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Les formidables campagnes idéologiques de la bourgeoisie européenne sur le terrorisme l’affaire Schlayer en Allemagne, affaire Moro en Italie), feuilles de vigne d’un renforcement massif de la terreur et de l’État bourgeois a mis pour un temps au premier plan des préoccupations des révolutionnaires les problèmes de la violence, de la terreur et du terrorisme. Ces question ne son pas nouvelles pour les communistes : depuis des décennies ils ont stigmatisé la barbarie avec laquelle la classe dominante maintient son pouvoir sur la société, avec quelle sauvagerie même les régimes les plus démocratiques se déchaînent à la moindre remise en cause de l’ordre existant. Ils ont su mettre en évidence que ce ne sont pas les piqûres de moustique de quelques éléments désespérés issus de la décomposition des couches petites bourgeoises qui sont visées par les campagnes officielles actuelles mais bien la classe ouvrière dont la révolte nécessairement lente va constituer, lors de son réveil, la seule menace sérieuse pour le capitalisme.
Leur rôle était donc de dénoncer ces campagnes pour ce qu’elles étaient et également mettre en évidence la stupide servilité de groupes gauchistes, comme par exemple certains trotskistes passant leur temps à dénoncer les “Brigades Rouges” parce qu’elles avaient condamné Moro “sans preuves suffisantes” et “sans l’accord de la classe ouvrière”. Mais en même temps qu’ils dénonçaient la terreur bourgeoise, qu’ils affirmaient la nécessité pour la classe ouvrière d’utiliser la violence pour détruire le capitalisme, les révolutionnaires se devaient d’être particulièrement clairs
- sur la signification réelle du terrorisme;
- sur la forme que prend la violence de la classe ouvrière dans sa lutte contre la bourgeoisie.
Et c’est ici qu’il faut constater l’existence, au sein même d’organisations défendant des positions de classe, d’un certain nombre de conceptions erronées pour lesquelles violence, terreur et terrorisme sont synonymes et qui considèrent
- qu’il peut exister un “terrorisme ouvrier”;
- que face à la terreur blanche de la bourgeoisie, la classe ouvrière doit opposer sa propre “terreur révolutionnaire” qui en constituerait en quelque sorte le symétrique.
C’est probablement le P.C.I. (Parti Communiste International) bordiguiste qui s’est fait l’interprète le plus explicite de ce type de confusion en écrivant, par exemple
“Du stalinisme, ils (les Marchais et les Pelikan) ne rejettent que les aspects révolutionnaires, le parti unique, la dictature, la terreur, qu’il avait hérités de la révolution prolétarienne... “(Programme Communiste N°76, p.87)
Ainsi, pour cette organisation, la terreur, même quand elle est mise en œuvre par le stalinisme, est d’essence révolutionnaire et il existerait une identité entre les méthodes de la révolution prolétarienne et celle de la pire contre-révolution qui se soit abattue sur la classe ouvrière.
Par ailleurs, le P.C.I. a eu tendance, au moment de l’affaire Baader, à présenter les actes terroristes de celui-ci et de ses compagnons, malgré des réserves sur l’impasse que constituent ces actes, comme annonciateurs et exemple de la future violence de la classe ouvrière. C’est ainsi qu’on peut lire dans “ Prolétaire n° 254 :
“C’est avec cet esprit anxieux que nous avons suivi la tragique épopée d’Andréas Baader et de ses compagnons, qui ont participé à ce mouvement, celui de la lente accumulation des pré misses de la reprise prolétarienne...”, et, plus loin :
“La lutte prolétarienne devra connaître d’autres martyrs...”
Enfin, l’idée d’un “terrorisme ouvrier” apparaît nettement dans des passage comme : “ Bref, pour être révolutionnaire, il ne suffit pas de dénoncer la violence et la terreur de l’État bourgeois, il faut encore revendiquer la violence et le terrorisme comme armes indispensables de l’émancipation du prolétariat.” (Prolétaire n°253)
Face à ce type de confusion, le texte qui suit se propose donc d’établir, au delà de simples définitions du dictionnaire et des abus de langage qu’ont pu commettre de façon accidentelle certains révolutionnaires du passé, les différences qui existent, en particulier du point de vue de leur contenu de classe, entre le terrorisme, la terreur cf. la violence, notamment celle que la classe ouvrière sera obligée de mettre en oeuvre pour pouvoir réaliser son émancipation.
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VIOLENCE DE CLASSE ET PACIFISME
• Reconnaître la lutte de classes c’est accepter d’emblée la violence comme un de ses éléments fondamentaux et inhérents à elle. L’existence de classes signifie que la société se trouve déchirée par des antagonismes d’intérêts, des intérêts irréconciliables. C’est sur la base de ces antagonismes que se constituent les classes. Les rapports sociaux qui s’établissent entre les classes sont donc forcément d’opposition et d’antagonismes, c’est-à-dire, de lutte.
Prétendre le contraire, prétendre qu’on puisse surmonter cet état de fait par la bonne volonté des uns et des autres, par la collaboration et l’harmonie entre les classes, c’est être hors de la réalité, en plein dans l’utopie.
Que les classes exploiteuses professent et diffusent de telles illusions n’a rien de surprenant. Elles sont “naturellement” convaincues qu’il ne peut exister d’autre société, de meilleure société, que celle où elles sont la classe dominante. Cette conviction aveugle et absolue leur est dictée par leurs intérêts et privilèges. Leurs intérêts et privilèges de classe se confondant avec le type de société qu’elles dominent, elles sont donc intéressées à prêcher aux classes dominées et exploitées à renoncer à la lutte, à accepter l’ordre existant; à soumettre à des “lois historiques” qu’elles prétendent être immuable. Ces classes dominantes sont donc à la fois, objectivement bornées et incapables de comprendre le dynamisme de la lutte de classes (des classes opprimées) et subjectivement intéressées, au plus haut degré, à faire renoncer les classes opprimées à toute velléité de lutte, en annihilant leur volonté par toutes sortes de mystifications.
Mais les classes exploiteuses dominantes ne sont pas les seules à avoir une telle attitude vis-à-vis de la lutte de classe. Certains courants ont cru possible d’éviter la lutte de classes en faisant appel à l’intelligence, à la meilleure compréhension, aux hommes de bonne volonté, afin de créer une société harmonieuse, fraternelle et égalitaire. Tels étaient par exemple les utopistes au début du capitalisme. Ces derniers, contrairement à la bourgeoisie et ses idéologues, n’étaient absolument pas intéressés à escamoter la lutte de classes dans l’intérêt du maintien des privilèges des classes dominantes. S’ils passaient à côté de la lutte de classes c’est parce qu’ils ne comprenaient pas les raisons historiques de l’existence de classes. Ils manifestent ainsi une immaturité de la compréhension par rapport à la réalité, de cette réalité où l’existence de la lutte de classes, de la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie est déjà dans les faits. Tout en manifestant le retard inévitable de la conscience sur l’existence, ils sont une expression de cet effort de prise de conscience, des éléments de ce balbutiement théorique de la classe. C’est pourquoi ils sont, à juste titre, considérés comme les précurseurs du mouvement socialiste, un apport considérable à ce mouvement qui dans son développement trouvera avec le marxisme un fondement scientifique et historique à la lutte de classe du prolétariat.
Il n’en est pas de même en ce qui concerne tous les mouvements humanistes, pacifistes, etc. qui fleurissent depuis la seconde moitié du siècle dernier et qui prétendent ignorer la lutte de classes. Ceux-là ne présentent en rien le moindre apport à l’émancipation de l’humanité. Ils ne sont que l’expression de classes et de couches sociales petites bourgeoises historiquement anachroniques, impuissantes, qui survivent écrasées dans la société moderne, dans la lutte entre le capitalisme et le prolétariat. Leur idéologie a-classiste, inter-classiste, anti-lutte de classes, sont autant de lamentations d’une classe impuissante, condamnée, n’ayant aucun avenir ni dans le capitalisme ni, et encore moins, dans la société que le prolétariat est appelé à instaurer: le socialisme minables et ridicules, leurs idées et comportement politiques, faits de lamentations, de prières et d’illusions absurdes, ne peuvent qu’entraver la marche et la volonté du prolétariat; par contre et pour cette même raison, elles sont grandement utilisables et effectivement utilisées par le capitalisme intéressé à entretenir tout ce qui peut servir d’armes dans la mystification.
L’existence de classes, de la lutte de classe implique nécessairement violence de classe. Vouloir rejeter cette implication, seuls peuvent le faire de lamentables pleurnicheurs ou de fieffés charlatans (c’est nommer la social-démocratie). Sur un plan général, la violence est une caractéristique de la vie et l’accompagne le long de son déroulement. Toute action comporte un certain degré de violence. Le mouvement lui-même est fait de violence puisqu’il est le résultat rupture constante d’équilibre, laquelle découle du choc entre des forces contradictoires. Elle est présente dans le rapport entre les premiers groupements d’hommes ; elle ne s’exprime d’ailleurs pas nécessairement sous forme de violence physique ouverte : fait partie de la violence tout ce qui est imposition, coercition, établissement d’un rapport de force, menace. Est violent ce qui fait appel une agression physique ou physiologique contre d’autres êtres, mais également ce qui impose telle ou telle situation ou décision par le seul fait de disposer des moyens d’une telle agression sans les utiliser effectivement. Mais si la violence sous l’une ou l’autre de ces formes se manifeste dès qu’existe mouvement ou vie, la division de la société en classes en fait un des fondements principaux des rapports sociaux atteignant avec le capitalisme des abîmes infernaux.
Toute exploitation de classe fonde son pouvoir sur la violence et une violence toujours croissante au point de devenir la principale institution de la société. La violence sert de principal pilier, soutenant et assurant tout l’édifice social sans lequel la société s’effondrerait immédiatement. Produit nécessaire de l’exploitation d’une classe par une autre, la violence, organisée, concentrée, institutionnalisée sous sa forme achevée de l’État, devient dialectiquement un facteur, une condition fondamentale de l’existence et de la perpétuation de la société d’exploitation. Face à cette violence de plus en plus sanglante et meurtrière des classes exploiteuses, les classes exploitées et opprimées ne pouvant opposer que leur propre violence si elles veulent se libérer. Faire appel aux sentiments “humanistes” des classes exploiteuses, comme le font les religieux à la Tolstoï et les Gandhi, ou les socialistes en peau de lapin, c’est croire au miracle, c’est demander aux loups de cesser d’être des loups pour se convertir en agneaux, c’est demander à la classe capitaliste de ne plus être une classe capitaliste pour se métamorphoser en classe ouvrière.
La violence de la classe exploiteuse, inhérente à son être ne peut être arrêtée qu’en la brisant par la violence révolutionnaire des classes opprimées. Le comprendre, le prévoir, s’y préparer, l’organiser, c’est non seulement une condition décisive pour la victoire des classes opprimées, mais encore assure cette victoire à moindre frais de souffrance et de durée. N’est par un révolutionnaire celui qui émet le moindre doute, la moindre hésitation à ce sujet.
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LA VIOLENCE DES CLASSES EXPLOITEUSES ET DOMINANTES : LA TERREUR
Nous avons vu qu’exploitation est inconcevable sans violence, organiquement inséparables l’une de l’autre. Autant la violence peut être conçue hors des rapports d’exploitation, cette dernière (l’exploitation), par contre, n’est réalisable qu’avec et par la violence. Elles sont l’une par rapport à l’autre comme les poumons et l’air, les poumons ne pouvant fonctionner sans oxygène.
Tout comme lors du passage du capitalisme à la phase de l’impérialisme, la violence, combinée à l’exploitation, acquiert une qualité toute nouvelle et particulière. Elle n’est plus un fait accidentel ou secondaire, mais sa présence est devenue un état constant à tous les niveaux de la vie sociale. Elle imprègne tous les rapports, pénètre dans tous les pores du corps social, tant sur le plan général que sur celui dit personnel. Partant de l’exploitation et des besoins de soumettre la classe travailleuse, la violence s’impose de façon massive dans toutes les relations entre les différentes classes et couches de la société, entre les pays industrialisés et les pays sous-développés, entre les pays industrialisés eux-mêmes, entre l’homme et la femme, entre les parents et les enfants, entre les maîtres et les élèves, entre les individus, entre les gouvernants et les gouvernés ; elle se spécialise, se structure, se concentre en un corps distinct : I’État, avec ses armées permanentes, sa police, ses prisons, ses lois, ses fonctionnaires et tortionnaires et tend à s’élever au-dessus de la société et la dominer.
Pour les besoins d’assurer l’exploitation de l’homme par l’homme, la violence devient la première activité de la société pour laquelle la société dépense une partie chaque fois plus grande de ses ressources économiques et culturelles. La violence est élevée à l’état de culte, à l’état d’art, à l’état de science. Une science appliquée, non seulement à l’art militaire, à la technique des armements, mais à tous les domaines, à tous les niveaux, à l’organisation des camps de concentration, aux installations de chambres à gaz, à l’art de l’extermination rapide et massive de populations entières, à la création de véritables universités de la torture scientifique, psychologique, où se qualifient une pléiade de tortionnaires diplômés et patentés. Une société qui, non seulement “dégouline de boue et de sang par tous ses pores” corne le constatait Marx, mais qui ne peut plus vivre ni respirer un seul instant hors d’une atmosphère empoisonnée et empestée de cadavres, de mort, de destruction, de massacre, de souffrance et de torture. Dans une telle société, la violence ayant atteint cette Nième puissance, change de qualité, elle devient la Terreur.
Parler de la violence en général, en termes généraux sans se référer aux conditions concrètes, aux périodes historiques, aux classes qui l’exercent, c’est ne rien comprendre à son contenu réel, à ce qui fait d’elle une qualité distincte, spécifique dans les sociétés d’exploitation et le pourquoi de cette modification fondamentale de la violence en terreur, qui ne peut pas être réduite à une simple question de quantité. Ne pas voir cette différence qualitative entre violence et terreur précède de la même démarche que celle qui, traitant de la marchandise, se contenterait de ne voir entre l’antiquité et le capitalisme qu’une simple différence quantitative sans s’apercevoir de la différence essentielle qualitative des deux modes de production fondamentalement distincts qui s’est opérée et qu’elle recouvre.
Au fur et à mesure que la société divisée en classes antagonistes va en se développant, la violence entre les mains de la classe exploiteuse et dominante va aller en prenant de plus en plus un caractère nouveau celui de la terreur. La terreur pas un attribut des classes révolutionnaires au moment d’accomplir leur révolution et pour cet accomplissement. C’est là une vision purement formelle, très superficielle et qui revient à glorifier dans la terreur l’action révolutionnaire par excellence. A ce compte on finit par établir con un axiome “Plus forte est la terreur, plus profonde, plus radicale est la révolution”. Or, ceci est absolument démenti par l’histoire. La bourgeoisie a plus perfectionné et utilisé la terreur le long de son existence qu’au moment de sa révolution (voir l848 et lors de la Commune de Paris en 1871) et la terreur atteint ses sommets au moment justement où le capitalisme entre en décadence. La terreur n’est pas l’expression de la nature et de l’action révolutionnaires de la bourgeoisie au moment de sa révolution, c’est-à-dire liée au fait révolutionnaire, même si dans ces moments elle prend des manifestations spectaculaires ; elle est bien plus l’expression de sa nature de classe exploiteuse qui, comme toutes les classes exploiteuses, ne peut fonder son pouvoir que sur la terreur. Les révolutions qui ont assuré la succession des différentes sociétés d’exploitation de classe, ne sont nullement les progéniteurs de la terreur mais ne font que la transférer en la continuant d’une classe à une autre classe exploiteuse. Ce n’est pas tant contre l’ancienne classe dominante, pour en finir avec elle, mais surtout pour affirmer sa domination sur la société en général contre la classe ouvrière en particulier que la bourgeoisie perfectionne et renforce la terreur. La terreur dans la révolution bourgeoise n’est donc pas une fin mais une continuité parce que la nouvelle société est une continuité de sociétés d’exploitation de l’homme par l’homme. La violence dans les révolutions bourgeoises n’est pas une fin de l’oppression mais la continuité de l’oppression sans fin. C’est pourquoi elle ne peut être que de la terreur.
En résumé, on peut définir la terreur comme la violence spécifique et particulière aux classes exploiteuses et dominantes dans l’histoire qui ne disparaîtra qu’avec elles.
Ses caractéristiques spécifiques sont :
- 1) être liée organiquement à l’exploitation pour l’imposer ;
- 2) être le fait d’une classe privilégiée ;
- 3) être le fait d’une classe minoritaire de la société ;
- 4) être le fait d’un corps spécialisé, sélectionné étroitement, fermé sur lui-même, tendant à se dégager de tout contrôle de la société ;
- 5) se reproduire et se perfectionner sans fin et s’étendre à tous les niveaux, à tous les rap ports existants dans la société ;
- 6) n’avoir d’autre raison d’être que la soumission et l’écrasement de la communauté humaine ;
- 7) développer des sentiments d’hostilité et de violence entre des groupes sociaux : nationalisme, chauvinisme, racisme et autres monstruosités.
- 8) développer des sentiments et des comportements d’égoïsmes, d’agressivité sadique, l’esprit de vengeance, une guerre incessante et quotidienne de tous contre tous, plongeant toute la société dans un état de terreur sans fin.
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LE TERRORISME DES CLASSES ET COUCHES PETITE-BOURGEOISE
Les classes petites-bourgeoises (paysans, artisans, petits commerçants, professions libérales, intellectuels) ne constituent pas des classes fondamentales dans la société. Elles n’ont pas de mode de production particulier à présenter ni aucun projet de société à offrir. Elles ne sont pas des classes historiques dans le sens marxiste du terme. Elles sont par excellence les moins homogènes des classes sociales. sociales dans leurs couches supérieures elles tirent leurs revenus de l’exploitation du travail des autres, et, à ce titre, font partie des privilégiés, elles sont dans leur ensemble soumises à la domination de la classe capitaliste dont elles subissent la rigueur des lois et de l’oppression. Aucun devenir ne se présente à elles comme classes. Dans leurs couches supérieures, le maximum de leurs aspirations est de parvenir à s’intégrer individuellement dans la classe capitaliste. Dans leurs couches inférieures, elles sont destinées implacablement à perdre toute propriété et “indépendance” des moyens de subsistance et à se prolétariser. Dans leur immense masse moyenne, elles sont condamnées à végéter, économiquement et politiquement écrasées par la domination de la classe capitaliste. Leur comportement politique est déterminé par le rapport de force entre les deux classes fondamentales de la société : le capitalisme et le prolétariat. Leur résistance sans espoir aux lois impitoyables du Capital les amène à une vision et un comportement fatalistes et passifs. Leur idéologie est le “sauve-qui-peut” individualiste et, collectivement, les multiples variétés de lamentations plaintives, la recherche de consolations misérables, les impuissants et ridicules sermons pacifistes, humanistes de toutes sortes.
Écrasées matériellement, sans aucun avenir devant elles, végétant dans un présent aux horizons complètement bouchés, piétinant dans une médiocrité quotidienne sans bornes, elles sont dans leur désespoir la proie facile à toutes les mystifications, des plus pacifiques (sectes religieuses, naturistes, anti-violence, anti-bombe atomique, hippies, écologistes, anti-nucléaires, etc.) aux plus sanglants (Cent-noirs, pogromistes, racistes, Ku-Klux-Klan, bandes fascistes, gangsters et mercenaires de tout acabit, etc.). C’est surtout dans ces dernières, les plus sanglantes, qu’elles trouvent la compensation d’une dignité illusoire à leur déchéance réelle que le développement du capitalisme accroît de jour en jour. C’est l’héroïsme de la lâcheté, le courage des poltrons, la gloire de la médiocrité sordide. C’est dans ces rangs que le capitalisme, après les avoir réduites à la déchéance extrême, trouve une réserve inépuisable pour le recrutement de ses héros de la terreur.
S’il est arrivé parfois le long de l’his toire des explosions de colère et de violence de la part de ces classes, ces explosions restaient sporadiques et ne sont jamais allées au delà de jacqueries et révoltes car aucune autre perspective ne s’ouvrait à elles sinon celle d’être écrasées. Dans le capitalisme, ces classes perdent complètement leur indépendance et ne servent que de masse de manoeuvre et d’appui aux affrontements que se livrent les différentes fractions de la classe dominante tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières nationales. Dans des moments de crise révolutionnaire et dans certaines circonstances favorables, le mécontentement profond d’une partie de ces classes pourrait servir de force d’appoint à la lutte du prolétariat.
L’inévitable processus de paupérisation et de prolétarisation des couches inférieures de ces classes, est un chemin extrêmement difficile et douloureux à parcourir et donna naissance à un courant de révolte particulièrement exacerbée. La combativité de ces éléments provenant plus spécialement des artisans et de l’intelligentsia déclassée, repose plus sur leur état d’individus désespérés que sur la lutte classe du prolétariat qu’ils ont beaucoup de mal à intégrer. Ce qui les caractérise fondamentalement c’est : l’individualisme, l’impatience, le scepticisme, la démoralisation, leurs actions qui relèvent plus du suicide spectaculaire que d’un but à atteindre. Ayant perdu “leur passé”, n’ayant aucun avenir devant eux, ils vivent un présent de misère et la révolte exaspérée contre la misère de ce présent ressenti dans l’immédiat et comme un immédiat. Même si en contact avec la classe ouvrière et son devenir historique ils parviennent à s’inspirer d’une façon généralement déformée de ses idéaux, cela dépasse rarement le niveau de la fantaisie et du rêve. Leur véritable vision de la réalité reste le champ réduit et borné de la contingence. L’expression politique de ce courant prend des formes extrêmement variées qui va de la stricte actuation individuelle aux différentes formations de sectes fermées, de conspiration, de complot, de préparation de “coup d’État” minoritaire, d’actions exemplaires et, à l’extrême, le terrorisme.
Ce qui constitue leur unité dans cette diversité c’est leur méconnaissance du déterminisme objectif et historique du mouvement de la lutte de classes, leur méconnaissance du sujet historique de la société moderne, seul capable d’assurer la transformation sociale : le prolétariat.
La persistance des manifestations de ce courant est donnée par la permanence du processus de prolétarisation de ces couches tout le tong de l’histoire du capitalisme. Leurs variétés et diversités sont le produit des situations locales et contingentes. Ce phénomène social accompagne tout au long l’histoire de la formation de la classe prolétarienne et se trouve ainsi mêlé à des degrés divers au mouvement du prolétariat dans lequel ce courant importe des idées et des comportements qu’il charrie et qui sont étrangers à la classe. Cela est vrai tout particulièrement en ce qui concerne le terrorisme.
Il faut absolument insister sur ce point essentiel et ne laisser aucune ambiguïté à ce sujet. Si, à l’aube de sa formation de classe, le prolétariat dans sa tendance à s’organiser ne trouve pas encore sa forme appropriée et utilise le type d’organisation de sociétés conspiratives, secrètes, héritage de la révolution bourgeoise, cela ne change en rien la nature de classe de ces formes, leur inadéquation au contenu nouveau, celui de la lutte de classe du prolétariat. Rapidement le prolétariat sera amené à se dégager de ces formes d’organisations et méthodes d’action et à les rejeter définitivement.
Tout comme pour ce qui concerne l’élaboration théorique et sa phase utopiste, la formation d’organisations politiques de la classe passait inévitablement par la phase de sectes conspiratives. Mais il importe de ne pas alimenter la confusion, ne pas faire de nécessité vertu, ne pas confondre les divers stades du mouvement et savoir distinguer la signification différente et opposé de leur eau manifestation dans des stades différents.
De même que le socialisme utopique se transformera, à un certain stade atteint par le mouvement du prolétariat, d’une grande contribution positive en une entrave au développement ultérieur de ce mouvement, de même et à ce même stade, les sectes conspiratives seront désormais frappées du signe négatif et stérilisant pour le développement ultérieur du mouvement.
Le courant représentant les couches en voie d’une difficile prolétarisation ne saurait désormais être la moindre contribution à un mouvement de classe déjà développé. Non seulement ce courant doit revendiquer le type d’organisation de sectes et de méthodes de conspiration, mais, arrivant avec un retard toujours plus accentué sur le mouvement réel, il est amené dans son exacerbation à pousser cette revendication à outrance, à en faire une caricature, trouvant son expression extrême en préconisant l’action terroriste.
Le terrorisme n’est pas simplement l’action de terreur. C’est là se placer sur un terrain terminologique. Ce que nous voulons faire ressortir et mettre en relief c’est le sens social et la différence que ces termes recouvrent. La terreur est un système de domination, structuré, permanant, des classes exploiteuses. Le terrorisme par contre est une réaction de classe opprimée, mais sans devenir, contre la terreur de la classe opprimante. Ce sont des réactions momentanées, sans continuité, des réactions de vengeance et sans lendemain.
Nous trouvons la description émouvante de ce genre de mouvement dans Panaït Istrati et ses Haïdoucs dans le contexte historique de la Roumanie de la fin du siècle dernier. Nous les retrouvons dans le terrorisme des. narodnikis russes et, aussi différentes qu’elles se présentent, chez les anarchistes et la bande à Bonnot; elles relèvent toujours de la même nature : vengeance des impuissants parce qu’impuissants. Elles ne sont jamais l’annonce d’un nouveau, mais l’expression désespérée d’une fin, de sa propre fin
Réaction impuissante d’une impuissance, le terrorisme n’ébranle pas et ne peut ébranler la terreur de la classe dominante C’est une piqûre de moustique sur la peau d’éléphant. Par contre, il peut être et est souvent exploité par l’État pour justifier et renforcer sa terreur
Il faut absolument dénoncer le mythe qui veut que le terrorisme serve ou puisse servir de détonateur pour déclencher le mouvement de la lutte du prolétariat. Cela serait pour le moins très singulier qu’une classe au devenir historique ait besoin de chercher dans une classe sans devenir l’élément détonateur de sa propre lutte.
Il est absolument absurde de prétendre que le terrorisme des couches les plus radicalisées de la petite-bourgeoisie a le mérite de détruire dans la classe ouvrière les effets de la mystification démocratique, de la légalité bourgeoise, et de lui enseigner la voie indispensable de la violence. Le prolétariat n’a aucune leçon à tirer du terrorisme radical, sinon celle de s’en écarter et de le rejeter, car la violence contenue dans le terrorisme se situe fondamentalement sur le terrain bourgeois de la lutte. La compréhension de la violence nécessaire et indispensable, le prolétariat la tire de son existence propre, de sa lutte, de ses expériences, de ses affrontements avec la classe dominante. C’est une violence de classe qui diffère de nature, de contenu, de forme et de méthodes aussi catégoriquement du terrorisme petit-bourgeois que de la terreur de la classe exploiteuse dominante.
Il est absolument certain que la classe ouvrière manifeste généralement une attitude de solidarité et de sympathie, non pas à l’égard du terrorisme qu’elle condamne en tant qu’idéologie, organisation et méthodes, mais à l’égard des éléments qui s’y livrent. Cela pour des raisons évidentes :
- 1) parce qu’ils sont en révolte contre l’ordre de terreur existant que le prolétariat se propose de détruire de fond en comble ;
- 2) parce que comme la classe ouvrière, Ils sont également des victimes de la cruelle exploitation et oppression de la part de l’ennemie mortelle du prolétariat ; la classe capitaliste et son État. Le prolétariat ne peut pas ne pas manifester sa solidarité à ces victimes en essayant de les sauver des mains des bourreaux, de la terreur d’État existante et en s’efforçant de les dégager de l’impasse mortellement dangereuse : le terrorisme, dans lequel ils se sont fourvoyés.
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LA VIOLENCE DE CLASSE DU PROLETARIAT
• Nous n’avons pas à insister ici sur la nécessaire violence de la lutte de classe du prolétariat. Le faire serait enfoncer des portes ouvertes, car, voilà bientôt deux siècles depuis les Égaux de Babeuf, que la démonstration théorique et dans les faits de sa nécessité et inévitabilité a été apportée. II est aussi vain de répéter à n’en plus pouvoir, en la présentant comme une découverte, cette vérité que toutes les classes sont amenées à user de la violence et aussi le prolétariat. En se contentant d’énoncer ces vérités devenues des banalités, on finit par établir une sorte d’équation vide de tout sens “violence = violence”. On établit ainsi une équivalence, une identité aussi simpliste qu’absurde entre la violence du capital et la violence du prolétariat, et on passe à côté, on escamote leur différence essentielle, l’une étant oppressive et l’autre libératrice.
Dire et redire cette tautologie “violence = violence” et se contenter de démontrer que toutes les classes en usent, pour établir sa nature identique, est aussi intelligent, génial, que de voir une identité entre l’acte du chirurgien faisant une césarienne pour donner naissance à la vie et l’acte de l’assassin éventrant sa victime pour lui donner la mort, par le fait que l’un et l’autre se servent d’instrument qui se ressemblent : le couteau exerçant sur un même objet : le ventre, et une même technique apparemment fort semblable : celle d’ouvrir le ventre.
Ce qui importe au plus haut point ce n’est pas de répéter : violence, violence, mais de souligner fortement leur différence essentielle et dégager le plus clairement possible ce en quoi, pourquoi et comment la violence du prolétariat se distingue et diffère de la terreur et du terrorisme des autres classes.
En établissant une différence entre terrorisme et violence de classe, ce n’est pas pour des raisons de querelles, de terminologie, de répugnance affective au mot de terreur, ni pour des raisons de pudeur de vierges intimidées, mais pour faire ressortir plus clairement la nature de classe différente, le contenu et les formes différentes que le même mot recouvre et estompe. Le vocabulaire retarde sur les faits et souvent aussi le manque de la distinction dans les mots témoigne d’une pensée insuffisamment élaborée et entretient une ambiguïté toujours nocive. Comme exemple on peut citer le mot de “social-démocratie” qui ne correspond en rien à l’essence révolutionnaire et au but d’une société communiste que se propose l’organisation politique du prolétariat. Il en est de même pour le mot “terreur” qu’on trouve parfois dans la littérature socialiste, même chez nos classiques, accolé aux mots “révolutionnaire” et “du prolétariat”. Il faut instamment mettre en garde contre les abus qui consistent à recourir à des citations littérales de phrases, sans les rétablir dans leur contexte, les circonstances dans lesquelles elles étaient écrites, l’adversaire qu’elles visaient au risque de déformer et de trahir la véritable pensée de leurs auteurs, Il faut encore souligner que la plupart du temps ces auteurs, tout en utilisant le mot de terreur prenaient de grandes précautions pour établir la différence de fond et de forme entre celle du prolétariat et celle de la bourgeoisie, entre la Commune de Paris et Versailles, entre la révolution et la contre-révolution dans la guerre civile en Russie. Si nous pensons qu’il est temps de distinguer ces deux termes, c’est pour lever les ambiguïtés que leur identification entretient et surtout, cette ambiguïté qui ne veut voir là qu’une différence de quantité, d’intensité et non de nature de classe.
Et même s’il ne s’agissait strictement que d’un changement de quantité, cela entraînerait pour les marxistes qui se réclament de la méthode dialectique, un changement de qualité.
En répudiant la terreur en faveur de la violence de classe du prolétariat, nous entendons, non seulement exprimer notre répugnance de classe à l’égard du contenu réel d’exploitation et d’oppression qu’est la terreur, mais également en finir avec les finasseries casuistiques et hypocrites sur “la fin justifie les moyens”.
Les apologistes inconditionnels de la terreur, ces calvinistes de la révolution que sont les bordiguistes, dédaignent les questions de formes d’organisation et de moyens. Seul existe pour eux le “but” pour lequel toutes les formes et tous les moyens peuvent être indifféremment utilisés. “La révolution est une question de contenu et non de formes d’organisation”, répètent-ils inlassablement, sauf... sauf... pour ce qui est de la terreur. Sur ce point, on est catégorique “pas de révolution sans terreur”, et n’est pas un révolutionnaire celui qui n’est pas capable de tuer quelques enfants; ici, la terreur, considérée comme moyen devient une condition absolue, un impératif catégorique de la révolution et de son contenue Pourquoi cette exception ? On pourrait aussi à l’inverse, se poser d’autres questions. Si vraiment les questions de moyens et de formes d’organisation sont si importantes pour la révolution prolétarienne, ne serait-il pas possible qu’elle s’accomplisse avec la forme monarchiste ou parlementaire par exemple ? Pourquoi pas ?
La vérité est que vouloir séparer le contenu et les formes, la fin et les moyens, est une pure absurdité. Dans la réalité, contenu et formes sont intrinsèquement liés. Une fin ne contient pas n’importe quels moyens, mais “ moyens propres et les moyens déterminés ne sont valable que pour des fins déterminées. Toute autre approche n’est que de la spéculation sophistique.
Quand nous rejetons la terreur comme mode d’existence de la violence du prolétariat, ce n’est pas pour on ne sait quelle raison morale mais parce que la terreur, comme contenu et méthode, s’oppose par nature au but que se propose et poursuit le prolétariat. Les calvinistes de la révolution croient-Ils vraiment et peuvent-ils nous convaincre que pour atteindre notre but, le communisme, le prolétariat pourrait et devrait recourir aux moyens d’immenses camps de concentration et d’extermination systématique des populations par millions et millions, ou par l’installation d’un immense réseau de chambres à gaz, scientifiquement encore plus perfectionnées que celles de Hitler ? Le génocide fait-il partie du Programme et de la “voie calviniste” du socialisme ? !
Il suffit de rappeler l’énumération que nous avons faite des principales caractéristiques du contenu et des méthodes de la terreur, pour voir au premier coup d’oeil tout l’abîme qui sépare et oppose le prolétariat de celle-là.
- 1) “être liée organiquement à l’exploitation et pour l’imposer”.
Le prolétariat est une classe exploitée et lutte pour la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme.
- 2) “être le fait d’une classe privilégiée.”
Le prolétariat n’a aucun privilège et lutte pour la suppression de tout privilège.
- 3) “être le fait d’une classe minoritaire”.
Le prolétariat représente avec les travailleurs l’immense majorité de la société. D’aucuns voudraient peut-être voir dans cette référence notre “indécrottable penchant pour les principes de la démocratie”, de majorité et minorité, sans prendre garde que ce sont eux qui sont obnubilés par ce problème, en faisant de plus, de la minorité, par horreur viscérale de la majorité, le critère de la vérité révolutionnaire. Le socialisme est irréalisable s’il ne repose pas sur la possibilité historique et ne correspond pas aux intérêts fondamentaux et à la volonté de l’immense majorité de la société. C’est là un des arguments clé de Lénine de “L’État et la Révolution”, et également de Marx affirmant que le prolétariat ne saurait s’émanciper sans émanciper l’humanité toute entière.
- 4) “être le fait d’un corps spécialisé”...
Le prolétariat a écrit sur son drapeau la destruction de l’armée permanente, de la police, pour l’armement général du peuple et avant tout du prolétariat.
- “tendant à se dégager de tout contrôle de la société.”
Le prolétariat rejette, comme objectif toute spécialisation, et dans la mesure de l’impossibilité de sa totale réalisation immédiate, l’exigence de sa soumission totale au contrôle de la société.
- 5) “se reproduire et se perfectionner sans fin”.
Le prolétariat entend, lui, mettre fin à cette reproduction et à ce perfectionnement et s’engage dans cette vole dès le premier jour de sa prise du pouvoir.
- 6) “n’avoir d’autre raison que dans la soumission et l’écrasement de la communauté humaine”.
Les buts du prolétariat sont diamétralement opposés. Sa raison d’être est celle de la libération et l’épanouissement de la société humaine.
- 7) “développer les sentiments d’hostilité et de violence entre les groupes sociaux nationalisme, chauvinisme, racisme, etc.”
Le prolétariat supprime tous ces anachronismes historiques devenus des monstruosités et des entraves à l’unification harmonieuse, possible et nécessaire de toute l’humanIté.
- 8) “développer des sentiments et des comportements d’égoïsme, d’agressivité sadique, d’esprit de vengeance, de guerre incessante et quotidienne de tous contre tous, etc..”
Le prolétariat au contraire développe des sentiments tout nouveaux de solidarité, de vie collective, de fraternité de “tous pour un et un pour tous”, d’une libre association de producteurs, d’une production et consommation socialisées.
Et si l’essence des classes exploiteuses est de : “plonger toute la société dans un état de terreur sans fin”, le prolétariat, lui, fait appel à l’initiative et à la créativité de tous qui dans un enthousiasme général prennent leur vie et leur sort dans leurs propres mains.
La violence de classe du prolétariat ne saurait être la terreur puisque que sa raison d’être est précisément de briser la terreur. C’est jouer sur les mots que de considérer comme la même chose et les confondre en les désignant par les mêmes mots : violence ou terreur, le comportement de l’assassin exhibant son couteau et la main qui l’immobilise et l’empêche de commettre le meurtre. Le prolétariat ne saurait recourir à l’organisation de pogroms, au lynchage, à la création d’École de Torture, aux viols, aux procès de Moscou, comme moyens et méthodes pour la réalisation du socialisme. Ces méthodes, ils les laisse au capitalisme, parce qu’elles font partie de lui, lui sont propres, adaptées à ses buts, et qui portent le nom générique de TERREUR.
- Ni le terrorisme avant, ni la terreur après la révolution ne sauraient être des armes du prolétariat pour l’émancipation de l’humanité.
M.C.