Procès Karadzic : l'hypocrisie de la bourgeoisie française

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"C'est une arrestation historique, qui marquera l'histoire de la justice pénale internationale dans cette partie du monde. Il n'y a donc pas d'échappatoire, de fuite possible pour un criminel de guerre. C'est le message adressé aux assassins et aux auteurs de génocides." Bernard Kouchner s'est félicité en ces termes le 22 juillet sur France Info de l'arrestation de Radovan Karadzic. Pour bien enfoncer le clou, il ajoutait en substance : "C'est également une arrestation pour l'avenir parce que désormais on peut à nouveau croire à la responsabilité de protéger, ce que nous avions appelé le droit d'ingérence." En effet, l'histoire de la guerre dans l'ex-Yougoslavie à laquelle renvoie celle du boucher Karadzic a été un des épisodes les plus marquants de cette "ingérence" prônée par Mitterrand en particulier, l'ancien mentor de Kouchner. Ce dernier, toujours prompt à saisir un sac de riz sous l'œil des caméras ou à lécher à présent les bottes de Sarkozy, n'en rate jamais une pour se distinguer. Car, si Karadzic est bien le responsable avec Radko Mladic du massacre de 8000 hommes à Srebrenica en deux jours, c'est avec la complicité active de Paris et de Londres qu'il a pu accomplir cet immonde forfait, monstrueux épisode de la lutte entre les Etats-Unis et l'Allemagne d'un côté, la France et la Grande-Bretagne de l'autre, pour le contrôle de l'ex-Yougoslavie. Rappelons brièvement quelques faits saillants  (1). 1995 est l'année d'une accélération brutale de la guerre et des affrontements entre Serbes et Bosniaques (alliés à ce moment à la Croatie). Les atrocités, purifications ethniques, tirs de snipers, etc., font rage dans les deux camps. Prétendument afin de "calmer le jeu", certaines enclaves bosniaques en territoire serbe, dont Srebrenica, sont déclarées "neutres" et leurs habitants désarmés, leur protection étant censément assurée par les soldats britanniques et français de la Forpronu. En réalité, la présence de ces derniers n'est là que pour gêner et empêcher les tirs américains de l'OTAN sur les troupes serbes et donc protéger ces dernières. Lors de l'offensive serbe, on verra donc les militaires français de la Forpronu, sous l'ordre de l'état-major de garder leur "neutralité" devant ce massacre, se laisser purement et simplement "prendre en otages" volontairement par les hommes de Karadzic !

Notre ancien administrateur du Kosovo en rajoute sur RTL le même jour : "C'est une nouvelle extraordinaire. (...) Il (Karadzic) était cependant très bien caché puisqu'on a cru pendant très longtemps qu'il était hors de Serbie." Que voudrait nous faire croire le pantin Kouchner, qui se félicite dans le même temps de l'appui de la France au nouveau gouvernement serbe pro-européen, qui a vendu Karadzic contre son adhésion à l'Europe ? Qu'il n'était pas au courant des magouilles entre Richard Holbrooke, négociateur américain des accords de Dayton de 1996, et Karadzic, soutenu dans un deuxième temps par Washington, promettant à celui-ci, malgré les accusations dont il était déjà l'objet, qu'il ne serait pas inquiété s'il quittait la scène politique.

La prétendue ignorance de ce "secret de polichinelle" ne fait que souligner l'hypocrisie de celui qui fanfaronne aujourd'hui en essayant de faire oublier sa propre responsabilité et la politique criminelle de l'Etat français à cette époque.

Wilma (21 août)

1) Pour de plus amples informations et un rappel précis des évènements, lire nos Revue internationale numéros 82 et 83, 3e et 4e trimestres 1995.

 

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