Manif des enseignants : le gouvernement cogne, les syndicats sabotent la lutte

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Le secteur de l'enseignement est l'un de ceux qui a dû essuyer le plus d'attaques successives d'envergure de façon quasiment ininterrompue au cours de ces dernières années, notamment une dégradation accélérée des conditions de travail et un flot de suppressions de postes, grandissant d'année en année. Les réformes en cours dans les écoles maternelles et primaires se traduisent ainsi par la suppression de 5500 postes alors qu'elles accueillent 20 000 enfants de plus. Dans le secondaire, la réforme en cours du bac professionnel et des programmes des lycées, avec suppression d'heures d'enseignement obligatoires à la clef, vont se traduire par de nouvelles dizaines de milliers de suppressions d'emploi. Ce sont également 3000 postes de RASED - Réseaux d'aides pour les élèves en difficulté, créés depuis une quarantaine d'années, soit le tiers des effectifs, qui sont supprimés - alors que ces RASED sont promis à la disparition pure et simple d'ici 3 ans. La colère et le ras-le-bol des enseignants s'expriment déjà depuis des mois. Il n'y a rien d'étonnant de constater que la journée de grève du 20 novembre dernier appelée par les syndicats de ce secteur ait été particulièrement suivie. Le taux de grévistes a oscillé entre 50 et 70 % et il a entraîné une forte mobilisation dans les rues des principales villes sur tout le territoire avec partout une participation importante des lycéens aux côtés des enseignants dans des manifestations qui, à l'échelle nationale, ont rassemblé autour de 200 000 personnes (dont 40 000 à Paris). L'ampleur de la mobilisation dans cette journée de grève a rendu quasiment inapplicable le service minimum dans les écoles à la charge de chaque municipalité récemment décrété par le gouvernement. Cependant, ces manifestations ont été également marquées par un très fort corporatisme favorisant leur isolement du reste de la classe ouvrière dans lesquels les syndicats et l'ensemble de la bourgeoisie cherchent à les enfermer. Non seulement aucun appel public n'a été lancé pour rejoindre ou participer à ces manifestations mais il est particulièrement frappant que, pour la manifestation parisienne, il était impossible de connaître à l'avance le parcours de cette manifestation. Cela ne pouvait que dissuader d'autres ouvriers touchés par des attaques similaires d'y participer ou de manifester leur solidarité. De plus, les slogans étaient tous dirigés et ciblés contre le ministre Darcos et dans les manifs elles-mêmes, les syndicats avaient organisé les défilés par établissements : chacun derrière la banderole de son école ou de son "bahut", chacun préoccupé à réclamer des postes ou des moyens supplémentaires pour défendre son propre établissement mais aussi classe par classe, incitant chacun à discuter avec ses collègues de travail de tous les jours des problèmes spécifiques dans son cours ou de tel ou tel élève... Alors que la classe ouvrière se retrouve attaquée de la même manière dans tous les secteurs sous les coups de boutoir de l'accélération de la crise et de la récession, les prolétaires se retrouvent ligotés dans des mobilisations syndicales émiettées et séparées de même qu'à travers une multitude de revendications spécifiques. Quelques exemples : le 22 novembre contre le projet de privatisation de La Poste, à la SNCF contre la réforme du fret (où 2 syndicats seulement avaient appelé à la grève le 18 tandis que seul Sud-Rail a maintenu sa consigne de grève pour le 23 au soir, après le retrait du préavis de grève par les deux autres principaux syndicats), dans le secteur automobile où des actions et manifestations sporadiques sont organisées séparément et quasi quotidiennement chez chaque constructeur et sur chaque site menacé par les licenciements, sans compter les dizaines de milliers d'emplois sup­primés avec la multiplication des fermetures d'entreprise pleuvant dans le privé.

Quel que soit le niveau de combativité des grévistes, se laisser entraîner derrière les manœuvres syndicales mettant sans cesse en avant des revendications catégorielles ou spécifiques, sur le terrain du cloisonnement localiste et corporatiste, ne peut déboucher que sur un sentiment démoralisant de stérilité et d'impuissance. Les prolétaires doivent prendre conscience du besoin grandissant d'unité et de solidarité de leurs luttes pour pouvoir s'opposer aux attaques de la bourgeoisie et au travail de division et d'éparpillement des syndicats.

Ava (22 novembre)

 

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