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La dynamique de débats et de discussions, soutenue par le CCI, a trouvé une deuxième concrétisation le 18/10/2008 où une trentaine de participants venant de diverses villes du Sud de la France et du Nord de l’Italie se sont réunis. Dans la continuité de la précédente rencontre, qui portait sur « Quelle société voulons-nous ? » (voir sur notre site dans la rubrique ICC Online l’article « Journée de discussion à Marseille : un débat ouvert et fraternel), il a été décidé d’aborder le thème de la guerre. Souvenons-nous : les troupes russes, en plein été 2008, envahissaient la Géorgie, semant la mort et les destructions. Mais très vite la crise financière, avec sa soudaine et spectaculaire aggravation, reléguait au second plan les sinistres bruits de bottes. A l’initiative de contacts, sympathisants et lecteurs de notre presse, le thème de cette rencontre se devait d’être modifié, les événements planétaires que nous vivions déclenchaient une réflexion, un questionnement. Comment comprendre cette crise ? Quelles sont ses conséquences ? Qui en est responsable ? Comment réagir contre ses effets qui ne manqueront de tomber sur toutes les couches de la population, et en particulier sur les travailleurs ?
Un débat sur la crise ? Cela pourrait en rebuter plus d’un. Ce n’était pas le cas pour les participants de cette rencontre. Comme le soulignait une des participantes : « ... j’ai constaté que la réunion de Marseille était un moment de réflexion qui était comme une bouffée d’air frais. Il y avait une ouverture et une interrogation générale, un désir d’aller au fond des choses par rapport à ce qui arrive autour de nous, et en particulier, à regarder ce qu’il y a derrière l’explication des médias sur le dernier et très dramatique tournant dans la crise économique. Cette réunion a prouvé qu’il existe le courage de faire face à des réalités désagréables au sujet de la société dans laquelle nous vivons et de réfléchir sur la façon de la changer ».
C'est le système capitaliste qui est en crise
La crise des « subprimes » qui a entraîné la faillite des grandes banques américaines et européennes est la conséquence d’un endettement colossal généralisé. Par le jeu de spéculations sur des crédits contractés par des ménages pour l’achat de biens de consommation, en l’occurrence ici pour obtenir des biens immobiliers aux Etats Unis, les institutions financières se sont échangé des sommes astronomiques afin d’en retirer des bénéfices immédiats. Il a suffi que ces ménages, souvent des travailleurs, ne puissent plus rembourser, du fait d’un affaiblissement de leur revenu, a eu comme effet que tout cet édifice s’est écroulé comme un château de cartes, révélant au grand jour l’endettement généralisé, non seulement des organismes bancaires et des ménages, mais aussi des entreprises et des Etats, impliqués eux aussi dans des opérations douteuses. Premières conséquences ? Nombre de travailleurs américains, qui ont vu du jour au lendemain leur maison perdre de la valeur, se sont retrouvés à la rue. Alors d’où vient cet argent qui est parti en fumée (des milliards de dollars) ? Il est très difficile d’y répondre, la bourgeoisie elle même ne peut pas donner une réponse claire, ceci dit toute cette masse d’argent qui se promène au niveau planétaire, du fait de la spéculation, a une valeur factice. Qui est responsable de cette situation ? La bourgeoisie, incapable de maîtriser son système, trouve des boucs émissaires : les Etats Unis, les investisseurs sans scrupules, les banquiers affairistes. Et de déclarer qu’il faut moraliser le capitalisme. En fait c’est dans le système lui même que se trouvent les raisons fondamentales de sa crise.
Comprendre le fonctionnement du capitalisme devient l’enjeu central. Son objectif n’est pas de produire pour satisfaire les besoins humains, mais pour permettre de faire des bénéfices qu’il réalise en écoulant sa production sur un marché mondial. Le capitalisme est un système qui a besoin de s’élargir sans cesse, d’accumuler du capital à une échelle toujours plus large, c’est un besoin vital. Trouver des marchés pour écouler le surplus de marchandises que ni l’ensemble des capitalistes ni l’ensemble des ouvriers ne peuvent consommer est le problème fondamental. Si au 19e siècle, il pouvait s’étendre dans des zones où il n’existait pas, au 20e siècle, la tendance est inverse, il domine la planète. Après la grave crise de 1929 qui a abouti à la Seconde Guerre mondiale, nous assistons depuis les années 1970 à une aggravation inexorable de la crise. Pour pallier à la raréfaction des marchés solvables, le capitalisme doit recourir au crédit à outrance, créer un marché artificiel dont la conséquence est une accumulation de dettes qui, à un certain niveau, ne peuvent plus être remboursées. La perspective donc est à une profonde récession dont les conséquences seront dramatiques pour la classe ouvrière, car c’est principalement elle qui va en faire les frais, avec une hausse vertigineuse du chômage, des baisses des salaires et une exploitation accrue sur les lieux de travail.
Alors pourquoi la bourgeoisie ne se lancerait-elle pas dans une politique des grands travaux, comme cela a été le cas dans les années 1930 ? Comme le disait une intervention « des grands travaux il y en a tous les jours, l’Etat intervient déjà beaucoup dans l’économie concrètement. Il faudrait donc que les Etats interviennent plus pour faire baisser le chômage et donc pour trouver des emplois. Or ces Etats sont endettés, sur endettés. Et pour mener une politique de grands travaux à une plus grande échelle, ils doivent s’endetter encore plus, ce qui n’est pas possible car la crise qui se déroule actuellement a pour base un surendettement des Etats » Et un autre participant d' ajouter : « Pourquoi on choisit de sauver les banques et on ne choisit pas d’investir dans les hôpitaux, les écoles... ? Car il faut faire un choix : pour qu’il y ait un marché solvable il faut échanger une marchandise contre de l’argent ; or quel est le rôle des banques ? C’est de faire circuler l’argent, voire d’en créer. Si on laisse s’écrouler les banques, on détruit la circulation de l’argent, on bloque complètement le système. »
Est-ce que la bourgeoisie a provoqué cette crise des « subprimes » pour mieux attaquer la classe ouvrière ? Cette question a son importance puisqu’en effet la bourgeoisie a mené une grosse campagne médiatique dans le but de faire peur et tenter par là de paralyser la classe ouvrière. Ceci dit, la bourgeoisie n’utilise pas la crise comme stratégie dans l’objectif de porter atteinte aux conditions de vie et de travail de la classe ouvrière. Il y a bien une chose que la classe dominante ne maîtrise pas, c’est bien son système économique et les contradictions qui l’assaillent ; en ce sens, l’appauvrissement du prolétariat est la conséquence d’une crise économique que la bourgeoisie est incapable de résoudre.
Tout ceci montre que nous entrons dans une période de plus en plus marquée par de violents soubresauts économiques et en réaction à cela, il faudra s’attendre à un développement de la lutte de classe.
Que faire ?
Alors se pose la question de que faire ? Réforme ou révolution ? Là est la question fondamentale, et que le mouvement ouvrier s’est toujours posé, et a tranché : socialisme ou barbarie. Nous sommes loin de faire la révolution, en attendant ne faut-il pas lutter pour des réformes ? La lutte est nécessaire et il ne faut pas s’y tromper, pas pour obtenir des réformes durables, impossibles à arracher aujourd’hui, mais pour se défendre, résister aux attaques du capitalisme et pour que chaque action soit le résultat d’une réflexion collective afin d’oeuvrer au renforcement de la classe ouvrière, non dans un cadre national, mais dans un cadre international. Quel est le rôle des minorités révolutionnaires ? Doivent-elles se concevoir comme des chefs ? La réponse est non. Les minorités ont une responsabilité: donner une direction politique à la lutte : dénoncer les pièges que nous tend la bourgeoisie et mener un débat au sein de la classe ouvrière pour l’amener à se clarifier sur ses perspectives révolutionnaires. Cette discussion doit continuer, le développement de la lutte de classe va amener les minorités les plus conscientes à agir. Approfondir cette question doit être le thème central d’une prochaine rencontre.