Le CCI a pris la décision d'interdire la présence à ses réunions publiques et à ses permanences des membres de la prétendue "Fraction interne" du CCI (FICCI) 1. C'est la première fois que notre organisation prend une décision de ce type et il est nécessaire qu'elle en fasse connaître publiquement les raisons face aux éléments et groupes du milieu politique prolétarien de même que devant l'ensemble de la classe ouvrière.
Cette décision fait suite à l'exclusion de ces mêmes membres de la FICCI lors de notre XVe congrès, au printemps 2003 2 et résulte des motifs de cette exclusion : l'adoption par ces éléments d'une politique de mouchardage contre notre organisation.
Pour que les choses soient bien claires : ce n'est pas en soi parce que ces éléments ont été exclus du CCI qu'il ne peuvent pas participer à ses réunions publiques. Si le CCI était conduit à exclure un de ses membres à cause, par exemple, d'un mode de vie incompatible avec l'appartenance à une organisation communiste (comme la toxicomanie), il ne l'empêcherait pas ensuite de venir à ses réunions publiques.
C'est bien parce que ces éléments ont décidé de se comporter comme des mouchards que nous ne pouvons tolérer leur présence à celles-ci. Cette décision du CCI s'applique à tout individu qui se consacre à rendre publiques des informations pouvant faciliter le travail des services de répression de l'Etat bourgeois.
Notre décision n'a rien d'exceptionnel dans l'histoire des organisations du mouvement ouvrier. Celles-ci ont toujours eu comme principe d'écarter les mouchards pour préserver la sécurité des organisations révolutionnaires et de leurs militants 3.
Bien que nous ayons déjà traité de la question dans les colonnes de notre presse (voir RI n°330 : "Les méthodes policières de la FICCI"), nous ne pouvons faire l'économie d'un bref rappel des faits qui ont déterminé le 15e Congrès à exclure les membres de cette prétendue "Fraction" :
1° La publication sur Internet de la date d'une conférence de la section du CCI au Mexique (dans le n°14 du "Bulletin" de la "Fraction"), une semaine avant la tenue de cette conférence. Cela signifiait que toutes les polices du monde pouvaient renforcer et cibler leurs contrôles et leur surveillance dans les aéroports et aux frontières (puisque notre presse a toujours signalé que des délégations internationales participaient à ce type de conférences). De plus, les membres de la FICCI savaient pertinemment que certains de nos camarades ont déjà, dans le passé, été directement victimes de la répression et que certains ont été contraints de fuir leur pays d'origine.
Face à notre dénonciation de leur comportement, les membres de la "Fraction" ont répondu que la publication était intervenue le même jour que la tenue de notre conférence et qu'il n'y avait pas là de quoi "fouetter un chat". Cette réponse est un mensonge éhonté qui peut être vérifié par n'importe qui sur le site Web de la "Fraction". Le n°14 de son bulletin est daté du 24 novembre 2002, c'est-à-dire 6 jours avant la date prévue de notre réunion interne. Le CCI lui-même a eu connaissance de cette publication le 26 novembre et il s'est alors interrogé sur l'opportunité d'envoyer certains de ses délégués à cette conférence 4.
2° La publication des véritables initiales d'un de nos militants, attachées à son pseudonyme actuel. La "Fraction" ne pouvant nier les faits, a cherché à esquiver l'accusation : "Rappelons simplement ici que les initiales C.G. ont signé de nombreux articles dans Révolution internationale et dans la Revue internationale tout au long des années 1970. C'est sous les initiales de C.G. que le militant Peter d'aujourd'hui, est largement connu dans le camp prolétarien." (Bulletin de la FICCI n° 18) Que signifie la dernière phrase ? Que la FICCI voulait que les groupes du milieu politique prolétarien sachent bien QUI était ce Peter dont ses textes parlent en long, en large et en travers. On peut déjà se demander en quoi cette information permet à ces groupes de mieux comprendre les questions politiques qui sont posées. Mais même en supposant que ce soit le cas, la FICCI savait parfaitement que, de tous ces groupes, seul le BIPR connaissait C.G., ce même BIPR qui avait déjà été informé depuis sept mois de la véritable identité de Peter lors d'une réunion avec la FICCI (Cf. Bulletin de la FICCI n° 9). Pour ce qui concerne les autres groupes révolutionnaires (tel le PCI), contrairement à la police, ils ne savent tout simplement pas qui est C.G. Quant au fait que dans les années 70 de nombreux articles étaient signés C.G., c'est tout fait vrai, mais pourquoi ces initiales ont-elles disparu depuis plus de 20 ans de notre presse ? Les membres de la FICCI le savent parfaitement : parce que le CCI avait jugé que c'était faciliter le travail de la police que de publier les vraies initiales d'un militant. Si effectivement la FICCI avait estimé indispensable sur le plan politique de signaler comment le militant Peter signait ses articles, elle aurait pu indiquer ses signatures les plus récentes et non la plus ancienne. Mais ce n'était pas là son objectif : ce qu'il fallait, c'était "balancer" C.G. afin que les autres militants du CCI en prennent de la graine et sachent ce qu'il en coûtait que de combattre la FICCI. Les arguments filandreux de celle-ci pour tenter de justifier son forfait ne font que mettre en relief la mentalité de mouchards et de maîtres chanteurs qui s'empare de plus en plus de ses membres.
Au vu de ses bulletins, les ragots et les mouchardages sur le CCI et ses militants sont un des principaux fonds de commerce de la "Fraction" :
- dans le n°13 de son bulletin, on peut lire que le CCI a loué une "salle luxueuse" pour une réunion publique ;
- dans le n°18, nous trouvons un rapport détaillé sur une réunion publique du PCI-Le Prolétaire, où sont détaillés tous les faits et gestes de "Peter alias C.G.".
- dans le n°19, on revient à la charge sur Peter "qui diffusait seul" dans telle ou telle manifestation et on soulève une question "hautement politique" : "Enfin, et vous comprendrez que nous posions aussi cette question : où est Louise ? Absente des manifestations, absente des réunions publiques, est-elle de nouveau 'malade' ?".
En fait, la principale préoccupation des membres de la FICCI lors de leur participation aux manifestations et aux réunions publiques du CCI est de savoir QUI est absent, QUI est présent, QUI fait quoi et QUI dit quoi afin de pouvoir par la suite faire état publiquement de tous les faits et gestes de nos militants. C'est un travail digne des agents des Renseignements généraux ! Nous ne pouvons pas interdire aux membres de la FICCI de sillonner les manifestations de rue pour nous surveiller. En revanche, nous pouvons les empêcher de faire leur sale besogne de flicage dans nos réunions publiques. A ces dernières, ils n'ont pas la possibilité de s'exprimer depuis que nous avons exigé comme condition à leur prise parole qu'ils nous restituent d'abord l'argent volé au CCI. La seule raison motivant leur présence est la surveillance de type policier et le racolage des éléments intéressés par nos positions.
Une des illustrations les plus évidentes et irréfutables de la démarche policière de la FICCI nous la trouvons dans le texte "Une ultime mise au point" publié dans le n°14 de son bulletin où l'on peut lire : "Il faut d'abord savoir que ce texte [notre article "Le Parti communiste international à la remorque de la 'fraction' interne du CCI" publié dans RI 328] est de la main de CG, alias Peter, ce que prouve le style" (souligné par nous). Dans sa célèbre brochure "Ce que tout révolutionnaire devrait savoir sur la répression", Victor Serge conseille aux militants communistes de "Ne jamais oublier le : 'donnez-moi trois lignes de l'écriture d'un homme et je vous le ferai pendre', expression d'un axiome familier de toutes les polices." Aujourd'hui, alors que la plupart des textes sont directement saisis sur clavier, l'analyse du "style" d'un document constitue pour la police le meilleur moyen d'en identifier l'auteur et la FICCI lui apporte clairement ses bons et loyaux services.
Il faut préciser que nous n'avons pas de raison de penser que les membres de la "Fraction" sont payés par la police, à la ligne en quelque sorte, ni même qu'ils seraient "tenus" par elle. Mais en quoi le fait de moucharder gratis et de son plein gré pour ses raisons propres enlève quoi que ce soit de la gravité de l'acte?
Certains nous diront, peut-être, que toutes ces informations ne peuvent être d'aucune aide à la police. C'est ne rien comprendre aux méthodes de cette dernière, qui met à profit le moindre indice afin de maintenir à jour un organigramme complet des organisations de la classe ouvrière. Les procédés de la police sont très bien décrit par Victor Serge dans son étude de l'Okhrana russe. 5 Pouvons-nous sérieusement imaginer que les Etats modernes sont moins au point en la matière que leur prédécesseur tsariste?
Il y en aura peut-être aussi pour nous dire que cette interdiction pour les membres de la FICCI ne sert à rien, puisque la police peut toujours envoyer un inconnu se renseigner dans nos réunions publiques. Cela est évidemment parfaitement vrai. Mais est-ce que ça veut dire pour autant que nous devons laisser faire lorsque des gens qui ont déjà démontré qu'ils sont prêts à publier n'importe quoi, qui ont déjà déclaré qu'ils ne se sentent tenus par aucune loyauté envers le CCI ni envers ses militants dont ils ont une connaissance détaillée, viennent dans nos réunions en remplissant leur calepins de copieuses notes? Est-ce que, en somme, nous devrions laisser venir des mouchards ouverts et avérés sous prétexte que nous ne pouvons pas détecter les mouchards cachés?
On pourrait nous objecter que les organes spéciaux de l'État bourgeois n'ont rien à faire des activités d'une toute petite organisation comme la nôtre. Toute l'histoire du mouvement ouvrier atteste que les services spécialisés de l'État bourgeois ne sous estiment jamais le danger potentiel que représentent les groupes révolutionnaires, aussi réduite que soit, à un moment donné, leur taille ou leur influence sur la classe ouvrière. D'ailleurs, malgré le fait que pour le moment l'État "démocratique" n'exerce pas en général la répression ouverte contre les groupes de la Gauche communiste, ces derniers ont déjà eu à subir des actions de répression (comme les perquisitions qui ont frappé le Parti Communiste International dans les années 1970). Le CCI lui-même n'a pas été épargné puisque certains de nos militants, y compris dans les pays les plus "démocratiques", ont fait l'objet de perquisitions, de gardes à vue, d'interrogatoires prolongés à des postes de frontière, de surveillances policières ostensibles en vue d'intimidation, d'actions de commando d'éléments armés probablement de mèche avec l'Etat. Tout cela, les membres de la "FICCI" le savaient parfaitement.
Une des grandes faiblesses des organisations révolutionnaires, et de leurs militants, aujourd'hui, c'est l'oubli de toutes ces mesures élémentaires de sécurité qui avaient permis aux organisations révolutionnaires du passé de maintenir leur activité et de faire face à la répression de l'Etat bourgeois qu'il soit démocratique ou "totalitaire". Aujourd'hui comme hier, les organisations révolutionnaires se doivent d'appliquer quelques règles élémentaires "d'hygiène politique" si on peut dire. Et l'une de ces règles consiste justement à chasser les mouchards de leurs lieux de réunion..
Le CCI (30 août)
1 Il s'agit des éléments suivants : Aglaé, Alberto, Jonas, Juan, Leonardo, Olivier, Sergio, Vicente et éventuellement d'autres membres de la FICCI qui auraient adhéré récemment et qui soutiennent les comportements des précédents.
2 Voir à ce sujet nos articles "XVe Congrès du CCI, Renforcer l'organisation face aux enjeux de la période" dans la Revue internationale n° 114 et "Les méthodes policières de la FICCI" dans Révolution internationale n° 330.
3 Voir à ce propos notre article "Le combat des organisations révolutionnaires contre la provocation et la calomnie", RI n° 321.
4 Avant le Congrès qui a prononcé l'exclusion des membres de la "Fraction", nous avons écrit deux fois à chacun de ces anciens militants, leur demandant s'ils assumaient personnellement la publication de cette information, où s'il s'agissait d'une action avec laquelle ils n'étaient pas d'accord à titre individuel. Ils avaient donc largement la possibilité de revenir dessus. Comme on peut le constater dans leurs lettres de réponse, publiées sur leur site Web, nous n'avons reçu aucune réponse à cette question pourtant précise. Ce n'est qu'après le Congrès que nous pouvons lire que "c'est de bonne grâce que nous [la fraction] reconnaissons que nous aurions dû être plus attentifs en reproduisant votre lettre et en supprimer ce passage". Là aussi, c'est de l'hypocrisie pure : pour être publiée en français sur Internet, notre lettre a dû être traduite de l'espagnol. La "Fraction" a-t-elle fait cela en dormant ?
5 "Ce que tout révolutionnaire devrait savoir sur la répression"