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Que les préparatifs de guerre, la menace d’un conflit majeur et le risque d’un chaos total autant que sanglant dans le Moyen-Orient inspirent de l’inquiétude, il n’y a rien là que de très légitime. Comment cette situation ne saisirait-elle pas de vertige les hommes, les femmes et les familles ? Ceux-ci savent en effet les colossaux moyens guerriers de destruction accumulés par les Etats, ils n’ignorent pas la poursuite de la course aux armements (chimiques, nucléaires ou autres) non plus que l’augmentation sans frein des budgets militaires dans tous les pays de ce monde présent d’où montent de partout les bruits de botte et où s’aiguisent les appétits impérialistes.
Mais la peur de la guerre n’empêchera pas la guerre. Elle constitue seulement l’ingrédient qu’exploite le pacifisme, et celui-ci représente directement une arme idéologique de la bourgeoisie, dont le maniement est en général réservé à la gauche. Le pacifisme contribue à préparer les conflits armés ; les exemples historiques abondent pour le montrer et démontrer qu’il est principalement tourné contre le prolétariat, la seule force de la société en mesure de contrer, à partir de son terrain spécifique de classe et de lutte, la logique guerrière du système bourgeois.
Les manifestations pacifistes n’ont toujours servi qu’à démobiliser des énergies dans des processions décourageantes, sinistres et surtout vaines.
Des défilés pour la paix autrement plus importants que ceux d’aujourd’hui et dans lesquels participait massivement la classe ouvrière, avant la première guerre mondiale, non seulement n’ont pas empêché cette boucherie mais ont constitué une préparation de celle-ci. En posant le problème en terme de "pacifisme”, avant la guerre, la social-démocratie pourra justifier en 1914 sa participation au conflit parce qu’"imposé par les autres", les "fauteurs de guerre", contre lesquels on ne peut plus rien lors du déclenchement de la tuerie. Et il ne reste qu’à s’embrigader à son tour pour le carnage capitaliste.
De même, la préparation de l’empoignade militaire avant la seconde conflagration mondiale, qui s’est faite sous la bannière de l’"anti-fascisme", avait pour' toile de fond, les thèmes du désarmement et la multiplication de manifestations pacifistes. C’est parce qu’on avait imprégné la société de l’idée que le capitalisme pouvait exister sans guerre qu’on a pu assimiler le fascisme a celle-ci et à tous les maux; la démocratie, elle, était une forme de capitalisme qui amenait bonheur, prospérité et paix... mais que la dictature voulait détruire.
Les mesures réclamées par le pacifisme - désengagement militaire, règlement des conflits par la négociation diplomatique, désarmement, réduction des dépenses militaires et transfert de celles-ci dans le domaine "social" - ne sont que des voeux pieux. Les opérations guerrières, les préparatifs de guerre, la guerre, sont au centre de la vie du capitalisme décadent. Plus qu’un voeu pieux, ¡ce que véhicule le pacifisme - un capitalisme sans armes, un capitalisme sans guerre - est un mensonge éhonté, une mystification de la classe dominante, car toute l’histoire du XXe siècle montre que la paix n’est pas possible dans le système capitaliste. Au demeurant, les causes du danger de guerre, comme de la guerre elle- même, ne se trouvent pas dans l’armement ou le "surarmement" mais dans l’existence même du capitalisme.
Dans les années 60, l’opposition à la guerre a pu être dévoyée sur le terrain de la "libération nationale des peuples opprimés". Aujourd’hui, où cette mystification a fait long feu, c’est sur la voie d’un "pacifisme de principe" où elle s’opposerait directement à toute expression de classe que tente de l’exploiter, de la drainer, la bourgeoisie.
Cela dévoile la nature véritable du pacifisme : ce n’est pas la "paix" en opposition aux puissances impérialistes qui est défendue mais bien uniquement la "paix" entre les classes, la paix sociale, la pacification nationale au profit du capitalisme impérialiste. L’opposition à la guerre qui peut se manifester au sein de la bourgeoisie se résume tout crûment à son opposition à la guerre civile, à la guerre de classe.
Sur ses manœuvres, l’histoire nous livre des expériences édifiantes. La même entreprise que nous voyons à l’œuvre aujourd’hui, les révolutionnaires la dénonçaient déjà il y a plus de cinquante ans avec la dernière énergie : "La bourgeoisie a précisément besoin que, par des phrases hypocrites sur la paix, on détourne les ouvriers de la lutte révolutionnaire“, énonçait Lénine en mars 1916.
L’usage du pacifisme n’a pas changé : "En cela réside l’unité de principe des sociaux-chauvins (Plekhanov, Scheidemann) et des sociaux-pacifistes (Turati, Kautsky) que les uns et les autres, objectivement parlant, sont les serviteurs de l’impérialisme : les uns le servent en présentant la guerre impérialiste comme la ’défense de la patrie’, les autres servent le même impérialisme en déguisant par des phrases sur la paix démocratique la paix impérialiste qui s’annonce aujourd’hui La bourgeoisie impérialiste a besoin de larbins de l’une et de l’autre sorte, de l’une et de l’autre nuance : elle a besoin des Plekhanov pour encourager les peuples à se massacrer en criant : "A bas les conquérants!" ; elle a besoin de Kautsky pour consoler et calmer les masses irritées par des hymnes et dithyrambes en l’horreur de la paix. " (Lénine, janvier 1917.).
Dans la première guerre mondiale, tous les propagandistes du "pacifisme de principe" ont sombré dans l’union sacrée. Mais, surtout, ils ont été les principaux responsables de l’entraînement du prolétariat au massacre sur le terrain de la "défense nationale et de la patrie". Le pacifisme est purement une arme de la bourgeoisie et en aucun cas on ne peut s’opposer à la guerre à travers lui.
Pour les révolutionnaires, la question du pacifisme a été clairement définie par Lénine : "Notre ’programme de paix’ doit consister à expliquer que les puissances impérialistes et la bourgeoisie impérialiste ne peuvent donner la paix démocratique. Il faut chercher cette paix et l’obtenir mais non sur des positions en arrière, dans l’utopie d’un capitalisme qui ne serait pas impérialiste ou d’une alliance de nations qui seraient égales en droit sous le capitalisme, mais en avant, dans la révolution socialiste du prolétariat. Pas une revendication radicale de la démocratie n’est réalisable avec ampleur et solidité (...) autrement qu’à travers les batailles révolutionnaires menées sous les étendards du socialisme. Et celui qui promet aux peuples la paix ’démocratique’ sans prêcher en même temps la révolution socialiste, celui qui nie la lutte pour un but total (...), celui-là dupe les prolétaires." (Mars 1916.)
Avec quelle actualité résonnent les phrases de Rosa Luxemburg La paix mondiale ne peut être préservée par des plans utopiques ou franchement réactionnaires, tels que les tribunaux internationaux de diplomates et de capitalistes, des conventions diplomatiques sur le ’désarmement’, la liberté maritime!...), les alliances politiques européennes, des ’unions douanières’!...), des Etats tampons nationaux, etc. On ne pourra pas éliminer ou même enrayer l’impérialisme, le militarisme et la guerre aussi longtemps que les classes capitalistes exerceront leur domination de classe de manière incontestée. Le seul moyen de leur résister avec succès et de préserver la paix mondiale, c’est la capacité d’action politique du prolétariat international et sa volonté révolutionnaire de jeter son poids dans la balance... Dans la lutte contre l’impérialisme et la guerre, les forces décisives ne peuvent être engagées que par les masses compactes du prolétariat de tous les pays. "
La guerre impérialiste est un produit du capitalisme et on ne peut lutter contre la guerre qu’en s’attaquant au capitalisme à sa racine. C’est uniquement par le développement de la lutte de classe que la guerre peut être combattue.
Livré à sa propre dynamique, le capitalisme ne peut échapper à la guerre impérialiste, qui n’est que la continuation, par la violence des armes, de la guerre économique incessante que se livrent les Etats et les diverses fractions de la bourgeoisie. Mais beaucoup plus que cela, les "temps de paix" sont devenus le règne d’une "paix impérialiste".
C’est ce qu’atteste l’histoire depuis le début de ce siècle, où est démontré, comme le soulignait déjà en juillet 1945 la Gauche Communiste de France (GCF) dans sa conférence de fondation, "qu’il n’existe pas une opposition fondamentale en régime capitaliste entre guerre et paix". La décadence de la société capitaliste, expliquait la GCF (l’organisation dont le CCI est l’héritier direct), trouve son expression éclatante dans le fait que, de guerres en vue du développement économique au cours de la période d’ascendance du système, les conflits armés viennent à capter pour eux l’essentiel de l’activité économique pendant l’époque de décadence. On peut vérifier le bien-fondé de l’analyse de la GCF en constatant que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la production est essentiellement axée sur la fabrication de moyens de destruction, c’est-à-dire en vue de l’embrasement militaire.
L’armement est le seul secteur où les dépenses des Etats s’accroissent constamment même dans les plus petits pays du monde, les plus démunis. Les "progrès techniques" de ce siècle n’ont leur source que dans la sophistication croissante de l’armement. Le "progrès social”, que la bourgeoisie brandit pour justifier la survie de son système, s’est payé au prix fort : deux guerres mondiales ; des guerres locales qui iront jamais cesse entre les deux guerres et depuis la deuxième boucherie mondiale sous la forme de prétendues "luttes de libération nationale", une misère qui jette dans la famine plus des deux tiers de l’humanité, une déshumanisation croissante de la vie dans les pays "développés".
Cela ne signifie pas que la guerre soit devenue le but de la production capitaliste, l’objectif demeurant toujours pour le capitalisme la production de la plus-value, mais cela signifie que la guerre, prenant un caractère de permanence, est devenue le mode de vie du capitalisme décadent. Cela signifie que les questions de la crise et de la guerre sont complètement liées.
La véritable réponse -et il n’y en a pas d’autre-, c’est que la lutte contre la guerre passe nécessairement par la lutte de classe. C’’est le développement de la lutte du prolétariat qui constitue, dans la société bourgeoise, le seul moyen de lutter contre la guerre. Il faut éviter le piège du pacifisme, de la "paix sociale", en comprenant que la lutte contre la guerre c’est aussi la lutte contre l’austérité et tirer les leçons de l’expérience historique de la classe prolétarienne que la lutte contre l’austérité est aussi une lutte contre la guerre dans un monde où la crise et la guerre sont les deux phases d’une même réalité, la manifestation inéluctable d’une pourriture qu’exhale par tous ses pores le monde capitaliste.
C’est pourquoi nous traversons aujourd’hui une période cruciale dont l’enjeu se précise et se révèle de jour en jour internationalement. N’accepter ni la marche à la guerre ni l’austérité, rejeter les mensonges de la bourgeoisie et ses marchés de dupes, ne pas suivre la gauche dans la voie mensongère du pacifisme, du désarmement de la lutte de classe, refuser la paix sociale. Le développement international des luttes ouvrières est seul capable d’apporter une réponse au problème de la guerre car le prolétariat est la classe qui porte en elle la fin de toutes les guerres et le seul devenir possible de la société, le socialisme.
Le prolétariat tient entre ses mains le sort de toute l’humanité.
CR
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"Le mot d’ordre de la paix est, pour les marxistes révolutionnaires, une question d’une importance beaucoup plus grande qu’on ne le croit parfois. Le débat se ramène en réalité à un problème de lutte contre l’influence bourgeoise dans le mouvement ouvrier (...) Le mot d’ordre de la paix n’a par lui- même absolument rien de révolutionnaire. Il ne prend un caractère révolutionnaire qu’à partir du moment où II s’adjoint à notre argumentation pour une tactique de lutte révolutionnaire, quand il s’accompagne d’un appel à la révolution (...)" (Lénine et Zinoviev, "Contre le Courant", 1915)
L’extrême gravité de la situation au Moyen-Orient constitue aujourd’hui un concentré de la barbarie meurtrière que porte en lui le capitalisme. Elle nous montre quel avenir nous réserve ce système dont le seul mode de vie réside dans le développement croissant du militarisme et de la guerre. A l’heure où les principales puissances mondiales se préparent, sous le houlette des USA, à déchaîner dans le Golfe la plus monstrueuse opération militaire jamais mise en place depuis la fin de la seconde guerre mondiale, toutes les forces de la bourgeoisie s’évertuent, à travers un judicieux partage des tâches entre elles, à nous faire accepter la logique meurtrière de ce monde en pleine décomposition. Ainsi, du côté des cliques dirigeantes et autres jusqu’au-boutistes de droite comme de gauche, on nous parle de la nécessité d’un "règlement global" de tous les conflits au Moyen-Orient, on nous présente l’intervention musclée des USA et de leurs acolytes comme un "moindre mal", comme la seule solution possible au chaos croissant, comme l’unique réponse capable de garantir la stabilité et la paix dans le monde. Et pour mieux justifier leurs menées impérialistes, les grandes puissances ne ratent aucune occasion de mettre en exergue le machiavélisme et l’esprit bassement calculateur d’un Saddam Hussein, cherchant à semer la zizanie dans le camp adverse comme on l’a vu encore avec la décision irakienne de libérer les otages français.
Pendant les premières semaines de la crise du Golfe, l’hystérie médiatique qui se déchaînait dans les principaux pays occidentaux cherchait à nous faire adhérer à cette croisade du monde civilisé contre le "boucher de Bagdad". Aujourd’hui, alors que dans tous les pays l’accélération de la crise économique contraint la bourgeoisie à imposer partout et immédiatement des plans d’austérités draconiennes à la classe ouvrière (cf. p.4), toute cette campagne belliciste commence à s’émousser. Face à la brutalité des attaques frontales, massives, contre toutes les conditions de vie du prolétariat, il est maintenant bien plus difficile pour la bourgeoisie d’amener les masses ouvrières à resserrer les rangs derrière l’union sacrée de tous les massacreurs, à faire cause commune avec leurs propres exploiteurs.
C’est bien pour cela que depuis le début du mois d’octobre, en France comme aux USA comme dans tous les pays, on a vu toutes les fractions de gauche et d’extrême- gauche du capital, prendre le relai de ces campagnes en déversant le mensonge de l’idéologie pacifiste qui ne vise qu’à mystifier la classe ouvrière afin de 1’ enchaîner & la logique capitaliste (cf. article ci-dessous). Partout, on a vu se déployer des mobilisations "contre la guerre", des manifestations "pacifistes" orchestrées par toutes Les forces d’encadrement bourgeoises regroupées en fronts uniques soi-disant "anti-impérialistes". Du PCF aux anarchistes en passant par les trotskistes, tous nous ont appelés à descendre dans la rue “pour le retrait des troupes occidentales" au "pour l’ouverture d’une logique de paix*, ou encore pour "la recherche d’une solution négociée" dans la crise du Golfe.
Le roucoulement unanime de toutes ces colombes n’est en réalité qu’un piège pernicieux tendu à la classe ouvrière. D’abord parce que tous ces gens-là, qui prétendent défendre ses intérêts avec leur phraséologie radicale, ont toujours été, dans toutes les guerres, les pires sergents recruteurs ne visant rien d’autre qu’ à enchaîner les ouvriers derrière une fraction bourgeoise contre une autre (comme en témoigne encore aujourd’hui l’ignoble hypocrisie des trotskystes dont la participation aux campagnes "pacifistes" ne sert qu’à masquer leur soutien à l’impérialisme irakien) (et RI n°194). Ensuite parce que l’idéologie "pacifiste" qu’on nous ressert aujourd’hui comme seule alternative à la guerre est un mensonge qui ne vise qu’à semer l’illusion suivant laquelle la paix serait possible dans le capitalisme. Enfin et surtout, toute cette agitation “contre la guerre" est un moyen pour les forces d’encadrement capitalistes de récupérer la préoccupation des ouvriers face à la barbarie guerrière afin de les dévoyer sur un terrain pourri, les détourner de la seule perspective capable de mettre réellement un terme à la guerre et aux massacres : la destruction de fond en comble du capitalisme par le prolétariat mondial. Ainsi, si toutes les forces de gauche et d’extrême gauche dans l’opposition nous appelle aujourd’hui à nous mobiliser derrière leurs bannières "pacifistes", c’est pour nous empêcher de prendre conscience des véritables causes de la guerre, pour nous empêcher de comprendre que c’est la même logique barbare du capitalisme qui engendre la misère et le chômage croissants dans les pays les plus industrialisés, les famines, le chaos, les bains de sang dans les pays sous-développés.
Cette logique, c’est celle d’une crise économique mondiale sans issue, qui, en s’aggravant inexorablement, ne peut qu’exacerber la concurrence entre les différentes bourgeoisies nationales sur un marché mondial de plus en plus restreint. C’est cette logique capitaliste qui contraint toujours plus la classe dominante de tous les pays, pour défendre la compétitivité de ses marchandises, à réduire les coûts de production, à travers une attaque toujours plus féroce de toutes les conditions de vie des ouvriers : baisses de salaires, augmentation des cadences de travail, licenciements massifs... Et comme cette crise de surproduction généralisée ne peut être surmontée, la guerre commerciale qu’elle entraîne entre les différentes nations ne peut que déboucher sur la guerre des armes, sur l’exacerbation des affrontements militaires de plus en plus sanglants. Aujourd’hui, alors que c’est tout le capitalisme qui s’enfonce dans le chaos, ces conflits guerriers ne peuvent que se déchaîner à une échelle jamais vue par le passé (cf. RI n°193 et 194).
Alors que le capitalisme montre de plus en plus ouvertement sa faillite, son incapacité à offrir un avenir à l’humanité, alors que se déchaînent simultanément des attaques anti-ouvrières sans précédent et la barbarie guerrière, comme conséquence d’une seule et même logique, celle de la crise insoluble, mortelle du capitalisme, c’est justement cette réalité, ce lien entre la crise économique et la guerre, que les campagnes "pacifistes" visent aujourd’hui à masquer aux yeux des ouvriers.
Si aujourd’hui les fractions de gauche et d’"extrême gauche de l’appareil politique du capital utilisent à fond une telle mystification, si dans leurs grandes manifestations "pacifistes” elles appellent les prolétaires à se diluer dans la "population" en général, c’est précisément pour empêcher la classe ouvrière de développer sa propre réponse à la barbarie capitaliste, la seule qui soit en mesure de s’opposer réellement à la logique infernale de ce système de misère et de mort : la lutte autonome de classe du prolétariat mondial.
Cette lutte doit s’attaquer aux racines de toute cette barbarie, c’est-à-dire au capitalisme dans son ensemble. Elle passe par les combats de résistance du prolétariat, comme classe exploitée, aux attaques économiques de la bourgeoisie. Mais les prolétaires ne doivent pas concevoir ces combats comme une simple lutte de défense de leurs intérêts immédiats. Ils doivent aussi et surtout les comprendre comme une étape vers le renversement du capitalisme. Un moment où la classe ouvrière forge ses armes, sa solidarité, son unité et sa conscience, en vue de cet affrontement décisif contre un système qui ne peut apporter que toujours plus de misère, de massacres et, au bout du compte, la destruction de l’humanité.
Dès à présent, les luttes que mènent depuis 20 ans le prolétariat dans les pays centraux du capitalisme, les pays avancés d’Occident, constituent un frein à la barbarie guerrière en empêchant la bourgeoisie de ces pays de mobiliser massivement les ouvriers dans la guerre. En ce sens, la seule et véritable solidarité que puissent exprimer les prolétaires des pays centraux envers leurs frères de classe des pays du tiers- monde consiste dans le développement de leurs combats contre le capitalisme. Seul le développement des luttes ouvrières dans les principales puissances occidentales est en mesure d’empêcher la bourgeoisie de nous envoyer répandre le sang et l’horreur, massacrer nos frères de classes embrigadés sous les drapeaux de "leur" propre bourgeoisie nationale dans les autres pays. Plus les combats du prolétariat des grandes concentrations industrielles d’Occident seront puissants et moins la bourgeoisie aura les mains libres pour s’impliquer massivement dans de nouvelles croisades impérialistes toujours plus meurtrières.
Pour continuer à être frein à la guerre et se préparer à renverser le capitalisme, la classe ouvrière doit se détourner de toutes les sirènes de la bourgeoisie, qu’elles soient bellicistes ou pacifistes, qui tentent de l’entraîner hors de son terrain de classe, à miner sa prise de conscience des véritables enjeux de son combat afin de l’enchaîner à la logique du système. Elle ne doit pas se laisser intimider, démoraliser, paralyser par les bruits de bottes, par le spectacle terrifiant de la barbarie qui se déchaîne aujourd’hui dans le Golfe persique. Elle doit comprendre qu’elle seule détient la clef de toute la situation historique, qu’elle seule est une force porteuse d’avenir pour l’humanité, l’unique espoir de survie pour toute la société dans ce monde en pleine décomposition (cf p.8). Ce n’est qu’en prenant conscience de la gravité de la situation présente et de l’immense responsabilité qui repose sur ses épaules que la classe ouvrière doit développer ja confiance en ses propres forces. Plus que jamais, la barbarie guerrière du capitalisme doit renforcer la détermination du prolétariat à mener jusqu’au bout sa lutte à mort contre ce système avant qu’il ne détruise toute la planète.
Avril (27/10/90)