme à l’Ouest, pouvaient avoir d’aussi grandes illusions, Solidarnosc et Walesa à sa tête assumèrent le rôle de pompier du capitalisme pour éteindre la combativité ouvrière. Ces illusions au sein de la classe ouvrière en Pologne n’étaient rien d’autre que le poids et l’impact de l’idéologie démocratique sur cette partie du prolétariat mondial. Le poison démocratique déjà très puissant dans les pays occidentaux ne pouvait avoir qu’une force encore plus grande en Pologne après cinquante ans de stalinisme. C’est ce que la bourgeoisie polonaise et mondiale avait très bien compris. Ce sont ces illusions démocratiques qui furent le terreau sur lequel la bourgeoisie et son syndicat Solidarnosc ont pu mener sa politique anti-ouvrière et déchaîner la répression.
À l’automne 1980, alors que les ouvriers repartent en grève à nouveau pour protester contre les accords de Gdansk, après avoir constaté que même avec un syndicat “libre” à leurs côtés, leur situation matérielle avait empiré, Solidarnosc commence déjà à montrer son vrai visage. Juste après la fin des grèves de masse, Walesa va ici et là dans un hélicoptère de l’armée pour appeler les ouvriers à cesser leurs grèves de toute urgence. “Nous n’avons plus besoin d’autres grèves car elles poussent notre pays vers l’abîme, il faut se calmer”.
Depuis le début, Solidarnosc a commencé à saboter le mouvement. Chaque fois que possible, il s’empare de l’initiative des ouvriers, les empêchant de lancer de nouvelles grèves.
En décembre 1981, la bourgeoisie polonaise peut enfin déclencher la répression contre les ouvriers. Solidarnosc a fait de son mieux pour désarmer les ouvriers politiquement en préparant leur défaite. Alors que pendant l’été 1980, aucun ouvrier n’avait été frappé ou tué grâce à l’auto-organisation et à l’extension des luttes, et parce qu’il n’y avait pas de syndicats pour encadrer les ouvriers, en décembre 1981, plus de 1 200 ouvriers sont assassinés, des dizaines de milliers mis en prison ou conduits vers l’exil. Cette répression militaire est en outre organisée suivant une intense coordination entre la classe dominante de l’Est et de l’Ouest.
Après les grèves de 1980, la bourgeoisie occidentale a offert à Solidarnosc toutes sortes d’assistance, afin de le renforcer contre les ouvriers. Une campagne comme celle des “colis de médicaments pour la Pologne” était lancée et des crédits à bon marché dans le cadre du FMI sont mis sur pied afin d’éviter qu’il ne vienne à l’idée des ouvriers de l’Ouest de suivre l’exemple polonais, de prendre eux-mêmes leurs luttes en mains. Avant le déclenchement de la répression du 13 décembre 1981, les plans étaient directement coordonnés entre les chefs des gouvernements. Le 13 décembre, le jour même de la répression, le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt et le leader de la RDA, le stalinien par excellence, Erich Honecker, se rencontrent près de Berlin prétendant ne “rien savoir des événements”. Mais en réalité, non seulement ils avaient donné leur aval à la répression mais la bourgeoisie polonaise avait pu bénéficier de l’expérience de ses consœurs occidentales en matière d’affrontement à la classe ouvrière.
Un an plus tard, en décembre 1981, Solidarnosc a montré quelle terrible défaite il a pu imposer aux ouvriers. Après la fin des grèves de 1980, avant même que l’hiver ne commence, Solidarnosc avait déjà prouvé quel fort pilier de l’État il était devenu. Et si, depuis, l’ex-leader de Solidarnosc Lech Walesa a été élu à la tête du gouvernement polonais, c’est justement parce qu’il avait déjà montré qu’il était un excellent défenseur des intérêts de l’État polonais dans ses fonctions de chef syndical.
La signification historique des luttes
Même si vingt ans se sont écoulés depuis, et bien que beaucoup d’ouvriers qui ont pris part au mouvement de grève à l’époque sont devenus chômeurs ou ont été forcés à l’émigration, leur expérience est d’une inestimable valeur pour toute la classe ouvrière. Comme le CCI l’a déjà écrit en 1980, “Sur tous ces points, les luttes en Pologne représentent un grand pas en avant dans la lutte du prolétariat à l’échelle mondiale, c’est pourquoi ces luttes sont les plus importantes depuis un demi-siècle”. (3) Elles furent le plus haut point d’une vague internationale de luttes. Comme nous l’affirmions dans notre rapport sur la lutte de classe en 1999 à notre 13e congrès : “Les événements historiques à ce niveau ont des conséquences à long terme. La grève de masse en Pologne a fourni la preuve définitive que la lutte de classe est la seule force qui peut contraindre la bourgeoisie à mettre de côté ses rivalités impérialistes. En particulier, elle a montré que le bloc russe (historiquement condamné par sa position de faiblesse à être “l’agresseur” dans toute guerre) était incapable de répondre à sa crise économique grandissante par une politique d’expansion militaire. De façon claire, les ouvriers des pays du bloc de l’Est (et de la Russie elle-même) ne pouvaient pas totalement servir de chair à canon dans une quelconque guerre future à la gloire du “socialisme”. Ainsi, la grève de masse en Pologne fut un puissant facteur dans l’implosion qui advint du bloc impérialiste russe”.
D’après Welt Revolution n° 101, organe du CCI en Allemagne
1 ) Durant l’hiver 1970-71, les ouvriers des chantiers navals de la Baltique étaient entrés en grève contre des hausses de prix des denrées de première nécessité. Dans un premier temps, le régime stalinien avait réagi par une répression féroce des manifestations faisant plusieurs centaines de morts, notamment à Gdansk. Les grèves n’avaient pas cessé pour autant. Finalement, le chef du parti, Gomulka, avait été limogé et remplacé par un personnage plus “sympathique”, Gierek. Ce dernier avait dû discuter pendant 8 heures avec les ouvriers des chantiers navals de Szczecin avant de les convaincre de reprendre le travail. Évidemment, il avait rapidement trahi les promesses qu’il leur avait faites à ce moment-là. Ainsi, en 1976, de nouvelles attaques économiques brutales avaient provoqué des grèves dans plusieurs villes, notamment à Radom et Ursus. La répression avait fait plusieurs dizaines de morts.
2 ) Il ne s’agissait pas à proprement parler d’un syndicat mais d’un petit groupe d’ouvriers qui, en lien avec le KOR (comité de défense des ouvriers) constitué par des intellectuels de l’opposition démocratique après les répression de 1976, militaient pour la légalisation d’un syndicalisme indépendant.
3 ) “Résolution sur la lutte de classe, 4e congrès du CCI”, Revue Internationale n° 26 (1980).