Courrier de lecteurs : A propos du mouvement contre le CPE

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Nous publions ci-dessous le message de soutien qu’un cercle de discussion en Inde nous a demandé de publier dans notre presse, de même que des extraits de deux courriers que nous avons reçus à propos du mouvement des étudiants contre le CPE.
Le premier nous a été adressé par un postier (abonné à notre presse) qui a été témoin des manœuvres de sabotage syndical sur son lieu de travail. Dans son courrier, ce lecteur dénonce en particulier la politique de sabotage de la solidarité menée par le syndicat SUD  : face à la répression dont Cyril Ferez a été victime, les leaders de SUD se sont précipités dans les coulisses pour aller rencontrer Monsieur Sarkozy au lieu d’appeler les travailleurs de la Poste à se mobiliser en solidarité avec leur camarade Cyril qui s’est fait piétiner et tabasser par les CRS à la fin de la manifestation du 18 mars. Ce lecteur nous a adressé la motion adoptée dans une AG de son centre de tri postal et remise au syndicat SUD.
La deuxième lettre, est un soutien d’une sympathisante du CCI aux orientations que nous avons défendues dans ce mouvement.

Lettre de Lulu :
"Nous n’avons pas à aller demander aux ministres – de la police en particulier – de faire en sorte que toute la lumière soit faite, alors que les faits sont déjà confirmés, alors qu’on voit bien qu’ils font tout pour masquer la vérité. La seule question qui doit être la nôtre, c’est de savoir si la lutte et la manifestation à laquelle il (Cyril Ferez) participait étaient justes ou pas, si cette lutte contre le chômage et la précarité sont les nôtres, nous la reconnaissons comme nôtre. Et là-dessus, pour ma part, il n’y a aucun doute à avoir. Cette lutte anti-CPE, ça fait partie de notre lutte. Alors la question que je me pose, c’est pourquoi, les organisations syndicales, quand un ouvrier tombe sous les coups de la répression policière dans une lutte qui est la nôtre, n’ont pas immédiatement appelé à la mobilisation, à la riposte collective, et n'ont pas appelé le soir même ici, et partout, à des débrayages. Pour dénoncer ce qui s’est passé et prévenir d’autres actes de répression.  Et qu’on vienne pas me dire qu’il n’y a pas eu le temps de poser de préavis. L’absence de préavis dans ce cas là est de rigueur, inévitable, sans compter que ça n’a jamais été la condition indispensable pour se mettre en lutte, pour riposter… Quand un ouvrier est frappé, ce sont tous les ouvriers qui sont touchés. Pour ma part, je propose en conséquence qu’on arrête de travailler dès midi et demi… En tout cas, pour ma part, j’y suis prêt. C’est à nous d’en décider".

Motion transmise au syndicat SUD
L’AG du 21 mars 2006 de l’établissement X de la Poste, située à… en banlieue parisienne, réunissant les personnels des brigades de nuit D, demi-nuit, et brigade E, adopte à l’unanimité la motion suivante (à transmettre à toutes les autres brigades, à tous les établissements, aux médias, à la hiérarchie, aux ministres et à toutes les organisations syndicales).

  1. L’AG se déclare totalement solidaire et partie prenante des luttes, grèves et manifestations contre le chômage et la précarité que les nouveaux contrats CNE et CPE ne font qu’aggraver.
  2. Elle dénonce toutes les formes de répression policières des manifestants et se déclare totalement solidaire de C. Ferez sauvagement matraqué et piétiné par les forces dites "de l’ordre démocratique".
  3. Elle appelle tous les collègues de l’établissement, tous les agents de la Poste, tous les salariés et les chômeurs, à se réunir en AG pour pouvoir riposter ensemble à toutes les manœuvres de division et de répression qui vont se multiplier contre le mouvement de luttes et de manifestations.


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Lettre de B. :

"La lutte que les étudiants et les lycéens sont en train de mener est une véritable gifle à tous les mensonges que nous subissons depuis des années, aussi bien de la droite que de la gauche, les syndicats et les gauchistes. En ouvrant les assemblées générales aux travailleurs, retraités, chômeurs, pères et mères de famille, les étudiants s’attaquent à un des fléaux de la lutte de classe : le corporatisme, la lutte par secteurs, la division de la classe ouvrière. Et déjà, même si la lutte s’arrête là, ils ont posé les jalons pour une transformation des conditions de lutte pour l’ensemble de la classe ouvrière.
(…) Je pense, comme vous l’avez affirmé, que nous assistons à des événements très importants, une rupture avec les années de désespoir,  et d’impuissance, entraîné par la propagande intensive de l’ensemble de la bourgeoisie mondiale qui assimilait stalinisme et communisme et portait le message suivant : il n’y a que le capitalisme et sa "démocratie" comme système politique possible.
Lors des manifestations, j’ai discuté avec de nombreuses personnes et notamment, à plusieurs reprises, avec des chômeurs ou des Rmistes. J’ai été frappée naturellement par leur désespoir et leur solitude, mais j’ai pu constater que ce mouvement leur ouvrait enfin une perspective, même si ce n’était qu’une ébauche (…)."

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Lettre d’un cercle de discussion en Inde  :
"Nous, les participants d’un groupe de discussion du Bengale en Inde, avons pris connaissance des évènements en France à partir des documents publiés sur votre site web en anglais. Nous considérons que le mouvement en France est un moment significatif de la lutte de la classe ouvrière, surtout dans cette phase où les attaques capitalistes prennent un caractère de plus en plus généralisé, ce qui appelle une réponse de plus en plus généralisée de la part de la classe ouvrière. Nous attendons avec impatience son développement sur un terrain entièrement prolétarien. Nous pensons qu’il est de notre devoir, en tant que partie du mouvement ouvrier international, d’envoyer notre solidarité au mouvement. Cette lettre doit être considérée comme une déclaration de solidarité, de la part des membres du groupe de discussion, à tous les camarades qui luttent contre le CPE, et contre la pourriture du capitalisme en général. Nous serions très heureux si vous pouviez transmettre cette déclaration de solidarité aux camarades en lutte. Salutations à vous tous, de la part du groupe de discussion du Bengale."

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