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Nous publions ci-dessous de larges extraits d'un article de l’Union des Révolutionnaires Socialistes (ARS)1 présent essentiellement en Russie et en Ukraine. Récemment scissionné de l’Union des Révolutionnaires Prolétariens Internationalistes Collectivistes (IUPRC), l’ARS condamne la participation aux élections bourgeoises et la démocratie bourgeoise comme forme déguisée de la dictature du capital. Il refuse tout soutien aux syndicats existants, instruments aux mains de la bourgeoisie afin de soumettre le prolétariat aux intérêts du capital, ainsi qu’à la création de nouveaux syndicats radicaux. Il se prononce en faveur de l’action des assemblées générales ouvrières et de la nécessité de la révolution mondiale.
Outre les informations que cet article apporte sur la réalité de la lutte de classes dans les pays de l’ex-URSS et sans nécessairement partager l'ensemble des points de vue qu’il développe, nous saluons et soutenons les arguments qu’il présente contre les mystifications anti-ouvrières sur la « nationalisation » et et sur le « contrôle ouvrier » avancées par les gauchistes. Ces arguments critiques ne peuvent qu’intéresser tout élément préoccupé par la lutte des classes et le renforcement politique de la lutte ouvrière.
La crise mondiale actuelle du capitalisme est à l’origine d’une vague de protestations de la part du prolétariat qui va inévitablement se prolonger dans le futur. Dans la CEI (Communauté des Etats Indépendants2), les premiers signes annonciateurs sérieux de ce qui va arriver se trouvent dans la révolte ouvrière de l’usine de construction de machines de Kherson qui a eu lieu en février dernier. Maintenant que le réactionnaire Parti des Régions a vaincu la lutte ouvrière, il est l’heure d’analyser les raisons de cette défaite. Nous devons apprendre de nos erreurs et, afin d’éviter un destin similaire aux futurs combats qui approchent dans la CEI et dans le monde entier, nous devons savoir reconnaître quels sont les facteurs clé de la défaite.
La révolte de Kherson : ce qu’elle a été et comment elle a fini
Le 2 février, des ouvriers de l’usine de construction de machines de Kherson ont fait une marche dans la principale rue de la ville (la rue Ushakov) en direction de l’administration régionale, où ils ont présenté leurs requêtes aux autorités. Parmi celles-ci se trouvaient :
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la liquidation de la dette salariale (d'un total de 4,5 millions de grivnas3) ;
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la nationalisation de l’usine sans compensation ;
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un marché garanti pour le produit, qui est un outil complexe pour l’agriculture.
Ayant vu que leur demande était ignorée, les ouvriers sont entrés par la force dans l’enceinte de l’usine et ont occupé le bâtiment administratif le 3 février. Différents trotskistes et staliniens ont proclamé qu’il s’agissait d’une occupation totale de l’usine, mais en réalité le personnel de sécurité des propriétaires est resté et il semble qu’au mieux cela ait été une situation de partage du travail.
Le 9 février, un syndicat indépendant a été créé à l’usine de Kherson, pour remplacer l’ancien syndicat qui était une cellule du FPU. Le nouveau syndicat, appelé Petrovets, a rejoint la structure de la Confédération des Syndicats Indépendants d’Ukraine, dirigée par Wolynets, ce qui signifie qu'il est entré de façon effective dans la structure confédérée qui sert couramment d’outil au bloc de Timoshenko. A ce propos, nous devons expliquer quelle est la situation politique au sein de la ville. La bourgeoisie ukrainienne est habituellement divisée entre le groupe « orange » (l’alliance perdante Yushenko et Timoshenko) et le groupe « bleu-blanc » (le Parti des Régions dirigé par Yanukovich). Le propriétaire de l’usine de construction de machines de Kherson, A. Oleinik, est aussi un membre important du Parti des Régions ; et, alors que la domination du Parti des Régions sur l’administration régionale de Kherson se chiffre à presque 60%, celui qui se trouve à la tête de l’administration (placé à ce poste par Yushenko) est Boris Silenko, un « orangiste ». Ceci nous donne quelques indices sur les luttes internes entre les cliques bourgeoises de Kherson, et les deux cliques ont essayé de tirer avantage de la révolte ouvrière de Kherson. Finalement, le Parti des Régions, plus puissant, a établi son contrôle sur les ouvriers, conduisant la révolte ouvrière à sa fin en brisant son indépendance et en la transformant en un outil à son service.
L’intérêt d'Oleinik dans tout cela est clair : utiliser les ouvriers comme levier pour obtenir des ressources de l’Etat et l'accès au trésor des commandes d’Etat, du crédit et des subsides. Et il y a réussi. Le matin du 13 février, les représentants du Parti des Régions ont parqué deux moissonneuses en face de l’immeuble de l’administration régionale, inaugurant ainsi un « Maidan bleu »4 dans le but de déplacer Silenkov. La cellule syndicale de l’usine de construction de machines de Kherson se déclara d’accord pour y participer !
Voila maintenant ce qu’écrivent les trotskistes de « Résistance Socialiste" 5:
« Le 13 févier, 2 millions de grivnas ont été donnés à Mr. Oleinik par l’autorité régionale… Ainsi, jusqu’à présent, le seul gagnant a été le propriétaire qui, grâce à l’action des ouvriers, a obtenu une somme confortable de la part des autorités. Il faut noter que la somme donnée ne vient pas du fonds de réserve, et qu’elle a donc été prélevée sur les fonds destinés au ouvriers du secteur public, aux pensions, allocations, etc. »
Le « compromis social », objet de tellement de soins de la part de la bourgeoisie, a été atteint : Oleinik a obtenu l’argent et les ouvriers ont obtenu la promesse qu’ils pourraient, dans une certaine mesure, en avoir quelques miettes.
Après ce « compromis », la demande de nationalisation fut retirée de la part des ouvriers, ou du moins de la part des représentants syndicaux parlant en leur nom.
Le 14 février, UKRinform6 cite Oleinik : « Le collectif ouvrier a annulé la demande de nationalisation et a été d’accord avec moi pour reprendre le contrôle de l’entreprise. Maintenant, je vais me battre pour le droit au travail et pour le fonctionnement de l’entreprise de concert avec le collectif ouvrier ».
Ce que les trotskistes et les staliniens ont presque pris pour l’étincelle qui allait mettre le feu à l’Ukraine, et qui était en réalité une authentique protestation ouvrière, malheureusement basée sur des revendications et des perspectives erronées, s’est finalement transformé en une entreprise de gain d’argent pour les capitalistes. Et cela est arrivé précisément à cause de la perspective fausse (souligné par nous).
La demande de nationalisation n’était pas initialement une demande de révolution sociale, mais pour un soutien de l’Etat à une entreprise capitaliste, pour son sauvetage par l’Etat bourgeois. Et il en est allé ainsi, de la seule façon possible : en donnant aux capitalistes une somme d’argent des impôts, précisément, « la somme qui ne provenait pas du fond de réserve et qui était donc prélevée sur les fonds destinés aux ouvriers de service public, aux pensions, allocations, etc. ». Si les trotskistes et les staliniens espéraient sincèrement que l’Etat bourgeois pouvait agir d’une autre façon, ils ne peuvent blâmer que leur propre myopie.
Nous pouvons ainsi tirer des conclusions. Des ouvriers privés de ressources pour plusieurs mois se sont dressés pour un combat collectif. Au cours de la lutte, ils ont fait quelques revendications erronées ; mais ils ont au moins acquis le soutien total des marxistes en défendant leur position à leurs dépens. Une clique bourgeoise s’est immédiatement emparée de ce slogan bourgeois qui est censé faire trembler de peur les néolibéraux. En l’espace de deux journées, les ouvriers ont courbé le dos, ayant compris les erreurs de leurs revendications et n’ayant à leur disposition aucune idée alternative.
Pendant les événements de l’usine de construction de machines de Kherson, les staliniens et les trotskistes ont défendu l’idée de « la nationalisation sous le contrôle ouvrier ». Nous devrions vérifier la compatibilité de cette position avec la croissance de la conscience de classe du prolétariat et avec l’action révolutionnaire et si, oui ou non, elle conduit à la subordination du prolétariat à la bourgeoisie et à son Etat.
Quelle est la principale différence entre, d’un côté, la demande de nationalisation et, de l’autre, une lutte pour des revendications concrètes et matérielles ? La demande de nationalisation, c'est-à-dire du transfert de l’entreprise dans la propriété de l’Etat (l’Etat bourgeois : il n’y a pas d’autre Etat) implique une lutte pour une stratégie capitaliste alternative, pour le renforcement du capital d’Etat contre le capital privé. Ceux qui se hasardent à conseiller à la bourgeoisie d’adopter une telle stratégie deviennent effectivement de purs conseillers du capital et rien de plus.
Cependant, comme on pourrait le dire, pourquoi ne pas lutter pour une variété de capitalisme qui est matériellement plus avantageux pour les ouvriers ? Devons-nous être de véritables idéologues et coller à une vision utopique d’une révolution socialiste globale tout en ignorant les besoins immédiats des gens qui souffrent ? Bon, nous devons dire que nous ne sommes pas des idéologues et que nous sommes opposés au réformisme. Ceci n’est pas la conséquence d’une quelconque vision utopique, mais de la compréhension claire que le concept d’un type de capitalisme matériellement avantageux pour les ouvriers est en soi utopique.
Pour comprendre que la politique de nationalisation de l’Etat bourgeois ne peut pas être bénéfique pour les masses ouvrières, on n’a qu’à simplement observer la Russie moderne. Le règne de Poutine a vu le développement de l’interventionnisme, l’avancée de la bureaucratie qui a dompté les pseudo- oligarques, la domination des corporations lourdement possédées par l’Etat, comme des secteurs clé du profit économique, où la bureaucratie et le monde des affaires ont prospéré de concert sur le dos de la pauvreté des masses. Cependant, tout cela n’a pas conduit à l’amélioration des conditions matérielles des ouvriers, pas plus qu’au progrès de la bourgeoisie : après 8 années de croissance, l’économie russe n’a même pas atteint son niveau de 1990. Il est maintenant évident que l’interventionnisme du règne de Poutine n’a pas servi les intérêts des masses ouvrières (ce à quoi on ne pouvait que s’attendre) et n’a même pas servi à la réalisation d’une modernisation progressive de l’économie russe ; elle a plutôt servi seulement la consommation parasitaire de la classe exploiteuse, l’hydre bicéphale des bureaucrates et des hommes d’affaire.
De plus, en se référant à l’exemple classique du trotskiste biélorusse Razumovskiy, défenseur de la nationalisation de « Résistance Socialiste », on peut voir à coup sûr à quel point les éléments du capitalisme privé et ceux du capitalisme d’Etat peuvent s’entrelacer autour de l’exploitation du prolétariat. La Biélorussie même est un pays où un vaste secteur de capitalisme d’Etat n’a pas fait barrage à l’intervention de l’Etat en faveur de réformes néolibérales. 7
Malgré les concepts marxiens "classiques"8, l’Etat, après tout, n’est pas un instrument neutre, n’est pas un champ de bataille entre les dominants et les dominés mais, de par sa nature propre, il est lui-même exploiteur. Il n’est pas une entité étrange, mystérieuse, avec ses propres intérêts séparés, mais il est constitué de chefs, de bureaucrates et de flics bien concrets qui sont en soi des exploiteurs et des dominateurs, eux-mêmes attachés aux intérêts capitalistes privés d’autres exploiteurs et dominateurs. Par rapport à la pression des masses prolétariennes sur eux, ce gang exploiteur ne peut jamais cesser d’être ce qu’il est : même lorsqu’il fait quelques concessions aux masses en lutte, il le fait dans l’objectif de vaincre l’esprit révolutionnaire, de le remplacer par des illusions pour, plus tard, rejeter les concessions. L’impératif du mouvement communiste n’est pas de mettre la pression sur l’Etat bourgeois, mais de le détruire. Ce but n’est pas une vision utopique, mais un moyen d’assurer la survie de l’humanité (souligné par nous).
Nous ne soutenons que des exigences qui ne contredisent pas l’impératif révolutionnaire. Nous soutenons les ouvriers qui luttent pour l’amélioration de leurs conditions matérielles, à condition que leurs luttes soient fondées sur un contrôle direct et l’auto-organisation, à partir desquelles les ouvriers forment de nouveaux types de relations sociales, sans compter sur les syndicats intégrés à l’Etat9, sans compter sur l’Etat lui-même ! Ce n’est que dans une telle lutte que les ouvriers peuvent acquérir l’expérience de l’auto-organisation qui est nécessaire pour la destruction du vieux monde et la création d’un monde nouveau.
Staliniens et trotskistes, qui ne sont après tout pas si différents, se font tous deux les avocats de la nationalisation, la justifiant par la restauration d’une entreprise qui fonctionne et qui permettrait aux ouvriers de survivre. Cependant, la nationalisation peut avoir pour résultat la revente de l’entreprise à différents propriétaires privés, comme cela a été montré dans notre premier article. Il n’est en aucune façon certain que l’Etat bourgeois ukrainien actuel, qui est dans une situation de crise permanente, puisse entrevoir une quelconque restauration de l’entreprise.
Le contrôle ouvrier : pourquoi ce n’est pas suffisant
Les « léninistes-bolchevicks » justifient leur défense de la nationalisation en la décrivant comme un cas spécial, une sorte de « bonne » nationalisation, celle qui est sous le contrôle ouvrier. Ils décrivent ce "contrôle ouvrier" comme une miraculeuse goutte de vin qui peut transformer un plein seau de poison bourgeois en un doux breuvage communiste.
Nous avons déjà abordé la question du contrôle ouvrier dans notre article « Le mouvement ouvrier : que doit-il être ? »10.
Par exemple, considérons la demande pour un « contrôle ouvrier sur les comptes de l’entreprise ». La demande pour le contrôle ouvrier suppose que le propriétaire et l’autorité qui s’exerce sur l’entreprise (et l’ensemble de la société) restent du côté de la bourgeoisie, alors que les ouvriers contrôlent simplement le fonctionnement de cette autorité dans sa réalité immédiate. Il est certain qu'aussi longtemps que la bourgeoisie maintiendra son emprise sur l’autorité, elle ne permettra aucun contrôle ouvrier véritable sur cette autorité. Cependant, quand les ouvriers ont suffisamment de pouvoir pour évincer le monopole bourgeois du contrôle, cela n’a pas beaucoup de sens de s’arrêter à mi-chemin. Pourquoi mettre en place le contrôle ouvrier sur l’autorité bourgeoise quand cette dernière peut être complètement évincée ? Donc, la demande d’un contrôle ouvrier dans les conditions d’un capitalisme absolutiste n’est pas réaliste dans la majorité des cas et elle est nuisible dans des conditions de révolution.
La bourgeoisie ne sera favorable à la demande de contrôle ouvrier que dans les circonstances exceptionnelles et précisément alors, les illusions de ses protagonistes seront durement ébranlées. Les propriétaires de l’entreprise dresseront des barrières secrètes autour de leur commerce et ouvriront les livres de comptes dans le but de convaincre les ouvriers de la cruelle situation financière de l’entreprise et de la nécessité de laisser de côté la lutte de classe afin d’éviter la banqueroute. La bourgeoisie, habile dans l’art de la double comptabilité et dans diverses autres manipulations, atteindra sans aucun doute son objectif, et la réalisation du « contrôle ouvrier » ne deviendra plus qu’un instrument au service de la réaction et de l’exploitation.
Par-dessus tout, ce concept trotskistes d’un capitalisme de « transition » contrôlé par les ouvriers n’est qu’une pure utopie, nuisible, parce qu’elle détourne le prolétariat de la lutte authentique pour ses intérêts de classe et pour la révolution.
Nous devons à nouveau mettre l’accent sur ceci : les revendications « transitoires », comme le contrôle ouvrier et la nationalisation, ne sont pas de simples méthodes pour améliorer les conditions matérielles des exploités. De tels petits cadeaux de la part de l’Etat sapent en fait l’autonomie de l’action ouvrière en l’intégrant dans le système d’exploitation.
Dans le cas d’un contrôle ouvrier déjà mis en place, avec l’existence d’une sorte de double pouvoir sur le lieu de travail, nous devons absolument démontrer aux ouvriers l’instabilité et la courte potentialité de vie d’une telle pratique de partage du pouvoir, en expliquant les transformations inévitables de tels arrangements, soit par la restauration de la totalité du pouvoir du capital, soit par l’établissement du plein pouvoir aux assemblées ouvrières. Mais le fait de soutenir les revendications pour le contrôle ouvrier est simplement une idéalisation d’une situation instable et insoutenable, et constitue donc un égarement criant des masses prolétariennes.
La crise ukrainienne et nos tâches
Nous ne pouvons pas encore dire comment se conclura cette crise. Est-ce que l’élite ukrainienne stabilisera la situation ? Est-ce que l’Ukraine s’embrasera dans un feu de guerres impérialistes entre cliques bourgeoises ? Ou est-ce qu’une révolte sociale va s’enflammer et se répandre, se transformant en une révolution sociale ? Nous ne pouvons le dire, mais une chose est claire : pour que la révolution réussisse, les masses ouvrières ne doivent avoir confiance en aucune des cliques bourgeoises, en aucun groupe de pouvoir, en aucun syndicat officiel, parti, Etat ou capitaliste, ils ne doivent pas se transformer en instrument d’un quelconque regroupement bourgeois ; ils doivent préserver leur propre indépendance de classe, ils doivent combattre pour leur propre émancipation. Notre tâche, la tâche des protagonistes de la révolution sociale, est de populariser une telle conscience.
Nous comprenons parfaitement que le « socialisme dans une seule usine » n’est pas possible, qu’il est condamné à l’échec quand il est isolé. Cependant, la lutte prolétarienne ne peut réussir qu’après une série de défaites ; même après une défaite douloureuse, les ouvriers de Kherson ont acquis une expérience inestimable, qui n’est pas seulement la leur, mais que les ouvriers d'Ukraine et l’ensemble du prolétariat doivent s’approprier.
La défaite pendant une lutte farouche donne au prolétariat des leçons de classe inestimables, à l’opposé de la défaite pendant un compromis. Ceci est aussi vrai pour le mouvement de grève. Si une grève est brisée après que les ouvriers se soient permis d’être dupés, le seul résultat est une démoralisation complète. Mais si la grève est vaincue après une lutte farouche à cause d’un manque de forces, le résultat est une leçon apprise, celle qui montre qu’avec des forces suffisantes, la force de tout un collectif, de toute une ville ou même d’un pays, la victoire est vraiment à l’ordre du jour.
Habituellement, la lutte de classe prolétarienne se produit dans deux dimensions faiblement interactives. Dans l’une, il y a la spontanéité, la révolte prolétarienne « sauvage », où les ouvriers qui protestent ont une compréhension très vague de comment et pourquoi lutter ; celle-ci est facilement trompée et réprimée par la classe ennemie. Dans l’autre, il y a une multitude de petits groupes révolutionnaires, qui sont plutôt faiblement reliés aux masses. Etant donné le relatif isolement des deux dimensions de la lutte prolétarienne, il n’y a pas de véritable perspective d’une révolution sociale victorieuse. Ce n’est que lorsque les masses ouvrières comprennent l’impossibilité d’éliminer leur misère dans le cadre du système capitaliste, et lorsqu’ils comprennent la nécessité d’une révolution sociale absolue, qu’alors, et seulement alors, cette révolution, conçue avec les idées de quelques petits groupes, deviendra une pratique révolutionnaire régulière du prolétariat. Ce n’est que lorsque la lutte sera développée sous le contrôle des masses en lutte elles-mêmes, que leurs éléments les plus progressistes se trouveront intégrés dans une organisation révolutionnaire, que pourra se combiner la lutte pour des revendications concrètes avec la lutte pour une révolution sociale plus large. Seulement alors, arrivera la dernière heure du capitalisme…
ARS
1 Voir leur site revolt.anho.org, quelques textes en anglais (adresse mail : [email protected]).
2 La Communauté des États indépendants est une entité intergouvernementale composée de 11 anciennes « républiques » de l’ex-URSS. Dépourvue de personnalité juridique internationale, elle recoupe cpendant des accords de coopération entre ces Etats en matière .
3 Monnaie nationale ukrainienne : 100 grivnas = 13 US $. (note du CCI)
4 Allusion aux rassemblements de masse pendant la « Révolution Orange » pour faire chuter le gouvernement, Place de l’Indépendance (Maidan Nezalezhnosti), la place centrale de Kiev. (Note du CCI)
6 National News Agency of Ukraine.
7 voir : « Bannissement d’un paradis social » par F. Sanczenja.
8 Note du CCI : c'est-à-dire les concepts staliniens.
9 Note du CCI : rappelons que pour nous, syndicats officiels ou non, bureaucratisé ou de "base"… tous les syndicats sont, de part leur nature, des armes aux mains de la bourgeoisie pointées dans le dos de la classe ouvrière (Lire "Dans quel camp sont les syndicats ? ")
10 « Le mouvement ouvrier : que doit-il être, révolutionnaire ou trade-unioniste ?», publié le 30 août 2008. Disponible en russe sur revolt.anho.org/archives/50.