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Révolution Internationale n° 338 - septembre 2003

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Le capitalisme ne peut être réformé, la classe ouvrière doit le détruire

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L'attaque contre les retraites en France qui vient d'être officialisée à travers l'adoption par le parlement de la loi Fillon a constitué, par son ampleur et sa profondeur, une expression particulièrement significative de la faillite du système capitaliste, contraint d'amputer toujours davantage les dépenses d'entretien des exploités. Son objectif n'est pas tant de faire travailler plus longtemps les ouvriers que de leur supprimer, ni plus ni moins, leur retraite.
Seuls les ouvriers sont capables, à travers leur mobilisation, de s'opposer à cette logique. C'est pourquoi les luttes ouvrières massives du printemps dernier revêtent une signification toute particulière. En effet, elles démontrent que de nouveau le prolétariat est en train de retrouver sa capacité à se reconnaître en tant que classe luttant pour des intérêts communs, et ce malgré l'impact négatif très important qu'ont eu sur sa conscience les campagnes idéologiques massives sur "la fin de la lutte de classe" pendant toutes les années 1990, suite à l'effondrement du stalinisme. Une telle dynamique de la lutte de classe est porteuse de luttes de plus en plus massives et surtout d'un développement de la conscience de la faillite du capitalisme, de la possibilité de lutter contre ce système jusqu'à son renversement. Une telle perspective implique aussi de la part de la classe ouvrière qu'elle tire les leçons de ses défaites en apprenant à combattre son ennemi et à déjouer ses pièges. C'est une nécessité vitale comme l'illustre le fait que c'est sans avoir été inquiétée que la bourgeoisie a pu faire passer son attaque contre les retraites et cela malgré la forte mobilisation des enseignants. C'est en permanence que la bourgeoisie manœuvre contre son ennemi mortel, de manière à affaiblir ses ripostes. Cette fois-ci, elle a su habilement focaliser le mouvement sur une revendication spécifique à l'Education Nationale, la lutte contre la décentralisation, de manière à empêcher le développement d'une lutte massive de tous les secteurs contre la réforme des retraites. Quant à l'encadrement de la lutte elle-même, il a pu être assumé sur le terrain sans difficulté par les syndicats et des organismes divers, dont des coordinations autoproclamées, mis sur pied par les gauchistes.
Malgré sa victoire, la bourgeoisie ne pouvait néanmoins pas laisser les choses en l'état et se devait d'occuper le terrain afin de faire obstacle à la réflexion des ouvriers sur ce qui venait de se passer. Alors que le mouvement des enseignants agonisait, les projecteurs médiatiques se braquaient, dès le 27 juin, sur la lutte des intermittents du spectacle. Pendant une bonne partie du mois de juillet et de façon récurrente le mois suivant, l'annulation ou le maintien des festivals ont tenu le public du petit écran en haleine. Tout le battage sur ce conflit, lui accordant une importance aussi grande que les mobilisations du printemps dont elle apparaissait constituer le prolongement, n'avait d'autre objet que de dénaturer la lutte de classe en renvoyant une image de celle-ci fortement emprunte de l'individualisme et des préjugés élitistes et petit-bourgeois propres aux artistes. De même, le rendez-vous altermondialiste (du 8 au 10 août) dans le Larzac devenu pour l'occasion la "Mecque de la contestation sociale" a fait lui aussi l'objet de toute l'attention des médias. Ce type de rassemblement constitue également une offensive idéologique contre la classe ouvrière en substituant à sa lutte sur un terrain de classe un fatras de luttes interclassistes, citoyennes à qui mieux, réclamant l'amélioration de la démocratie bourgeoise.
Un autre spectacle a été monté en grandes pompes par la bourgeoisie cet été, face à une situation dont il lui était impossible de dissimuler la réalité, l'hécatombe en vies humaines provoquée par la canicule. Là aussi, il s'est agi pour la bourgeoisie de détourner les consciences de la signification profonde d'un événement qui est le produit des coupes claires effectuées depuis plus de vingt ans, par tous les gouvernements, dans les budgets de santé et sociaux, et qui constitue une illustration accablante de l'impasse dans laquelle se trouve le capitalisme, tout juste bon à préparer nos cercueils. A cette fin, nous avons eu droit à d'interminables bavardages sur le devoir d'alerte, la responsabilité ou non du gouvernement, et à une entreprise de culpabilisation de la population sur le thème de "l'égoïsme qui nous fait abandonner nos aînés", celle-ci préparant le terrain au projet d'une nouvelle attaque des conditions de vie de la classe ouvrière visant à lui enlever un jour par an de congés pour financer des mesures en faveur des plus vieux.
L'aggravation de la crise économique mondiale, est illustrée, par exemple, par la récession ouverte qui frappe des puissances comme l'Allemagne et la Hollande. Et c'est bien entendu à la classe ouvrière que la bourgeoise compte faire payer la note. La période estivale ayant toujours été mise à profit pour faire passer un maximum d'attaques contre la classe ouvrière, l'été 2003 ne pouvait d'autant moins déroger à cette règle : hausse des tarifs des services publics (transports, gaz, électricité, téléphone, etc.) ; cascade ininterrompue de plans sociaux, les vacances étant le moment tant attendu par les entreprises pour lâcher la bonde du licenciement. Depuis juin, ce sont plus de 8000 emplois qui se retrouvent sur la sellette dans tous les secteurs : automobile, électronique, chimie, aérospatiale, prêt-à-porter … Et pour que l'économie réalisée par le capital sur le dos des prolétaires licenciés soit plus conséquente, le calcul de leur indemnisation est révisé en leur défaveur suite à un décret du 27 juillet paru au Journal Officiel. Ainsi, le plafond maximum des indemnités a été divisé par deux.
Dans le secteur public, les plans de suppressions de postes sont de plus en plus agressifs. Ainsi le budget 2004 prévoit une suppression de 5000 postes de fonctionnaires. Après avoir annoncé au printemps le chiffre astronomique de 30 000, le gouvernement est revenu au mois de juillet à un ordre de grandeur plus "raisonnable". Quel soulagement ! D'abord on vous annonce l'amputation d'un bras et finalement la main suffira. C'est tout l'art de couper une main en en faisant presque une bonne nouvelle. Pour l'heure, la rentrée scolaire 2003, avec la suppression de postes de surveillants et d'aides-éducateurs, prétendument compensée par des assistants d'éducation, se fera au bout du compte avec un déficit de 10 000 postes.
L'aggravation de la crise atteint un tel niveau que la bourgeoisie ne se limite pas à se débarrasser d'une main-d'œuvre devenue pléthorique. Aujourd'hui, elle n'est même plus capable de maintenir son système de protection sociale qui agissait jusqu'à présent comme un frein à une explosion tous azimuts de la pauvreté. Les ouvriers au chômage, malades ou retraités, tous ceux dont la force de travail n'est plus exploitable, tous ceux dont le capitalisme ne peut extraire de la plus-value seront de plus en plus abandonnés à leur propre sort, la misère. C'est toute la signification du programme de réformes du gouvernement Raffarin baptisé "agenda 2006" en écho à celui de Schröder en Allemagne.
Le prochain dossier, celui de la réforme de la Sécurité sociale, quant à lui, relève de la même logique. Déjà 617 médicaments avaient vu leur taux de remboursement passer de 65 à 35%, en plein week-end de Pâques, pour cause de Service Médical Rendu (SMR) "faible". Le 17 juillet, le ministre de la santé, Mattei, poursuivait en rendant public une liste de 84 médicaments qui ne seront plus remboursés car cette fois le SMR est "insuffisant" et, d'ici 2005, 650 autres médicaments subiront le même traitement. "Cette décision est la conséquence directe de la réévaluation des 4500 médicaments de la pharmacopée commandée par Martine Aubry en 1999" d'après Mattei. Et oui, c'est bien le gouvernement Jospin qui a mis en place cette notion de SMR avec l'idée que "les médicaments à SMR insuffisant sortiront du remboursement…", annonce faite par Aubry en septembre 2000. Comme pour les retraites, il existe une véritable continuité entre gauche et droite pour préparer et mettre en œuvre les mesures anti-ouvrières nécessaires au capital. Face à celles-ci, les ouvriers qui le pourront vont de plus en plus être contraints de payer, en plus de leurs cotisations sociales actuelles, des cotisation à des "mutuelles" afin de ne pas se trouver dans le plus complet dénuement face à la maladie ou la vieillesse.

Parmi les milliers de dépôts de bilan d'entreprises qui émaillent la plongée dans la crise, l'un au moins, et pas des moindres, aura participé de remettre les pendules à l'heure par rapport à tous les mensonges véhiculés sur le prétendu rôle de rempart joué par l'Etat contre les abus du libéralisme, en particulier si le gouvernement est de gauche. En effet, Alstom vient d'être sauvé de la faillite début août par l'Etat, désormais détenteur d'un tiers du capital du groupe. Ainsi, comme au Japon ou aux Etats-Unis, c'est un gouvernement de droite qui intervient directement dans les affaires d'un capital privé pour le nationaliser en d'autres termes, et met la main à la poche, non pas pour faire des cadeaux à des actionnaires, mais bien pour maintenir en vie un secteur jugé stratégique pour le capital national. Pas non plus pour sauver des emplois, puisque le projet d'en supprimer 5000 est maintenu. Ainsi donc, c'est bien l'Etat capitaliste comme un tout qui est le représentant suprême des intérêts du capital, et non pas la fraction particulière de celui-ci que constitue le patronat. Et c'est contre lui, comme un tout, que les ouvriers doivent diriger leurs luttes.
La corde passée autour du cou du prolétariat par un système capitaliste moribond se resserre inexorablement chaque jour. Face à la dégradation brutale de ses conditions de vie, la classe ouvrière n'a pas d'autre alternative que de lutter, contrairement à ce que veut lui faire croire la bourgeoisie. C'est encore un message de ce type que celle-ci a envoyé dés le mois de juin avec l'annonce de la retenue sur le salaire des personnels de l'Education Nationale du paiement des samedis, dimanches et jours fériés lorsqu'ils ont été encadrés par des jours de grève. Revenue dans l'actualité vers la fin août, à travers la question de savoir si les dimanches et jours fériés seront effectivement concernés, cette nouvelle attaque, dont la raison d'être n'est pas économique mais bien politique, est de faire mordre la poussière à des salariés exténués part plus d'un mois de grève. C'est aussi un avertissement à toute la classe ouvrière : "lutter peut vous coûter très cher!"
Si la classe dominante cherche à ce point à démoraliser et à détourner le prolétariat de la lutte, c'est qu'elle y perçoit très nettement une menace pour la survie de son système.
Et pour cause, c'est à travers le développement de luttes massives que la classe ouvrière retrouvera confiance en elle, renouera avec sa perspective révolutionnaire, tout en prenant conscience du rôle anti-ouvrier des syndicats, des gauchistes de toutes nuances.

Azel (30 août)

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • La Révolution prolétarienne [1]
  • La décadence du capitalisme [2]

Après la victoire américaine, le Moyen-Orient demeure un enjeu impérialiste mondial

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Il y a deux ans, l'attentat du 11 septembre sur les Twin Towers à New York ouvrait la voie à une accélération sans précédent des tensions guerrières depuis la fin de la Guerre froide. Ce pas de plus du monde dans le chaos a trouvé sa justification dans l'affirmation d'une prétendue "lutte contre le terrorisme international", doublée d'un "combat pour la défense de la démocratie". Cette propagande mensongère ne peut plus masquer la réalité d'une aggravation des tensions impérialistes entre les grandes puissances et tout particulièrement entre les Etats-Unis et leurs anciens alliés du bloc de l'Ouest (voir les Revue Internationale n°113 et 114).
Ainsi que nous l'avons déjà maintes fois développé dans nos colonnes, les Etats-Unis sont contraint en permanence d'affirmer sur le plan militaire leur leadership mondial que leur contestent leurs anciens alliés. Les principaux conflits où ont été impliquées ces puissances depuis l'effondrement du bloc de l'Est relèvent de cette logique. C'est avec plus de netteté encore que celle-ci s'est affirmée en Afghanistan et en Irak. Dans ces deux pays, les Etats-Unis jouent un rôle majeur de maintien de l'ordre et connaissent des difficultés croissantes face à une situation que l'on peut déjà qualifier d'enlisement.

 

Les Etats-Unis incapables de contrôler et d'améliorer la situation en Irak

Afin d'empêcher leur principaux rivaux de leur mettre des bâtons dans les roues en Irak et au Moyen-Orient, les Etats-Unis ont fait en sorte d'être les seuls maîtres à bord. C'est la raison pour laquelle ils dénient à l'ONU la possibilité de pouvoir jouer le moindre rôle politique dans l'administration de l'Irak. Toutes les autres composantes de la force internationale présente militairement dans ce pays étant à ce jour soumises à leur autorité, l'entreprise américaine a été couronnée de succès. Et pourtant, non seulement il n'existe pas à l'heure actuelle de perspective tangible d'un allègement de leur dispositif militaire sur place, fort actuellement de 145 000 hommes, mais encore celui-ci apparaît de plus en plus insuffisant pour contrôler la situation. Les objectifs qu'ils s'étaient fixés, en prenant le monde à témoin au lendemain de leur victoire militaire, semblent s'éloigner de jour en jour alors que la perspective de remise sur pied de la société irakienne n'a jamais été aussi éloignée.
Quoi qu'en dise la bourgeoisie américaine, elle ne contrôle pas la situation en Irak. C'est une réalité dont se délecte la propagande anti-américaine qui fait flèche de tout bois pour montrer du doigt la nocivité de la présence américaine dans ce pays.
Les conditions de vie de la population déjà déplorables sous le règne de Saddam Hussein se sont encore aggravées à cause de la guerre et de l'incapacité de l'occupant à améliorer l'approvisionnement en biens de consommation et de première nécessité, à remettre sur pied le minimum d'infrastructures indispensables à la vie quotidienne. Du fait de la famine, des émeutiers prennent pour cible les rares magasins approvisionnés.
Des attaques de gangsters ont lieu contre les banques, tandis que la gabegie et la spéculation en tous genres essaiment dans tout le pays.
L'insécurité et l'instabilité se développent, sous l'effet en particulier du terrorisme tous azimuts. Ce dernier frappe essentiellement les forces américaines ou leurs alliés, comme l'illustre l'attentat perpétré à Bagdad contre l'ambassade de Jordanie. Mais il prend aussi pour cible les intérêts économiques vitaux de l'Irak, comme des oléoducs acheminant l'eau ou le pétrole.
Les troupes d'occupation paient quotidiennement un lourd tribut à la défense des intérêts impérialistes de la bourgeoisie américaine. C'est ce dont témoignent les 62 GI's qui ont trouvé la mort dans des attentats ou des embuscades depuis la fin de la guerre. Terrorisées pour la plupart, les troupes américaines terrorisent à leur tour la population en générant à leur encontre une hostilité croissante. L'effort de guerre américain, en dollars et en vies humaines, est loin d'être achevé, d'autant plus que 78 GI's ont également été tués, dans des "accidents" cette fois, depuis la "victoire".
Malgré le corset de fer qu'essaient de tisser les Etats-Unis sur les débris de la société irakienne, c'est l'anarchie la plus totale qui règne. Quant à une relève irakienne relayant sur le terrain la domination américaine, elle risque de se faire attendre aussi longtemps que la constitution d'un gouvernement "démocratique", projet phare de la propagande de la Maison Blanche et justification à la guerre. Bush a beau proclamer que, jamais dans l'histoire, une coalition gouvernementale n'avait réuni autant de partis différents que le "Conseil de Gouvernement Provisoire", "preuve" s'il en est de sa volonté de mettre en place la "démocratie", cette coalition n'est en rien un squelette de gouvernement futur mais un véritable panier de crabes. Les intérêts les plus divers et concurrents s'y entredéchirent, sans souci aucun de l'intérêt "national". Pire, certaines fractions pro-chiites présentes en son sein sont de plus en plus enclines à mener un combat de front contre l'Amérique, excluant ainsi de fait toute possibilité pour que cette coalition puisse prétendre jouer le moindre rôle.
Quant à la terre promise, la reconstruction de l'Irak, elle prend du plomb dans l'aile avec une évidence qui s'impose de plus en plus : les revenus pétroliers escomptés ne pourront participer à celle-ci que dans une proportion minime, à peine suffisante pour financer la remise sur pied des installations pétrolières. Se trouve donc posée la question de savoir qui va en supporter le fardeau financier.

 

Qui va contrôler et financer le protectorat de l'Irak ?

Ainsi donc, bien que parvenus à éliminer totalement l'influence leur rivaux en Irak, les Etats-Unis se trouvent aujourd'hui prisonniers de contradictions dont ils cherchent à sortir. L'occupation de l'Irak est un gouffre financier et les pertes en vie humaines parmi les troupes américaines vont à terme poser des problèmes sérieux la bourgeoisie américaine. Celle-ci ne peut néanmoins pas se désengager sans avoir stabilisé la situation à son avantage, ce qui relève d'une gageure. Elle cherche donc à impliquer d'autres puissances dans l'effort financier et militaire tout en gardant le monopole du commandement, avec la Grande-Bretagne dans le rôle de second couteau. Compte tenu de l'opposition française et allemande à un retour de l'ONU comme simple banquier et pourvoyeur de chair à canon, sans tenir les manettes de commande, la tension monte à nouveau entre les principaux rivaux impérialistes.
Les attentats contre les GI's comme ceux frappant des personnalités enclines à une coopération avec la Maison Blanche sont destinés à faire monter la pression contre "l'envahisseur yankee". Le piétinement actuel des Etats-Unis ne peut qu'encourager dans leur la détermination tous les groupements agissant sur place ou depuis les pays voisins hostiles à la présence américaine. L'attentat contre un dignitaire chiite modéré le 29 août à Nadjaf, avec ses 82 morts et 230 blessés, est un coup supplémentaire porté à la crédibilité de la bourgeoisie américaine concernant sa capacité à parvenir à mettre en place une solution politique en Irak. Il fait clairement le jeu des principaux rivaux des Etats-Unis, sans que ceux-ci en soient nécessairement les commanditaires.
Tous les actes terroristes en Irak ne sont néanmoins pas dirigés contre les intérêts américains comme l'a illustré l'attentat contre le siège de l'ONU à Bagdad le 12 août qui a tué plus de vingt personnes, dont le représentant spécial en Irak du secrétaire général de l'ONU, grand ami de la France (ses gardes du corps étaient tous français et des éléments rapportés par les médias montrent qu'il était particulièrement visé). Sur bien des plans, cet attentat fait l'affaire des Etats-Unis. Bien qu'il constitue une illustration supplémentaire de leur incapacité à maintenir l'ordre dans ce pays, il vient néanmoins alimenter fort à propos leur propagande selon laquelle "c'est en Irak que se combat le terrorisme international qui, on le voit, n'est pas dirigé uniquement contre les intérêts américains". Il constitue aussi un prétexte pour faire pression sur les grandes démocraties, rivales de Etats-Unis, afin qu'elles prennent leurs responsabilités et s'engagent dans la cause de la pacification et l'édification de l'Irak démocratique. Ce n'est certainement pas une coïncidence si cet attentat intervient au moment où la Grande-Bretagne et les Etats-Unis avaient déjà engagé une démarche dans le sens de faire assumer par davantage de membres de la "communauté internationale" le poids militaire et économique de la situation en Irak. Néanmoins, la France et l'Allemagne ont pu retourner la situation à leur profit en invoquant l'impossibilité pour l'ONU de prendre une part plus active sur le terrain humanitaire en Irak sans une association à la direction des affaires de ce pays qui lui permette d'assurer la sécurité de ses personnels. S'exprimant en ce sens, on a pu entendre la semaine suivante le ministre des affaires étrangères français, de Villepin, se répandre en un plaidoyer "pour une solution politique" en Irak, relayé fortement par un Chirac qui appelait devant 200 ambassadeurs à la fois au "transfert du pouvoir…aux Irakiens eux-mêmes" et à la mise en œuvre "d'un processus auquel les Nations Unies seules sont en mesure de donner toute sa légitimité", le tout enrobé dans la dénonciation de "l'unilatéralisme", à savoir des Etats-Unis.
Les contradictions auxquelles est soumise la bourgeoisie américaine n'épargnent pas la bourgeoisie britannique, d'autant plus alarmée qu'elle a peu à gagner dans cette alliance avec l'Oncle Sam. Les péripéties autour de la mort de David Kelly, un des principaux conseillers de l'ONU pour les questions des Armes de Destruction Massives irakiennes, expriment l'existence un désaccord de fractions significatives de la bourgeoisie anglaise avec la politique poursuivie par Blair.

 

Territoires palestiniens : les plans américains ont fait long feu

A proximité du bourbier irakien, Washington doit faire face à une situation endémique qui perdure et s'aggrave depuis des décennies maintenant, le conflit israélo-palestinien. Aucun des plans de paix américains n'a pu jusqu'alors en venir à bout. Il était cependant urgent et de la plus haute importance que les Etats-Unis éliminent un foyer de tension à même de cristalliser à l'encontre d'Israël et d'eux-mêmes l'hostilité du monde arabe. La fameuse "feuille de route" dont l'administration Bush est à l'origine a été la marque de la détermination de Washington à contraindre Israël à faire des concessions significatives. Avec elle, il ne s'agissait plus cette fois de pourparlers entre Israël et l'Autorité palestinienne comme à l'époque des accords d'Oslo inaugurés par Clinton en 1993. C'était purement et simplement une injonction de la Maison Blanche pour qu'Israël ne fasse plus obstacle, sous quelque prétexte que ce soit, à la création d'un Etat palestinien. Vis-à-vis du camp palestinien adverse, les mêmes méthodes autoritaires ont été employées pour éliminer tout ce qui apparaissait constituer un obstacle à la solution finale. C'est ainsi qu'Arafat, jusqu'ici un bon allié des Etats-Unis dans la mise en œuvre du processus de paix, a été écarté au profit de son rival Mahmoud Abbas. Malgré la pression de Bush, Sharon, tout en faisant semblant d'accepter diverses trêves, a continué sa politique d'ouverture des territoires palestiniens aux colons israéliens, d'incursions meurtrières dans les territoires occupés et d'assassinats des chefs du Hamas et du Djihad islamiste. Ces organisations quant à elles n'attendaient que les provocations de l'Etat israélien pour perpétrer une nouvelle série d'attentats anti-israéliens.
La "feuille de route" a réussi un temps à faire baisser la tension, mais le nouvel embrasement actuel signe son échec. Révélateur de cette situation de faiblesse de la diplomatie musclée des Etats-Unis, Arafat fait une tentative de retour sur le devant de la scène en se présentant comme un acteur incontournable de la paix avec Israël. Aux difficultés grandissantes de la Maison Blanche en Irak fait écho son impuissance à influer sur le conflit israélo-palestinien.

A la veille du deuxième anniversaire de l'attentat contre les Twin Towers et du troisième anniversaire de l'Intifada en Palestine, la perspective qu'offre le capitalisme, tant aux populations des régions laminées par les guerres, soumises à la terreur et à une misère sans nom, qu'à l'ensemble de la planète, c'est toujours plus de chaos, toujours plus d'horreurs et de massacres.

Mulan (30 août)

Récent et en cours: 

  • Guerre en Irak [3]

Questions théoriques: 

  • Impérialisme [4]

Larzac 2003 : l'altermondialisation au service de la défense du capitalisme

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Le rassemblement du Larzac était prévu, au départ, pour fêter le trentième anniversaire de la première manifestation contre l'extension d'un camp militaire et, du même coup, pour lancer la mobilisation des militants altermondialistes contre le nouveau sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui doit se tenir du 10 au 14 septembre à Cancun (Mexique). Grâce à la grande médiatisation dont il a bénéficié, "Larzac 2003" est devenu, un Woodstock anti-OMC, mais aussi le carrefour de la contestation sociale pour un grand nombre de militants de gauche, suite aux grèves et manifestations massives du printemps dernier. Face au questionnement réel d'un certain nombre d'éléments, le CCI était présent sur place pour diffuser sa presse et défendre les positions marxistes de la Gauche Communiste face au poison de l'idéologie altermondialiste. Avec plus de 150 000 personnes, ce rassemblement est sans aucun doute un succès pour la bourgeoisie, notamment pour ses partis de gauche, gauchistes et syndicats, tous regroupés pour l'occasion derrière le charismatique José Bové, que M. Mélenchon, figure de proue du PS, décrit comme l'homme providentiel pour ranimer l'idéologie de gauche bien mal en point : "Il faut rendre grâce à José Bové de ce qu'il fait pour notre pays et pour la gauche…C'est un véritable cadeau du bon Dieu pour nous qu'il existe actuellement un mouvement de contestation aussi puissant" (Le Monde du 14 août). Jusqu'à présent José Bové et ses acolytes de la nébuleuse alter-mondialiste s'étaient distingués comme les pourfendeurs de la "mal bouffe", de la "marchandisation" de la vie, des OGM, de l'OMC et ses sommets, appelant avec des accents radicaux le peuple de gauche à défendre les produits français, à défendre le capital national contre l'ogre américain 1 [5].
Cette fois-ci, grâce au soutien du gouvernement, des partis de gauche, des syndicats et des gauchistes, Bové, fraîchement sorti de prison, après une arrestation "musclée" largement médiatisée, s'est fait le porte-parole de l'ensemble de la contestation sociale. La façon dont la bourgeoisie française utilise le syndicaliste Bové n'est pas sans rappeler d'ailleurs l'attitude du gouvernement polonais en 1980 à l'égard de Lech Walesa, patron du syndicat Solidarnosc. L'Etat l'emprisonne pour crédibiliser son action et le libère quand la situation le nécessite. En récompense de sa contribution décisive à la défaite de la lutte des ouvriers polonais, Lech Walesa sera élu prix Nobel de la paix, puis président de la république en décembre 1990. Pour Bové ce rassemblement du Larzac fait "la jonction entre le gigantesque mouvement social du printemps et ceux qui refusent les projets de l'OMC". (Le Monde du 10/11 août). La CGT surenchérit par la bouche de sa responsable nationale, Gisèle Vidallet "le rassemblement du Larzac ne fait pas la liaison entre les mouvements sociaux du printemps et de l'automne, il en fait partie intégrante". (La Dépêche du Midi du 10 août). Après avoir joué la carte de la division syndicale lors des grèves du printemps, provoquant la défaite de la classe ouvrière, les syndicats continuent leur sale boulot et voudraient nous vendre maintenant l'altermondialisation comme une expression politique du combat de la classe ouvrière.
Ne nous laissons pas abuser ! La lutte de la classe ouvrière n'a rien à voir, de prés ou de loin avec "Larzac 2003".
Depuis plusieurs années, Bové et sa clique sont sponsorisés par la gauche plurielle pour tenter de redorer le blason passablement terni de celle-ci, suite aux attaques anti-ouvrières menées par les différents gouvernements de gauche. Ce n'est pas un hasard si les principaux dirigeants de l'altermondialisation sont issus des partis de gauche 2 [6]. Ainsi, il n'y a rien de surprenant à ce que Bové déjeune avec le président PS de la région Midi-pyrénées durant "Larzac 2003", ni à ce qu'il soit courtisé par le PCF et les Verts ou qu'il s'acoquine avec les syndicalistes et les divers groupes gauchistes.
Bien qu'il s'en défende, se disant indépendant des partis politiques, Bové, est le complice actif de cette gauche anti-ouvrière qui lui verse même des subventions pour organiser la kermesse du Larzac. C'est pour cela qu'il s'est empressé de faire remonter le stand du PS, par le service d'ordre de la Confédération Paysanne, démonté pacifiquement par des militants du DAL, car ce même PS, avec la bénédiction des élus de la LCR du conseil régional de Midi-Pyrénées, lui a octroyé une subvention de 50 000 euros.
N'en déplaise à ses fans, Bové et sa clique ont beau nous promettre que "d'autres mondes sont possibles", sa prestation sur le Larzac a pour objectif de récupérer le maximum de mécontents, notamment, les déçus des partis de gauche. C'est aussi une tentative de dévoyer vers une impasse, la combativité et la réflexion qui se sont développées dans la classe ouvrière lors des luttes du printemps.
Après l'échec des manifestations massives de la classe ouvrière contre la réforme des retraites, "Larzac 2003" représente une tentative de dénaturer et de diluer dans une vaste mobilisation citoyenne de gauche ce que des centaines de milliers d'ouvriers ont commencé à ressentir dans ce mouvement : le fait d'appartenir à une classe, qui représente une force lorsqu'elle lutte collectivement.
Ce que nous proposent le citoyen Bové et ses compères, c'est de lutter contre l'OMC et pour cela il faut un Etat fort qui sache défendre les intérêts du pays, notamment des petits producteurs comme les paysans ou autre catégorie de citoyens. Ceci n'a rien à voir avec la lutte de la classe ouvrière. Pour défendre leurs conditions d'existence, les ouvriers ne peuvent que s'affronter à l'Etat qui prend les mesures d'austérité. Du fait qu'elle est exploitée et qu'elle produit les richesses, la classe ouvrière est la seule classe capable de s'unir par et dans la lutte pour défendre ses intérêts de classe et faire reculer les attaques du gouvernement. Le prolétariat est la seule classe capable de donner une autre perspective à l'humanité face à la barbarie capitaliste et pour réaliser cela, il devra détruire l'Etat capitaliste.
Avec "Larzac 2003", la bourgeoisie cherche aussi, à pourrir la réflexion et dissiper l'inquiétude qui commence à se développer dans la classe ouvrière, notamment sur le fait que le capitalisme n'a pas d'issue à sa crise, que les attaques anti-ouvrières vont se poursuivre et qu'il n'y a pas d'autre solution que de lutter. Cette stratégie est dans la continuité de la pratique de la mouvance ATTAC. Lors des grèves du printemps, ATTAC a été largement sollicité par la gauche et les syndicats pour expliquer aux ouvriers que le capitalisme n'est pas en crise, qu'il suffit de faire pression sur l'Etat pour que celui-ci garde le contrôle de l'économie et empêche les grandes entreprises financières de s'accaparer les richesses du pays, de détruire les services publics.
Certes, il ne s'agit pas de nier le poids économique que représentent les grands groupes industriels et financiers. Par contre, prétendre que se sont les multinationales qui gouvernent la planète n'est qu'une version frelatée des slogans populistes du PCF qui, dans les années 1970, appelait le prolétariat à lutter contre les 300 familles les plus riches du territoire national.
Ce sont les Etats, quelle que soit la couleur de leur gouvernement, qui prennent les mesures nécessaires pour faire face à la lente agonie du capitalisme au niveau mondial. Et c'est la classe ouvrière qui en fait les frais.
Les ouvriers doivent rejeter le pacte que sont en train de conclure les syndicats avec le mouvement altermondialiste, selon lequel toute revendication ouvrière ne peut avoir pour débouché politique que la lutte altermondialiste. Sous couvert de radicalité, celui-ci tente de redonner corps à la propagande démocratique selon laquelle "le capitalisme est réformable" ; il suffirait d'un "bon contrôle citoyen" sur les affaires du pays et celui-ci serait viable. C'est une nouvelle escroquerie pour nous faire avaler ce que la gauche nous promet chaque fois qu'elle est dans l'opposition : "un capitalisme à visage plus humain". Lorsqu'elle est au gouvernement, elle montre alors son vrai visage : une fraction bourgeoise qui défend les intérêts du capital national et qui attaque sans vergogne les conditions de vie du prolétariat.
S'il est vrai que le prolétariat n'est pas le seul à subir les conséquences des aberrations d'un capitalisme de plus en plus criminel, il n'en reste pas moins vrai qu'il est le seul à pouvoir développer la force et la conscience politique permettant la transformation révolutionnaire de ce monde. Sur son chemin, la classe ouvrière est confrontée au poison de l'ennemi de classe et c'est l'ensemble des partis de gauche, gauchistes et syndicats qui sont chargés de lui inoculer. Face au nationalisme et au réformisme qui se cachent sous le label altermondialiste, le prolétariat doit réaffirmer par la lutte de classe qu'il est la seule classe révolutionnaire capable de s'unir au niveau international pour renverser le capitalisme moribond n'ayant aucune autre alternative que la barbarie à offrir à l'humanité.

Donald (27 août)


1 [7] Lire "Mensonges autour du sommet de l'OMC à Seattle" dans Révolution Internationale n° 297

2 [8] Lire "José Bové, ATTAC et consorts, défenseurs du capital national" dans Révolution Internationale n° 304.

Courants politiques: 

  • Anti-globalisation [9]

Les réunions publiques du CCI interdites aux mouchards

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Le CCI a pris la décision d'interdire la présence à ses réunions publiques et à ses permanences des membres de la prétendue "Fraction interne" du CCI (FICCI) 1 [10]. C'est la première fois que notre organisation prend une décision de ce type et il est nécessaire qu'elle en fasse connaître publiquement les raisons face aux éléments et groupes du milieu politique prolétarien de même que devant l'ensemble de la classe ouvrière.
Cette décision fait suite à l'exclusion de ces mêmes membres de la FICCI lors de notre XVe congrès, au printemps 2003 2 [11] et résulte des motifs de cette exclusion : l'adoption par ces éléments d'une politique de mouchardage contre notre organisation.
Pour que les choses soient bien claires : ce n'est pas en soi parce que ces éléments ont été exclus du CCI qu'il ne peuvent pas participer à ses réunions publiques. Si le CCI était conduit à exclure un de ses membres à cause, par exemple, d'un mode de vie incompatible avec l'appartenance à une organisation communiste (comme la toxicomanie), il ne l'empêcherait pas ensuite de venir à ses réunions publiques.
C'est bien parce que ces éléments ont décidé de se comporter comme des mouchards que nous ne pouvons tolérer leur présence à celles-ci. Cette décision du CCI s'applique à tout individu qui se consacre à rendre publiques des informations pouvant faciliter le travail des services de répression de l'Etat bourgeois.
Notre décision n'a rien d'exceptionnel dans l'histoire des organisations du mouvement ouvrier. Celles-ci ont toujours eu comme principe d'écarter les mouchards pour préserver la sécurité des organisations révolutionnaires et de leurs militants 3 [12].
Bien que nous ayons déjà traité de la question dans les colonnes de notre presse (voir RI n°330 : "Les méthodes policières de la FICCI"), nous ne pouvons faire l'économie d'un bref rappel des faits qui ont déterminé le 15e Congrès à exclure les membres de cette prétendue "Fraction" :
1° La publication sur Internet de la date d'une conférence de la section du CCI au Mexique (dans le n°14 du "Bulletin" de la "Fraction"), une semaine avant la tenue de cette conférence. Cela signifiait que toutes les polices du monde pouvaient renforcer et cibler leurs contrôles et leur surveillance dans les aéroports et aux frontières (puisque notre presse a toujours signalé que des délégations internationales participaient à ce type de conférences). De plus, les membres de la FICCI savaient pertinemment que certains de nos camarades ont déjà, dans le passé, été directement victimes de la répression et que certains ont été contraints de fuir leur pays d'origine.
Face à notre dénonciation de leur comportement, les membres de la "Fraction" ont répondu que la publication était intervenue le même jour que la tenue de notre conférence et qu'il n'y avait pas là de quoi "fouetter un chat". Cette réponse est un mensonge éhonté qui peut être vérifié par n'importe qui sur le site Web de la "Fraction". Le n°14 de son bulletin est daté du 24 novembre 2002, c'est-à-dire 6 jours avant la date prévue de notre réunion interne. Le CCI lui-même a eu connaissance de cette publication le 26 novembre et il s'est alors interrogé sur l'opportunité d'envoyer certains de ses délégués à cette conférence 4 [13].
2° La publication des véritables initiales d'un de nos militants, attachées à son pseudonyme actuel. La "Fraction" ne pouvant nier les faits, a cherché à esquiver l'accusation : "Rappelons simplement ici que les initiales C.G. ont signé de nombreux articles dans Révolution internationale et dans la Revue internationale tout au long des années 1970. C'est sous les initiales de C.G. que le militant Peter d'aujourd'hui, est largement connu dans le camp prolétarien." (Bulletin de la FICCI n° 18) Que signifie la dernière phrase ? Que la FICCI voulait que les groupes du milieu politique prolétarien sachent bien QUI était ce Peter dont ses textes parlent en long, en large et en travers. On peut déjà se demander en quoi cette information permet à ces groupes de mieux comprendre les questions politiques qui sont posées. Mais même en supposant que ce soit le cas, la FICCI savait parfaitement que, de tous ces groupes, seul le BIPR connaissait C.G., ce même BIPR qui avait déjà été informé depuis sept mois de la véritable identité de Peter lors d'une réunion avec la FICCI (Cf. Bulletin de la FICCI n° 9). Pour ce qui concerne les autres groupes révolutionnaires (tel le PCI), contrairement à la police, ils ne savent tout simplement pas qui est C.G. Quant au fait que dans les années 70 de nombreux articles étaient signés C.G., c'est tout fait vrai, mais pourquoi ces initiales ont-elles disparu depuis plus de 20 ans de notre presse ? Les membres de la FICCI le savent parfaitement : parce que le CCI avait jugé que c'était faciliter le travail de la police que de publier les vraies initiales d'un militant. Si effectivement la FICCI avait estimé indispensable sur le plan politique de signaler comment le militant Peter signait ses articles, elle aurait pu indiquer ses signatures les plus récentes et non la plus ancienne. Mais ce n'était pas là son objectif : ce qu'il fallait, c'était "balancer" C.G. afin que les autres militants du CCI en prennent de la graine et sachent ce qu'il en coûtait que de combattre la FICCI. Les arguments filandreux de celle-ci pour tenter de justifier son forfait ne font que mettre en relief la mentalité de mouchards et de maîtres chanteurs qui s'empare de plus en plus de ses membres.
Au vu de ses bulletins, les ragots et les mouchardages sur le CCI et ses militants sont un des principaux fonds de commerce de la "Fraction" :
- dans le n°13 de son bulletin, on peut lire que le CCI a loué une "salle luxueuse" pour une réunion publique ;
- dans le n°18, nous trouvons un rapport détaillé sur une réunion publique du PCI-Le Prolétaire, où sont détaillés tous les faits et gestes de "Peter alias C.G.".
- dans le n°19, on revient à la charge sur Peter "qui diffusait seul" dans telle ou telle manifestation et on soulève une question "hautement politique" : "Enfin, et vous comprendrez que nous posions aussi cette question : où est Louise ? Absente des manifestations, absente des réunions publiques, est-elle de nouveau 'malade' ?".
En fait, la principale préoccupation des membres de la FICCI lors de leur participation aux manifestations et aux réunions publiques du CCI est de savoir QUI est absent, QUI est présent, QUI fait quoi et QUI dit quoi afin de pouvoir par la suite faire état publiquement de tous les faits et gestes de nos militants. C'est un travail digne des agents des Renseignements généraux ! Nous ne pouvons pas interdire aux membres de la FICCI de sillonner les manifestations de rue pour nous surveiller. En revanche, nous pouvons les empêcher de faire leur sale besogne de flicage dans nos réunions publiques. A ces dernières, ils n'ont pas la possibilité de s'exprimer depuis que nous avons exigé comme condition à leur prise parole qu'ils nous restituent d'abord l'argent volé au CCI. La seule raison motivant leur présence est la surveillance de type policier et le racolage des éléments intéressés par nos positions.
Une des illustrations les plus évidentes et irréfutables de la démarche policière de la FICCI nous la trouvons dans le texte "Une ultime mise au point" publié dans le n°14 de son bulletin où l'on peut lire : "Il faut d'abord savoir que ce texte [notre article "Le Parti communiste international à la remorque de la 'fraction' interne du CCI" publié dans RI 328] est de la main de CG, alias Peter, ce que prouve le style" (souligné par nous). Dans sa célèbre brochure "Ce que tout révolutionnaire devrait savoir sur la répression", Victor Serge conseille aux militants communistes de "Ne jamais oublier le : 'donnez-moi trois lignes de l'écriture d'un homme et je vous le ferai pendre', expression d'un axiome familier de toutes les polices." Aujourd'hui, alors que la plupart des textes sont directement saisis sur clavier, l'analyse du "style" d'un document constitue pour la police le meilleur moyen d'en identifier l'auteur et la FICCI lui apporte clairement ses bons et loyaux services.
Il faut préciser que nous n'avons pas de raison de penser que les membres de la "Fraction" sont payés par la police, à la ligne en quelque sorte, ni même qu'ils seraient "tenus" par elle. Mais en quoi le fait de moucharder gratis et de son plein gré pour ses raisons propres enlève quoi que ce soit de la gravité de l'acte?
Certains nous diront, peut-être, que toutes ces informations ne peuvent être d'aucune aide à la police. C'est ne rien comprendre aux méthodes de cette dernière, qui met à profit le moindre indice afin de maintenir à jour un organigramme complet des organisations de la classe ouvrière. Les procédés de la police sont très bien décrit par Victor Serge dans son étude de l'Okhrana russe. 5 [14] Pouvons-nous sérieusement imaginer que les Etats modernes sont moins au point en la matière que leur prédécesseur tsariste?

Il y en aura peut-être aussi pour nous dire que cette interdiction pour les membres de la FICCI ne sert à rien, puisque la police peut toujours envoyer un inconnu se renseigner dans nos réunions publiques. Cela est évidemment parfaitement vrai. Mais est-ce que ça veut dire pour autant que nous devons laisser faire lorsque des gens qui ont déjà démontré qu'ils sont prêts à publier n'importe quoi, qui ont déjà déclaré qu'ils ne se sentent tenus par aucune loyauté envers le CCI ni envers ses militants dont ils ont une connaissance détaillée, viennent dans nos réunions en remplissant leur calepins de copieuses notes? Est-ce que, en somme, nous devrions laisser venir des mouchards ouverts et avérés sous prétexte que nous ne pouvons pas détecter les mouchards cachés?

On pourrait nous objecter que les organes spéciaux de l'État bourgeois n'ont rien à faire des activités d'une toute petite organisation comme la nôtre. Toute l'histoire du mouvement ouvrier atteste que les services spécialisés de l'État bourgeois ne sous estiment jamais le danger potentiel que représentent les groupes révolutionnaires, aussi réduite que soit, à un moment donné, leur taille ou leur influence sur la classe ouvrière. D'ailleurs, malgré le fait que pour le moment l'État "démocratique" n'exerce pas en général la répression ouverte contre les groupes de la Gauche communiste, ces derniers ont déjà eu à subir des actions de répression (comme les perquisitions qui ont frappé le Parti Communiste International dans les années 1970). Le CCI lui-même n'a pas été épargné puisque certains de nos militants, y compris dans les pays les plus "démocratiques", ont fait l'objet de perquisitions, de gardes à vue, d'interrogatoires prolongés à des postes de frontière, de surveillances policières ostensibles en vue d'intimidation, d'actions de commando d'éléments armés probablement de mèche avec l'Etat. Tout cela, les membres de la "FICCI" le savaient parfaitement.
Une des grandes faiblesses des organisations révolutionnaires, et de leurs militants, aujourd'hui, c'est l'oubli de toutes ces mesures élémentaires de sécurité qui avaient permis aux organisations révolutionnaires du passé de maintenir leur activité et de faire face à la répression de l'Etat bourgeois qu'il soit démocratique ou "totalitaire". Aujourd'hui comme hier, les organisations révolutionnaires se doivent d'appliquer quelques règles élémentaires "d'hygiène politique" si on peut dire. Et l'une de ces règles consiste justement à chasser les mouchards de leurs lieux de réunion..

Le CCI (30 août)
 


1 [15] Il s'agit des éléments suivants : Aglaé, Alberto, Jonas, Juan, Leonardo, Olivier, Sergio, Vicente et éventuellement d'autres membres de la FICCI qui auraient adhéré récemment et qui soutiennent les comportements des précédents.

2 [16] Voir à ce sujet nos articles "XVe Congrès du CCI, Renforcer l'organisation face aux enjeux de la période" [17] dans la Revue internationale n° 114 et "Les méthodes policières de la FICCI" [18] dans Révolution internationale n° 330.

3 [19] Voir à ce propos notre article "Le combat des organisations révolutionnaires contre la provocation et la calomnie [20]", RI n° 321.

4 [21] Avant le Congrès qui a prononcé l'exclusion des membres de la "Fraction", nous avons écrit deux fois à chacun de ces anciens militants, leur demandant s'ils assumaient personnellement la publication de cette information, où s'il s'agissait d'une action avec laquelle ils n'étaient pas d'accord à titre individuel. Ils avaient donc largement la possibilité de revenir dessus. Comme on peut le constater dans leurs lettres de réponse, publiées sur leur site Web, nous n'avons reçu aucune réponse à cette question pourtant précise. Ce n'est qu'après le Congrès que nous pouvons lire que "c'est de bonne grâce que nous [la fraction] reconnaissons que nous aurions dû être plus attentifs en reproduisant votre lettre et en supprimer ce passage". Là aussi, c'est de l'hypocrisie pure : pour être publiée en français sur Internet, notre lettre a dû être traduite de l'espagnol. La "Fraction" a-t-elle fait cela en dormant ?

5 [22] "Ce que tout révolutionnaire devrait savoir sur la répression"

Vie du CCI: 

  • Défense de l'organisation [23]

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  • FICCI - GIGC/IGCL [24]

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