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Annexe II
Novembre 1946
Lettre de la Gauche communiste de France à tous les militants de la Gauche communiste internationale
– au Parti communiste internationaliste d’Italie (PCI),
– à la Fraction belge de la Gauche communiste internationale (FB),
– à la Fraction française de la Gauche communiste (FFGC) ([1])
Chers camarades,
A l’occasion de la rencontre internationale, en vue de la reconstitution du bureau international de la GCI, disparu depuis le début de la guerre, nous vous adressons cette lettre qui est à la fois une protestation, un cri d’alarme et une dénonciation.
En effet la reconstitution du BI tend à se faire en passant outre à une situation qui faisait subsister en France deux groupes de la GCI et en éliminant purement et simplement un des deux, notre groupe : la Gauche communiste de France.
Il est nécessaire de rappeler que le BI fut constitué en 1938 sur la base d’une résolution de principe dont l’acceptation était la condition d’admission à la GCI. Sa disparition au début de la guerre ne fut pas un effet du hasard mais le produit d’une crise politique de la GCI à la suite d’une série d’erreurs théoriques, d’analyse de la situation et des perspectives. Depuis les tentatives de reconstitution du BI se sont heurtées à l’existence de divergences qui allaient en s’aggravant. Il s’est avéré que toute reconstitution du BI ne pourrait se faire qu’à la suite d’une solution ou tout au moins d’une discussion approfondie des divergences.
Il est donc impossible qu’on puisse constituer un BI de par la simple volonté d’une partie de la GCI, serait-elle la majorité écrasante, sans convoquer préalablement tous les groupes se réclamant des bases de la GCI, sans exception, à une conférence politique internationale.
Depuis mai 1945, existent en France, deux groupes se réclamant de la GCI : la FFGC et la GCF.
La coexistence dans un pays de deux groupes scissionnés se réclamant d’un même courant politique international est certes une situation regrettable, mais on ne pourrait aucunement s’arrêter sur le côté formel de cette situation et vouloir la résoudre organisationnellement par des investitures et des éliminations car un tel fait a une profonde signification politique.
Cela n’est pas dû à un simple hasard bien que souvent on tente de masquer la réalité derrière des mesquineries et des questions personnelles.
Quoiqu’il en soit, il n’appartient à personne de “juger”, sans examen et surtout prématurément, le différend qui oppose ces deux groupes, même si d’autres questions que des questions politiques existaient (ce qui n’est pas le cas ici).
Les deux groupes gardent les mêmes droits. Ils sont vis-à-vis du courant tout entier une situation de fait, situation et moment qui doivent trouver une conclusion au travers d’une discussion politique du courant tout entier.
Ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se produit, toute l’histoire du mouvement ouvrier, et ses moments les plus riches nous en apportent la preuve, n’a été qu’une continuelle confrontation de groupes et de tendances.
Il y a toujours eu trois méthodes employées pour surmonter les difficultés issues de telles situations :
1. la méthode révolutionnaire honnête et loyale,
2. la méthode de l’opportunisme,
3. la méthode sectaire et bureaucratique.
La méthode révolutionnaire consiste à porter le débat politique dans toute l’organisation et ouvertement devant le prolétariat. Partant des divergences entre deux groupes ou tendances, elle tend à élever le débat et à déterminer une atmosphère permettant une plus haute prise de conscience révolutionnaire de l’ensemble du mouvement et de la classe.
La deuxième méthode, celle de l’opportunisme, consiste à “oublier”, à “passer l’éponge”, à faire des chinoiseries, à tourner en rond et à camoufler le fond des débats.
La troisième méthode consiste à “juger” d’en haut par quelques éléments des organismes “supérieurs”, sans permettre la vérification de se faire par l’ensemble des militants de l’organisation. Ce sont des résolutions publiées par les CC ou CE, résolutions prononçant “ad hoc” des mesures organisationnelles et disciplinaires, des exclusions administratives. En un mot, on tâche de couper le groupe visé du reste de l’organisation et cela par tous les moyens. C’était la méthode à l’honneur dans l’IC du temps de Zinoviev et de Staline.
C’est cette dernière méthode qu’on emploie aujourd’hui contre nous et qui semble vouloir triompher dans la GCI. Cela n’est pas dû au hasard.
Les méthodes impliquent une politique, elles ont leur corollaire et leur source dans toute la ligne politique d’une organisation (voir l’annexe ci-après).
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Il n’est peut être pas inutile de faire ici une mise au point. Nous avons souvent dénoncé le courant Vercesi. Nous l’avons fait avec violence et passion. C’est la raison qui a fait dire qu’il y avait des raisons personnelles. Celle là et bien d’autres encore.
Il faut le dire ici afin d’en finir une bonne fois avec ces chicaneries. Personnellement nous gardons une grande estime au camarade Vercesi dont le mérite ne peut pas être contesté d’avoir été le principal animateur de la Fraction italienne, de la GCI et de la revue Bilan durant de longues années avant la guerre de 1939.
Mais nous repoussons tout fétichisme de la personne si grande soit-elle. Une aussi grande estime qu’on puisse avoir pour l’homme, ses pensées et ses actions sont impersonnelles du fait qu’elles sont transformées en idées et actes exprimant un courant politique dans le mouvement. Nous avons tous estimés la grande valeur d’un Lénine à qui nous devons beaucoup. Cela ne nous a pas moins empêchés de son vivant de combattre avec acharnement les positions politiques erronées qu’il défendait et où nous décelions des germes de l’opportunisme.
Il en est de même pour Trotsky. Ce n’était pas la personne de Trotsky que la GCI mettait en cause dans ses critiques violentes mais uniquement et essentiellement sa tendance politique. Pour Vercesi c’est la même situation qui se produit. Toute une tendance politique qui semble triompher dans la GCI se rattache à ce nom et se manifeste dans un sens que nous pensons être de l’opportunisme et qui conduit à la trahison de ce qu’est réellement la GCI.
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Il faut rappeler ce qu’est et comment s’est constituée la GCF.
Les camarades de la GCF sont les fondateurs du noyau de la Fraction en France au début de 1942. La Déclaration de principe élaborée par eux fut présentée et acceptée à la conférence de la Fraction italienne en mai 1942. Cette Déclaration de principes avec la résolution de la constitution du BI constitue encore aujourd’hui un des documents programmatiques de notre organisation.
Durant toutes les années de la guerre, les camarades de la GCF ont participé étroitement à l’activité de la Fraction italienne avec qui ils ont multiplié les efforts pour le maintien de la GCI et pour la reconstitution du Bureau International contre l’opposition de la minorité de la Fraction italienne en Belgique et d’une partie de la Fraction belge se refusant à tout travail politique pendant la guerre. Dans ce travail opiniâtre de rétablissement des liaisons internationales de la GCI, sous l’occupation allemande, un de nos camarade fut arrêté en Belgique au cours d’une mission de liaison. Il fut arrêté par la police allemande et jeté en prison (janvier 1944).
Un autre camarade de la GCF, vieux militant, membre de la Fraction italienne avant la guerre, faisait partie du groupe de Marseille qui a reconstitué, au début de la guerre, la Fraction italienne et maintenu la vie politique et les principes révolutionnaires de la GCI contre les théories révisionnistes, l’abandon et la chute dans le Comité de coalition antifasciste de la tendance Vercesi.
A la veille de la “Libération” et au cours de celle-ci, la GCF a publié le premier numéro de l’Etincelle et a collé sur les murs de Paris des affiches dans lesquelles elle appelait les ouvriers à ne pas participer à cette guerre impérialiste aussi bien du côté fasciste que du côté démocratique “antifasciste”. Elle appelait les ouvriers à se regrouper sur leur terrain de classe pour la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile du prolétariat contre le régime capitaliste mondial.
Depuis nous avons publié 15 numéros de l’Etincelle et 15 numéros de notre bulletin théorique et de discussion Internationalisme et une série de bulletins spéciaux et de tracts. Dans toutes ces publications, la GCF est constamment restée fidèle aux positions principielles de la GCI et s’est efforcée de donner des réponses théoriques et politiques à des questions que la GCI n’avait fait qu’aborder (la question russe et la nature capitaliste de l’Etat russe, le capitalisme d’Etat : tendance du capitalisme moderne, perspectives et tâches de la période de transition, analyses de perspectives du cours présent, la question syndicale, le parlementarisme, la question de l’Etat après la révolution prolétarienne).
La scission survenue contre notre volonté en mai 1945, déterminant l’existence de deux groupes en France se réclamant de la GCI, avait pour fond des divergences politiques extrêmement sérieuses qui existaient alors et existent toujours au sein de toutes les autres organisations de la GCI. Le fait que la scission s’est effectuée dans la confusion mettant en avant des questions secondaires et personnelles, a rendu tout à fait impossible tout éclaircissement et confrontations politiques sur la base de ces divergences au sein de la GCI.
Il est évident que les résolutions du CC du PCI et de la Fraction belge concernant cette scission, et leur “investiture” à la FFGC relèvent de leur méconnaissance totale des faits réels (manque complet d’information) et de leur fond politique et ne pouvaient contribuer à solutionner les problèmes et les divergences valables pour toute la GCI. Ces résolutions sont d’autant plus singulières que par ailleurs, le CC du PCI aussi bien que la FB se sont abstenus de répondre aux lettres politiques que nous leur avons adressées depuis un an au sujet de ces différends et leur proposant la tenue d’une Conférence internationale de la GCI.
La Fraction belge n’avait pas toujours eu un pareil comportement. En avril 1945, dans une situation à peu près analogue de la Fraction italienne scissionnée en deux groupes (la Fraction italienne en France ayant exclu le groupe de Bruxelles pour sa participation au Comité antifasciste), la Fraction belge proposait une Conférence internationale de la GCI avec participation des deux groupes italiens, conférence avec un ordre du jour portant sur l’ensemble des divergences existant dans la GCI.
En conclusion nous reprenons notre proposition d’une Conférence internationale de tous les groupes de la GCI dans le but de discuter ouvertement tous les problèmes où peuvent exister des divergences, et nous demandons de participer à tous les travaux préparatoires en vue d’une telle conférence.
Considérant que la rencontre qui doit présider à la formation d’un BI ne peut être qu’une étape en vue de la réunion d’une Conférence internationale, nous réclamons instamment de droit de participer à cette rencontre préliminaire.
Toute autre solution qui consisterait à éviter le débat sur les questions politiques et les divergences, reviendrait en fait à préparer sûrement l’éclatement de crises et de scissions à chaque tournant sérieux de la situation dans l’avenir.
On ne sauvegarde pas “l’unité” d’une organisation par des mesures organisationnelles et bureaucratiques. On ne renforce pas le fondement en couvrant d’une légère couche monolithique donnant l’apparence d’une homogénéité politique.
Profondément convaincus de la gravité de la situation dans la GCI dans un cours particulièrement critique que traverse le mouvement ouvrier international, nous en appelons à la conscience des camarades militants de la Gauche communiste internationale pour réagir contre l’orientation opportuniste et les méthodes bureaucratiques.
Salutations révolutionnaires.
La Gauche communiste de France
Le 28 novembre 1946
Annexe à la lettre de la GCF
Il est à peine concevable que les positions et actes politiques que nous citons soient le fait des camarades et tendances se réclamant de la GCI agissant en son nom et se revendiquant encore de ses bases programmatiques.
I. Dès avant la guerre apparaît une théorie prétendant nier l’existence d’antagonismes inter-impérialistes. Partant de là, on a nié jusqu’à l’éclatement des hostilités en 1939, l’éventualité d’une guerre impérialiste mondiale. A l’antagonisme inter-impérialiste, on a substitué une théorie de “la loi de solidarité inter-impérialiste”. La guerre impérialiste mondiale se transformait en guerres localisées n’ayant d’autres mobiles et buts que la destruction physique du prolétariat.
Le cours vers la guerre, exprimant le recul du prolétariat devenait le cours du renforcement du prolétariat et de la révolution montante. Pour symboliser la “nouvelle conception” on a remplacé le titre de la revue qui, de Bilan, est devenue Octobre.
2. La nouvelle théorie prétendait que le système capitaliste est parvenu à sortir de sa crise permanente par la vertu de “l’économie de guerre”. L’économie de guerre étant comprise non en fonction de l’inévitabilité d’une conflagration mondiale en préparation mais comme une politique économique “en soi” solutionnant les contradictions économiques et ouvrant la phase du “plus grand essor” du développement capitaliste.
3. En même temps qu’on aboutissait au renforcement économique du système capitaliste on proclamait la possibilité d’améliorations des conditions de vie des travailleurs par la société capitaliste dans sa phase présente.
4. Pendant la guerre on proclamait l’inexistence sociale du prolétariat. Cela en liaison avec une nouvelle adaptation circonstancielle de la fameuse théorie de l’économie de guerre.
5. Parallèlement on proclamait l’impossibilité de toute activité politique des révolutionnaires : on condamne l’existence même d’une organisation de classe et on va jusqu’à affirmer que tout groupe subsistant, du fait de “la disparition sociale du prolétariat” ne peut être que l’expression de la seule classe subsistante : la bourgeoisie.
6. On jettera la conception de la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile à laquelle on substituera le vœu creux du petit bourgeois de la cessation de la guerre (attentisme “révolutionnaire”).
7. On niera toute possibilité de reprise de la lutte de classe durant la guerre pouvant déterminer un changement de cours et y mettre fin. On inventera la théorie de la crise économique de l’économie de guerre. La guerre devant cesser à la suite d’une crise de sous-production et d’épuisement des conditions matérielles nécessaires à sa poursuite.
8. On niera toute signification d’un changement de cours contenu dans les événements de la période critique de 1943 en Italie; En même temps que se constitueront effectivement les prémisses de la formation du PCI, on dénoncera comme “aventurière” toute idée d’ouverture d’un cours favorable à la formation du parti (à cette époque, les camarades en question ignoraient encore ce qui se passait en Italie où le PCI venait d’être fondé).
9. Des voix qui se disaient être de la Gauche communiste (et formellement elles en faisaient partie) s’élevèrent en pleine guerre, pour démontrer le caractère non impérialiste de l’Etat russe.
10. On défend encore jusqu’à aujourd’hui publiquement la définition de la nature prolétarienne de “l’Etat russe” et la formulation trotskiste de “l’Etat ouvrier dégénéré”.
11. Au moment de la “Libération”, sous la haute direction spirituelle de Vercesi, se monte à Bruxelles une “entreprise philanthropique” sur une base sentimentale nationaliste, pour “sauver des prisonniers de guerre italiens”. En vue d’une œuvre d’un si haut caractère, on peut évidemment tout faire. C’est donc pour “camoufler” la générosité de cette action qu’on forme le Comité de coalition antifasciste où participent tous les partis de la bourgeoisie italienne (du Parti chrétien aux staliniens). Entraîné dans une si bonne voie, on publie un journal avec les organisations citées, l’Italie de demain ([2]). Ici, à côté des salutations au socialiste de Brouckère, présenté par Vercesi comme l’ami du prolétariat italien, voisinent des appels d’engagements dans les formations militaires pour la libération nationale et de lutte contre le fascisme et les “boches”. D’une chose à l’autre on participe à l’épuration de Bruxelles et on se fait les auxiliaires volontaires de la police.
Pendant longtemps on a tenté de passer sous silence ces faits que nous nous abstenons de qualifier ; la Fraction belge à ce jour n’a jamais soufflé mot dans son organe.
Dans des conversations orales, on présente le comité de coalition comme “l’embryon des soviets”. En France on tentait carrément de nier les faits et encore tout récemment en réponse à l’attaque du journal anarchiste le Libertaire on se contente de répondre simplement par des injures.
12. Il existe réellement, et la Fraction belge en tête, tout un courant politique dans la GCI qui non seulement approuve les actions politiques liées au Comité de coalition antifasciste de Bruxelles, mais qui encore déclare être prêt à recommencer la même politique dans une situation analogue. Cela nous indique quel sera leur comportement dans la prochaine guerre.
13. Au moment de la Libération, la Fraction belge s’adresse aux trotskistes (défenseurs et participants à la guerre impérialiste au travers de l’antifascisme, la défense de l’URSS, de la participation à la Résistance et à la libération nationale) pour la publication en commun d’un Bulletin politique.
14. A la même époque le PCI d’Italie de son côté adresse une lettre aux partis socialiste et stalinien leur demandant “le regroupement des forces du prolétariat pour la révolution socialiste”.
15. Le PCI d’Italie participe de façon constante à toutes les campagnes électorales municipales et parlementaires.
16. Dans la question syndicale, on continue à prôner la nature de classe des syndicats et l’action en vue de leur redressement alors qu’ils sont des organismes typiques de l’Etat capitaliste.
17. Le PCI d’Italie va jusqu’à prendre l’initiative de formation de minorités syndicales.
18. En France, on s’appuie officiellement sur un groupe se réclamant en tout verbalisme de la GCI mais dont la composition ne laisse apparaître qu’une très faible minorité d’anciens camarades de la GC qui, pour y entrer, ont abandonné la Déclaration de principes de 1942, base constitutive programmatique de la Fraction en France. Le reste de l’organisation est un conglomérat de plusieurs tendances étrangères à la GC. Tous sont des camarades sincères, révolutionnaires mais issus de formations politiques telles l’UC, la minorité italienne (exclue en 1936 pour la question espagnole) et l’ancien groupe Contre le courant (CR) ([3]).
19. Il n’est pas moins significatif d’entendre les camarades de l’ancienne minorité italienne membres de la FFGC se revendiquer publiquement de leurs positions lors de la guerre impérialiste en Espagne alors que la GCI était formée sur la base de la rupture et la dénonciation de tous les groupes qui participaient à cette guerre.
20. Dans la résolution de la FFGC parue dans leur unique bulletin théorique, ils justifiaient leur scission d’avec nous, et notre élimination de la GCI entre autre par notre position antisyndicale.
21. Alors qu’on refuse tout contact et toute discussion, toute réunion avec les groupes RKD ([4]), UCI ([5]), CR, et nous-mêmes, c’est-à-dire les groupes qui ont eu pendant la guerre la seule attitude révolutionnaire prolétarienne de dénonciation de la guerre impérialiste et de rejet du mensonge de la défense de l’URSS, on fait des réunions exclusivement réservées à la Gauche trotskiste et la Gauche socialiste (juillet 1946, Conférence de Vercesi à Paris).
22. Arrangement du “schéma de Lénine” sur la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, par le schéma de Lucain de “transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, une fois la guerre terminée” (voir l’Internationaliste et dans Internationalisme notre réponse à Lucain ([6]).
Le plus caractéristique de cette fantaisie consistant dans la présentation des “luttes”, des massacres dans les colonies qui ne sont que la continuation de la guerre impérialiste et le prélude de la guerre impérialiste mondiale en autant de manifestations révolutionnaires du prolétariat.
23. Lettre du CC à la RWL ([7]) aux Etats Unis. La RWL très bien connue dans la GCI comme un des groupes trotskistes d’Amérique, défendant toutes les théories trotskistes : mots d’ordre démocratiques, soutien des luttes nationales et coloniales, de la défense de l’URSS, Front unique, etc.) est proclamée comme le représentant marxiste du prolétariat américain à qui on offre l’établissement de contacts et sur qui on compte infiniment pour la formation artificielle d’une fraction de la GCI en Amérique. Il n’est pas moins cocasse de savoir que l’unique réserve à laquelle on conditionne les relations ultérieures avec la RWL soit : la rupture des discussions qu’ils ont avec le RKD, celui-ci étant dénoncé comme n’étant pas dans le camp du prolétariat (textuel : post-scriptum de la lettre en question).
24. Dans toutes les relations internationales, on recherche les contacts avec des groupes opportunistes en se gardant soigneusement de prendre contact avec les groupes révolutionnaires et notamment avec les Communistes de conseil (Hollande) et d’autres groupes analogues en Amérique.
C’est là une singulière application de l’unique résolution de la Conférence du PC d’Italie de 1945, affirmant de ne contacter internationalement exclusivement que ceux qui n’avaient participé en aucune façon à la guerre impérialiste et qui repoussaient l’idéologie de l’antifascisme et sa pratique et, la défense de l’URSS.
25. Abandon de la notion de l’impossibilité de la formation du parti de classe dans une période de recul pour reprendre la phraséologie aventurière trotskiste proclamant comme tâche présente, la formation de partis en France, en Belgique et partout.
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Cette série de faits, encore bien incomplète, suffit pour révéler qu’il ne s’agit point de fautes, d’erreurs et de faits isolés. Leur reproduction dans les divers groupes de la GCI à divers moments prouve qu’il y a entre eux un lien profond. C’est le lien de l’orientation opportuniste.
Le fait qu’on rejette, de temps à autre, telle ou telle erreur ne diminue en rien la gravité ni la force de cette orientation politique.
Pour la plupart on a renoncé momentanément à telle ou telle activité particulièrement opportuniste, mais on n’a pas extirpé les racines, ce qui ne peut se faire que par la prise de conscience au travers de discussions et de critiques ouvertes et franches.
L’opportunisme ne peut se développer qu’à l’abri des discussions, en étouffant les protestations des éléments de gauche et en tendant à les éliminer organisationnellement. Un certain nombre de camarades ont manifesté leur inquiétude face à cette évolution de la GCI. Il est nécessaire d’attaquer les problèmes à fond, afin d’éviter que la GCI ne devienne une répétition de la IVe trotskiste.
La GCF
[1]) Les parenthèses ont été rajoutées par nos soins.
[2]) Edition en italien Italia di domani, organo della Coalizione antifascista, dans le numéro 1 les groupes suivants ont signé la Déclaration, le Parti catholique, le PCI, la Fraction italienne de la Gauche communiste, Justice et liberté, le Parti libéral, le Parti républicain, le Parti socialiste et des‑syndicalistes (12 numéros en 1944 et 18 numéros en 1945 avec des articles portant la signature de O. Perrone et Pieri – deux anciens membres du CC de la Fraction d’avant la guerre).
[3]) Communistes révolutionnaires (groupe fondé par le RKD et regroupant des militants français).
[4]) Revolutionaren Kommunisten Deutschlands.
[5]) Union des communistes internationalistes, journal la Flamme en 1945 et 1946. Ce groupe provient du Groupe révolutionnaire prolétarien (GRP) qui est une rupture d’avec le trotskisme durant la guerre sur la question de l’internationalisme prolétarien.
[6]) Autre pseudonyme d’Otorino Perrone (Vercesi) après la guerre.
[7]) Revolutionary Workers League (trotskistes de gauche). Le Socialist Workers Party (SWP) est le parti trotskiste officiel animé par Canon.