Au poison nationaliste, opposons l’internationalisme prolétarien !

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La petite phrase de Montebourg sur l’Allemagne qui mènerait une politique “à la Bismarck” “pour imposer sa domination”, a fait couler pas mal d’encre et de pixels dans le monde des médias et des partis de tous poils. Chacun s’est renvoyé la balle de la “germanophobie”, Sarkozy surfant sur ce thème pour tacler une gauche qui n’a pas manqué de rappeler les propos de Sarkozy en 2007 déclarant, entre autres allusions anti-allemandes, que ce n’était pas la France qui avait “inventé la solution finale”…

Il n’y a d’ailleurs pas que la classe politique française qui exploite ce filon face à l’importance grandissante mais incontournable de l’Allemagne dans la tourmente économique actuelle en Europe. En Grande-Bretagne ou en Grèce aussi, certaines réactions sont vives. L’ultra-conservateur britannique Nigel Farage a ainsi lancé devant le parlement européen mi-novembre : “Nous vivons aujourd’hui dans une Europe dominée par l’Allemagne, soit précisément la situation que le projet européen était censé empêcher.” Ou encore le Daily Mail qui titrait déjà au mois d’août un article : “La montée du IVe Reich, comment l’Allemagne se sert de la crise financière pour conquérir l’Europe”. Tandis que la presse grecque qualifie carrément de “nouveaux QG de la Gestapo” les bureaux du responsable allemand de la “task force” économique de l’Union européenne à Athènes. Rien que ça ! De son côté, l’Allemagne n’a cessé de monter son opinion publique contre les Grecs accusés d’être des profiteurs, des tricheurs et des parasites tondant la laine sur le dos de la communauté européenne et du bon peuple allemand en particulier qui devait aujourd’hui se saigner aux quatre veines pour leur venir en aide.

Dans toutes les bourgeoisies nationales, chaque fraction tente de dévoyer la montée de la colère ou du mécontentement contre les plans d’austérité en essayant de rejeter la responsabilité de l’aggravation de la crise sur les autres.

Bref, chacun essaie de nous dresser les uns contre les autres tout en vantant et en exaltant les “valeurs du nationalisme”. Par exemple, en France, à travers la campagne électorale, on a assisté récemment à une véritable surenchère pour tenter de répandre et d’inoculer dans les têtes le poison du nationalisme. Cela va du candidat socialiste à la présidence de la république François Hollande, en visite dans l’usine Alstom du Creusot ­exhortant au “patriotisme industriel” devant un parterre d’ouvriers jusqu’au candidat “centriste” Bayrou reprenant à son compte le slogan “achetez français !” mis à la mode par le très stalinien Georges Marchais dans les années 1980 (1). De quoi tenir la dragée haute à la candidate du Front national, Marine Le Pen !

En fait, ce qui s’exprime ici et là, c’est le nationalisme inhérent au système capitaliste lui-même, celle d’une société fondée sur la concurrence la plus acharnée, qui n’a eu de cesse d’instiller massivement dans le cerveau des populations “nationales” le patriotisme, le chauvinisme, la défense de “son” pays, “l’intérêt national”. Les grands discours sur la “solidarité entre les peuples” ou sur “l’unité européenne” tenus depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale n’ont toujours été que pure hypocrisie. Chaque bourgeoisie nationale ne défend toujours que ses intérêts contre toutes les autres Etats et au détriment de l’intérêt général de l’humanité dont elle n’a que faire.

Ce monde divisé en nations concurrentes, et se livrant une lutte à mort, n’est pas le nôtre ! C’est le leur ! Nous, prolétaires, n’avons aucun intérêt particulier, ni national à défendre. Partout, nous subissons la même exploitation, les mêmes attaques, la même crise capitaliste. Partout nous devons mener la même lutte, massive, unie et solidaire, par-delà les frontières. D’ailleurs, de l’Egypte à l’Espagne, d’Israël aux Etats-Unis les derniers mouvements de contestation vibrent clairement de cette fibre internationaliste de notre classe. Les prolétaires n’on pas de patrie, ils ont un monde à gagner ! “Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !”

Wilma (9 décembre)

 

1) Il s’agissait plus exactement de « Produire et acheter français ! ». Mais le PCF et la CGT n’en avaient pas l’exclusivité puisqu’à la même époque, le syndicat CFDT se faisaient aussi le chantre du mot d’ordre “Vivre et travailler au pays !”.