Face aux attaques capitalistes, il n'y a pas d'autre choix que de lutter

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A l’heure où nous mettons sous presse, le ballon rond fait la une de l’actualité : la coupe du monde de football (avec la victoire des « Bleus » contre l’équipe du Brésil en quart de finale) occupe tous les esprits. C’est dans une atmosphère de liesse populaire et d’union sacrée derrière le drapeau tricolore que la bourgeoisie a ainsi les coudées franches pour faire passer « en douce » ses nouvelles attaques contre la classe ouvrière. Comme le disait le gouvernement Villepin au lendemain de la crise du CPE, il fallait « tenir jusqu’au Mundial » !

Les propos de Chirac lors de son interview télévisé sur France 2 le 26 juin dernier sont révélateurs de la préoccupation essentielle de toute la bourgeoisie : "Nous n’avons pas les moyens d’abandonner le terrain, de perdre du temps. Le temps perdu ne se rattrape pas (…) Mon obsession, c’est de poursuivre l’action, de ne pas débrayer (…) Le gouvernement a une feuille de route. Il s’y tiendra." Le message martelé par le président de la République est clair : le seul programme qui s’impose à la bourgeoisie, c’est de poursuivre les attaques, c’est de cogner encore et toujours plus fort sur les prolétaires Dès que la lutte contre le CPE a reflué, le gouvernement a pu relancer aussitôt une série d’attaques d’envergure.

Après les "jeunes", la cible désignée est cette fois les "plus âgés". A travers le "plan emploi séniors", les plus de 57 ans se voient désormais "offrir" à leur tour des CDD sous-payés pendant 18 ou 36 mois. Alors que la dette de l’Etat français atteint 66% du PIB, des restrictions budgétaires draconiennes sont prévues. Ainsi, le gouvernement vient d’annoncer la suppression de 15 000 emplois dans la Fonction publique en 2007 (soit 3 fois plus qu’en 2006 !) avec le non remplacement d’un départ à la retraite sur trois. 8700 d’entre eux concernent le seul secteur de l’Education nationale.

Parallèlement, à travers la réforme des primes et de la notation, un "salaire au mérite" s’installe peu à peu chez les fonctionnaires. Dans la foulée, les suppressions d’emploi pleuvent dans le secteur des salariés de la Sécurité sociale : à la Caisse primaire d’assurance maladie, 11 000 postes sur 85 000 doivent être supprimés d’ici deux ans, au nom du regroupement des services et de la centralisation, présentés comme une amélioration de l’efficacité des services publics. Les départs à la retraite à la Caisse d’allocations familiales ne seront plus remplacés. Dans la branche URSSAF (caisses de retraite du secteur privé), d’autres emplois sont supprimés, notamment en Loire Atlantique et dans la région parisienne.

On assiste à de nouvelles fermetures de centres hospitaliers ou d’unités médicales particulières (notamment des maternités) sous prétexte de non-rentabilité ou de normes de sécurité insuffisantes.

En même temps, le gouvernement est en train de peaufiner l’unification des fichiers de l’ANPE et des caisses d’allocations-chômage, réorganisant l’ensemble des services pour permettre de passer tous les chômeurs au crible du flicage.

Sans compter le durcissement de l’appareil répressif et la multiplication des mesures d’expulsion envers les travailleurs clandestins, mises au point par l’éventail des lois Sarkozy ; dans tous les domaines, les conditions de travail et d’exploitation des prolétaires empirent. Les maladies professionnelles ont augmenté de 7% en 2005 par rapport à l’année précédente. Les accidents de travail suivent la même courbe ascensionnelle. Le pouvoir d’achat dégringole : en-dehors même de ceux réduits au chômage, 10% des salariés en activité et leur famille sont d’ores et déjà contraints de recourir aux associations caritatives et aux banques alimentaires pour se nourrir.

Dans le secteur privé, les plans de licenciements tombent à une cadence toujours plus soutenue, touchant aussi bien les travailleurs dans les grandes entreprises ou leurs filiales (d’EADS et Sogerma à Eurodec Industries) que dans d’innombrables PME. L’accélération des attaques anti-ouvrières n’est nullement un phénomène propre au capital français. Il n’est pas davantage lié à des gouvernements de droite : en Allemagne, sous la tutelle d’un gouvernement de large coalition, après les 25 000 licenciements annoncés chez Volkswagen, ce sont 7500 salariés de la compagnie d’assurance Allianz qui vont se retrouver au chômage dans les prochains mois.

Les prolétaires subissent partout les mêmes attaques, y compris dans les pays les plus "riches". Un seul exemple : après les plans de restructuration chez Ford et General Motors au printemps dernier, GM vient d’annoncer une nouvelle charrette concernant 35 000 ouvriers (soit 10% des effectifs de ce géant de l’automobile), négociée avec les syndicats ! Ceci constitue une nouvelle manifestation du caractère universel de la crise du capitalisme qui démontre la faillite de ce système d’exploitation.

Comme tous les ans, la bourgeoisie se prépare de surcroît à profiter de la dispersion de la classe ouvrière pendant les congés d’été pour porter un maximum de nouvelles attaques.

La classe ouvrière n’a absolument rien à attendre des prochaines élections que la bourgeoisie lui fait miroiter. La gauche a exactement le même programme anti-ouvrier que la droite. Si elle gagnait les élections, elle prendrait des mesures dans la plus parfaite continuité de celles prises par le gouvernement actuel, comme elle l’a d’ailleurs toujours fait dans le passé. Les uns et les autres sont et seront les ardents défenseurs de l’ordre capitaliste et la classe ouvrière n’a rien à attendre de tous ceux qui la poussent par tous les moyens à la détourner de ses luttes et à les happer dans le cirque électoral.

Elle n’a rien à attendre non plus de ces organes d’encadrement au service de la bourgeoisie que sont les syndicats. Ces derniers ne sont présents que pour enfermer, cloisonner, diviser, démoraliser les ouvriers, saboter leurs luttes et finalement faire passer les attaques portées par le reste de la bourgeoisie. On l’a vu encore récemment : tandis qu’ils poussaient les ouvriers de GDF à se battre contre la privatisation et contre la fusion avec le groupe Suez, les mêmes syndicats organisaient en même temps une autre manifestation exhortant les 60 000 employés de Suez à réclamer la fusion des deux entreprises.

La mobilisation massive des futurs prolétaires dans les universités et les lycées contre le CPE et la maturité dont ils ont fait preuve au cours de cette lutte (capacité d’organiser des AG ouvertes à tous les ouvriers, prise en charge massive de l’extension du mouvement) ont démontré que la lutte sur un véritable terrain de classe était le seul moyen d’établir un rapport de forces capable de mettre en échec les attaques de la bourgeoisie. A contrario, c’est justement parce que les travailleurs de l’Education nationale ne se sont pas mobilisés massivement contre le CPE, en solidarité avec les étudiants, que le gouvernement met aujourd’hui à profit ces hésitations à engager la lutte pour cogner encore plus fort en annonçant des milliers de suppressions de postes dans ce secteur. Ainsi, moins la classe ouvrière lutte, plus la bourgeoisie a les coudées franches pour asséner de nouvelles attaques. C’est une leçon que toute la classe ouvrière doit encore tirer du mouvement des jeunes générations contre le CPE : seule la lutte solidaire, massive et unie paie et peut obliger le gouvernement et le patronat à reculer.

W (28 juin)



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