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Dans la première partie de cette série d'articles publiée à l'occasion de l'anniversaire de la tentative révolutionnaire en Allemagne, nous avons examiné le contexte historique mondial dans lequel la révolution s'est déroulée. Ce contexte, c'était la catastrophe de la Première Guerre mondiale et l'incapacité de la classe ouvrière et de sa direction politique à en prévenir l'éclatement. Bien que les premières années du 20e siècle aient été marquées par les premières manifestations d'une tendance générale au développement de grèves de masse, ces mouvements ne furent pas assez puissants, sauf en Russie, pour saper le poids des illusions réformistes. Quant au mouvement ouvrier internationaliste organisé, il s'avéra être théoriquement, organisationnellement et moralement impréparé face à une guerre mondiale qu'il avait prévue depuis longtemps. Prisonnier des schémas du passé selon lesquels la révolution prolétarienne serait le résultat, plus ou moins inéluctable, du développement économique du capitalisme, il postulait que la tâche primordiale des socialistes était d'éviter des confrontations prématurées et de laisser passivement les conditions objectives mûrir. A l'exception de son opposition révolutionnaire de gauche, l'Internationale socialiste ne parvint pas à - ou refusa de - prendre en compte la possibilité que le premier acte de la période de déclin du capitalisme soit la guerre mondiale et non la crise économique mondiale. Et, surtout, ignorant les signaux de l'histoire : l'urgence de l'alternative qui approchait de socialisme ou barbarie, l'Internationale sous-estima complètement le facteur subjectif de l'histoire, en particulier son rôle et sa responsabilité propres. Le résultat fut la faillite de l'Internationale face à l'éclatement de la guerre et à la frénésie chauvine de la part de sa direction, des syndicats en particulier. Les conditions de la première tentative révolutionnaire prolétarienne mondiale étaient donc déterminées par le passage relativement soudain et cataclysmique du capitalisme dans sa phase de décadence à travers une guerre impérialiste mondiale mais, aussi, par une crise catastrophique sans précédent du mouvement ouvrier.
Il apparut très vite clairement qu'il ne pouvait y avoir de réponse révolutionnaire à la guerre sans la restauration de la conviction que l'internationalisme prolétarien n'était pas une question tactique mais bien le principe le plus "sacré" du socialisme, la seule et unique "patrie" de la classe ouvrière (comme l'écrit Rosa Luxemburg). Nous avons donc vu, dans le précédent article, comment la déclaration publique de Karl Liebknecht contre la guerre, le Premier Mai 1916 à Berlin - au même titre que les conférences socialistes internationalistes qui se sont tenues dans cette période, comme celles de Zimmerwald et de Kienthal - et l'étendue des sentiments de solidarité qu'elle suscita, constituèrent un tournant indispensable vers la révolution. Face aux horreurs de la guerre dans les tranchées et à la paupérisation et à l'exploitation forcenée de la classe ouvrière sur le "front intérieur", balayant d'un seul coup des décennies d'acquis des luttes, nous avons vu le développement de grèves de masse et la maturation des couches politisées et des centres de la classe ouvrière capables de mener un assaut révolutionnaire.
La responsabilité du prolétariat pour en finir avec la guerre
Comprendre les causes de l'échec du mouvement socialiste face à la guerre était donc l'objectif principal de l'article précédent, tout comme cela avait été la préoccupation première des révolutionnaires pendant la première phase de la guerre. Le texte de Rosa Luxemburg, La crise de la Social-démocratie - appelé "Brochure de Junius" - en est une expression des plus claires. Au cœur des événements que nous traitons dans ce deuxième article, se pose une seconde question décisive, conséquence de la première : Quelle force sociale mettra fin à la guerre et comment ?
Richard Müller, l'un des leaders des "délégués révolutionnaires", les Obleute de Berlin et, plus tard, l'un des principaux historiens de la révolution en Allemagne, a formulé ainsi la responsabilité de la révolution : empêcher "l'effondrement de la culture, la liquidation du prolétariat et du mouvement socialiste comme tels" 1.
Comme cela fut souvent le cas, c'est Rosa Luxemburg qui posa avec la plus grande clarté la question historique de l'époque : "Qu'y aura-t-il après la guerre, quelles conditions et quel rôle attend la classe ouvrière, cela dépend entièrement de la façon dont la paix sera advenue. Si elle a été le résultat de l'épuisement mutuel des puissances militaires ou même - et ce serait pire - de la victoire d'un des belligérants, en d'autres termes si elle advient sans la participation du prolétariat, avec un calme social au sein des différents États, alors une telle paix scellerait la défaite historique mondiale du socialisme par la guerre. (...) Après la banqueroute du 4 août 1914, le second test décisif pour la mission historique du prolétariat est le suivant : sera-t-il capable de mettre fin à la guerre qu'il a été incapable d'empêcher, non de recevoir la paix des mains de la bourgeoisie impérialiste comme résultat de la diplomatie de cabinet, mais de la conquérir, de l'imposer à la bourgeoisie."2
Rosa Luxemburg décrit ici trois scénarios possibles sur la façon dont la guerre pourrait se terminer. Le premier, c'est la ruine et l'épuisement des belligérants impérialistes des deux camps. Elle reconnaît d'emblée la possibilité que l'impasse de la concurrence capitaliste, dans sa période de déclin historique, mène à un processus de pourrissement et de désintégration - si le prolétariat est incapable d'imposer sa propre solution. Cette tendance à la décomposition de la société capitaliste ne devait devenir manifeste que des décennies plus tard avec "l'implosion" en 1989 du bloc de l'Est et des régimes staliniens, et le déclin qui s'en est suivi du leadership de la superpuissance restante, les États-Unis. Rosa Luxemburg avait déjà compris qu'une telle dynamique, en elle-même, n'est pas favorable au développement d'une alternative révolutionnaire.
Le second scénario était que la guerre soit menée jusqu'à son terme et aboutisse à la défaite d'un des deux blocs en présence. Dans ce cas, le résultat serait l'inévitable clivage au sein du camp victorieux, produisant un nouvel alignement pour une seconde guerre mondiale encore plus destructrice, à laquelle la classe ouvrière serait encore moins capable de s'opposer.
Dans les deux cas, le résultat serait non une défaite momentanée mais une défaite historique mondiale du socialisme pour une génération au moins, ce qui pourrait, à long terme, saper la possibilité même d'une alternative prolétarienne à la barbarie capitaliste. Les révolutionnaires de l'époque avaient déjà compris que "la Grande guerre" avait ouvert un processus qui avait la potentialité de saper la confiance de la classe ouvrière dans sa mission historique. Comme telle, "la crise de la Social-démocratie" constituait une crise de l'espèce humaine elle-même puisque, dans le capitalisme, seul le prolétariat porte la possibilité d'une société alternative.
La révolution russe et la grève de masse de janvier 1918
Comment mettre fin à la guerre impérialiste par des moyens révolutionnaires ? Les vrais socialistes du monde entier comptaient sur l'Allemagne pour apporter une réponse à cette question. L'Allemagne était la principale puissance économique continentale d'Europe, le leader - en fait la seule puissance majeure - de l'un des deux blocs impérialistes en lutte. C'était aussi le pays qui comportait le plus grand nombre d'ouvriers éduqués, formés au socialisme, ayant une conscience de classe et qui, au cours de la guerre, se rallièrent de façon grandissante à la cause de la solidarité internationale.
Mais le mouvement prolétarien est international par nature. La première réponse à la question posée ci-dessus ne fut pas apportée en Allemagne mais en Russie. La révolution russe de 1917 constitua un tournant dans l'histoire mondiale. Elle participa aussi à la transformation de la situation en Allemagne. Jusqu'à février 1917 et au début du soulèvement en Russie, les ouvriers allemands qui avaient une conscience de classe se donnaient pour but de développer la lutte afin d'obliger les gouvernements à réclamer la paix. Même au sein de la Ligue Spartakus (Spartakusbund), au moment de sa fondation le Jour de l'An 1916, personne ne croyait à la possibilité d'une révolution imminente. Avec l'expérience russe, en avril 1917, les cercles révolutionnaires clandestins d'Allemagne avaient adopté le point de vue selon lequel le but n'était pas seulement de mettre fin à la guerre mais, en même temps, de renverser le capitalisme. Très vite la victoire de la révolution à Petrograd et à Moscou en octobre 1917 clarifia, pour ces cercles de Berlin et de Hambourg, non tant le but que les moyens d'y parvenir : l'insurrection armée organisée et menée par les conseils ouvriers.
Paradoxalement, l'effet immédiat de l'Octobre rouge russe sur les grandes masses en Allemagne allait dans un sens plutôt contraire. Une sorte d'euphorie innocente éclata à l'idée que la paix approchait, basée sur l'hypothèse que le gouvernement allemand ne pourrait qu'accepter la main tendue de l'Orient pour "une paix sans annexion". Cette réaction montre à quel point la propagande de ce qui était devenu le parti "socialiste" fauteur de guerre, le SPD - selon qui la guerre aurait été imposée à l'Allemagne qui n'en voulait pas - avait encore de l'influence. Concernant les masses populaires, le tournant dans leur attitude envers la guerre induit par la Révolution russe, n'eut lieu que trois mois plus tard, avec les négociations de paix entre la Russie et l'Allemagne à Brest-Litovsk.3 Ces négociations furent intensément suivies par les ouvriers dans toute l'Allemagne et l'Empire austro-hongrois. Leur résultat - le Diktat impérialiste de l'Allemagne et l'occupation par celle-ci de grandes parties des régions occidentales de ce qui était devenu la République soviétique, et la répression sauvage des mouvements révolutionnaires qui y avaient lieu - convainquit des millions d'ouvriers de la justesse du slogan de Spartakus : le principal ennemi est dans son propre pays, c'est le système capitaliste lui-même. Brest-Litovsk donna lieu à une grève de masse gigantesque qui démarra en Autriche-Hongrie, à Vienne. Elle s'étendit immédiatement à l'Allemagne, paralysa la vie économique dans plus de vingt villes principales, avec un demi million d'ouvriers en grève à Berlin. Les revendications étaient les mêmes que celles de la délégation soviétique à Brest : arrêt immédiat de la guerre, sans annexions. Les ouvriers s'organisèrent au moyen d'un système de délégués élus, suivant dans l'ensemble les propositions très concrètes d'un tract de Spartakus tirant les leçons de la Russie.
Un témoignage rapporté dans le quotidien du SPD, le Vorwärts, dans son numéro du 28 janvier 1918, décrit les rues de Berlin, désertes ce matin-là, ensevelies dans un brouillard qui enveloppait et déformait les contours des bâtiments, de la ville entière en fait. Quand les masses envahirent les rues avec une détermination silencieuse, le soleil sortit et dissipa le brouillard, écrit le reporter.
Divisions et divergences au sein de la direction de la grève
Cette grève donna lieu à un débat au sein de la direction révolutionnaire sur les buts immédiats du mouvement ; mais il touchait de plus en plus le cœur de la question : comment le prolétariat peut-il mettre fin à la guerre ? Le centre de gravité de la direction se trouvait, à l'époque, au sein de l'aile gauche de la Social-démocratie qui, après avoir été exclue du SPD pour son opposition à la guerre, avait formé un nouveau parti, l'USPD (le SPD "indépendant"). Ce parti qui regroupait la plupart des dirigeants les plus connus qui s'étaient opposés à la trahison de l'internationalisme par le SPD - y compris beaucoup d'éléments hésitants et vacillants, plus petits-bourgeois que prolétariens - comportait aussi une opposition révolutionnaire radicale, le Spartakusbund, fraction qui disposait d'une structure et d'une plate-forme propres. Déjà au cours de l'été et de l'automne 1917, le Spartakusbund et d'autres courants au sein de l'USPD avaient appelé à des manifestations de protestation en réponse au mécontentement, et témoignant l'enthousiasme grandissant pour la révolution russe. Les Obleute, "délégués révolutionnaires" d'usine s'opposaient à cette orientation ; leur influence était particulièrement forte dans les usines d'armement de Berlin. Soulignant les illusions des masses envers la "volonté de paix" du gouvernement allemand, ces cercles voulaient attendre que le mécontentement soit plus intense et plus généralisé pour qu'il puisse s'exprimer alors en une action de masse unique et unifiée. Quand, dans les premiers jours de 1918, les appels à la grève de masse dans toute l'Allemagne atteignirent Berlin, les Obleute décidèrent de ne pas inviter le Spartakusbund aux réunions où cette action massive centrale se préparait et se décidait. Ils avaient peur que ce qu'ils appelaient "l'activisme" et "la précipitation" de Spartakus - qui, à leur avis, dominaient le groupe depuis que sa principale animatrice et théoricienne, Rosa Luxemburg, avait été emprisonnée - mettent en danger le lancement d'une action unifiée dans toute l'Allemagne. Quand les Spartakistes découvrirent cela, ils lancèrent leur propre appel à la lutte sans attendre la décision des Obleute.
Ce manque de confiance réciproque s'intensifia alors à propos de l'attitude à adopter envers le SPD. Quand les syndicats découvrirent qu'un comité de grève secret avait été constitué et ne comportait aucun membre du SPD, ce dernier réclama immédiatement d'y être représenté. A la veille de la grève du 28 janvier, une réunion clandestine de délégués d'usines à Berlin vota contre dans sa majorité. Néanmoins, les Obleute qui dominaient le comité de grève, décidèrent d'admettre des délégués du SPD avec l'argument que les sociaux-démocrates n'étaient plus dans une position où ils pouvaient empêcher la grève mais que leur exclusion pourrait créer une note de discorde et donc saper l'unité de l'action à venir. Spartakus condamna vigoureusement cette décision.
Le débat atteignit des sommets au cours de la grève elle-même. Face à la force élémentaire de cette action, le Spartakusbund commença à défendre l'orientation vers l'intensification de l'agitation en faveur du déclenchement de la guerre civile. Le groupe pensait que le moment était déjà venu pour mettre fin à la guerre par des moyens révolutionnaires. Les Obleute s'y opposèrent fortement, préférant prendre la responsabilité de mettre fin, de façon organisée, au mouvement une fois qu'il eut atteint ce qu'ils considéraient être son point culminant. Leur argument principal était qu'un mouvement insurrectionnel, même s'il réussissait, resterait limité à Berlin et que les soldats n'avaient pas encore été gagnés à la révolution.
La place de la Russie et de l'Allemagne dans la révolution mondiale
Derrière cette divergence sur la tactique résident deux questions plus générales et plus profondes. L'une d'elles concerne le critère permettant de juger la maturité des conditions pour une insurrection révolutionnaire. Nous reviendrons sur cette question plus tard dans cette série d'articles.
L'autre concerne le rôle du prolétariat russe dans la révolution mondiale. Le renversement de la domination bourgeoise en Russie pouvait-il être immédiatement facteur déclencheur d'un soulèvement révolutionnaire en Europe centrale et occidentale ou, au moins, contraindre les principaux protagonistes impérialistes à arrêter la guerre ?
La même discussion avait eu lieu dans le Parti bolchevique en Russie à la veille de l'insurrection d'Octobre 1917, puis à l'occasion des négociations de paix avec le gouvernement impérial allemand à Brest-Litovsk. Dans le Parti bolchevique, les opposants à la signature du traité avec l'Allemagne, menés par Boukharine, défendaient que la principale motivation du prolétariat quand il avait pris le pouvoir en Octobre 1917 en Russie, avait été de déclencher la révolution en Allemagne et en Occident et que signer un traité avec l'Allemagne maintenant équivalait à abandonner cette orientation. Trotsky adopta une position intermédiaire de temporisation qui ne résolut pas vraiment le problème. Ceux qui défendaient la nécessité de signer ce traité, comme Lénine, ne mettaient absolument pas en question la motivation internationaliste de l'insurrection d'Octobre. Ce qu'ils contestaient, c'était que la décision de prendre le pouvoir aurait été basée sur l'idée que la révolution s'étendrait immédiatement à l'Allemagne. Au contraire : ceux qui étaient pour l'insurrection avaient déjà mis en avant, à l'époque, que l'extension immédiate de la révolution n'était pas certaine et que le prolétariat russe prenait donc le risque d'être isolé, de connaître des souffrances inouïes en prenant l'initiative de commencer la révolution mondiale. Ce risque, avait argumenté Lénine en particulier, était justifié parce que ce qui était en jeu, c'était l'avenir, pas seulement celui du prolétariat russe mais celui du prolétariat mondial ; pas seulement celui du prolétariat mais l'avenir de toute l'humanité. Cette décision devait donc être prise en pleine conscience et de la façon la plus responsable. Lénine a répété ces arguments par rapport à Brest : le prolétariat russe avait la justification morale de signer le traité avec la bourgeoisie allemande, même le plus défavorable, afin de gagner du temps puisqu'il n'était pas certain que la révolution en Allemagne commence immédiatement.
Isolée du monde dans sa prison, Rosa Luxemburg intervint dans ce débat à travers trois articles - "La responsabilité historique", "Vers la catastrophe" et "La tragédie russe", rédigés respectivement en janvier, juin et septembre 1918 - et qui constituent trois des plus importantes "Lettres de Spartakus", lettres célèbres diffusées clandestinement pendant la guerre. Elle y met clairement en évidence qu'on ne peut blâmer ni le parti bolchevique, ni le prolétariat russe du fait qu'ils aient été contraints de signer un traité avec l'impérialisme allemand. Cette situation était le résultat de l'absence de révolution ailleurs et, avant tout, en Allemagne. Sur la base de cette compréhension, elle fit ressortir le tragique paradoxe suivant : bien que la révolution russe ait été le plus haut sommet conquis par l'humanité jusqu'à ce jour et, comme tel, ait constitué un véritable tournant dans l'histoire, sa première conséquence, dans l'immédiat, ne fut pas de raccourcir mais de prolonger les horreurs de la guerre mondiale. Et cela pour la simple raison qu'elle libéra l'impérialisme allemand de l'obligation de mener la guerre sur deux fronts.
Si Trotsky croit à la possibilité d'une paix immédiate sous la pression des masses à l'Ouest, écrit Rosa Luxemburg en 1918, "il faudra verser beaucoup d'eau dans le vin mousseux de Trotsky". Et elle continue : "Première conséquence de l'armistice à l'Est : les troupes allemandes seront tout simplement transférées d'Est en Ouest. Je dirais même plus : c'est déjà fait."4 En juin, elle tire une deuxième conclusion de cette dynamique : l'Allemagne est devenue le gendarme de la contre-révolution en Europe orientale, massacrant les forces révolutionnaires de la Finlande jusqu'à l'Ukraine. Paralysé par cette évolution, le prolétariat "faisait le mort". En septembre 1918, elle explique que la guerre mondiale menace d'engloutir la Russie révolutionnaire elle-même : "Le cercle d'airain de la guerre mondiale qui semblait brisé à l'Est se referme autour de la Russie et du monde entier sans la moindre faille : l'Entente s'avance au Nord et à l'Est avec les Tchécoslovaques et les Japonais - conséquence naturelle et inévitable de l'avance de l'Allemagne à l'Ouest et au Sud. Les flammes de la guerre mondiale lèchent déjà le sol russe et convergeront sous peu sur la révolution russe. En fin de compte, il s'est avéré impossible pour la Russie de se retrancher isolément de la guerre mondiale, fût-ce au prix des plus grands sacrifices."5
Pour Rosa Luxemburg, il était clair que l'avantage militaire immédiat gagné par l'Allemagne, du fait de la révolution en Russie, permettrait pendant quelques mois de renverser le rapport de forces en Allemagne en faveur de la bourgeoisie. Malgré l'inspiration qu'avait insufflée la révolution russe aux ouvriers allemands et bien que la "paix des brigands" imposée par l'impérialisme allemand après Brest leur ait ôté beaucoup d'illusions, il allait falloir presque un an pour que cela mûrisse et se transforme en une révolte ouverte contre l'impérialisme.
La raison en est liée à la nature particulière d'une révolution qui naît dans le contexte d'une guerre mondiale. "La Grande Guerre" de 1914 n'était pas seulement une boucherie à une échelle jamais vue. C'était aussi l'organisation de la plus gigantesque opération économique, matérielle et humaine qu'on n'ait jamais connue dans l'histoire jusqu'alors. Littéralement, des millions d'êtres humains ainsi que toutes les ressources de la société étaient devenus les rouages d'une machine infernale dont la dimension même défiait toute imagination. Cela avait provoqué deux sentiments d'une grande intensité au sein du prolétariat : la haine de la guerre et un sentiment d'impuissance. Dans ces circonstances, il a fallu des souffrances et des sacrifices incommensurables avant que la classe ouvrière ne reconnaisse qu'elle seule pouvait mettre fin à la guerre. Ce processus prit du temps et se développa de façon heurtée et hétérogène. Deux de ses aspects les plus importants furent la prise de conscience que les véritables motivations de l'effort de guerre impérialiste étaient des motivations de brigands et que la bourgeoisie elle-même ne contrôlait pas la machine de guerre qui, en tant que produit du capitalisme, était devenue indépendante de la volonté humaine. En Russie 1917, comme en Allemagne et en Autriche-Hongrie 1918, la reconnaissance que la bourgeoisie était incapable de mettre fin à la guerre, même si elle allait à la défaite, s'avéra décisive.
Ce que Brest-Litovsk et les limites de la grève de masse en Allemagne et en Autriche-Hongrie en janvier 1918 ont révélé avant tout, est ceci : la révolution mondiale pouvait commencer en Russie mais seule une action prolétarienne décisive dans l'un des principaux pays protagonistes - l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou la France - pouvait arrêter la guerre.
La course pour arrêter la guerre
Bien que le prolétariat allemand "ait fait le mort" comme le dit Rosa Luxemburg, sa conscience de classe a continué à mûrir pendant la première moitié de 1918. De plus, à partir de l'été 1918, les soldats commencèrent pour la première fois à être sérieusement infectés par le bacille de la révolution. Deux facteurs y contribuèrent en particulier. En Russie, les prisonniers allemands qui étaient simples soldats, furent libérés et eurent le choix de rester en Russie et de participer à la révolution, ou de retourner en Allemagne. Ceux qui choisirent de rentrer furent évidemment immédiatement renvoyés au front comme chair à canon par l'armée allemande. Mais ils apportaient des nouvelles de la révolution russe. En Allemagne même, en représailles de leur action, des milliers de dirigeants de la grève de masse de janvier furent envoyés au front où ils apportèrent les nouvelles de la révolte grandissante de la classe ouvrière contre la guerre. Mais ce qui fut décisif pour le changement d'atmosphère dans l'armée, c'était la prise de conscience croissante de la futilité de la guerre et du fait que la défaite de l'Allemagne était inévitable.
A l'automne débuta quelque chose qui aurait été inimaginable quelques mois plus tôt : une course contre le temps entre le prolétariat conscient d'un côté et les dirigeants de la bourgeoisie allemande de l'autre, pour déterminer laquelle des deux grandes classes de la société moderne mettrait fin à la guerre.
Du côté de la classe dominante allemande, il fallait d'abord résoudre deux problèmes majeurs dans ses propres rangs. L'un d'eux était la totale incapacité de beaucoup de ses principaux représentants à envisager la possibilité de la défaite qui pourtant leur sautait aux yeux. L'autre, c'était comment faire la paix sans discréditer l'appareil d'État de façon irréparable. Sur cette dernière question, nous devons garder à l'esprit qu'en Allemagne, la bourgeoisie avait accédé au pouvoir et le pays avait été unifié, non par une révolution d'en bas mais par les militaires, avant tout par l'armée royale prussienne. Comment mettre fin à la guerre sans mettre en question ce pilier et ce symbole de la force et de l'unité nationales ?
15 septembre 1918 : les puissances alliées rompent le front austro-hongrois dans les Balkans.
27 septembre : la Bulgarie, allié important de Berlin, capitule.
29 septembre : le commandant en chef de l'armée allemande, Erich Ludendorff, informe le haut commandement que la guerre est perdue, que ce n'est plus qu'une question de jours, ou même d'heures, avant que tout le front militaire ne s'effondre.
En fait, la description que Ludendorff fit de la situation immédiate était plutôt exagérée. Nous ne savons pas s'il paniqua ou s'il dépeignit délibérément la réalité plus noire qu'elle n'était afin que les dirigeants du pays acceptent ses propositions. En tous cas, celles-ci furent adoptées : la capitulation et l'instauration d'un gouvernement parlementaire.
Ce faisant, Ludendorff voulait éviter une défaite totale de l'Allemagne et faire tomber le vent de la révolution. Mais il poursuivait aussi un autre but. Il voulait que ce soit un gouvernement civil qui capitule, de sorte que les militaires puissent continuer à nier la défaite publiquement. Il préparait le terrain pour le Dolchstosslegende, "la légende du coup de poignard dans le dos", selon laquelle l'armée allemande victorieuse aurait été vaincue par les traîtres de l'intérieur. Mais cet ennemi, le prolétariat, ne pouvait évidemment pas être appelé par son nom car cela n'aurait fait qu'élargir l'abîme grandissant qui séparait la bourgeoisie et la classe ouvrière. Pour cette raison, il fallait trouver un bouc émissaire à blâmer pour avoir "trompé" les ouvriers. A cause de l'histoire de la civilisation occidentale depuis deux mille ans, la victime la plus adaptée pour jouer le rôle de bouc émissaire était à portée de main : les Juifs. C'est ainsi que l'anti-sémitisme dont l'influence avait déjà grandi, surtout dans l'Empire russe, durant les années qui avaient précédé la guerre, revint au centre de la politique européenne. La route qui mène à Auschwitz commence là.
1er octobre 1918 : Ludendorff et Hindenburg proposent la paix immédiate à l'Entente. Au même moment, une conférence des groupes révolutionnaires les plus intransigeants, le Spartakusbund et la Gauche de Brême, appelaient à développer l'agitation chez les soldats et à la formation de conseils ouvriers. Au même moment aussi, des centaines de milliers de déserteurs étaient en fuite derrière le front. Et, comme allait l'écrire plus tard le révolutionnaire Paul Frölich (dans sa biographie de Rosa Luxemburg), le changement d'attitude des masses se lisait dans leurs yeux.
Dans le camp de la bourgeoisie, la volonté de terminer la guerre était retardée par deux nouveaux facteurs. D'une part, aucun des impitoyables dirigeants de l'État allemand qui n'avaient pas eu la moindre hésitation à envoyer leurs "sujets" par millions à une mort certaine et absurde, n'avait le courage d'informer le Kaiser Guillaume II qu'il devait renoncer au trône. D'autre part, l'autre camp impérialiste continuait à chercher des raisons de repousser l'armistice, car il n'était pas convaincu qu'une révolution était probable dans l'immédiat, ni du danger que celle-ci présentait pour sa propre domination. La bourgeoisie perdait du temps.
Mais tout cela ne l'empêcha pas de préparer la répression sanglante des forces révolutionnaires. Elle avait notamment déjà choisi les parties de l'armée qui, de retour du front, devraient occuper les principales villes. Dans le camp du prolétariat, les révolutionnaires préparaient de plus en plus intensément un soulèvement armé pour mettre fin à la guerre. Les Obleute à Berlin fixèrent au 4 novembre, puis au 11 le jour de l'insurrection.
Mais entre temps, les événements prirent une tournure à laquelle ne s'attendaient ni la bourgeoisie, ni le prolétariat et qui eut une profonde influence sur le cours de la révolution.
Les mutineries dans la marine, la dissolution de l'armée
Afin de remplir les conditions de l'armistice stipulées par le camp militaire adverse, le gouvernement de Berlin mit fin à toute opération militaire navale, en particulier à la guerre sous-marine, le 20 octobre. Une semaine plus tard, il déclarait le cessez-le feu sans condition.
Face à ce "début de la fin", la folie s'empara des officiers de la flotte basée sur la côte nord de l'Allemagne. Ou, plutôt, la "folie" de leur ancienne caste militaire - avec sa défense de "l'honneur", sa tradition du duel - fut mise à jour par la folie de la guerre impérialiste moderne. Dans le dos de leur propre gouvernement, ils décidèrent de lancer la marine de guerre dans la grande bataille navale contre la flotte britannique qu'ils avaient vainement attendue pendant toute la guerre. Ils préféraient mourir avec honneur plutôt que de capituler sans se battre. Ils supposaient que les marins et les équipages - 80 000 personnes au total - sous leur commandement étaient prêts à les suivre.6
Mais ce n'était pas le cas. Les équipages se mutinèrent contre la mutinerie de leurs chefs. Ou du moins certains d'entre eux. Durant un moment dramatique, les navires dont les équipages avaient pris le contrôle et ceux où ce n'était pas (encore) le cas pointèrent leurs canons les uns contre les autres. Les équipages mutinés capitulèrent alors, probablement pour éviter de tirer sur leurs frères de classe.
Mais ce n'est pas encore cela qui déclencha la révolution en Allemagne. Ce qui fut décisif, c'est que les équipages arrêtés furent amenés comme prisonniers à Kiel où ils allaient probablement être condamnés à mort comme traîtres. Les marins qui n'avaient pas eu le courage de se joindre à la première rébellion en haute mer, exprimèrent alors sans peur leur solidarité avec ces équipages. Et, par-dessus tout, toute la classe ouvrière de Kiel sortit des usines et se mobilisa dans la rue en solidarité pour fraterniser avec les marins. Le social-démocrate, G. Noske, envoyé pour écraser sans pitié le soulèvement, arriva à Kiel le 4 novembre et trouva la ville aux mains des ouvriers, des marins et des soldats armés. De plus, des délégations massives avaient déjà quitté Kiel dans toutes les directions pour enjoindre la population à faire la révolution, sachant très bien qu'un seuil sans retour possible avait été franchi : la victoire ou la mort certaine. Noske fut totalement déconcerté et par la rapidité des événements et par le fait que les révoltés de Kiel l'accueillirent comme un héros.7
Sous les coups de boutoir de ces événements, le puissant appareil militaire allemand finit par se désintégrer. Les divisions qui revenaient de Belgique et que le gouvernement avait prévu d'utiliser pour "rétablir l'ordre" à Cologne, désertèrent. Le soir du 8 novembre, tous les regards étaient tournés vers Berlin, siège du gouvernement, où étaient concentrées les principales forces armées contre-révolutionnaires. La rumeur qui courait, rapportait que la bataille décisive allait avoir lieu le lendemain dans la capitale.
Richard Müller, dirigeant des Obleute à Berlin, rapporta plus tard : "Le 8 novembre, j'étais à Hallisches Tor8. Des colonnes d'infanterie lourdement armées, de mitrailleuses et d'artillerie légère avançaient en rangées sans fin vers le centre ville. Les hommes ressemblaient à des voyous. On s'en était déjà servi avec "succès" pour écraser les ouvriers et les paysans en Russie et en Finlande. Il ne faisait aucun doute qu'ils allaient être utilisés à Berlin pour noyer la révolution dans le sang." (Op. cité) Müller décrit ensuite comment le SPD envoyait des messages à tous ses fonctionnaires, leur demandant de s'opposer à l'éclatement de la révolution par tous les moyens. Il continue : "J'ai été à la tête du mouvement révolutionnaire depuis que la guerre a éclaté. Jamais, même face aux pires revers, je n'ai douté de la victoire du prolétariat. Mais maintenant que l'heure décisive approchait, j'étais assailli par un sentiment d'appréhension, une grande inquiétude pour mes camarades de classe, le prolétariat. Moi-même, face à la grandeur du moment, je me trouvais honteusement petit et faible." (Ibid.)
La révolution de novembre : le prolétariat met fin à la guerre
On dit souvent que le prolétariat allemand, pétri par les valeurs culturelles traditionnelles d'obéissance et de soumission que, pour des raisons historiques, lui avaient inculqué les classes dominantes de ce pays pendant plusieurs siècles, était incapable de faire une révolution.
Le 9 novembre 1918 a prouvé le contraire. Au matin, des centaines de milliers de manifestants venant des grands faubourgs ouvriers qui entourent les quartiers du gouvernement et des affaires sur trois côtés, marchèrent vers le centre de Berlin. Ils organisèrent leurs trajets de façon à passer devant les principales casernes afin de gagner les soldats à leur cause, et devant les principales prisons afin de libérer leurs camarades. Ils étaient équipés de fusils et de grenades. Et ils étaient prêts à mourir pour la cause de la révolution. L'organisation s'était faite sur le tas, de façon spontanée.
Ce jour-là, 15 personnes seulement furent tuées. La révolution de novembre 1918 en Allemagne fut aussi peu sanglante que celle d'octobre 1917 en Russie. Mais personne ne le savait à l'avance ni ne s'y attendait. Le prolétariat de Berlin montra ce jour là un grand courage et une détermination inébranlable.
A midi, les dirigeants du SPD, Ebert et Scheidemann, étaient au Reichstag, siège du Parlement, en train de manger. Friedrich Ebert était fier de lui car il venait juste d'être appelé par les riches et les nobles à former un gouvernement pour sauver le capitalisme. Quand ils entendirent du bruit dehors, Ebert, refusant d'être interrompu par la foule, poursuivit son déjeuner en silence ; Scheidemann, accompagné de fonctionnaires alarmés à l'idée que le bâtiment soit pris d'assaut, sortit sur le balcon pour voir ce qu'il se passait. Ce qu'il vit, c'est quelque chose comme un million de manifestants sur les pelouses entre le Reichstag et la Porte de Brandebourg. Une foule qui se tut quand elle vit Scheidemann au balcon, supposant qu'il était venu faire un discours. Obligé d'improviser, il proclama "la République allemande libre". Quand il revint dire à Ebert ce qu'il avait fait, celui-ci fut furieux car il avait l'intention de sauver non seulement le capitalisme mais aussi la monarchie.9
A peu près au même moment, Karl Liebknecht qui se trouvait au balcon d'un palais de cette même monarchie, proclamait la république socialiste et appelait la classe ouvrière de tous les pays à la révolution mondiale. Quelques heures plus tard, les Obleute révolutionnaires occupaient l'une des principales salles de réunion du Reichstag. Là, ils formulèrent l'appel à la tenue d'assemblées générales massives le lendemain pour élire des délégués et constituer des conseils révolutionnaires d'ouvriers et de soldats.
La guerre était terminée, la monarchie renversée, mais la domination de la bourgeoisie était loin d'avoir pris fin.
Après la victoire, la guerre civile
Au début de cet article, nous avons rappelé les enjeux de l'histoire tels que Rosa Luxemburg les avait formulés, concentrés sur la question : quelle classe pourra mettre fin à la guerre ? Nous avons rappelé les trois scénarios possibles pour que la guerre se termine : par le prolétariat, par la bourgeoisie ou par l'épuisement mutuel des belligérants. Les événements ont clairement montré qu'au bout du compte, c'est le prolétariat qui a joué le rôle principal pour mettre fin à "la Grande Guerre". Ce seul fait illustre la puissance potentielle du prolétariat révolutionnaire. Il explique pourquoi la bourgeoisie, aujourd'hui encore, enfouit dans le silence et l'oubli la révolution de novembre 1918.
Mais ce n'est pas toute l'histoire. Dans une certaine mesure, les événements de novembre combinèrent les trois scénarios dépeints par Rosa Luxemburg. Dans une certaine mesure, ces événements furent aussi le résultat de la défaite militaire de l'Allemagne. Début novembre 1918, celle-ci était vraiment à la veille d'une défaite militaire totale. De façon ironique, seul le soulèvement du prolétariat épargna à la bourgeoisie allemande le sort d'une occupation militaire, en obligeant ses adversaires impérialistes à mettre fin à la guerre pour empêcher l'extension de la révolution. Novembre 1918 révéla aussi des éléments de "la ruine mutuelle" et de l'épuisement, surtout en Allemagne, mais aussi en Grande-Bretagne et en France. En fait, c'est l'intervention des États-Unis aux côtés des alliés occidentaux à partir de 1917 qui fit pencher la balance en faveur de ces derniers et permit de sortir de l'impasse mortelle dans laquelle les puissances européennes étaient enferrées.
Si nous mentionnons le rôle de ces autres facteurs, ce n'est pas pour minimiser celui du prolétariat. C'est qu'il est important d'en tenir compte car ils aident à comprendre le caractère des événements. La révolution de novembre a gagné une victoire comme une force contre laquelle aucune résistance véritable n'est possible. Mais c'est aussi parce que l'impérialisme allemand avait déjà perdu la guerre, parce que son armée était en pleine décomposition et parce que, non seulement la classe ouvrière, mais aussi de vastes secteurs de la petite bourgeoisie et même de la bourgeoisie voulaient désormais la paix.
Le lendemain de son grand triomphe, la population de Berlin élut des conseils d'ouvriers et de soldats. Ceux-ci, à leur tour, nommèrent, en même temps que leur propre organisation, ce qui était considéré comme une sorte de gouvernement provisoire socialiste, formé par le SPD et l'USPD, sous la direction de Friedrich Ebert. Le même jour, Ebert scellait un accord secret avec le nouveau commandement militaire pour écraser la révolution.
Dans le prochain article, nous examinerons les forces de l'avant-garde révolutionnaire dans le contexte du début de guerre civile et à la veille d'événements décisifs pour la révolution mondiale.
Steinklopfer
1 Richard Müller, Vom Kaiserreich Zur Republik ("De l'Empire à la République"), première partie de sa trilogie sur la révolution allemande.
2 Rosa Luxemburg, "Liebknecht", Spartakusbriefe n°1, septembre 1916
3 Le Traité de Brest-Litovsk fut signé le 3 mars 1918 entre l'Allemagne, ses alliés et la toute nouvelle République des Soviets. Les négociations pour y aboutir durèrent 3 mois. Lire également à propos de cet évènement notre article La Gauche communiste en Russie : 1918 - 1930 (1ere partie) dans la Revue internationale n° 8
4 Spartakusbriefe n° 8, janvier 1918, "Die geschichtliche Verantwortung" ("La responsabilité historique")
5 Spartakusbriefe n° 11, septembre 1918, "Die russische Tragödie" ("La tragédie russe")
6 Les actions kamikazes de l'aviation japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale et les attentats-suicide des fondamentalistes islamiques ont donc des précurseurs européens.
7 Voir l'analyse de ces événements par l'historien allemand Sebastian Haffner dans 1918/19, Eine deutsche Revolution ("1918/19, une révolution allemande").
8 Station du métro aérien de Berlin, au sud du centre ville
9 On trouve des anecdotes de ce style, venant de l'intérieur de la contre-révolution, dans les mémoires des dirigeants de la social-démocratie. Philipp Scheidemann : Memoiren eines Sozialdemokraten ("Mémoires d'un social-démocrate"), 1928 - Gustav Noske : Von Kiel bis Kapp - Zur Geschichte der deutschen Revolution ("De Kiel à Kapp - Sur l'histoire de la révolution allemande"), 1920.