Plus de
6.000 morts. La terreur qui a envahi le monde depuis les attentats-kamikaze
du 11 septembre qui se sont attaqués pour la première fois depuis
la Seconde Guerre mondiale aux Etats-Unis sur leur territoire et au coeur des
métropoles d'un pays développé ne s'est pas dissipée.
Et les frappes américaines qui se préparent en Afghanistan comme
ailleurs ne peuvent que rajouter de nouvelles monstruosités dans ce déchaînement
de barbarie guerrière. Déjà, l'opération d'abord
baptisée "Justice sans limites" puis "Liberté immuable"
recouvre le déploiement militaire le plus impressionnant depuis plus
d'un demi-siècle. A un crime abominable vont s'ajouter d'autres tueries
contre des populations civiles sans défense. On nous désigne comme
coupables une nébuleuse ou un réseau d'islamistes intégristes
fanatisés aux ordres du milliardaire Ben Laden, ex-agent de la CIA au
temps de la guerre contre le bloc soviétique, aujourd'hui reconverti
en "ennemi public n°1" des Etats-Unis. Derrière "l'ogre"
Ben Laden et ses sanguinaires hommes de main, comme derrière l'histrion
George Bush Junior, ses généraux, ses espions et leurs semblables
européens, derrière chaque Etat et leurs cliques de dirigeants
va-t-en guerre, il y a la classe dominante capitaliste.
Le véritable responsable de la barbarie guerrière, celle qui a
frappé aux Etats-Unis comme celle qui se prépare en Afghanistan
et ailleurs, c'est le capitalisme mondial, un système en décadence
déjà responsable de deux boucheries impérialistes et dont
la survie, gangrène mortelle pour l'humanité, ne fait qu'attiser
toujours plus cette barbarie (voir article page 5 ou ci-après [1]).
Comme lors des bombardements de Londres, de Dresde et de Hambourg. Comme à
Hiroshima et à Nagasaki. Comme l'enfer qui s'est abattu sur la Corée,
le Vietnam ou le Cambodge. Le déluge de bombes sur l'Irak et le Koweït.
Sur la Serbie, le Monténégro et le Kosovo. Comme les massacres
en Algérie, au Rwanda, en Tchétchénie, au Moyen-Orient.
Comme dans tous les conflits impérialistes qui n'ont jamais cessé
depuis la fin de la seconde boucherie mondiale. Avec son lot de populations
prises en otage qui, par dizaines de milliers, cherchent à fuir, à
s'exiler et se retrouvent parquées dans des camps, crevant de faim et
soumises à des conditions d'existence elles aussi effroyables, les plus
inhumaines. On voudrait nous faire croire que les attentats du 11 septembre
sont une attaque "contre la civilisation" et que la riposte qui s'annonce
est "une défense de la civilisation contre la barbarie". Mensonges
!
L'un comme l'autre sont le produit même de la civilisation bourgeoise et de son degré de barbarie. C'est l'oeuvre d'un capitalisme aux abois, aux prises avec une crise économique sans issue, pourrissant sur pied, suintant la guerre sous toutes ses formes, la pollution mortelle, semant la mort et la décomposition et menaçant d'entraîner l'humanité vers son auto-destruction. C'est le capitalisme qui tue et répand la terreur à New-York, comme en Afghanistan, comme à Toulouse. Comme ailleurs. Une nouvelle étape de la guerre impérialiste est née depuis le 11 septembre. Une menace permanente de l'horreur, de la terreur capitaliste. Et comme dans tous les actes de guerre, la classe ouvrière est la principale victime de ces sanglants règlements de compte entre fractions de la bourgeoisie qui prétendent aujourd'hui encore défendre une "juste cause", qu'elle soit la croisade de la "défense de la démocratie, de la justice, de la liberté et de la civilisation" ou la "guerre sainte" pour la "défense de la vraie foi", sur le terrain nationaliste et impérialiste. Dans les attentats contre le World Trade Center, la plupart des victimes étaient des secrétaires, des employés de bureau, des balayeurs, des pompiers. Des prolétaires, des nôtres. Non seulement, le prolétariat est victime de la guerre dans sa chair mais aussi dans sa conscience. Alors que seule la classe ouvrière a la capacité de mettre fin au système responsable de la guerre, la bourgeoisie se sert de celle-ci, encore et toujours, pour appeler à l'union sacrée. L'union sacrée des victimes du capitalisme avec leurs exploiteurs, avec ceux qui en tirent leur domination de classe. La bourgeoisie profite de la situation pour imposer l'unité nationale contre "la terreur venue de l'extérieur". Bush exalte "la grandeur de la nation américaine" et exhorte "le peuple de ce pays" à défendre sa fierté. Le drapeau américain est partout arboré comme signe de défi. C'est la manifestation de la plus écoeurante hystérie chauvine que déploie la bourgeoisie pour sa mobilisation guerrière, pour tenter de mobiliser le prolétariat derrière elle. Comme dans toutes les guerres impérialistes.
En dehors des Etats-Unis, la bourgeoisie profite de l'événement pour nous dire que "nous sommes tous des Américains". On cherche à nous persuader qu'exploiteurs et exploités confondus, nous serions face à la même menace, nous aurions le même ennemi, les mêmes intérêts dans la "défense de la liberté et de la démocratie", ces valeurs présentées comme éternelles que la bourgeoisie exhibe à chaque fois qu'il s'agit de convaincre les ouvriers de défendre des intérêts qui ne sont nullement les leurs. En Europe, les gouvernements profitent de la psychose de guerre pour renforcer les efforts déjà en marche pour constituer des "forces de réaction rapide" capables d'agir indépendamment des Etats-Unis. Tout cela va coûter très cher, et cette note aussi, la classe ouvrière va devoir la payer. Comme ils ont profité de la psychose des attentats pour renforcer la militarisation de la société, conditionner -à travers la réactivation du plan "Vigipirate" en France par exemple- les populations à une surveillance et des contrôles policiers permanents tout en renforçant la coopération des polices au-delà des frontières, ce qui demain pourra être utilisé à son tour contre les luttes ouvrières et les organisations révolutionnaires.
Et dans les pays du Tiers-Monde, où la pseudo-"mondialisation" sous visage américain (FMI, etc.) est rendue responsable de la misère engendrée par le capitalisme, on répand l'idée (reprise aussi en substance en France par l'organisation trotskiste "Lutte Ouvrière) que "les Américains" n'ont eu que ce qu'ils méritaient. C'est encore un moyen de saper au sein de la classe ouvrière la conscience de son unité et de son identité de classe au-delà des frontières, de l'entraîner hors de la défense de l'internationalisme prolétarien, principe intangible de la sauvegarde de ses intérêts de classe.
Aujourd'hui, et particulièrement dans le plus puissant des pays capitalistes, les ouvriers sont soumis à la terreur et à la propagande bourgeoise. La peur que leur a inspiré les attentats de New-York et Washington ne fait que renforcer leur sentiment d'impuissance qui est exploité pour leur faire entrer dans la tête qu'ils doivent s'en remettre à leur Etat, ses flics et ses militaires, pour assurer leur sécurité. La colère qu'ils ressentent depuis ces attentats est détournée contre "l'ennemi extérieur", les terroristes et les "Etats-voyous" qui les couvrent. La solidarité qu'ils ont voulu manifester envers leurs frères de classe victimes des massacres est dévoyée en "solidarité nationale" entre exploités et exploiteurs.
Face à ces appels à resserrer les rangs derrière leurs exploiteurs, les prolétaires d'Europe et d'Amérique doivent refuser de se vautrer dans l'hystérie nationaliste et belliciste de la "civilisation" capitaliste. C'est d'abord en refusant de faire cause commune avec la classe bourgeoise et ses gouvernants, leurs véritables ennemis, en refusant de se ranger derrière les drapeaux de l'union sacrée, que les prolétaires du monde entier pourront trouver la force d'affirmer la véritable solidarité envers leurs frères de classe aux Etats-Unis comme dans les autres pays où ils sont victimes du déchaînement de la barbarie guerrière.
Cette solidarité de classe, ce n'est pas la solidarité "humanitaire" organisée sous les auspices des hommes de bonne volonté de la bourgeoisie. C'est celle qui consiste à mener le combat contre le capitalisme, seul responsable des massacres et de la barbarie. Ce système qui sème la mort, c'est aussi celui qui est responsable de l'aggravation de l'exploitation, de la misère, du chômage. C'est justement pour cela que les prolétaires du monde entier ne peuvent développer leurs solidarité avec leurs frères de classe, victimes de la barbarie guerrière qu'en menant le combat sur leur propre terrain de classe exploitée face à l'aggravation d'une crise économique sans issue qui est à l'origine de la misère et du déchaînement des conflits guerriers.
Ce n'est qu'en engageant et en développant le combat contre leurs exploiteurs et contre les attaques que le capitalisme en crise ne cessera de leur porter que les ouvriers seront capables de surmonter leur sentiment d'impuissance, qu'ils pourront identifier clairement leur véritable ennemi, le capitalisme, qu'ils pourront retrouver et faire vivre la seule solidarité qui soit une force pour eux, la solidarité prolétarienne, sur le terrain de classe de la lutte contre l'exploitation et la misère capitalistes. C'est à cette condition seulement que les ouvriers du monde entier, et particulièrement ceux des pays capitalistes les plus développés et les plus puissants, pourront avancer sur le chemin qui conduit au renversement de ce système barbare avant que celui-ci ne détruise l'espèce humaine.
Le prolétariat est la seule force sociale qui, en s'opposant directement
au capitalisme par ses combats de classe, puisse en même temps s'opposer
au déchaînement de la guerre impérialiste :
Dans la situation présente, comme à la veille de la première guerre mondiale, l'alternative historique à laquelle se trouve confrontée la société en ce début du 21e siècle est exactement la même que celle posée par les révolutionnaires du siècle dernier, de Rosa Luxembourg à la 3e Internationale : victoire du socialisme, de la révolution prolétarienne mondiale ou enfoncement définitif du capitalisme dans la barbarie.
Face à la gravité de la situation actuelle marquée par
l'enfoncement de l'humanité dans un chaos de plus en plus sanglant, plus
que jamais, les révolutionnaires doivent unir leurs forces pour faire
entendre la voix internationaliste. Plus que jamais, ils doivent, par leur intervention,
rappeler le prolétariat à ses responsabilités en lui permettant
de faire le lien entre la crise économique et la guerre, entre l'aggravation
de ses conditions d'exploitation et le déchaînement de la barbarie
guerrière.
21 septembre 2001, 10h15 : une explosion d'une violence
inouïe se fait entendre dans toute la ville et jusqu'à des dizaines de
kilomètres à la ronde. Dans le climat d'après New-York, on pense à "des
bombes un peu partout ". En fait, une seule origine : l'explosion d'un
stock de nitrate d'ammonium de l'usine AZF (ex-Onia). Suivie de près par la
montée dans les cieux de la Ville Rose d'un inquiétant nuage plutôt orange dont
on a craint qu'il ne soit toxique.
Il est bien loin le temps où ces catastrophes se
produisaient, presque par définition, dans un Tiers-Monde où les capitalistes
n'avaient que du mépris pour les populations locales, comme ce fut le cas à
Bhopal, en Inde, quand l'usine de la Union Carbide, où aucune mesure de
sécurité n'existait[1] [3],
lâcha sa "brume étrange" en tuant des milliers de personnes. Ce n'est
plus l'URSS et son appareil industriel rouillé, avec son Tchernobyl. En fait,
l'accident de la dioxine de Seveso de 1976, au nord de l'Italie, qu'on pensait
être un "reste" des temps révolus dans une Europe devenue si policée
et protectrice, ne fut que le signe avant-coureur de ce qui nous attendait.
Depuis quelques années, les accidents sanitaires (le sang
contaminé), les intoxications alimentaires massives (vache folle, dioxines),
les accidents des transports des personnes (accidents à répétition dans les
chemins de fer anglais ; Paddington, 1999, 100 morts) ou des marchandises
("marée noire" de l'Erika, où, déjà, Total-Fina était impliquée) se
sont multipliés dans le cœur du capitalisme.
C'est maintenant au cœur d'une grande ville française que la
catastrophe du capitalisme décadent s'est abattue. Tous ces accidents, ces
catastrophes ont un trait commun, qui en est la raison principale : la
dégradation constante des conditions de travail, de la sécurité, la montée
imparable des accidents, et tout cela à cause de l'implacable loi de la
concurrence capitaliste qui rogne sans relâche tout ce qui paraît inutile à la
réalisation d'une plus-value de plus en plus difficile. Maintenant les
"rassureurs" publics vont encore nous jouer le violon des
"nouvelles mesures". En réalité, la catastrophe de Toulouse est un
pas de plus dans l'horreur d'un capitalisme de plus en plus décadent et
destructeur.
Déjà 29 morts et plus de deux mille blessés. Des
prolétaires, de l'usine même ou des entreprises proches. Un élève du lycée
professionnel Gallieni mort, des enfants très gravement blessés dans les
écoles. Des centaines de blessés hospitalisés, dont plusieurs dizaines très
gravement. Des vies brisées, des enfants traumatisés, tous marqués à vie. Des
milliers de personnes sans logement ou avec un logement ravagé qui connaîtront
des conditions précaires pour des mois. Cinq établissements scolaires seront
purement et simplement rasés. Des constructions faites à l'économie. Une
université, récente et déjà vieille et ruinée, reçoit le coup fatal. De la
faculté à la maternelle, des dizaines de milliers de jeunes dont la scolarité
sera lourdement perturbée. Et encore, faudrait-il s'estimer heureux, puisque ce
serait un vrai miracle qu'il n'y ait pas eu propagation de l'explosion aux
autres stocks de nitrates et d'acides du même site, où à la SNPE (Société
Nationale de Poudrerie et Explosifs) toute proche, ou même une pollution
chimique bien plus importante que celle qui a eu lieu. Mais si le bilan n'est
pas de plusieurs milliers de morts, on ne le doit certes pas à la "bonne
volonté " affichée de la Mairie, de l'Etat et de Total-Fina, propriétaire
de l'usine AZF, tous, comme Chirac, Jospin, Douste et Desmarets, obséquieux
représentants du capital, qui tels des vautours flairant l'odeur du sang chaud,
sont accourus sur les lieux du drame pour étaler leur "solidarité"
toute médiatique.
On peut faire de longs débats sur comment explosent les nitrates. Mais ce qui est clair, c'est que le stockage était fait sans le moindre conditionnement. Des granulés en vrac à même le sol, hautement instables, voilà comment était stocké le produit qui a explosé. Un produit "inerte" certes, mais hautement explosif en présence d'autres produits, parfois quelques gouttes d'huile. On sait qu'il y a déjà eu des explosions de ce type. Ainsi, l'histoire du "scénario pas prévu " est un mensonge criminel. Et il reste 1.000 tonnes entreposées dans les mêmes conditions. Sans compter que derrière l'AZF, dans la SNPE (entreprise de poudrerie), était entreposé un gaz de combat (phosgène), variante du gaz moutarde de sinistre mémoire.
Quelle que soit la cause immédiate de l'explosion, loin
d'être un "accident" comme le proclame le procureur de Toulouse,
c'est bel et bien d'un acte criminel qu'il s'agit. Un acte criminel dicté par
la seule logique que connaisse le capitalisme : celui de la productivité à tout
crin, du profit et de l'accumulation. Et il ne s'agit pas seulement de la
responsabilité de Total-Fina, avec qui la bourgeoisie voudrait bien limiter les
dégâts en le présentant comme seul responsable. On a vu ces crapules, en
commençant par le maire de Toulouse qui se donne des airs de Giulani (le maire
de New York), insinuant sans cesse que "c'est la faute à d'autres" et
qu'il "l'avait déjà dit", etc. En fait, qui a signé les autorisations
successives des agrandissements de l'usine, en sachant pertinemment que le
danger devenait de plus en plus grand ? Il s'agit d'une logique que les Chirac,
Douste, Desmarets, Jospin et ses écolos de service essayent de masquer sous des
dehors très vertueux, poussant l'obscénité charitable jusqu'à faire l'obole
chacun de 10 millions de francs. Leur argent pue la mort. Si les intérêts de
leur classe le commandent, tous signeront demain, le sourire aux lèvres,
l'autorisation d'exploitation d'usines tout aussi dangereuses, tout en parlant
"sécurité", "environnement", "ISO 14001",
"directives Seveso" et autres foutaises !
Qui plus est, depuis de longues années, les pouvoirs publics
ont fomenté une urbanisation autour de l'usine, pour loger les ouvriers de la
reconstruction des années 50-70. En effet, ce sont les quartiers parmi les plus
populaires et les plus denses de Toulouse qui ont été touchés. Une urbanisation
menée par le Conseil général de gauche ou par la Mairie de droite. Ainsi, comme
à Enschede (Pays-Bas) en mai 2000[2] [4], aux
prolétaires morts dans l'accident, s'ajoutent les destructions qui ont dévasté
les quartiers ouvriers du sud de Toulouse. Depuis les effondrements d'Empalot
jusqu'aux trous béants du Mirail, c'est tout l'arc d'habitations ouvrières qui
a été en grande partie ravagé. Ils peuvent se pointer ces politicards dans
leurs hélicoptères, la gueule enfarinée, la larme à l'œil, venir pleurnicher et
offrir des millions pour la "reconstruction". C'est, comme toujours,
la classe ouvrière qui paye le prix fort de l'irresponsabilité meurtrière du
capitalisme. Ce n'est pas vraiment un choix que de vivre à proximité de ces
usines dans des quartiers parfois construits avec du toc, passablement pourris,
parfumées aux arômes de l'Onia, comme par exemple, le quartier Empalot
construit sur l'ancienne décharge de Toulouse.
L'Onia (AZF) avait 3.000 emplois dans les années 70. Il y en
a aujourd'hui 450. Et pourtant, la direction de l'usine et la bourgeoisie
régionale ont joué en permanence sur le chantage à l'emploi devant les
inquiétudes de plus en plus fortes face à un tel danger. Plus il y a avait des
extensions et plus on licenciait. Et les économies se sont aussi faites sur la
sécurité, avec tout ce que cela veut dire de perte de vigilance et de
surveillance de la production ou du stockage. Avec la crise de surproduction,
il faut produire au moindre coût. Le choix imposé aux ouvriers est alors :
accepter le danger permanent (jusqu'à une mort atroce) ou le chômage… Un choix
éminemment "démocratique". D'ailleurs, les ouvriers de l'AZF toujours
vivants sont dramatiquement partagés aujourd'hui entre la défense de "l'
honneur" des camarades morts et le fait qu'ils savent parfaitement que la
direction de l'usine a fait des économies, malgré de prétendues surveillances
ultra sophistiquées, sur tout ce qui concerne la sécurité, surtout humaine. Ils
savent très bien dans quelles conditions se faisaient les transports, ils
savent comment était stocké le nitrate sans la moindre surveillance, comment,
dernièrement, face à une accélération des cadences, les conditions de sécurité
se sont encore détériorées. Les ouvriers de l'AZF ont été ulcérés du fait qu'on
ait pu penser à une "mauvaise manipulation" de l'un de leurs
camarades, comme on a voulu le faire croire au début. Aujourd'hui il faut qu'ils
comprennent qu'il ne s'agit pas de leur "honneur", de leur
"savoir-faire", il s'agit de comprendre pour eux et pour le
prolétariat en général, qu'ils sont victimes d'un capitalisme décadent et
criminel.
Les exemples de catastrophes industrielles à répétition ne
manquent pas. Ils sont le signe, non pas de la nécessité de prendre des risques
pour satisfaire des besoins vitaux de l'humanité, mais des risques pris
délibérément au nom de la productivité et de la concurrence. Finalement, tous
ces morts, blessés et mutilés ne pèsent pas plus lourds qu'une ou deux lignes
de la rubrique "pertes et profits" du macabre livre de compte de la
bourgeoisie. Elle y intègre tout aussi facilement les "faux frais"
que représentent les monceaux de directives du style "Seveso", bel
exemple de la façon dont la bourgeoisie tire des "leçons" des
précédentes catastrophes : quelques vagues "informations" pour
prévenir la panique des populations. Quels mensonges ! Dans le cas présent, les
entrepôts n'avaient pas été inspectés, aucune mesure face à la dangerosité
avérée des nitrates, même pas un plan de l'usine disponible, de prétendus
exercices… qui n'ont jamais existé que sur le papier, pour ne pas parler de ces
mesures de confinement, grotesques, quand on n'a plus un carreau debout, quand
vos portes et vos fenêtres sont soufflées. Au milieu de la tragédie, ces
"conseils" de la mairie apparaissaient comme une sinistre moquerie.
Jamais nous ne pourrons nous réfugier derrière des directives, des normes, des inspections de sécurité, instituées par ceux là même qui gèrent la production, de la même façon que les discours de paix de tous les Etats ne sont que des préparatifs pour de nouvelles boucheries militaires. La seule garantie de sécurité pour l'humanité réside dans la constitution d'une communauté internationale véritablement humaine, c'est-à-dire une société où l'homme et son environnement sont le point de départ et d'arrivée de toutes les préoccupations. Pour cela, il faudra d'abord balayer les décombres de cette société pourrie et meurtrière. C'est le programme révolutionnaire de la classe ouvrière. C'est notre programme, notre combat.
RS (25 septembre)[1] [5] En tout et pour tout en termes de "sécurité" : des affiches rédigées en anglais, langue qu'aucun ouvrier indien ne connaissait.
[2] [6] Un entrepôt de feux d'artifice se trouvait en plein milieu d'un quartier ouvrier de cette ville industrielle de l'est de la Hollande : 20 morts, 700 blessés, des centaines de maisons détruites. Malgré les vieilles inquiétudes, l'usine avait un permis en règle.
Prises de position de nos camarades d'Internationalism, section du CCI aux Etats-Unis,
suite aux tragiques événements du 11 septembre.
Aujourd'hui, chacun de par le monde est au courant des événements tragiques qui ont coûté des milliers de vies et causé de terribles destructions à la ville de New York, la soi-disant "capitale du monde", et au Pentagone, quartier général des forces armées américaines à Washington et symbole de la puissance du capitalisme américain. Ces milliers de morts pour rien (la plupart des ouvriers), les destructions matérielles, ce mépris total pour la vie humaine, la folie de ceux qui ont perpétré ces actes les conduisant eux-mêmes vers la mort, tout cela est l'expression de l'impasse d'un système social qui chaque jour entraîne l'humanité dans la spirale sans fin de la barbarie et s'enfonce de plus en plus dans la décomposition. Jamais auparavant la population américaine n'avait fait l'expérience d'une catastrophe de cette importance, provoquée par des hommes, sur son propre territoire. La guerre et la destruction, c'était toujours pour les "autres", spécialement quand l'impérialisme américain était responsable de la destruction de pays et de leurs populations.
C'est pourquoi, à la suite de ces événements, il règne parmi la classe ouvrière américaine et la population dans son ensemble, un véritable sentiment de terreur, d'impuissance et de désespoir, mêlé à un sentiment de solidarité envers les victimes directes de ces événements barbares. Cependant, l'ambiance qui domine de plus en plus la société aujourd'hui, c'est la manipulation par la classe dominante de la situation créée par cette tragédie, pour réactiver la haine et le patriotisme, pour inciter aux sentiments nationalistes les plus vils, dans le but d'unir les citoyens derrière l'Etat, et donc de faire en sorte que la population accepte la militarisation de la société et les sacrifices requis par les aventures impérialistes américaines dans le monde.
Il ne fait aucun doute que la classe dominante remporte un succès immédiat en tournant cette tragédie à son avantage. La xénophobie la plus écoeurante et les attitudes vengeresses et sanguinaires ont été exprimées par tous les secteurs de la population. Le sentiment d'unité nationale, l'identification de la population avec l'Etat, n'ont jamais été si importants au cours de cette génération. Il y a un grand danger d'accélération et d'escalade dans toutes ces expressions de la barbarie sociale. Dans ce contexte, la classe ouvrière -seule force sociale capable de mettre fin à la folie du capitalisme mondial- doit faire face aujourd'hui à d'énormes responsabilités. Il lui faut comprendre la situation actuelle à partir de sa propre perspective de classe.
Les révolutionnaires ont toujours condamné le terrorisme comme
étranger aux méthodes de lutte de la classe ouvrière contre
le capitalisme. Ils ont toujours dénoncé le terrorisme -quand
il n'est pas lui-même le produit de la manipulation des hauts dirigeants
de l'appareil d'Etat- comme étant au mieux un acte de désespoir
de couches de la société sans avenir, qui n'ont rien de positif
à offrir à la société dans son ensemble, et à
la classe ouvrière en particulier. En dernière analyse, les actes
terroristes ne font que renforcer l'Etat, spécialement son contrôle
sur la société et son appareil répressif, ce que les actes
terroristes étaient supposés attaquer en premier lieu.
Les actions terroristes ont toujours été utilisées par
la classe dominante pour renforcer sa domination sur la société.
D'une part, l'Etat accentue inévitablement sa répression sous
prétexte de lutter contre le terrorisme, entraînant alors une militarisation
de la société, caractéristique du capitalisme décadent.
D'autre part, au niveau idéologique, l'Etat utilise la peur, l'angoisse
et la terreur causées par l'action terroriste comme moyen de rallier
la population autour de la défense de l'Etat national, en s'appuyant
lourdement sur ses "mass media" dans ce but.
Ces vieilles leçons sont confirmées par les récents événements.
Qui tire bénéfice de ce récent carnage, sinon l'Etat américain
?
Dans sa course à la guerre, la classe dominante veut se poser en représentant de la civilisation contre la barbarie, comme une nation pacifique, mue par les plus beaux principes de "démocratie", de "liberté", et autres merveilles du capitalisme. En même temps, elle veut que sa population, et en particulier la classe ouvrière qui va payer de sa personne les sacrifices imposés par la guerre, voit l'"ennemi" comme étant des barbares poussés par le "mal", le "fanatisme" et la folie. La classe ouvrière n'a rien à gagner à choisir un camp contre l'autre. Le capitalisme est mal placé pour se poser en personnification de la civilisation, surtout pas après avoir, pendant un siècle, plongé l'humanité dans des massacres et des destructions en masse, incluant deux guerres mondiales et de nombreux conflits qui ont coûté la vie à plus de cent millions de personnes, et provoqué l'accélération de la décomposition de la société ainsi que la destruction de l'environnement.
En vérité, c'est le capitalisme lui-même qui nourrit et manipule le terrorisme. Il n'y a pas de différence de nature entre, d'un côté les destructions et les morts causées par les actions terroristes des groupes et des Etats islamistes ou de l'IRA en Irlande, et d'un autre côté les destructions rayant des pays entiers de la carte, commises par les démocraties civilisées. Elles sont toutes les deux l'évidence que le capitalisme conduit le monde vers une impasse. De ce point de vue, la tragédie de New York et de Washington, touchant deux endroits situés au centre même du système capitaliste mondial, à qui jusqu'à présent avaient été épargnés les pires effets de la décomposition du capitalisme, signifie en réalité que nous nous enfonçons encore plus profondément dans la spirale de la barbarie capitaliste. A partir de maintenant, il n'y aura plus de "havre protégé", les centres mêmes du capitalisme vont faire l'expérience du chaos et de la folie qui, depuis des décennies, apportent la souffrance aux pays de la périphérie.
L'hypocrisie des démocraties "anti-terroristes" assoiffées de sang, qui en ce moment se préparent à la guerre contre l'Afghanistan, pays frappé par la plus extrême pauvreté, sous le prétexte qu'il abrite Oussama Ben Laden et ses partisans, se révèle par le fait que c'est l'impérialisme américain à travers la CIA, qui a entraîné et financé Ben Laden et les Talibans pour les faire se battre à sa place contre l'impérialisme russe en Afghanistan dans les années 1970-80. Inévitablement, les vraies victimes de cette guerre contre le terrorisme ne seront pas les terroristes eux-mêmes, mais les milliers de paysans innocents et de miséreux dont les morts ne seront considérés que comme "dommages collatéraux". Ces morts, causés par l'impérialisme occidental, ne serviront qu'à justifier plus de terrorisme dans les métropoles, ce qui accélérera encore plus la chute de l'humanité dans la barbarie, sous les auspices du capitalisme mondial.
Les ouvriers du monde entier n'ont ni Etat ni pays à défendre. Contre les cris de guerre de nos exploiteurs, contre leurs tentatives sordides de dénaturer les tendances naturelles vers la solidarité humaine en un nationalisme le plus chauvin et le plus méprisable, notre seul intérêt est de faire revivre la guerre de classe contre l'exploitation et de mettre enfin un terme à cette prétendue "civilisation capitaliste" qui entraîne l'humanité vers la barbarie et sa propre destruction.
Internationalism, organe du CCI aux Etats-Unis (16 septembre)
Le terrible bain de sang du 11 septembre à New-York n'est pas un coup de main inattendu du "fanatisme islamique" surgissant tel l'éclair dans un ciel d'azur. C'est au contraire un nouveau maillon, qualitativement plus grave, de la longue chaîne des guerres, des actes de destruction, du développement du militarisme et des armements, qui ravagent le monde.
Il y a dix ans, le père de l'actuel président américain promettait un "nouvel ordre mondial". L'effondrement de ce que son prédécesseur, Ronald Reagan, avait appelé "l'Empire du Mal", amènerait avec lui le triomphe de la "démocratie" et du capitalisme "libéral", et cela devait permettre une société dont les facteurs de conflit disparaîtraient progressivement et dans laquelle toutes les nations respecteraient le Droit, la Loi et la Justice, avec des majuscules.
Dès que sont apparues les premières convulsions graves de l'ancien bloc soviétique, nous avons annoncé que la perspective serait tout le contraire. "Loin de signifier la paix, l'implosion des blocs issus de Yalta est porteuse, comme la décomposition du système capitaliste qui en est à l'origine, de toujours plus de tensions et de conflits. Les appétits de sous-impérialismes, jusque là déterminés surtout par la division mondiale entre deux camps principaux, que les têtes de blocs ne dominent plus aujourd'hui comme auparavant, vont se développer" ("Présentation des thèses sur la crise économique et politique en URSS et dans les pays de l'Est [12]", Revue Internationale n° 60). Nous n'allions pas vers un "nouvel ordre mondial", mais vers un "monde de désordre meurtrier, de chaos sanglant dans lequel le gendarme américain tentera de faire régner un minimum d'ordre par l'emploi de plus en plus massif et brutal de sa puissance militaire" ("Militarisme et décomposition [13]", Revue Internationale n° 64).
La guerre du Golfe en 1991 a été le premier épisode, puis il y a eu la Yougoslavie, le Moyen-Orient, le Rwanda, la Somalie, le Soudan, la Sierra Leone, le Congo, l'Algérie, l'Angola, l'Afghanistan, le Timor, la Tchétchénie, la Colombie, la Birmanie, le Cachemire... Cette succession de convulsions violentes fait partie de la dynamique qui a conduit à cet attentat terrible sur les Twin Towers : une explosion, sans précédent dans l'histoire, des appétits impérialistes de chaque Etat, petit ou grand (contenus pendant de nombreuses années par la discipline de fer des blocs mais violemment aiguisés par l'aggravation de la crise économique) a déterminé dix ans d'affrontements chaotiques, sans ordre ni concertation, sans perspective ni stratégie ; une explosion qui, si le prolétariat mondial ne réagit pas, finira par déboucher sur la destruction de l'humanité.
Pourquoi cette dynamique ? N'y aurait-il pas un point d'équilibre possible qui permettrait de canaliser les tensions en leur donnant un cadre de négociation ? Les différentes fractions de la classe dominante prêchent évidemment cette idée. Le discours officiel des gouvernants occidentaux nous dit que les grandes puissances "démocratiques" s'évertuent à établir des règles justes permettant un "nouvel ordre mondial", mais que cet effort louable est torpillé par toutes sortes de forces obscures : les dictateurs du genre Saddam Hussein ou Milosevic, le terrorisme international qui possède de terribles armes secrètes, les Etats "voyous" (Corée du Nord, Afghanistan, Libye, etc.). Et pour atteindre avec succès ce "nouveau monde" tant de fois promis, il faudrait se mobiliser dans les croisades guerrières contre ces "nouvelles menaces", contre ces "nouvelles formes de guerre".
Pas moins inconsistantes, mais plus insidieuses, sont les explications données par les partis de gauche de la bourgeoisie. Bien sûr, elles considèrent comme nécessaire de "combattre le terrorisme" et les "nouvelles formes de guerre" et sont, de loin, les plus enthousiastes pour la mobilisation guerrière mais, en même temps, elles ajoutent leur grain de sel "critique" en revendiquant de mettre un terme aux "excès" du "néolibéralisme" et de la "mondialisation" qui empêcheraient un ordre "plus juste".
Enfin, malgré leurs propositions incendiaires, les fractions qui soutiennent les Etats "voyous" et le "terrorisme international" tiennent un discours pas moins répugnant que celui de leurs opposants "civilisés" : elles justifient des actes comme l'attaque sur le World Trade Center comme un "assaut des peuples opprimés contre l'impérialisme" et se réjouissent de façon revancharde que les souffrances que subissent les masses palestiniennes et arabes soient infligées aux populations des métropoles opulentes.
Tous ces courants politiques sont l'expression, dans leurs différentes fractions, du système capitaliste qui conduit l'humanité à la barbarie. Leurs diverses allégations stupides non seulement n'expliquent rien mais visent en plus à enchaîner le prolétariat et la majorité de la population au joug du capitalisme et de l'impérialisme, en rivalisant dans l'excitation des plus bas instincts, de la haine, de la vengeance et du massacre.
Seule la méthode historique du marxisme, comme expression la plus avancée de la conscience de classe du prolétariat, peut donner une explication cohérente du désordre meurtrier qui règne dans le monde et mettre en avant la seule solution possible : la destruction du capitalisme dans tous les pays.
En 1989, face à l'effondrement du stalinisme et plus globalement du bloc impérialiste organisé autour de la Russie, nous avions mis en évidence que ces événements signaient l'entrée du capitalisme dans une nouvelle phase, ultime et terminale, de sa décadence : la phase de la décomposition.
Dans le texte "La décomposition, phase ultime de la décadence capitaliste [14]", que nous avons publié dans la Revue Internationale n° 62, nous avons situé sa racine dans une caractéristique inédite de la période historique ouverte en 1968 : d'une part, le prolétariat a repris ses luttes de classe mais à aucun moment celles-ci n'ont réussi à dépasser un niveau simplement défensif. Cela a empêché la bourgeoisie d'imposer sa réponse, la guerre impérialiste généralisée, à la crise sans issue de son système. Et cela a plongé la société mondiale dans un bourbier : "Alors que les contradictions du capitalisme en crise ne font que s'aggraver, l'incapacité de la bourgeoisie à offrir la moindre perspective pour l'ensemble de la société et l'incapacité du prolétariat à affirmer ouvertement la sienne dans l'immédiat ne peuvent que déboucher sur un phénomène de décomposition généralisée, de pourrissement sur pied de la société".
Ce bourbier a marqué profondément l'évolution du capitalisme dans tous les aspects de son existence : "Dans la mesure où les contradictions et les manifestations de la décadence du capitalisme qui, successivement, marquent les différents moments de cette décadence, ne disparaissent pas avec le temps mais se maintiennent, et même s'approfondissent, la phase de décomposition apparaît comme celle résultant de l'accumulation de toutes ces caractéristiques d'un système moribond, celle qui parachève et chapeaute trois-quarts de siècle d'agonie d'un mode de production condamné par l'histoire." (Ibid.)
Sur le plan de l'évolution des conflits impérialistes, la scène mondiale est dominée par une série d'éléments particulièrement graves et destructeurs :
Tout cela a aggravé le chaos dans les conflits impérialistes car, comme nous l'affirmons dans la Résolution sur la situation internationale de notre 14e Congrès, en mai 2001 "La caractéristique des guerres dans la phase actuelle de la décomposition du capitalisme est qu'elles ne sont pas moins impérialistes que les guerres dans les précédentes phases de sa décadence, mais elles sont devenues plus étendues, plus incontrôlables et plus difficiles à arrêter même temporairement". (Revue Internationale n° 106)
Les Etats-Unis sont les grands perdants de cette situation. Leurs intérêts nationaux s'identifient avec le maintien d'un ordre mondial construit à leur propre avantage. Cependant l'évolution du capitalisme en décomposition démolit tous les piliers qui permettent à cet ordre de se maintenir :
Face à ce conglomérat sanglant d'influences croisées, de forces qui tirent dans tous les sens, les Etats-Unis, le "shérif" mondial, se voient obligés de continuer et de répéter des coups de force, d'authentiques coups de poing sur la table, comme nous l'avons vu dans le Golfe ou au Kosovo. Ces exhibitions de leur puissance militaire époustouflante obligent leurs rivaux à baisser la tête et à s'aligner sur le grand caïd. Cependant, quand cesse l'effet d'intimidation, tous reviennent à leurs agissements antérieurs.
Il est difficile de déterminer avec exactitude qui est derrière l'attaque sanglante du 11 septembre. Ce qui est certain cependant, c'est qu'immédiatement, avec des milliers de cadavres encore chauds, l'Etat américain, à l'unanimité de toutes ses fractions, a fait entendre bruyamment ses tambours de guerre. Profitant du terrible impact émotionnel que le massacre a provoqué dans la population américaine, il a entraîné celle-ci dans une violente hystérie patriotique, dans une mobilisation guerrière sans précédent.
Simultanément, les pays de l'OTAN ont tenu à se montrer fermes et, non seulement cela, mais ils ont dû avaler la couleuvre d'appuyer solennellement l'article 5 du traité qui oblige à la "solidarité" avec tout pays membre qui est attaqué. Les Etats-Unis l'ont dit clairement par la bouche d'un diplomate de haut rang : "celui qui ne rejoint pas la coalition sera considéré comme un ennemi".
Mais il y a une différence notable entre le nouveau déploiement militaire que les Etats-Unis préparent actuellement et celui qu'ils ont réalisé dans le Golfe en 1991. Lors de l'opération "Tempête du désert", il s'agissait fondamentalement d'une démonstration de force alors qu'aujourd'hui, comme l'a précisé Bush : "il ne s'agit pas d'une vengeance, ni d'une réaction symbolique mais de gagner une guerre contre les comportements barbares. "C'est pour cela qu'il a affirmé lors de sa harangue télévisée: "On vous demandera de la patience parce que le conflit ne sera pas bref. On vous demandera de la ténacité parce que le conflit ne sera pas facile. On vous demandera toute votre force parce que le chemin de la victoire sera long".
Ce qui se profile pour les prochaines semaines, c'est une campagne militaire d'envergure qui va impliquer plusieurs théâtres d'opérations. Le choix de l'Afghanistan comme première cible n'est pas un hasard et n'a rien à voir avec Ben Laden. Ce pays a une importance stratégique fondamentale. Il est situé au carrefour entre la Russie, la Chine, l'Inde et, pour ce qui le concerne, ses immenses montagnes sont comme un observatoire et une plate-forme de pression sur le Proche-Orient -Palestine et Israël, Emirats Arabes, Arabie, etc.- qui est un noeud crucial pour le contrôle de l'Europe. Les Etats-Unis, en même temps qu'ils obligent tous les Etats et particulièrement leurs anciens alliés à se rallier à leurs objectifs, cherchent des positions plus stables et solides qui leur permettent un contrôle bien plus grand de la scène mondiale.
L'aggravation de la situation impérialiste mondiale a connu une accélération considérable et particulièrement dramatique :
Le pas qualitatif dans les conflits impérialistes est plus qu'évident. Nous ne sommes pas à la veille d'une troisième guerre mondiale comme l'ont crié certaines proclamations alarmistes. Cependant, cela n'est en rien une consolation car ce que confirment dramatiquement les événements est la tendance que prend la guerre dans la période de décomposition du capitalisme.
Une tendance qui peut conduire à la destruction de l'humanité si le prolétariat ne parvient pas à renverser le capitalisme avant qu'il n'anéantisse la planète.
RI
Links
[1] https://fr.internationalism.org/ri316/decomposition_capitalisme.htm
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/prises-position-du-cci
[3] https://fr.internationalism.org/ri316/catastrophe_AZF.htm#_ftn1
[4] https://fr.internationalism.org/ri316/catastrophe_AZF.htm#_ftn2
[5] https://fr.internationalism.org/ri316/catastrophe_AZF.htm#_ftnref1
[6] https://fr.internationalism.org/ri316/catastrophe_AZF.htm#_ftnref2
[7] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/36/france
[8] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/situation-sociale-france
[9] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/50/etats-unis
[10] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/11-septembre-2001
[11] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/terrorisme
[12] https://fr.internationalism.org/rinte60/edito.htm
[13] https://fr.internationalism.org/rinte64/decompo.htm
[14] https://fr.internationalism.org/french/rint/107_decomposition.htm
[15] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/decomposition