Grèves en Grande Bretagne : pour l'unité dans la lutte, contre toutes les divisions

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Nous publions ci-dessous de larges extraits d'un tract 1 que la section du CCI en Grande-Bretagne a diffusé à l'occasion de la grève générale des enseignants le 24 avril dernier.

Le 24 avril, 250 000 enseignants lanceront une grève d'un jour contre les dernières propositions salariales du gouvernement. Ils seront rejoints par des éducateurs, des travailleurs des services publics et des employés communaux. Des manifestations [...] seront organisées dans de nombreuses villes. Il y a effectivement toute une série de raisons pour se mobiliser, pas seulement d'ailleurs dans ces secteurs mais aussi dans l'ensemble de la classe ouvrière : des hausses salariales en dessous de l'inflation ; la hausse des prix des produits de première nécessité [...] ; la montée du chômage, songeons par exemple aux 6500 emplois menacés à la banque Northern Rock fraîchement nationalisée ; les attaques contre les pensions et d'autres allocations ; le démembrement des services sociaux, tels que la santé ou l'éducation.

Toutes ces attaques contre le niveau de vie [...] ne sont pas décidées et imposées par des patrons individuels mais par l'Etat [...]. Confronté au développement de la crise économique [...], l'Etat national apparaît de plus en plus comme la seule force capable d'organiser la réponse requise par le système capitaliste : réduire le coût du travail afin de pouvoir être concurrentiel sur le marché mondial [...].

Confrontés à ces attaques [...], les travailleurs ont partout les mêmes intérêts : résister aux pertes d'emplois et aux réductions des salaires, réagir aux attaques [...]. Mais ceci n'est pas possible en se battant séparément, secteur par secteur, entreprise par entreprise. Face à la force de l'Etat capitaliste, ils doivent de leur côté constituer leur propre force, basée sur leur unité et leur solidarité [...]. Après des années de dispersion et de désarroi, les travailleurs commencent tout juste à redécouvrir ce que l'unité et la solidarité signifient. [...]. Si les syndicats appellent à des grèves et des manifestations autour de questions qui les concernent directement, comme c'est le cas le 24 avril, les travailleurs doivent répondre aussi massivement que possible : Allez aux rassemblements de masse, rejoignez les manifestations, participez aux piquets de grève, discutez et échangez des idées avec des travailleurs d'autres secteurs ou entreprises.

[...] Les syndicats, qui se présentent comme les représentants des travailleurs, servent en réalité à faire en sorte que nous restions divisés. Ceci n'est nulle part plus évident que dans le secteur de l'éducation. La grève du 24 avril implique les membres du NUT dans l'enseignement primaire et secondaire. Elle n'implique pas les enseignants de la sixième dans les lycées qui ont des employeurs "différents". Elle n'implique pas non plus les enseignants d'autres syndicats, comme ceux du NAS/ UWT, qui affirment que le problème n'est pas le salaire mais la charge de travail. Elle n'implique pas non plus des milliers de travailleurs de l'éducation qui ne sont pas des enseignants, comme les assistants pédagogiques, le personnel administratif, de nettoyage ou de restauration, etc., même si ceux-ci ont de nombreuses revendications à faire valoir. Et si le NUT aujourd'hui développe un discours radical, en 2006, lorsqu'un grand nombre de ces travailleurs sont partis en grève, ce même NUT a appelé ses membres à franchir les piquets de grève. [...] Depuis longtemps, l'Etat britannique a rendu toute grève de solidarité illégale pour des ouvriers travaillant pour des employeurs différents. En maintenant les travailleurs dans le carcan de ces lois, les syndicats font le travail de l'Etat dans l'usine. [...] Par conséquent, si nous voulons développer une réelle force, nous devons commencer à prendre en charge notre lutte et ne pas la laisser aux mains de "spécialistes" comme les syndicats. Les employés municipaux de Birmingham ont voté en assemblées générales leur participation aux grèves du 24 avril. C'est un bon exemple à suivre : nous devons tenir des assemblées partout sur les lieux de travail, là où tous les travailleurs, de tous les syndicats ainsi que les non-syndiqués, peuvent être présents et participer à la prise de décision. Et nous devons insister pour que les décisions prises en assemblée générale soient souveraines et pas dépendantes de votes syndicaux ou des réunions privées de délégués syndicaux.

L'unité sur le lieu de travail est inséparable du développement de l'unité avec des travailleurs d'autres entreprises et d'autres secteurs, que ce soit par l'envoi de délégations à leurs assemblées, en rejoignant leurs piquets de grève ou en se retrouvant lors de meetings ou de manifestations.

Appeler tous les travailleurs à se rassembler, à faire grève et à manifester ensemble pour des revendications communes est évidemment "illégal" pour un Etat qui veut mettre hors-la-loi la véritable solidarité de classe. L'objectif peut donc sembler à première vue effrayant, un pas trop important à franchir. Mais c'est dans l'action même, en prenant les luttes en main et cherchant l'unité avec d'autres travailleurs que nous développerons la confiance et le courage nécessaires à la poursuite du combat. Et étant donné les sombres perspectives proposées par le système capitaliste mondial - un futur de crise, de guerre et de désastre écologique - il ne fait guère de doute que la lutte devra aller plus loin [...].

World Revolution,
organe du CCI en Grande Bretagne
(5 avril)

 

1) La traduction de l'intégralité de ce tract a été publiée dans notre presse en Belgique (Internationalisme) et est disponible ici.

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