La vie des groupes révolutionnaires, leurs discussions et leurs désaccords font partie du processus de prise de conscience qui se développe au sein de la classe ouvrière ; c'est pourquoi, nous sommes radicalement contre toute politique de "discussions cachées" ou d'"accords secrets". Nous publions donc notre point de vue sur ce qu'a été la rencontre internationale qui s'est déroulée à Milan, les 31 avril et 1er mai, à l'initiative du PCI ("Battaglia Commista"). Avant tout, il est nécessaire de clarifier dans quel cadre s'inscrit une telle initiative et pourquoi nous y avons participé. Nous estimons que dans le contexte de confusion politique actuelle et de faiblesse des forces révolutionnaires, il est très important d'insister sur la nécessité du regroupement des révolutionnaires.
La reprise historique des luttes de la classe ouvrière a provoqué le resurgissement de courants révolutionnaires que la plus profonde contre-révolution de l'histoire du mouvement ouvrier avait pratiquement anéantis. Ce resurgissement se manifeste de manière encore dispersée, confuse ou hésitante, ce qui met à l'ordre du jour pour les tâches des communistes, un effort de clarification des positions politiques et un effort de regroupement, deux tâches indissociablement liées. Indissociables parce que, comme l'a montré la Gauche Italienne entre les deux guerres, il n'y a de regroupement possible pour les communistes que sur la base de la plus grande clarté programmatique. Cela dit, nous nous sentons le droit de souligner l'énorme responsabilité face à la classe de certains groupes qui, pour des divergences secondaires, rejettent la discussion et refusent d'unir leurs efforts aux notre, démontrant par là qu'ils ne sont pas capables de dépasser la vision petite-bourgeoise qui consiste à vouloir préserver "son" idée et "son" groupe et à ne pas se concevoir comme partie et produit de la classe. En fait, il devrait être clair qu'à l'image de l'ensemble de la classe, les révolutionnaires doivent tendre aujourd'hui à se regrouper et à centraliser leurs forces au niveau national et international, ce qui signifie rompre l'isolement, contribuer à l'évolution d'autres groupes et ceci à travers un débat clair et une critique constante de sa propre activité.
Quand le CCI n'était constitué que d'un ou deux groupes, il a toujours agi dans ce sens, comprenant qu'on ne peut laisser au hasard la confrontation et les discussions, mais qu'on doit les rechercher et les organiser.
Si le CCI souligne la nécessité fondamentale du travail de regroupement, il met en garde aussi contre toute précipitation. Il faut exclure tout regroupement sur des bases sentimentales et insister sur l'indispensable cohérence des positions programmatiques comme condition première du regroupement.
La contre-révolution, dont nous commençons à sortir, a pesé terriblement sur les organisations de la classe. Les fractions qui étaient sorties de la IIIème Internationale ont résisté de plus en plus difficilement à sa dégénérescence : la majeure partie d'entre elles a disparu et celles qui ont résisté ont du subir un processus de sclérose qui les a fait régresser. L'effort indispensable de clarification passe aujourd'hui :
Si d'un côté le CCI rejette la précipitation dans tout processus de regroupement, d'un autre côté, il dénonce le sectarisme qui amène à trouver des prétextes multiples pour ne pas engager ou poursuivre la discussion entre groupes communistes ; malheureusement, ce sectarisme anime aujourd'hui un certain nombre de groupes révolutionnaires qui ne comprennent pas la nécessité de la formation d'un courant communiste solide que la reprise prolétarienne rend indispensable.
On comprend, vu ce qui a été dit avant, l'importance que le CCI a attaché à une telle rencontre. Mais c'est justement la réflexion sur les faiblesses du mouvement ouvrier dans le passé (les hésitations des communistes, la formation tardive de l'Internationale et les difficultés bien connues qui ont suivi sa formation) qui nous permet de comprendre que l'organisation de l'avant-garde du prolétariat doit se former avant l'affrontement décisif et directement centralisée au niveau mondial.
Cette difficulté s'est illustrée dans l'exemple concret suivant : malheureusement, aucun des autres groupes invités ne s'est présenté à la conférence. Certains groupes ont donné leur accord de principe pour participer à la rencontre mais n'ont pas pu venir pour diverses raisons :
Dès le début de la rencontre, nous avons fait une déclaration pour regretter l'absence des autres groupes et faire valoir les limites de cette conférence :
Dans de telles conditions, cette rencontre ne pouvait être considérée que comme une simple réunion de confrontation des positions entre "Battaglia" et le CCI. Les débats ont porté sur les points suivants :
Comme bilan de ces deux jours de discussions animées mais fraternelles, nous pouvons dire qu'il ne s'est pas agi d'un "dialogue de sourds',' ni d'une "rencontre sentimentale" sans principes, mais du début d'une confrontation que nous espérons sincèrement voir se poursuivre entre tous les groupes qui restent encore sur les bases révolutionnaires du communisme. Comme issue concrète et afin de porter les discussions parmi les autres groupes révolutionnaires et dans la classe toute entière, la rencontre a décidé la publication d'un bulletin contenant les textes présentés et une synthèse des interventions, bulletin que les camarades de "Battaglia" ont pris en charge de publier au plus vite. En conclusion nous pouvons dire que, si d'un commun accord nous avons jugé tout à fait prématuré la formation d'un quelconque "comité de coordination", nous considérons que cette conférence a représenté un pas positif, le début d'un processus que nous espérons voir se développer toujours plus.