L'odieux chantage de la bourgeoisie au licenciement et au travail gratuit

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La bourgeoisie ne peut faire autrement que de faire payer à la classe ouvrière le prix fort de la crise économique de son système. Mais aujourd’hui, la situation est telle qu’elle ne peut même plus s’en cacher : ainsi se multiplient les déclarations de grandes sociétés qui annoncent à leurs employés ou à une partie d’entre eux, comme les cadres, qu’ils vont devoir accepter de diminuer leurs salaires (c’est le cas du fabricant d’ampoules Osram en Alsace ou du loueur Hertz qui “propose” une diminution de 5 à 7,5  % selon le statut pendant trois mois, ou de HP qui fixe le barème à 2,5  % pour les non-cadres et 5  % pour les cadres, cette fois-ci sans limite dans le temps). Pire, se multiplient les propositions de travailler quelque temps gratuitement, comme chez British Airways, ou encore d’offrir des jours de “RTT” pour financer le chômage partiel des ouvriers (Renault). Tous ces sacrifices sont demandés au nom d’un odieux chantage : ils permettraient, selon leurs dirigeants, de sauver les emplois, voire de sauver ces entreprises de la faillite.

Les juristes se succèdent dans les colonnes des grands quotidiens pour confirmer que la pratique est parfaitement légale tant qu’elle repose sur l’accord du salarié. Un accord qui ne doit pas être trop difficile à obtenir quand on le fait reposer sur la déchirante alternative “c’est ça ou la porte”.

En général, ces annonces s’accompagnent de celles de grands “plans sociaux” dont la remise en cause est totalement exclue, que les employés acceptent ou non de travailler sans être payés : Hertz va renvoyer 4000 ouvriers chez eux, HP envisage 15 000 suppressions de postes sur deux ans, rien qu’en Europe.

à quoi va donc alors servir ce “sacrifice” ? à limiter les dégâts ou surmonter les difficultés de l’entreprise ? Certainement pas ! Il suffit de se replonger quelques années en arrière pour se rendre compte qu’il n’en sera rien : pour ne citer qu’un seul exemple parmi les plus récents, les 1200 ouvriers de Continental à Clairoix, les fameux “Conti”, viennent d’en faire l’amère expérience, eux qui, fin 2007, acceptaient de repasser à 40 heures et de travailler les jours fériés sans augmentation de salaire pour “sauver l’entreprise” ont été mis, dix-huit mois plus tard, devant le fait accompli de la fermeture programmée de l’usine. Bref, la vraie alternative proposée par la bourgeoisie est : “être viré tout de suite ou travailler gratuitement aujourd’hui… pour être viré demain” !

Ces mesures sont déjà en elle-mêmes totalement intolérables et inacceptables : subir des conditions d’exploitation pires que du temps de l’esclavage, qui au moins garantissait à l’esclave le gîte et le couvert. Aujourd’hui, le capitalisme en crise tente de forcer de plus en plus de prolétaires à trimer gratuitement pour un patron qui leur impose déjà des salaires de misère pour faire vivre leur famille tout en les plaçant sous la menace constante du licenciement du jour au lendemain, Et pour couronner le tout, la bourgeoisie saupoudre ce sommet de l’exploitation de son incomparable cynisme en n’hésitant pas à “donner l’exemple”, à l’instar du PDG de British Airways et de son directeur financier, qui travailleront gratuitement pendant un mois ou du PDG d’HP, qui réduit son salaire de 20  %. Comme si exploiteurs et exploités étaient dans le même bateau avec les mêmes intérêts à défendre, et comme si le salaire d’un ouvrier qui survit au jour le jour, quand bien même il est payé tous les mois, était comparable à celui d’un patron, qui par ailleurs touche stock-options et autres bonus. Tout cela est absolument répugnant et révoltant.

GD (3 juillet)


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