Au nom de la "liberté des peuples", un déluge de bombes et de feu s'abat depuis plusieurs semaines sur les populations civiles d'Afghanistan, obligeant des dizaines de milliers d'êtres humains, hommes, femmes, enfants, vieillards à fuir l'horreur, à s'entasser comme du bétail dans les camps de réfugiés aux frontières du Pakistan, dans l'espoir d'échapper à une mort effroyable. Ce qui les attend, au bout du voyage, ce sont les épidémies, le froid et la faim qui vont les condamner à une mort lente, non moins effroyable.
Voilà encore une fois mis à nu le vrai visage des expéditions "humanitaires" des grandes puissances dont la barbarie n'a vraiment rien à envier à celle des petits gangsters impérialistes du réseau Ben Laden.
Ceux qui déchaînent aujourd'hui le fer et le feu prétendent encore une fois défendre la loi. Leur loi, c'est celle du capitalisme mondial qui consiste depuis près d'un siècle à faire la guerre au nom de la paix, avec des moyens "propres", "efficaces", et bien "ciblés". Il s'agirait de démanteler le réseau terroriste sans toucher à la population civile. Pour preuve, en même temps que l'aviation américaine et britannique largue ses bombes, des sacs de vivres sont parachutés à l'aveuglette pour donner à cette guerre un visage "humain" et "civilisé". Quand on sait que ces vivres sont réquisitionnées par les militaires talibans et qu'elles sont revendues au marché noir, on mesure tout le mépris des grandes puissances pour les populations civiles. Quant à l'aide humanitaire" des organisations caritatives et autres ONG, elle ne peut être acheminée à cause, nous dit-on, des... difficultés du relief ou de la fermeture des frontières entre l'Afghanistan et le Pakistan. Aujourd'hui, alors que l'offensive américaine et britannique s'intensifie jour après jour, après plus de trois semaines de bombardements intensifs, on nous annonce encore que le terroriste Ben Laden est... "incapturable" !
Jamais le cynisme et l'hypocrisie de la "civilisation" bourgeoise
n'avaient atteint un tel degré !
Cette guerre apparaît aujourd'hui lointaine, exotique, presque irréelle.
Alors que la phase terrestre de l'opération "Liberté Immuable"
a déjà commencé depuis plusieurs semaines, les médias
restent très discrets sur la réalité des massacres. Pas
de sang, pas de morts, pas d'image de combats. On nous parle de quelques "dommages
collatéraux", mais la guerre du Golfe nous a appris ce que cela
signifiait : comme toujours, ce sont les civils qui sont les principales victimes,
et en grand nombre, des "frappes chirurgicales" et des "bombes
intelligentes". La bourgeoisie occidentale, au nom du "secret défense",
a organisé un tel black out de la réalité du bain de sang
que la guerre est aujourd'hui banalisée, noyée au milieu des autres
catastrophes "accidentelles", comme celle de l'explosion de l'usine
AZF à Toulouse, ou celle du tunnel du Gothard en Suisse.
Mais surtout, ce qui fait aujourd'hui la Une de l'actualité, c'est tout le barouf organisé autour du bioterrorisme. Chaque jour, on nous annonce de nouveaux cas d'anthrax, de nouvelles alertes à la mystérieuse "poudre blanche", pour nous faire oublier le pilonnage des villes d'Afghanistan soumises au terrorisme meurtrier des Etats-Unis et de leurs complices européens. Cette campagne hypermédiatisée n'a pas d'autre objectif que de terroriser la classe ouvrière d'Europe et d'Amérique, de lui faire croire qu'elle est quotidiennement attaquée, menacée sur ses lieux de travail par les méthodes sournoises des réseaux terroristes. Etant la principale victime de ces "faits de guerre", elle n'aurait donc pas d'autre choix que d'apporter son soutien à cette guerre "juste" contre le terrorisme.
Voilà comment la bourgeoisie et ses médias aux ordres s'efforcent aujourd'hui de brouiller la conscience des prolétaires : en cherchant à leur faire croire que cette guerre est aussi la leur. Au lendemain du terrible attentat du World Trate Center, ne nous a-t-elle pas dit que nous devions tous "nous sentir américains" ?
Prolétaires, cette guerre n'est pas la nôtre ! C'est celle à laquelle se livrent tous les requins impérialistes, petits et grands, pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Ceux qui nous exploitent, nous licencient, nous plongent dans une misère croissante sont les mêmes que ceux qui bombardent, ou soutiennent les massacres. Les Bush, Blair, Chirac, Schröder et consorts appartiennent à la même classe d'assassins que Ben Laden. Et c'est toujours sur le dos des exploités et des populations civiles prises en otage que se font leurs sordides règlements de compte. Le capitalisme mondial est le seul responsable du terrorisme et de la folie meurtrière dans laquelle s'enfonce toujours plus l'humanité.
Prolétaires, ne nous faisons aucune illusion ! Le capitalisme, asphyxié par une crise économique insurmontable, ne peut que continuer à mettre la planète à feu et à sang. La prétendue "bonne volonté" des grands de ce monde ne pourra jamais stopper la spirale infernale de la barbarie guerrière. Les opérations de police des Etats-Unis et de leurs alliés européens ne peuvent que continuer à se multiplier. Après la guerre du Golfe de 1991 censée libérer le peuple irakien du "boucher de Bagdad", on a eu droit à la croisade anti-Milosévic au Kosovo. Aujourd'hui, l'homme à abattre, c'est "l'incapturable" Ben Laden. Et on peut être sûr qu'une fois cette guerre terminée, une autre plus meurtrière encore sera en préparation sous un autre prétexte.
Le "nouvel ordre mondial", cette "ère de paix" que le vieux Bush nous avait promise au lendemain de l'effondrement du bloc de l'Est, n'est qu'un pur mensonge. La paix est impossible dans le capitalisme.
La seule issue, la seule perspective d'avenir pour l'espèce humaine, c'est la destruction de ce système avant qu'il ne détruise toute la planète morceau par morceau. Et cette perspective, seule la classe exploitée, qui est la première et principale victime de la guerre, la détient entre ses mains. Pour cela, elle doit refuser de faire cause commune avec ses propres exploiteurs et de s'en remettre aux lois barbares des gouvernements qui prétendent la protéger du terrorisme. Elle doit au contraire rester sur son propre terrain de classe, développer ses luttes contre la dégradation de ses conditions de vie, ne pas se laisser intimider et paralyser par la terreur que la bourgeoisie cherche à semer dans ses rangs, que ce soit par le renforcement du quadrillage policier de toute la vie sociale son couvert de plan "Vigipirate", ou la psychose des attentats renforcée par la campagne sur la maladie du charbon.
C'est avec une rapidité extraordinaire que la police et les services
secrets américains ont montré du doigt les coupables des attentats du 11
septembre : Oussama Ben Laden et son réseau terroriste Al-Qaida. Ils
désignaient du même coup l'objet des représailles guerrières : le régime
taliban et le pays qui servait de base aux terroristes : l'Afghanistan.
Les USA ont donc réagi en incriminant la responsabilité des "Etats-voyous". Pourtant, si une puissance a pu retirer des bénéfices impérialistes des attentats du 11 septembre, c'est bien les Etats-Unis.
Les attentats terroristes auront permis à la bourgeoisie américaine de réaliser un gigantesque coup de force dans l'arène mondiale au nom de l'anti-terrorisme. Ils auront fourni un prétexte rêvé pour prendre pied aux portes de l'Asie en occupant militairement l'Afghanistan et les pays limitrophes, c'est-à-dire les anciennes places fortes de son grand rival impérialiste d'il y a vingt ans, l'URSS. C'est là une spectaculaire percée stratégique américaine vers les terres et les mers chaudes d'Asie. Pour la première fois, l'impérialisme américain est à même d'investir toute l'Asie Centrale et ne se limite plus à chercher à conserver et renforcer un contrôle direct de la Méditerranée, à partir du Proche et du Moyen-Orient. Les Etats-Unis en annonçant une "guerre longue et dure" entendent légitimer le renforcement de leur présence militaire permanente dans la région (déjà assurée dans le Golfe par la présence de leur bases à Dharan en Arabie), au détriment direct de leurs rivaux déclarés ou potentiels et en forçant leur consentement.
En occupant militairement l'Ouzbékistan et le Tadjikistan, deux ex-républiques de l'empire éclaté de l'URSS, les Etats-Unis supplantent la Russie dans ses anciennes chasses gardées moyennant un "deal" qu'ils lui imposent désormais pieds et poings liés en mettant en avant des intérêts communs pour agir contre le "terrorisme intégriste".
Les Etats-Unis coupent ainsi en même temps l'herbe sous le pied des ambitions nouvelles de la Chine d'étendre son influence sur l'Asie Centrale. Du même coup, ils barrent désormais la route aux avancées impérialistes réalisées par l'Allemagne vers l'Est ces dernières années, que ce soit dans les Balkans et dans la zone faisant partie de l'ancien glacis russe ou par le jeu d'alliances que la bourgeoisie germanique cherche à s'aménager au Proche ou au Moyen-Orient, de la Turquie à l'Iran, indispensable pour prétendre se poser en futur rival principal des Etats-Unis.
Ils ont également démontré aux yeux de toutes les autres puissances leur
capacité à intervenir militairement en n'importe quel point de la planète.
Il n'est pas à écarter que la menace terroriste ait été délibérément ignorée et
que les "négligences incompréhensibles" des services de renseignement
américain face au danger d'actes terroristes aient été voulues[1] [3].
De toutes façons, ce qui est clair, c'est que l'ancien espion Ben Laden formé et recruté par la CIA en 1979 dans le conflit contre l'URSS continue à rendre de fieffés services aux Etats-Unis. Il joue pratiquement le même rôle de bouc émissaire que le dictateur Saddam Hussein qui avait permis aux Etats-Unis de monter leur opération militaire dans le Golfe visant en fait à remettre au pas ses anciens alliés après la dislocation du bloc occidental.
La guerre du Golfe avait pour vocation de faire taire les velléités de contestation de l'hégémonie américaine qui s'étaient manifestées après l'éclatement du bloc russe, en particulier de la part de la France et de l'Allemagne. Et c'est pour préserver leur rôle de gendarme du monde que les Etats-Unis avaient effectué cette spectaculaire opération militaire.
Depuis, il y a eu l'éclatement de l'ex-Yougoslavie sous la pression de l'Allemagne poussant la Slovénie et la Croatie à proclamer leur indépendance qui a permis à l'impérialisme germanique de marquer des points dans sa poussée vers l'Est et la Méditerranée aux dépens de la Serbie. Puis dans l'extension du conflit des Balkans en Bosnie, au Kosovo, en Macédoine, les "seconds couteaux" britanniques et français se sont démarqués de la tutelle américaine pour défendre leurs intérêts propres en se retrouvant également opposés à l'Allemagne.
Ce développement de la contestation généralisée envers les Etats-Unis oblige ces derniers à utiliser toujours davantage leur force brute et leur suprématie militaire écrasante pour préserver leur statut de gendarme du monde. C'est pourquoi si l'opération guerrière "Liberté immuable" menée sous la bannière de la croisade anti-terroriste a vu battre le rappel des "alliés" de la guerre du Golfe, contrairement à cette époque où "l'alliance" incorpora les forces militaires de plusieurs Etats européens et arabes (notamment l'Arabie Saoudite et la Syrie), ils affichent leur détermination à assumer leurs responsabilités militaires essentielles sans l'aide de la plupart des puissances européennes (à l'exception de la Grande-Bretagne). Ils ne peuvent bien entendu qu'obliger ces dernières à les soutenir mais la France et l'Allemagne notamment se retrouvent écartées du coeur des opérations militaires. Pour maintenir leur présence sur le terrain, elles sont contraintes d'accepter de se voir reléguées à des rôles subalternes de services de renseignements ou des actions secondaires de commando. Les Etats-Unis leur signifient clairement qu'ils ne supporteront aucune entrave à leur action armée.
D'ailleurs, le positionnement actuel des autres grandes puissances vis-à-vis de l'intervention des Etats-Unis en Afghanistan sont aujourd'hui tout aussi révélatrices des prétentions impérialistes de chacune d'entre elles.
Aujourd'hui comme lors de la guerre du Golfe, la bourgeoisie britannique a tout intérêt à se positionner comme le meilleur lieutenant des Etats-Unis, se retrouvant même aux avant-postes au niveau militaire avec 25.000 hommes directement engagés dans les combats. Ce rapprochement avec les Etats-Unis s'explique par une connivence d'intérêts impérialistes et aussi par la rivalité d'intérêts directement antagoniques avec ceux de la France dans la région. Comme lors de la guerre du Golfe, la région de l'Afghanistan, de même que l'Irak, fait partie de la zone de domination traditionnelle de l'impérialisme anglais. Grâce à sa vieille expérience colonisatrice, la Grande-Bretagne connaît très bien la région et les cliques en présence. Elle sait que les Etats-Unis ont besoin d'elle et qu'elle a un rôle majeur à jouer. Pour les opérations terrestres, elle dispose des meilleures troupes spécialisées au sol et connaît parfaitement les régions difficiles concernées, contrairement aux Américains. Elle estime avoir davantage d'atouts pour préserver sa part de gâteau que lors de la guerre du Golfe où son aide aux Etats-Unis ne lui avait rien apporté et ce ressentiment avait largement contribué à opérer sa nette démarcation par rapport aux Etats-Unis dans les années suivantes. Mais la lucidité remarquable de la bourgeoisie britannique lui permet de comprendre qu'aujourd'hui son intérêt exige une coopération fidèle avec la bourgeoisie américaine.
L'impérialisme français a des intérêts diamétralement opposés. Il tente de reprendre pied au Liban dont il a été évincé par les Etats-Unis depuis les années 1980. Il entretient des liens avec la Syrie et montre sa constante sollicitude et sa "préoccupation" envers "le sort du peuple palestinien". Aujourd'hui, l'impérialisme français n'a pas d'autre choix pour pouvoir garder un pied au Moyen-Orient que de proposer ses services sur le terrain de l'antiterrorisme. Un de ses atouts majeurs était précisément l'Afghanistan où la France a été en pointe pour appuyer à fond le francophile commandant Massoud avant son assassinat en septembre dernier. Celui-ci avait d'ailleurs été reçu avec les honneurs dus à un chef d'Etat en avril dernier à Paris et la bourgeoisie française l'avait même à cette occasion imposée au parlement européen de Strasbourg. Donc la carte de la France est avant tout celle de l'Alliance du Nord, même si Védrine s'est déclaré partisan d'une mise en place d'une coalition gouvernementale plus large sous l'égide du vieux roi Zaher.
La Russie de Poutine a également assorti son aval humiliant à l'entreprise militaire des Etats-Unis d'un soutien déclaré à l'Alliance du Nord qui fut pourtant l'ennemi le plus irréductible et le plus ancien de l'ex-URSS depuis l'invasion de l'Afghanistan en 1979.
L'Allemagne, derrière ses offres de service (la mobilisation de 35.000 hommes), entend profiter de l'occasion pour développer une nouvelle intervention de la Bundeswehr à l'extérieur de ses frontières et elle mise sur cette présence sur le terrain pour renforcer sa coopération avec des pays comme la Turquie d'un côté, l'Iran de l'autre. Mais on l'a vu, la percée de l'Allemagne va s'avérer plus délicate dans le contexte de l'occupation militaire américaine. Dans cette région, la bourgeoisie germanique ne peut que jouer le même rôle que la France : tenter de déstabiliser plus ou moins ouvertement la mainmise américaine.
Tout cela augure déjà des futures dissensions au sein de la vaste coalition actuelle.
Pour s'opposer à la dynamique de "chacun pour soi", les Etats-Unis sont obligés de s'impliquer de plus en plus sur le terrain directement militaire. Ainsi, ils sont également contraints de taper à chaque fois de plus en plus fort, sous peine de perte de leur leadership, devenant ainsi les premiers responsables d'une constante fuite en avant dans la logique guerrière du capitalisme.
Sur place, les Etats-Unis sont contraints de miser avant tout sur l'aide du Pakistan, qui ne veut à aucun prix une arrivée au pouvoir de l'Alliance du Nord en Afghanistan. Il est clair aujourd'hui que les Etats-Unis n'apportent aucune aide à cette dernière pour percer le front des talibans mais au contraire paralysent au maximum ses combattants dans leur réduit pour les empêcher de s'emparer de Kaboul. Ils ne misent ainsi nullement sur la principale "force de résistance" du pays. A l'inverse, leurs laborieuses tractations diplomatiques visent à installer au pouvoir un vieux roi fantoche et à instaurer une coalition gouvernementale allant jusqu'à inclure des " talibans modérés ". Ce plan qui passera certainement par un écrasement au moins partiel (ou un affaiblissement considérable) des forces de l'Alliance du Nord n'est pas sans rappeler dans son cynisme la guerre du Golfe lorsque les Etats-Unis avaient laissé intacte une partie de l'armée irakienne pour qu'elle puisse écraser au nord et au sud du pays les rébellions des minorités kurdes et chiites (qu'ils avaient auparavant exhorté à se soulever) parce que leur intérêt était d'assurer la stabilité politique future du pays.
Cette nouvelle donne dans les rapports de force inter-impérialites ne peut qu'aviver partout les tensions guerrières. Et cette accélération du chaos est déjà perceptible actuellement.
Le soutien de la Maison Blanche au régime pakistanais a suscité la colère de l'Inde qui craint de se voir lésée dans leur conflit sur le Cachemire. En réponse a cela, l'Inde a déclenché à nouveau des bombardements en territoire pakistanais.
La situation au Moyen-Orient se dégrade à toute vitesse, comme une traînée de poudre. Les Etats-Unis pensaient profiter de leur intervention pour imposer la relance d'un processus de paix entre Palestiniens et Israéliens au Moyen-Orient appuyé par Blair qui venait d'assurer publiquement devant Arafat "la légitimité d'un Etat palestinien viable dans la région". Au contraire, alors qu'Israël manifestait quelques velléités conciliatrices, provoquant le départ de la coalition gouvernementale de deux fractions d'extrême-droite, l'assassinat du ministre du tourisme israélien (en réponse au " meurtre ciblé et commandité" d'un chef du FPLP) déclenchait une nouvelle vague de violences dans les territoires autonomes (la plus meurtrière depuis les accords d'Oslo), avec l'occupation par Tsahal de Bethléem et le blocus de Jénine.
L'intervention militaire en Afghanistan ne peut apporter ni la paix, ni la liberté, ni la justice, ni la moindre stabilité, pas plus que la "fin du terrorisme" mais au contraire ne peut qu'entraîner un surcroît de guerre, de barbarie et de misère en aspirant les populations dans un tourbillon insensé de désespoir, de vengeance et de haine. Elle prépare en même temps une rivalité plus directe des Etats-Unis avec les autres Etats européens dans la région.
Les différentes bourgeoisies nationales aux prises en Afghanistan démontrent à quel point leur prétendue croisade anti-terroriste est une foutaise, un répugnant mensonge idéologique. Elles démontrent quotidiennement qu'elles se fichent éperdument des victimes du terrorisme comme des morts de la guerre et du sort des populations locales bombardées. Les 6.000 morts des Twin Towers sont cyniquement exploités à seule fin de propagande guerrière. Comme les "body bags" annoncés de la soldatesque en action, ils font partie de la dette de sang de plus en plus lourde d'un système d'exploitation inhumain en pleine putréfaction. Derrière la défense de leurs sordides intérêts de vautours impérialistes qui anime chaque bourgeoisie nationale, il y a le capitalisme qui, en précipitant la planète dans un chaos sanglant, est le véritable responsable de ce déchaînement de barbarie. Cette exacerbation du chaos est bien le seul avenir que nous réserve le capitalisme.
CB[1] [4] Ce ne serait pas la première fois dans l'histoire des Etats-Unis. Le 8 décembre 1941, le projet d'attaque de la base américaine de Pearl Harbour à Hawaï où était regroupée la majorité des forces américaines par les forces aéronavales japonaises étaient connues par les services secrets qui en avaient informé les plus hautes autorités politiques du pays et celles-ci avaient laissé faire en n'en informant pas l'état-major militaire. Le "choc" de cette attaque et les pertes provoquées avaient permis de justifier l'entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale et d'obtenir l'adhésion de la population américaine et de tous les secteurs de la bourgeoisie nationale.
Bien que la guerre tende de plus en plus à être banalisée, à devenir une "habitude" et une fatalité à laquelle chacun est appelé à se résigner, elle suscite une inquiétude bien réelle dans la population, et notamment parmi la classe ouvrière.
Livré à sa propre dynamique, le capitalisme ne peut échapper à la guerre impérialiste. Tous les bavardages sur la paix, toute la prétendue "bonne volonté" de ceux qui nous gouvernent n'y peuvent rien et les périodes de "paix" ne sont que les moments où la bourgeoisie se prépare pour des affrontements encore plus destructeurs et barbares.
Depuis l'entrée du capitalisme dans sa période historique de décadence,
avec l'éclatement de la Première Guerre mondiale, les révolutionnaires
ont toujours dénoncé la guerre comme étant le mode de vie
permanent de ce système qui ne peut engendrer que des destructions de
plus en plus massives. A la suite de l'Internationale Communiste, le CCI a toujours
affirmé qu'avec la décadence du capitalisme s'était ouverte
"l'ère des guerres impérialistes et des révolutions
prolétariennes". La guerre impérialiste est, en ce sens,
la manifestation la plus significative de la faillite historique du mode de
production capitaliste. Elle met en évidence la nécessité
et même l'urgence du dépassement de ce mode de production avant
qu'il n'entraîne l'humanité dans l'abîme ou la destruction
définitive.
Contrairement au 19e siècle où la guerre, notamment les conquêtes coloniales, était le moyen indispensable au capitalisme lui ouvrant des possibilités de développement ultérieur, les guerres de la période de décadence du capitalisme sont l'expression du fait que ce mode de production a épuisé toutes ses possibilités d'expansion. La conquête de nouveaux marchés et des positions stratégiques par les grandes puissances ne peut qu'engouffrer dans l'abîme les forces productives et accumuler à un rythme accéléré ruines sur ruines. Contrairement aux guerres de la période ascendante du capitalisme qui ne touchaient que des zones limitées du globe et ne déterminaient pas toute la vie sociale de chaque pays, la guerre impérialiste du capitalisme décadent implique une extension mondiale et une soumission de toute la société à ses exigences, et en premier lieu évidemment de la classe productrice de l'essentiel de la richesse sociale : le prolétariat. C'est bien ce qu'ont tragiquement illustré les deux guerres mondiales du 20e siècle qui n'ont pu avoir lieu que grâce à l'embrigadement massif de la classe ouvrière comme chair à canon derrière les drapeaux nationaux.
C'est justement parce que la classe ouvrière est en première ligne des sacrifices imposés par la guerre impérialiste qu'elle porte en elle la fin de toutes les guerres et le seul avenir possible pour la société, le communisme. Exclu de toute propriété, n'ayant aucune patrie et aucun intérêt économique national à défendre, le prolétariat est la seule classe réellement internationale de la société. C'est la seule classe qui puisse donc offrir une perspective d'avenir à toute l'humanité en s'opposant à la tendance inéluctable du capitalisme vers la guerre, seule réponse que la bourgeoisie puisse apporter à l'aggravation de la crise de son système, une crise permanente et sans issue.
Ainsi, c'est la crise économique, et la capacité du prolétariat à y apporter sa propre réponse qui détermine l'évolution du cours historique. De sa capacité à réagir sur son propre terrain de classe aux attaques imposées par la crise du capitalisme, dépend l'alternative historique mise en évidence par les révolutionnaires depuis près d'un siècle : socialisme ou barbarie, révolution prolétarienne mondiale ou destruction de l'humanité.
Les deux holocaustes du siècle dernier ont révélé que la préparation de la guerre impérialiste suppose pour le capitalisme le développement d'une économie de guerre dont le prolétariat, évidemment, a supporté le plus lourd fardeau. Ainsi, c'est en luttant déjà contre les mesures d'austérité imposées par la bourgeoisie qu'il entrave ces préparatifs guerriers et qu'il fait la démonstration de son refus des sacrifices encore plus terribles exigés lors d'une guerre impérialiste. Pratiquement la lutte de classe, même pour des objectifs limités, représente pour le prolétariat, une rupture de la solidarité avec "sa" bourgeoisie nationale, solidarité que celle-ci lui demande justement dans la guerre. Les luttes ouvrières expriment également une tendance à la rupture avec les idéaux bourgeois comme la "légalité", la "patrie", "l'Etat démocratique", le faux "socialisme" pour la défense desquels la classe dominante a appelé les ouvriers dans le passé à se faire massacrer et à massacrer leurs frères de classe. La lutte de classe, contre l'austérité et l'exploitation capitalistes, permet enfin au prolétariat de se confronter aux ennemis dans ses rangs, les syndicats, afin de développer son unité qui constitue la condition indispensable de sa capacité à s'opposer, à l'échelle internationale, aux règlements de compte entre gangsters impérialistes.
A l'issue de la période de reconstruction qui a suivi le second après-guerre, la classe ouvrière a repris le chemin de sa lutte contre le capitalisme dès les premiers signes du retour de la crise économique. Ainsi, la formidable grève générale de mai 68 en France et toute la vague de luttes ouvrières internationales qui l'ont suivie a montré que, après quatre décennies de contre-révolution triomphante, le géant prolétarien avait relevé la tête et avait montré sa détermination à résister à la dégradation de ses conditions de vie. La bourgeoisie n'avait plus les mains libres désormais pour déclencher une nouvelle guerre mondiale. En effet, dès la fin du deuxième conflit mondial, le partage du gâteau impérialiste entre les deux principales puissances militaires, l'URSS et les Etats-Unis n'était qu'une étape vers la préparation d'une troisième guerre mondiale. C'est bien ce qu'ont révélé tant le développement faramineux de la course aux armements que les tensions opposant les deux blocs impérialistes rivaux, celui de l'URSS et des Etats-Unis, à travers la multiplication des conflits guerriers en Asie, en Afrique et en Amérique latine. La "guerre froide" n'était rien d'autre qu'une étape vers une nouvelle guerre impérialiste généralisée. Les "trente glorieuses" résultant de la période de reconstruction qui a suivi la Seconde Guerre mondiale n'étaient qu'une pause éphémère dans la descente inexorable du capitalisme dans l'abîme. Avec la fin de cette période de relative "prospérité", la dynamique même du capitalisme ne pouvait que pousser la bourgeoisie vers une nouvelle guerre mondiale, à bouleverser l'ordre des accords de Yalta à travers l'affrontement armé entre le bloc russe et le bloc occidental.
Et si cette 3e guerre mondiale n'a pas eu lieu, c'est bien parce que, suite au resurgissement de la lutte de classe à la fin des années 60, notamment dans les grandes métropoles d'Europe occidentale, la bourgeoisie n'a pas été en mesure d'imposer au prolétariat sa propre réponse au retour de la crise économique.
Dans le passé, le terrain principal sur lequel s'est décidé le cours historique était l'Europe (notamment ses grandes concentrations industrielles d'Allemagne, d'Angleterre, de France, d'Italie). C'est l'Europe qui a été le théâtre du déclenchement des deux guerres mondiales. C'est ce continent qui a constitué l'enjeu essentiel de l'affrontement entre les deux blocs impérialistes rivaux après 1945. C'est de l'extension de la révolution prolétarienne en Europe (et notamment en Allemagne) que dépendait l'avenir de la révolution d'Octobre 1917 en Russie. C'est donc le rapport de forces entre bourgeoisie et prolétariat en Europe qui détermine l'alternative historique : guerre mondiale ou victoire de la révolution prolétarienne.
La reprise de la lutte de classe dans la vieille Europe occidentale a ainsi
ouvert un nouveau cours historique, un cours aux affrontements de classe, radicalement
opposé et faisant obstacle à la dynamique du capitalisme vers
une nouvelle guerre mondiale. En effet, le fait que, grâce à sa
capacité à reprendre le chemin de ses combats de classe, le prolétariat
ait clairement manifesté sa capacité à refuser la logique
du capitalisme en crise (notamment les baisses de salaires et la perspective
d'un retour du chômage à la fin des années 60) signifiait
qu'il était encore moins disposé à accepter le sacrifice
ultime, celui de verser son sang sur les champs de bataille du capital. Par
ailleurs, si la bourgeoisie n'a pu embrigader la classe ouvrière dans
une troisième guerre mondiale, c'est parce qu'elle n'a pas été
en mesure d'infliger au préalable à la nouvelle génération
de prolétaires, qui n'a pas connu la période noire de la contre-révolution,
une profonde défaite idéologique et physique comme ce fut le cas
lors des deux guerres mondiales. Au contraire, aux cours des trois grandes vagues
de luttes ouvrières qui se sont déroulées pendant deux
décennies depuis Mai 68, non seulement la classe ouvrière des
pays centraux du capitalisme n'a pas manifesté une adhésion enthousiaste
aux idéaux bourgeois (tels la défense de "l'Etat démocratique",
"l'anti-fascisme" ou le mythe de la "patrie socialiste"
à l'Est), mais elle a eu tendance, au contraire, à se détourner
de ces mystifications qui avaient permis son embrigadement dans les deux guerres
mondiales :
Avec la fin de la reconstruction du second après-guerre, la bourgeoisie
ne disposait donc plus de cet atout considérable pour entraîner
le prolétariat derrière la défense du drapeau national.
Ainsi, du fait de l'usure des mystifications bourgeoises qui avaient permis
l'embrigadement de dizaines de millions d'ouvriers dans la guerre en 1914 et
1939, le prolétariat, en développant ses luttes de résistance
à la crise ouverte du capitalisme à la fin des années 60,
a constitué le seul et unique obstacle au déclenchement d'une
3e guerre mondiale.
Si, tout au long des années 70 et 80 la classe ouvrière, grâce
aux développement de ses luttes, a pu empêcher la bourgeoisie de
déchaîner une nouvelle guerre mondiale (laquelle aurait probablement
signifié la fin de l'humanité compte tenu de la puissance de destruction
des armements modernes), elle n'a pas trouvé la force d'affirmer sa propre
alternative historique : le renversement du capitalisme et l'instauration d'une
nouvelle société basée non sur l'exploitation et la recherche
du profit mais sur la satisfaction des besoins de l'humanité. Cette difficulté
résulte de plusieurs facteurs :
Malgré cette gigantesque contre-offensive de la bourgeoisie mondiale, celle-ci n'est pas parvenue à inverser le cours historique aux affrontements de classe ouvert à la fin des années 60. Ainsi, les années 80 ont véritablement été les "années de vérité" venant confirmer l'incapacité de la bourgeoisie à apporter sa propre réponse à la crise. Des années de vérité parce que l'alternative historique - guerre généralisée ou révolution mondiale -non seulement est devenue plus claire mais était en un sens décidée par les événements de la décennie qui s'ouvrait. Et effectivement, les événements inaugurant cette décennie l'ont montré concrètement : d'un côté l'invasion russe en Afghanistan a mis cruellement en lumière la "réponse" de la bourgeoisie à la crise et ouvrait une période de tensions militaires aiguës entres les deux blocs impérialistes rivaux, d'un autre côté, la grève de masse des ouvriers de Pologne en août 80 faisait clairement entrevoir la réponse prolétarienne. Le mouvement des ouvriers de Pologne a montré comment le prolétariat pouvait se poser en force sociale unifiée capable non seulement de résister aux attaques du capital mais aussi de montrer la perspective du pouvoir ouvrier, un danger bien réel identifié par la bourgeoisie qui a mis de côté ses rivalités impérialistes pour étouffer le mouvement, en particulier par la mise en place du syndicat Solidarnosc. Cette grève de masse a apporté ainsi la preuve définitive que la lutte de classe est la seule force qui puisse constituer un frein à la guerre. En particulier, elle a montré que le bloc russe était incapable de répondre à la crise économique croissante par une politique d'expansion militaire. Il était clair que les ouvriers de l'ex-bloc de l'Est ne pouvaient absolument pas être enrôlés comme chair à canon dans une quelconque guerre future pour la gloire du "socialisme". Ainsi, la grève de masse en Pologne est venu confirmer la perspective historique ouverte par la grève générale de mai 68, celle de la confrontation entre les deux classes fondamentales de la société, la bourgeoisie et le prolétariat, dont dépend l'avenir de l'humanité.
Confrontée à l'approfondissement de la crise économique, la lutte de classe, bien qu'elle ait continué à avancer tout au long des années 80 dans les pays centraux du capitalisme, malgré la défaite et la répression des ouvriers de Pologne, n'a pas réussi à se hisser au niveau requis pour que le prolétariat puisse s'affirmer en tant que force révolutionnaire. Bien que les combats de la classe ouvrière aient constitué un frein à la guerre, ils ne sont pas parvenus à dépasser le niveau de simples luttes défensives, de résistance aux attaques capitalistes. Cette situation où, face à une crise sans cesse plus profonde, ni la bourgeoisie, ni le prolétariat n'ont été en mesure d'apporter leur propre réponse aux convulsions du capitalisme, s'est traduite par un blocage de l'alternative historique "guerre mondiale ou révolution prolétarienne". Après 20 ans de crise ouverte, ce blocage a donné naissance au phénomène de décomposition, de pourrissement sur pied du capitalisme que nous avons mis en évidence à la fin des années 80. Cette décomposition a culminé dans les gigantesques événements de 1989 qui ont marqué l'ouverture définitive d'une nouvelle phase dans la longue chute du capitalisme en faillite, une phase durant laquelle tout l'édifice social a commencé à craquer, trembler et s'écrouler.
L'effondrement du bloc de l'Est et des régimes staliniens a donné
un coup d'arrêt à la dynamique générale de la lutte
de classe ouverte depuis mai 68. Il a permis à la bourgeoisie de développer
toute une série de campagnes autour du thème de la "mort
du communisme" et de la "fin de la lutte de classe" qui ont profondément
affecté la capacité de la classe ouvrière à développer
ses luttes dans la perspective de la construction d'une nouvelle société,
à se présenter en force autonome et antagonique au capital, ayant
ses propres intérêts à défendre. Le fait que la lutte
de classe n'ait joué aucun rôle dans l'effondrement du stalinisme
a profondément entamé la confiance en soi du prolétariat.
Sa combativité et sa conscience ont toutes deux subi un recul considérable,
permettant à la bourgeoisie de regagner du terrain. Ainsi, la classe
dominante des pays centraux du capitalisme a pu profiter de ces événements
pour développer ses campagnes sur les "bienfaits" du capitalisme
démocratique à l'occidentale présenté comme la seule
alternative possible à la terreur stalinienne. Sur le terrain de la lutte
de classe, elle a pu de nouveau profiter de la perte de confiance en soi de
la classe ouvrière pour remettre en selle ses syndicats (et, plus généralement,
l'idéologie syndicaliste) qui ont pu faire un retour triomphal (notamment
lors des grèves de l'automne 95 en France -cf. notre brochure Luttes
dans la fonction publique de décembre 95) comme "seuls et véritables
défenseurs des intérêts ouvriers".
Néanmoins, le profond recul que le prolétariat a subi avec les
campagnes sur la "faillite du communisme", n'a nullement remis en
cause le cours historique aux affrontements de classe ouvert à la fin
des années 60.
Et si aujourd'hui la bourgeoisie des grandes puissances "démocratiques" s'engage, derrière le gendarme américain, dans des guerres toujours plus sanglantes, comme on l'a vu avec celle du Golfe, au Kosovo et maintenant en Afghanistan, ce n'est pas parce qu'elle aurait emporté l'adhésion enthousiaste des grandes masses ouvrières d'Europe occidentale. Le fait que ce ne soient pas des ouvriers en uniformes, enrôlés derrière les drapeaux nationaux, mais des troupes professionnelles qui sont mobilisées dans ces nouveaux massacres, signifie que le prolétariat n'a pas capitulé devant la logique barbare du capital et qu'il n'est pas disposé à verser son sang pour servir les croisades "humanitaires" de "sa" bourgeoisie nationale au nom du "droit international" ou de "la lutte contre le terrorisme". Bien qu'il ne soit pas en mesure aujourd'hui de freiner le déchaînement des massacres et qu'il assiste, impuissant, à cette orgie des hyènes impérialistes, il détient toujours la clef de la situation historique. L'avenir de l'humanité est toujours entre ses mains.
Malgré toutes les difficultés auxquelles elle a été confrontée pour développer ses luttes depuis l'effondrement du bloc de l'Est et le profond recul qu'elle a subi dans sa conscience, la classe ouvrière n'est pas défaite. De plus, toutes les mystifications que la bourgeoisie a mises en avant depuis dix ans ont été rapidement balayées une par une par l'accélération de la crise économique et la multiplication de conflits guerriers. Il en est ainsi du mensonge du "nouvel ordre mondial", de "l'ère de paix et de prospérité" que le capitalisme à l'occidental était censé offrir à l'humanité après l'effondrement de "l'Empire du Mal". Il en est ainsi également du mythe des "guerres propres" et "humanitaires" que les Etats-Unis et leurs acolytes européens ont essayé de nous faire avaler depuis la guerre du Golfe. Aujourd'hui, la croisade "humanitaire" pour libérer le monde du terrorisme montre encore plus ouvertement le vrai visage de la "civilisation" bourgeoise. Elle met de plus en plus clairement en lumière le cynisme sans nom de ces grandes puissances démocratiques qui, au nom de la "paix" et de la "liberté des peuples", massacrent les populations civiles, les terrorisent, les condamnent à l'exode massif en les livrant à la famine et aux épidémies. A tel point que les médias eux-mêmes sont obligés aujourd'hui de reconnaître que les représailles de l'Oncle Sam en Afghanistan vont se solder par une véritable "catastrophe humanitaire".
Plus la bourgeoisie est poussée à s'engager dans des aventures
militaires de plus en plus sanglantes, plus elle dévoilera aux yeux du
prolétariat la barbarie sans fin du capitalisme.
Ainsi, l'aggravation de la crise économique et la multiplication des
croisades militaires des grandes démocraties d'Europe et d'Amérique
ne pourront que continuer à révéler au grand jour la faillite
irrémédiable du capitalisme et constituer pour le prolétariat
un facteur de prise de conscience de la nécessité d'en finir avec
ce système.
Avec le recul de sa conscience résultant des campagnes anticommunistes qui ont suivi l'effondrement du bloc de l'Est, le prolétariat a pris un retard considérable. Alors que le capitalisme s'enfonce chaque jour plus dans le chaos et la barbarie, le prolétariat n'a pas encore retrouvé le chemin de sa perspective révolutionnaire. Mais ce profond recul ne signifie nullement que le cours aux affrontements de classe soit remis en cause. En effet, la gravité de la situation historique ouverte avec l'effondrement du stalinisme a suscité au sein d'une minorité de la classe ouvrière une réflexion en profondeur qui a conduit un certain nombre d'éléments en recherche à se rapprocher des positions révolutionnaires, et même à y adhérer. Cela confirme que la situation actuelle contient aussi des potentialités pour une prise de conscience de la faillite du capitalisme et de la nécessité de la révolution communiste, même si cette prise de conscience est aujourd'hui encore très minoritaire.
De plus, avec l'aggravation des attaques contre ses conditions de vie, avec les vagues de licenciements massifs qui vont accompagner la récession, le prolétariat dans son ensemble n'aura pas d'autre alternative que de développer ses luttes. Ce n'est que dans et par la lutte qu'il pourra retrouver son identité de classe, reprendre confiance en lui-même, en ses propres forces, et dans la perspective historique que portent ses combats. La crise reste, aujourd'hui plus que jamais, la meilleure alliée du prolétariat.
CFLinks
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/afghanistan
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/guerre
[3] https://fr.internationalism.org/ri317/croisade_terrorisme.htm#_ftn1
[4] https://fr.internationalism.org/ri317/croisade_terrorisme.htm#_ftnref1
[5] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/121/afghanistan
[6] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/11-septembre-2001
[7] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/prises-position-du-cci
[8] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/cours-historique