Au mois de juin, une grève de quatre semaines a eu lieu en Afrique du Sud1 . Entre 600 000 et 1 million d'ouvriers ont cessé le travail, entraînant la fermeture de la plupart des écoles et de nombreux bureaux, l'arrêt de certains transports publics et le remplacement du personnel des hôpitaux par du personnel militaire. Ce mouvement de la classe ouvrière est le plus important depuis la fin de l'apartheid en 1994. Durant ces grèves, le syndicat COSATU et le SACP (Parti Communiste d'Afrique du Sud), qui font partie de la coalition gouvernementale au pouvoir avec l'ANC. se sont efforcés de briser les forces ouvrières et de faire passer les attaques contre le pouvoir d'achat.
La fin de l'apartheid n'a rien changé
Les conditions de vie et de travail en Afrique du Sud se sont terriblement détériorées pour la majorité de la population. L'espérance de vie, le degré d'alphabétisation, l'accès aux soins ont décliné. Il y a maintenant, en Afrique du Sud, 5,5 millions de patients atteints du Sida, le chiffre le plus élevé au monde.
Les syndicats et les commentateurs de gauche et gauchistes accusent régulièrement la politique "pro-business" et particulièrement cupide du président Thabo Mbeki. Mais ce n'est pas à cause de la cupidité ou de politiques économiques particulières que le gouvernement ANC/SACP/COSATU attaque les conditions de vie des ouvriers et des autres couches non exploiteuses en Afrique du Sud. Un gouvernement capitaliste ne peut être autre chose que "pro-business" et donc contre la classe ouvrière. La seule "libération" qui soit survenue en 1994 a été celle d'un petit nombre d'activistes politiques noirs pour occuper une position plus importante dans l'appareil politique de la classe dominante et mieux tromper la classe ouvrière. Les élections qui ont eu lieu depuis ont ainsi renforcé l'idée que quelque chose de fondamental avait changé dans la société sud-africaine avec l'arrivée d'une plus large démocratie. Le Socialist Worker (9 mai 2007) a rapporté les propos d'un ouvrier dans une manifestation à Pretoria : "Nous pensions que le gouvernement nous soutiendrait comme ouvriers parce que nous les avons mis au pouvoir, mais c'est comme s'il nous avait oubliés." Cette sorte d'illusions est constamment nourrie par les syndicats et les gauchistes, qui sont heureux de parler des concessions de l'ANC au néo-libéralisme mais qui ne l'étiquette jamais ouvertement comme étant une partie pleine et entière de la bourgeoisie.
Perspectives pour les luttes futures
Quelques commentateurs, en Afrique du Sud, ont vu la récente grève comme un signe que les syndicats allaient jouer un rôle plus indépendant et que cela encouragerait les ouvriers à entrer dans de futures actions. En réalité, c'est à cause du mécontentement croissant parmi la classe ouvrière que les syndicats essaient de prendre leur distance vis-à-vis du gouvernement. Dans Socialist Workers (23 juin 2007), un membre de l'organisation gauchiste South Africa's Keep avance l'idée selon laquelle cette "ambiance ouvre la porte à une renaissance de l'auto-activité durant les grèves". Ce qui est certain, c'est que tous les prétendus défenseurs de la classe ouvrière (syndicats et autres) s'opposeront de toutes leurs forces à l'émergence d'une réelle auto-activité des ouvriers. Une réelle lutte autonome signifierait que les ouvriers seraient parvenus à prendre en charge eux-mêmes leurs luttes, hors des syndicats. Cela n'a pas été les cas.
La lutte présente, bien que significative, n'est nullement un fait inédit depuis 1994. En août 2005, 100 000 ouvriers des mines d'or ont fait grève pour des revendications salariales. En septembre 2004, il y a eu la plus importante journée en nombre de grévistes de l'histoire de l'Afrique du Sud, impliquant 800 000 à 250 000 ouvriers selon qu'il s'agit des chiffres fournis par les syndicats ou ceux du gouvernement. Les enseignants étaient particulièrement en colère puisqu'ils n'avaient pas eu d'augmentation salariale depuis 1996. En juillet 2001, il y avait une vague de grèves dans les industries minières et énergétiques. En août 2001, il y a eu une grève de trois semaines impliquant 20 000 ouvriers de l'automobile. En mai 2000, les grèves dans l'industrie des mines se sont étendues au secteur public. Durant l'été 1999, il y a eu une vague de grèves incluant les ouvriers des postes, des mines d'or et du secteur public avec les enseignants, les hospitaliers et d'autres travailleurs du public.
Implicitement, toutes ces luttes ont amené les ouvriers à se dresser contre l'ANC et le gouvernement sud-africain. Mais la dernière vague de grèves a montré la nécessité pour la classe ouvrière de développer une prise de conscience de la véritable nature bourgeoisie de ses faux-amis et de la signification globale de ses propres luttes.
D'après World Revolution
section du CCI en Grande-Bretagne
1) Une version plus détaillée de cet article est disponible sur notre site : internationalism.org.
Cet été a vu se déchaîner les pires dérèglements climatiques. "En Asie, la pire mousson de mémoire d'homme", titrait le Monde daté du 14 août. Le bilan de ce déluge s'est soldé par au moins 2.200 morts directement comptabilisés et plus de 30 millions de sans-abri sinistrés, exposés aux pires conditions de survie. Sur le seul territoire indien, 450.000 habitations ont été détruites. La Corée du Nord a fait appel à l'aide internationale à la suite des inondations qui ont détruit les logements de 300.000 personnes. 300 ont péri ou disparu. 46.580 habitations, 400 usines et 20 mines ont été inondées.
Une partie de la Chine a vu des villages entiers disparaître, engloutis sous les eaux. Dans la même période, la Grande-Bretagne subissait le niveau le plus élevé de précipitations jamais connu. En Allemagne, les pluies ont été les plus abondantes depuis 1901. L'Europe de l'Est, la Grèce, la Turquie et la région des Balkans ont subi une sécheresse et une canicule exceptionnelle provoquant des centaines de décès parmi la population. La Bulgarie a enregistré une température record de 45°. La Russie quant à elle a battu son record de la température la plus haute lors du mois de mai.
Avril 2007 aura été un mois inhabituellement chaud pour l'Europe. La Mer d'Oman a connu en juin son premier cyclone jamais enregistré. Des vagues de 4 à 5 mètres se sont abattues sur les îles Maldives en mai. L'Uruguay a connu pour le même mois la pire inondation depuis 1957. En Amérique du Sud, il y a eu des chutes de neige dans des régions qui n'avaient encore jamais connu ce phénomène. Aux Etats-Unis, certaines parties du pays ont subi des crues et des inondations dévastatrices tandis que d'autres étaient simultanément frappées par des vagues de chaleur record.
La saison des cyclones océaniques tropicaux s'annonce de plus en plus tôt. Aucun continent n'a été épargné : en Australie, des inondations exceptionnelles ont ravagé le pays tandis qu'en Afrique, alors que le Maghreb et la partie occidentale suffoquaient sous une chaleur saharienne, le Soudan était en proie aux crues du Nil et d'abondantes chutes de neige sont tombées en Afrique du Sud pour la première fois depuis 1981.
Si, comme en Grande-Bretagne en particulier, dans les Etats du cœur du capitalisme, des milliers de prolétaires ont perdu leurs maisons et leurs biens, la situation est encore beaucoup plus dramatique dans les pays du Tiers-monde.
Aujourd'hui, les scientifiques disent qu'on ne peut rapporter la preuve d'un lien entre cette accumulation de catastrophes avec le réchauffement climatique en se réfugiant prudemment derrière le fait que "l'hypothèse du réchauffement climatique ne saurait porter que sur de longues périodes". Il est donc facile de considérer chaque événement comme "naturel" et d'affirmer qu'il n'a rien à voir avec un changement climatique dû à l'homme si on le prend isolément. Mais l'évidence suggère le contraire et nous sommes déjà confrontés à un problème à long terme avec le réchauffement climatique.
Finalement, tous les spécialistes de l'environnement, de la météorologie sont bien obligés de reconnaître du bout des lèvres que "l'action des hommes" n'est peut être pas étrangère à de tels dérèglements climatiques et que le réchauffement de la planète est lié à l'émission de gaz à effets de serre. Mais les mesures préconisées par les idéologues à la mode comme Nicolas Hulot en France ou à la sauce Al Gore aux EU pour "sauver la planète" s'efforcent de nous persuader qu'il appartient à chaque individu dans son coin de faire des économies d'énergie ou aux Etats de taxer les pollueurs.
Tout est bon pour tisser la toile des mensonges qui visent avant tout à dédouaner ou éviter de mettre en cause directement la responsabilité du capitalisme. Contre toutes ces affirmations, il est nécessaire de réaffirmer que "le capitalisme n'est pas innocent (...) des catastrophes dites 'naturelles'. Sans ignorer l'existence de forces de la nature qui échappent à l'action humaine, le marxisme montre que bien des catastrophes ont été indirectement provoquées ou aggravées par des causes sociales (...) Non seulement la civilisation bourgeoise peut provoquer directement ces catastrophes par sa soif de profit et par l'influence prédominante de l'affairisme sur la machine administrative (...) mais elle se révèle incapable d'organiser une protection efficace dans la mesure où la prévention n'est pas une activité rentable." (A. Bordiga, Espèce humaine et croûte terrestre).
Car le capitalisme agit non seulement en partie comme cause des catastrophes climatiques actuelles (le fameux effet de serre et l'exploitation forcenée et désordonnée de la nature et de ses ressources énergétiques dans le seul but de faire du profit) mais il en aggrave de façon décisive les conséquences, comme les dernières catastrophes viennent l'illustrer dramatiquement.
Comme le souligne la citation de Bordiga, la logique du système ne peut que négliger la prévention et la protection des hommes par rapport au déclenchement de ces catastrophes (non entretien des infrastructures, manque de moyens pour lutter contre les fléaux et cette incurie expose en priorité les populations des pays ou des régions les plus pauvres : par exemple en Inde, les digues contre les inondations des fleuves ne sont plus entretenues ; en Chine, il y a eu d'énormes inondations qui ont détruit d'immenses territoires et de nombreuses habitations. La BBC a rapporté que ces inondations étaient un problème qui se répétait de plus en plus chaque année pour les habitants des polders des plaines inondables ; en Grèce, les habitants des villages les plus reculés en sont réduits à chercher à sauver leur maison menacée par les flammes des incendies en balayant le sol avec de dérisoires branches d'arbres comme contre-feux.
Par ailleurs, les populations sont poussées à se réfugier dans des régions où il y de l'eau pour assurer leur subsistance comme les rizières au Bangladesh ou en Asie du Sud Est et à s'installer dans des zones rapidement inondables. Quant aux conséquences, elles sont effroyables. La plupart de ces catastrophes entraînent des déplacements massifs de population ayant tout perdu, n'ayant nulle part où aller. Et ces masses de miséreux sont exposées soit à mourir de maladies épidémiques (notamment après les inondations qui putréfient l'eau et la terre), soit à mourir de faim. En Asie du Sud, ce sont plus de 20 millions de personnes supplémentaires qui sont menacées par la famine.
Tant que le capitalisme dominera le monde, la même incurie et la même impuissance de ce système vis-à-vis des catastrophes naturelles, se traduiront partout par une accumulation vertigineuse de victimes, morts ou sans-abri. Au même titre que le déchaînement de sa barbarie guerrière ou la misère à laquelle il réduit la majeure partie des populations , sa folie ne peut entraîner l'humanité nulle part ailleurs que vers sa destruction.
Maria / 08.2007
Dès le soir des élections, sur la base des résultats électoraux, la bourgeoisie belge concluait que la formule de direction de l'Etat qui s'imposait était ‘l'orange bleue', une coalition des sociaux-chrétiens et des libéraux. Pourtant, depuis maintenant près de trois mois, informateurs, formateurs et explorateurs se succèdent sans arriver cependant à amener les partis politiques à la table des négociations. Au contraire, les fractions se massacrent à coup d'interviews et de petites phrases assassines, dans une atmosphère de crise et de blocage communautaire et linguistique, qui amènent les médias à évoquer ouvertement des scénarios de scission du pays. Comment interpréter cette situation ? Pour ce faire, une compréhension plus globale de l'état de la société bourgeoise s'impose.
Est-ce que la situation économique est au beau fixe, est-ce que les mesures de rationalisation et d'austérité contre la classe ouvrière sont devenues superflues ? Certes non. Face à une situation économique extrêmement instable, face au développement de la combativité de la classe ouvrière, la capacité de mettre en place les attaques massives indispensables sans provoquer des luttes à grande échelle, reste une constante dans les objectifs de la bourgeoisie. Mais aujourd'hui, un autre facteur apparaît de plus en plus à l'avant-plan, détermine de plus en plus de plus les priorités de la vie politique de la bourgeoisie en général et la composition des équipes gouvernementales en particulier.
Avec la disparition des blocs russe et américain, les tendances centrifuges au sein de la société capitaliste décadente, jusqu'alors contenues à grands efforts à travers la hiérarchie des deux blocs, commencèrent à se libérer rapidement, laissant la place au chaos, au « chacun pour soi », à des poussées irrationnelles, et ceci jusque dans les systèmes politiques des grands pays industrialisés. Ainsi, le fait que la bourgeoisie la plus puissante du monde, la bourgeoisie US, ait laissé gouverner le pays pendant deux législatures par la bande de gaffeurs incompétents que constitue l'administration Bush est en réalité révélatrice de la crise profonde des classes dirigeantes et a en retour participé à engendrer une exacerbation effroyable du "chacun pour soi" et une explosion de chaos et de barbarie sur toute la planète.
Dès lors, l'impact de la décomposition de la société bourgeoise et la nécessité d'y faire face devient une préoccupation de premier plan au niveau de la vie politique de la bourgeoisie. Cette tendance générale est accentuée en Belgique par le poids spécifique des tensions entre les fractions ‘régionales' de la bourgeoisie belge qui existent potentiellement depuis la création artificielle de l'Etat belge. L'extension de la décomposition et du ‘chacun pour soi' dans le monde à la fin du 20e siècle a rendu la recherche et l'imposition d'un fragile équilibre entre les fractions régionales de plus en plus illusoires et incertaines, les tensions et les contradictions encore plus explosives, en particulier avec une partie de la bourgeoisie flamande qui veut se défaire "de ce gouffre à millions qu'est l'industrie wallonne non rentable''.
Ces tensions régulières ont produit une série de phénomènes qui rendent la vie politique de la bourgeoisie belge particulièrement complexe à gérer :
- il y a tout d'abord la fragmentation du paysage des partis, avec, depuis la fin des années '60, la lente érosion des grands partis populaires socialistes et sociaux-chrétiens qui dominaient largement la vie politique et l'avènement de partis régionalistes. Sur ce plan, la bourgeoisie a essayé d'éliminer ceux-ci en les faisant absorber par les partis traditionnels mais cela lui est revenu à la figure tel un boomerang puisque cela n'a eu comme résultat qu'une déstabilisation de ces mêmes partis traditionnels, comme on a pu l'observer ces dernières années avec le parti libéral flamand de l'ex-premier ministre Verhofstadt ou aujourd'hui même avec le "vainqueur" des élections, les sociaux-chrétiens du CD&V ;
- l'explosion du vote protestataire et irrationnel dans un pays où le vote est obligatoire a mené au développement d'un populisme politique, fortement teinté de nationalisme (flamand), ce qui a favorisé la montée en puissance de partis ouvertement populistes et séparatistes, tels le Vlaams Blok/ Belang et, dans une moindre mesure la ‘liste Dedecker' ;
- la multiplication des affaires de corruption ainsi que la gangstérisation croissante de la société, se sont largement exprimées ces dernières années et ont particulièrement éclaboussé récemment le parti socialiste francophone à travers les nombreux scandales.
La complexification de l'appareil politique de la bourgeoisie et une certaine perte de fiabilité de composantes de celui-ci ont fait que la bourgeoisie belge rencontre des difficultés croissantes à orienter le résultat des élections selon ses besoins et à former rapidement une équipe gouvernementale solide.
De fait, la bourgeoisie a été surprise par le résultat des élections. Alors qu'elle s'était préparée à mettre sur pied une coalition des deux grandes familles ‘populaires' social-chrétienne et socialiste, elle a été prise de cours par la défaite des partis socialistes, en Flandre (débâcle du SPa) comme en Wallonie (recul prononcé du PS de Di Rupo). D'autre part, le vainqueur des élections, le social-chrétien flamand Yves Leterme avait, dans des buts électoralistes constitué un cartel avec une petite formation séparatiste (la NVA de B. De Wever) et mis en avant des revendications régionalistes fortes, ce qui rendait sa marge de manœuvre particulièrement étroite. Ceci d'autant plus que l'autre vainqueur, le parti libéral wallon compte dans ses rangs une fraction francophone radicale et que ses revendications le mettaient en porte à faux par rapport au parti social-chrétien francophone de Joëlle Milquet, rebaptisé ‘démocrate humaniste', qui est farouchement opposé à une régionalisation plus poussée de l'Etat et avait développé un profil politique de ‘gauche' afin de s'allier au PS dans le gouvernement régional wallon.
Ces contradictions entre les forces en présence, conjuguées avec la complexité du système politique, en particulier :
- la disparition de partis nationaux, ce qui fait qu'une majorité gouvernementale implique au moins un accord entre quatre partis représentant une majorité dans chacune des communautés linguistiques du pays ;
- la coexistence d'un gouvernement fédéral et de gouvernements régionaux, élus à des moments différents, ce qui génère des majorités parfois contraires selon les gouvernements et une ambiance de (pré)campagne électorale quasi permanente, expliquent les grandes difficultés auxquelles se heurtent les négociations entre partis. Ces difficultés et ces palabres ne font à leur tour qu'exacerber les tensions et les campagnes. Si la bourgeoisie dans sa globalité n'a pas intérêt à pousser au séparatisme, la confrontation des fractions politiques, organisées régionalement, peut favoriser l'éclosion d'appels irrationnels à la séparation définitive des communautés qui n'arrivent pas à s'entendre. D'autres fractions pour leur part favorisent au contraire ces tensions pour mettre en avant la nécessité de prendre des mesures énergiques pour renforcer les compétences de l'Etat central et pour simplifier les processus de décision et de gestion politiques.
Les difficultés de la bourgeoisie ne bénéficient pas aux travailleurs
Le fait que la vie de la bourgeoisie belge est secouée depuis longtemps par des tensions internes, ne l'a jamais empêchée, depuis le début du 20e siècle, d'exploiter avec maîtrise ces tensions contre la classe ouvrière. L'exploitation systématique de celles-ci est une constante de la politique anti-ouvrière de la bourgeoisie belge depuis la première guerre mondiale et en particulier depuis la reprise de la lutte de classe à la fin des années 1960, et ceci sur plusieurs plans:
- La politique de ‘transfert de pouvoir aux régions' a servi tout d'abord de légitimation à la mise en place de restructurations dans l'industrie et l'administration, comme le démontre encore de façon caricaturale le récent ‘Plan Marshall pour la Wallonie' du gouvernement régional wallon. Depuis les années 1970, la réduction des budgets et des effectifs sous le couvert d'une 'meilleure efficacité' est une caractéristique des administrations 'régionalisées', tels l'enseignement, les travaux publics, les transports en commun, le personnel communal ou le chômage. Quant aux industries déficitaires - la sidérurgie en Wallonie ou les chantiers navals en Flandre -, elles ont été rationalisées et fermées au nom du dynamisme régional qui ne peut s'encombrer de ‘canards boiteux';
- Les confrontations communautaires et régionales ont en outre savamment été montées en épingle et dramatisées pour camoufler les attaques contre la classe ouvrière. Ainsi, tout au long des années 1990, le processus de fédéralisation de l'Etat a occupé la une des médias au moment même où des mesures d'austérité extrêmement dures étaient prises pour restreindre de manière drastique le déficit budgétaire de l'Etat. Les menaces verbales de séparatisme auxquelles répondent des professions de foi unitaristes étaient accentuées pour polariser l'attention de la population, surtout évidemment des travailleurs, et pour les détourner des vrais enjeux;
- Un battage médiatique constant a été développé pour mobiliser les travailleurs derrière les intérêts de ‘leur' communauté linguistique et tout est fait pour instiller une concurrence entre régions. Ainsi, les médias bourgeois martèlent à longueur de journée que "la Flandre ne veut plus payer pour l'acier wallon déficitaire", que "la Wallonie n'a rien à voir avec les chantiers navals flamands sans avenir", "que l'enseignement serait plus performant en Flandre", que "les chômeurs moins sanctionnés en Wallonie", etc. La mystification ‘sous-nationaliste' du ‘pouvoir régional' ne vise qu'un seul objectif : mobiliser les ouvriers derrière leur bourgeoisie (nationale ou régionale), dresser ainsi les ouvriers wallons contre leurs frères de classe flamands ou vice versa et leur faire accepter l'inéluctabilité de la crise et des sacrifices;
- Le poison régionaliste a enfin été une arme systéma-tiquement utilisée par la bourgeoisie pour diviser et isoler les luttes ouvrières qui surgissent. Lors de la grève générale de '60-'61, les socialistes et les syndicalistes wallons exploitèrent la mystification du fédéralisme pour diviser la lutte ouvrière et la dévoyer vers une impasse ; le nationalisme flamand a joué un rôle non négligeable dans les grèves sauvages des mineurs limbourgeois en 1966 et en 1970 ; récemment, lors des rationalisations drastiques à VW Forest, les ouvriers voulaient dépasser les carcans régionalistes mais patronat, gouvernement et syndicats se sont unis pour briser le mouvement en injectant à nouveau le poison communautaire.
Aussi, les travailleurs ne doivent pas se laisser embobiner par cette campagne autour du futur de la Belgique, qui ne sert fondamentalement qu'à brouiller la piste de classe mais au contraire prendre du recul et comprendre le jeux des forces en présence. La mystification ‘sous-nationaliste' essaie de cacher à la classe ouvrière que c'est une crise mondiale généralisée qui tue l'industrie wallonne et qui détruit l'industrie flamande, que c'est le capitalisme dans son entièreté qui est en crise et qui doit être mise en question. Et la bourgeoisie utilise habilement les distorsions de son état et les expressions de décomposition de sa propre vie politique pour entraver tout développement de la conscience parmi les travailleurs de cette réalité, pour désamorcer leur combativité et pour essayer de les lier à ‘leur' bourgeoisie régionale pour la ‘défense de leur région'.
Jos / 10.09.07
Un camarade de Lima qui correspond et discute régulièrement avec notre organisation nous a récemment transmis un article sur la grève des mineurs au Pérou en avril dernier (voir Acción proletaria no 195) et, alors que les feux de cette lutte n'étaient pas éteints, il nous a envoyé des éléments sur un mouvement d'enseignants qui se développait. Il s'agit là d'un effort que nous saluons chaleureusement. Il est, en effet, de la première importance que circulent rapidement les expériences, les leçons, les informations sur les luttes ouvrières qui surgissent mondialement. C'est pour ces raisons que les contributions du camarade sont un exemple que nous ne pouvons qu'encourager. L'article qui suit est repris entièrement des textes et des éléments d'informations que le camarade nous a adressés.
La situation sociale en Amérique du Sud est de plus en plus marquée par le développement de luttes ouvrières. Au Chili, des grèves à répétition ont lieu depuis l'an dernier dans les mines de cuivre, dont l'exploitation représente 40% de la production mondiale. C'est dire l'importance de ce secteur dans ce pays où la classe ouvrière connaît une très brutale dégradation de ses conditions de vie et de travail. Il est difficile d'obtenir des informations précises sur ces mouvements, tant les médias organisent le black-out sur ceux-ci. Nous savons seulement que les syndicats ont organisé la division la plus forte entre les ouvriers de l'entreprise étatique CODELCO et ceux des entreprises sous-traitantes, touchant un tiers de salaire en moins pour le même travail, de même qu'entre les grévistes et les ouvriers au travail. La grève aura duré trente-huit jours jusqu'en juillet, se terminant par des promesses d'amélioration de contrat pour les ouvriers en sous-traitance, sans pour autant modifier leur statut, ce qui était pourtant leur principale revendication.
Au Pérou, en avril, c'est dans les mines que la grève, partie de l'entreprise chinoise Shougang, s'est étendue dans tous les centres miniers du pays. Les syndicats ont, bien sûr, joué pleinement leur rôle réactionnaire, et en particulier dans la plus importante mine du pays, Yanacocha (mine d'or qui se trouve à Cajamarca, au nord du pays, et qui produit entre huit cent et mille millions de dollars annuels), où ils ont entamé des pourparlers privés avec la direction et n'ont pas rejoint la grève. Les syndicalistes du bassin d'Oroya étaient même fustigés par la presse car ils continuaient à travailler.
A Chimbote, où la lutte des paysans et des chômeurs a été forte, l'entreprise Sider Pérou a été totalement paralysée. Les femmes des mineurs ont manifesté avec eux et avec une grande partie de la population de cette ville. A Ilo, les routes ont été bloquées ainsi qu'à Cerro de Pasco, où 15 mineurs ont été détenus, accusés d'avoir lancé des pierres sur le local du Gouvernement régional. La presse bourgeoise s'est em-pressée de proclamer que la grève était un échec, s'appuyant sur la ministre du secteur, Pinilla, pour ne compter que 5700 mineurs en grève alors qu'il y en avait 120 000.
Dans les montagnes de Lima, les mineurs de Casapalca ont séquestré les ingénieurs de la mine qui les menaçaient de licenciement s'ils abandonnaient leur poste. La ministre a déclaré que la grève était illégale car le préavis n'avait été que de quatre jours au lieu des cinq exigés par la loi. Le patronat a embauché du personnel en contrat précaire et la ministre a menacé de licenciement les mineurs qui poursuivaient la grève.
Quelques étudiants de l'Université de San Marcos de Lima se sont solidarisés avec les mineurs et leur ont amené de la nourriture pour les "marmites communes", pratique courante dans toutes les grèves au Pérou, que ce soit chez les enseignants, les infirmières ou les ouvriers des mines. Ce partage de nourriture avec les familles sert aussi à échanger des expériences et à analyser collectivement la lutte au jour le jour.
Il est tout à fait significatif que cette grève nationale illimitée ait eu lieu après 20 années de calme social dans ce secteur.
Le 19 juin, le dirigeant syndicaliste des enseignants Huaynalaya a appelé à une grève nationale, et son appel a trouvé un écho dans tout le pays. Huaynalaya est considéré par la presse comme un opposant à la majorité du syndicat d'enseignants SUTEP, qui assume plutôt une orientation pro-chinoise dans la ligne du parti Patrie rouge.
Le syndicat s'est quand même joint à la grève le 5 juillet. Les jours précédents, les journalistes dont les programmes politiques ont le plus d'écoute ont consacré de larges espaces à dénigrer le mouvement.
La position de la presse est on ne peut plus claire. Les enseignants seraient responsables de leur propre incapacité intellectuelle et sont accusés de la "gréviculture" privant les enfants et les adolescents de la nation de précieuses heures de cours. Il faut ici remarquer que l'argument est contradictoire, car en quoi peuvent être précieuses des heures de cours données par des incapables ? Ils craignent essentiellement que les élèves sortent dans la rue soutenir les enseignants comme ils l'avaient fait en 1977, expérience qui fit surgir alors de nouvelles générations de militants de divers partis qui se tournèrent vers la lutte armée.
Le ministre de l'Education lui-même affirma à la journaliste Palacios qu'il n'y avait que 5000 grévistes sur les 250 000 enseignants employés par son ministère. Il dut ensuite reconnaître son "erreur". Les mobilisations s'étendaient dans tout le pays : à Juliaca, Puno, Ucayali, Ayacucho et Huanuco. Les enseignants étaient, en outre, soutenus par toute la population, comme cela avait été aussi le cas deux mois auparavant, quand les grèves minières mobilisèrent presque tout le pays. Le travail de coordination et les secteurs les plus combatifs capables de tirer un bilan de cette expérience restent encore très limités. Les syndicats restent au premier plan et deviennent un frein au mouvement de revendications ouvrières.
Les luttes actuelles au Pérou et qui couvrent tout le territoire sont le fruit d'une confluence d'événements qui trouvent leurs origines dans deux sources de mécontentement. D'une part, les revendications à caractère régional, en particulier à Pucallpa où la ville fut prise et isolée durant plus de 15 jours et, de l'autre, la grève du syndicat d'enseignants SUTEP commencée le 19 juin en province par les enseignants opposés aux orientations du parti "Patrie rouge" (parti de gauche de la bourgeoisie) et rejointe par la suite par l'ensemble du syndicat, entraînant l'adhésion de la majorité des 320 000 enseignants du Pérou à partir du 5 juillet.
Cette mobilisation jointe aux revendications régionales (hétéroclites et forcément très localistes) suscita une gigantesque réaction de masse dans tout le pays. Le nombre de blessés et de détenus reste inconnu, et les occupations de locaux, incendiés et détruits avec affrontements contre la police, se sont répandues dans tous les départements en lutte. Le ministère a avoué, le 9 juillet, qu'il restait 75 conflits non résolus, ce qui indique que leur nombre doit être bien plus élevé.
Les luttes actuelles, malgré la violence qu'elles déchaînent, ne contiennent pas une perspective d'autonomie du prolétariat qui fasse que celui-ci lutte pour ses propres objectifs et son propre programme. Le prolétariat est en ce moment soumis aux intérêts de la bourgeoisie locale et à ses alliés petits-bourgeois de tout poil (intellectuels, journalistes...), mais les prolétaires qui interviennent dans ces mouvements doivent constituer les noyaux qui permettent de tirer les leçons et favorisent l'autonomie de la lutte, seul chemin de la seule classe capable d'en finir avec le désespoir du système capitaliste et son cortège de misère, de mort et de destruction, la classe ouvrière.
Lima / 9.07.2007
L'été 2007 a encore confirmé l'aggravation de l'horreur et du chaos guerrier dans de nombreuses parties du monde. Si la situation s'est relativement et tout à fait momentanément apaisée au Liban, l'Afghanistan a vu une recrudescence des combats et des attentats terroristes talibans et c'est encore particulièrement l'Irak qui s'enfonce dans l'épouvantable. Les morts s'y comptent quotidiennement par dizaines, dans les affrontements armés comme dans les attentats-suicide et les massacres organisés de populations. Cette violence aveugle et folle s'exacerbe et s'étend sur ce pays dans un mouvement de véritable fuite en avant qui est devenu incontrôlable. 500 personnes de la communauté yazidie1 ont ainsi été assassinées en quatre attentats successifs au mois d'août, alors que se déchaînent avec une brutalité sans précédent les exactions entre Kurdes, Sunnites et Chiites, souvent en leur sein même. En juillet seulement, 1650 civils irakiens ont été tués et le bilan du mois d'août s'annonce encore plus lourd.
Ce qui n'empêche pas le président irakien de déclarer : "Il n'existe pas de guerre chiite-sunnite, mais des divisions à l'intérieur de ces communautés"2 . Rien de plus, rien de moins !
Depuis 2003, plusieurs dizaines de milliers d'Irakiens sont morts directement des effets de la guerre, la population est affamée, sans système de soins, l'électricité est devenue un luxe, tout comme l'eau. Bagdad s'est transformé en une collection de ghettos emmurés, abritant les bandes rivales et les communautés ennemies, tandis que des familles entières sont totalement séparées.
Plus de deux millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays, sans perspective autre que d'échapper immédiatement au massacre, et le même nombre a fui à l'étranger pour un avenir tout aussi incertain.
Quant à l'armée américaine, elle dénombre plus de 3000 morts "officiels", certaines sources hospitalières américaines officieuses parlant de 10 000, sans compter les cas de suicides qui ont frisé la centaine en 2006, et les rumeurs de foyers de révolte au sein de l'armée qui se font tous les jours plus précises.
Voilà "l'héritage" immédiat de la grande lutte de l'équipe Bush, et de la coalition qui l'a suivie, contre le terrorisme, dans une guerre que 58% d'Américains dénoncent aujourd'hui.
C'est dans le contexte de cette inhumanité hurlante que Kouchner, fervent défenseur de la guerre en Irak comme partout dans le monde du moment que cela se fait pour la "bonne cause", est venu s'ingérer à Bagdad, "par surprise" et pour apporter "un simple message d'amitié", en porteur du flambeau international de l'humanitaire. Cet inlassable voyageur et convoyeur de l'impérialisme français a demandé aux Irakiens "de la patience" car on était juste au "début, (il) espère, de la fin de la crise". Quel fin visionnaire ! Cependant, au-delà des aspects un tant soit peu ridicules et vains de ce voyage, il a pour signification une intention de la France de revenir sur la scène irakienne, où elle aimerait pouvoir y retrouver une influence. Il est évident que la France n'est d'aucun poids réel dans la situation irakienne, à l'image de celui d'une ONU à l'engagement de laquelle appelle Kouchner de tous ses vœux. Que ce soit dans le contexte du retrait éventuel des Etats-Unis ou dans celui de la continuation de leur présence, alors même que la Grande-Bretagne organise ses préparatifs de départ, on voit mal quel pourrait être l'apport objectif de Paris, qui voudrait "aider les Etats-unis à trouver une porte de sortie en Irak"3 , tandis que les services de renseignements français ne cessent de rapporter au président français les éléments du chaos et du désastre grandissant que connaît l'armée américaine. De plus, une implication de la France la mettrait une nouvelle fois en ligne de mire des terroristes.
Mais il faut cependant souligner l'ignominie et le cynisme du gouvernement de l'hexagone et de ses représentants qui, drapés du manteau de la paix et de l'humanitaire, utilisent les monstruosités de la guerre pour s'en horrifier en apparence et faire passer au fond leurs besoins impérialistes et militaires.
Pour ce qui est des Etats-Unis et de leur croisade anti-terroriste, l'échec est total et a mené Washington dans une véritable impasse. Les différentes options qu'elle peut à l'heure actuelle envisager lui sont toutes défavorables. Bush a été incapable de mettre en place un gouvernement un minimum crédible, qui n'est que l'expression directe des dissensions Chiites et Sunnites, gouvernement dont les représentants ont détourné au profit de leurs cliques respectives la moitié des armes livrées aux autorités officielles irakiennes par le Pentagone depuis trois ans. Sans compter avec une police dont de nombreux éléments permettent l'accès des camps militaires américains aux terroristes-kamikazes. Voilà pour la fiabilité des instances et des hommes mis en place par les Etats-Unis sur le territoire irakien. Que ces derniers restent ne changera rien à la situation sinon l'aggraver encore sur place et exciter davantage l'opposition anti-guerre aux Etats-Unis. Quant à un départ, qui ne pourra se faire que sur de nombreux mois avec la présence de 150.000 hommes et de leur matériel, il est humainement périlleux pour l'armée américaine elle-même, en ouvrant la route d'une explosion de la terreur guerrière tous azimuts encore pire que celle existante et les portes de l'Irak à un Iran qui attend son heure. Et ce ne sont pas les 90 hommes que l'ONU se projette de dépêcher sur place, au lieu des 65 déjà présents, qui vont faire contrepoids !
Cependant, la perspective du retrait au moins partiel est désormais envisagée par l'administration Bush. Et c'est en ce sens, et pour contrebalancer les velléités hégémoniques de Téhéran, qu'elle s'efforce de mettre sur pied un bloc des pays arabes alliés de l'Amérique en leur offrant le renforcement de leur potentiel militaire : 20 milliards d'armement ultra-sophistiqué en dix ans pour l'Arabie saoudite, le Qatar, Bahreïn, le Koweït, les Emirats arabes unis et 13 milliards de dollars pour la même période à l'Egypte. Mais il y a un hic, car Israël a exigé sa propre contrepartie, du fait qu'il ne pouvait voir sa supériorité militaire dans le Moyen-Orient remise en cause ainsi que son rôle de "gendarme" de la région. Aussi, les Etats-Unis lui ont-ils fourni une "compensation" de 30 milliards de dollars d'armes, c'est-à-dire une augmentation particulièrement significative de 25 % de leurs fournitures militaires à Tel-Aviv.
On voit en définitive l'Amérique organiser elle-même une surenchère à l'armement dans une région déjà à haut risque et en direction d'un pays comme l'Arabie Saoudite accusée à Washington même de soutenir les terroristes sunnites, voire Al-Qaïda. Dans un monde où la règle est le "chacun pour soi", la réponse que tente d'y donner la première puissance mondiale ne fait qu'aggraver l'accélération de ce chacun pour soi et les tensions guerrières.
De façon plus large, c'est une sorte de fièvre de la course aux armements qui se développe significativement depuis fin 2006, et s'élargit à de nombreuses puissances. Et dans cette accélération dans la folie guerrière capitaliste, le nucléaire est de plus en plus en pointe. Ce n'est pas une surprise en soi. Les essais nucléaires de la Corée du Nord début 2006, les achats répétés de technologie nucléaire et de missiles à la Russie par l'Iran depuis un an, les velléités de pays secondaires comme le Brésil de reprendre leur programme nucléaire, etc., étaient des signes annonciateurs du fait que chaque pays ne se contente plus d'être sous le "parapluie" nucléaire de telle ou telle grande puissance mais exprime la volonté de se défendre lui-même.
Les Etats-Unis, en réponse à la destruction par un missile chinois d'un satellite météo en janvier 2007, destruction spatiale venant montrer la faiblesse potentielle américaine quant à sa capacité de diriger ses armes aériennes, navales et terrestres dans un conflit lointain, ont été une fois encore à l'origine de cette accélération par la proposition de renforcer leur bouclier anti-missile quasiment à la frontière de la Russie. Celle-ci ne pouvait évidemment que répondre, et n'attendait que cela, par la vague menace de viser l'Europe puis par celle plus concrète d'installer des missiles à Kaliningrad, en mer Baltique, juste entre la Pologne et la Lituanie, à deux pas du bouclier américain.
Mais la course à l'armement nucléaire ne concerne plus seulement les grandes puissances. On voit en effet une ceinture nucléarisée se développer au Moyen et au Proche-Orient jusqu'en Asie de l'Est. Si l'on compte l'Iran, force potentielle, on peut suivre un arc de cercle quasiment continu bourré de missiles nucléaires, d'Israël à la Corée du Nord en passant par le Pakistan, l'Inde et la Chine, le tout chapeauté par l'arsenal russe. En bref, une véritable poudrière atomique, en particulier dans certaines régions qui sont, déjà, des poudrières et des lieux de conflits guerriers permanents.
Dans le contexte de prolifération de conflits en tous genres d'aujourd'hui, le fil qui tient l'épée de Damoclès nucléaire sur nos têtes se fait toujours plus ténu. Ce ne sont pas les accords Salt ou autres qui garantissent quoi que ce soit. C'est seulement le développement massif des luttes ouvrières jusqu'au renversement de cette société capitaliste qui est une nécessité pour en finir avec la menace guerrière, terroriste ou nucléaire, et ouvrir la voie à un futur pour l'humanité.
Mulan / 30.08.2007
1) Les Yazidis sont une communauté religieuse considérée comme hérétique pour l'orthodoxie musulmane sunnite. Un grand nombre d'entre eux sont des Kurdes.
2) Le Monde du 22 août 2007.
3) Cité par Le Canard Enchaîné du 22 août 2007.
La haine de la bourgeoisie mondiale à l'encontre de la Révolution Russe, de la prise du pouvoir par les masses ouvrières organisées dans leurs soviets en octobre 1917, est à la mesure de l'immense espoir et de l'écho que cet événement grandiose a suscité dans le prolétariat mondial. C'est pourquoi, depuis 90 ans maintenant, la classe dominante, ses historiens et idéologues, s'acharnent à dénaturer la signification réelle de cette première révolution consciente de l'histoire de l'humanité.
Nous avons déjà développé dans notre presse les différentes étapes du processus révolutionnaire qui débute en février 1917 en Russie (1). Face aux terribles souffrances que la guerre impérialiste mondiale imposait depuis deux ans et demi aux couches les plus pauvres de la population, la paysannerie et le prolétariat, face aux massacres dont ils étaient victimes sur le front, l'insurrection des ouvriers et soldats de Pétrograd avait balayé en quelques jours le régime tsariste. Mais ni l'organisation, ni la conscience de la classe ouvrière, ni, de l'autre côté, le degré d'affaiblissement politique de la bourgeoisie, n'étaient suffisants pour que cette insurrection puisse donner le pouvoir au prolétariat. Elle fut usurpée par les secteurs "démocratiques" et "libéraux" de la bourgeoisie, avec à leur tête un "gouvernement provisoire" qui poursuivit et même intensifia la participation de la Russie à la guerre impérialiste. Pendant plusieurs mois, la classe ouvrière, y compris son avant-garde, le parti bolchevik, se débattit dans des illusions à l'égard de ce gouvernement, empêchant l'apparition d'une perspective claire sur la marche à suivre. Ce n'est qu'à partir d'avril, avec les thèses de Lénine sur "les tâches du prolétariat dans la présente révolution" (2) que cette perspective fut tracée par les bolcheviks : le renversement du gouvernement provisoire, la prise du pouvoir par les soviets comme première étape de la révolution prolétarienne mondiale. A ce moment-là, seuls les détachements les plus avancés de la classe ouvrière soutenaient une telle perspective. La nouvelle offensive militaire lancée le 18 juin par le gouvernement provisoire attisa la colère des masses organisées dans les conseils ouvriers de la capitale et aboutit aux journées insur-rectionnelles de juillet 1917. Cependant cette révolte pré-maturée à Pétrograd était un piège provocateur, attisé par la bourgeoisie. Cette dernière essaya de faire endosser la responsabilité de l'échec de l'offensive militaire au prolétariat de la capitale pour l'écraser, lui et les bolcheviks, alors que les conditions de la révolution n'étaient pas encore mûres dans le reste du pays. Face à ce mouvement d'ampleur, les bolcheviks, conscients de son caractère prématuré, parvinrent à en prendre la tête tout en empêchant son issue insurrectionnelle qui aurait été fatale au processus révolutionnaire en cours. Il s'ensuivit néanmoins une répression brutale mais limitée malgré tout, les bolcheviks furent mis hors-la-loi, Lénine fut accusé d'être à la solde du gouvernement allemand pour déconsidérer l'ensemble des bolcheviks aux yeux des prolétaires (3).
La défaite de juillet poussa la bourgeoisie entre août et septembre à en finir avec le "cauchemar révolutionnaire". Se partageant la besogne entre le bloc "démocratique" de Kerensky et le bloc ouvertement réactionnaire de Kornilov, chef des armées, elle organisa le coup d'Etat de ce dernier qui rassembla des régiments de Cosaques, de Caucasiens, etc., qui semblaient encore fidèles au pouvoir bourgeois et essaya de les lancer contre Pétrograd. La mobilisation des masses ouvrières, le refus des soldats de suivre Kornilov aboutit à l'échec retentissant de cette tentative de putsch. "Le coup d'Etat manqué de Kornilov (...) entraîne une mobilisation nouvelle du prolétariat. Dès lors, la situation se corse de plus en plus, menaçant de devenir désespérée pour le prolétariat dont les privations s'aggravent (...) ; elle s'aggrave pour les paysans qui voient la révolution agraire promise par les socialistes-révolutionnaires au pouvoir, sans cesse différée (...) ; elle s'aggrave pour l'armée et la flotte, contraintes de continuer au service de classes ennemies une guerre désespérée..." (4). Cette recrudescence de la mobilisation ouvrière, apparue dès la mi-août, avait pour axe le renouvellement des soviets confisqués et dénaturés par les forces bourgeoises mencheviks et socialistes-révolutionnaires. Les ouvriers étaient de plus en plus convaincus qu'ils ne répondaient plus à leurs intérêts. Une intense auto-activité se développa au sein des masses et des soviets, des résolutions se multiplièrent au fil des réunions, aboutissant à l'élection de majorités révolutionnaires formées de délégués bolcheviks, mencheviks internationalistes, socialistes-révolutionnaires de gauche (à Helsinfors, Ural, Kronstadt, Reval, la flotte de la Baltique, etc.). Le 31 août, à Pétrograd, et début septembre à Moscou, les motions bolcheviks obtinrent pour la première fois la majorité. Désormais, les conditions de la révolution étaient mûres. A partir de la mi-septembre, une marée de résolutions demandant la prise du pouvoir déferla depuis les soviets locaux ou régionaux (Kronstadt, Ekaterinoslav, etc.). Depuis son exil en Finlande, Lénine exhorta le comité central du parti bolchevik à s'atteler immédiatement à la préparation des soviets à l'insurrection avant que la bourgeoisie ne se ressaisisse et passe à une contre-offensive sur le modèle de celle de Kornilov. Malgré de fortes résistances au début au sein du comité central du parti bolchevik, une résolution fut adoptée le 10 octobre pour la préparation immédiate de l'insurrection. A partir de ce moment, l'agitation des révolutionnaires en faveur de l'insurrection fut systématique dans les usines, les casernes, les meetings, les réunions de soviets. La veille, le 9 octobre, avait été créé le "Comité militaire révolutionnaire" du soviet de Pétrograd, présidé par Trotsky, dont la tâche était de "participer à la défense de la capitale avec le concours actif des ouvriers" (5).
Contrairement aux allégations crapuleusement intéressées de toutes les composantes bourgeoises sur le soi-disant complot, putsch organisé et dirigé par les bolcheviks, il faut mettre en lumière le caractère massif, ouvert et collectif de la décision et la volonté des ouvriers, avec en leur sein les bolcheviks, de passer à l'insurrection. Elle correspond à l'initiative créative des masses, poussées par les atermoiements volontaires du gouvernement provisoire sur les promesses jamais tenues, la dégradation inouïe des conditions de vie du prolétariat et des masses paysannes dont les révoltes en septembre constituèrent un élément important de la maturation révolutionnaire et les firent basculer du côté des ouvriers. Elle est le fruit d'une organisation simple et admirable, des discussions et des débats qui donnèrent lieu à des résolutions synthétisant la conscience acquise par les masses, le recours à la persuasion et à la conviction, etc. Le déclenchement très proche de cette insurrection était un secret de polichinelle pour tout le monde : pour preuve, le Congrès des Soviets de la Région Nord, réuni les 11-13 octobre, appelait ouvertement à l'insurrection. Même chose à Minsk...
Le 22 octobre eut lieu "la journée du soviet de Pétrograd", où ce sont des foules immenses d'ouvriers et de soldats qui se pressèrent en de multiples lieux publics pour participer à des meetings où les slogans les plus repris étaient : "A bas le gouvernement Kerensky !", "A bas la guerre !", "Tout le pouvoir aux soviets !". Ce fut un acte gigantesque dans lequel les ouvriers, les employés, les soldats, des femmes, des enfants, marquèrent ouvertement leur engagement dans l'insurrection. Les mencheviks et socialistes-révolutionnaires et autres forces bourgeoises ne se trompèrent pas sur l'inéluctabilité de la phase finale de la révolution représentée par la prise du pouvoir par les conseils ouvriers. Ils réussirent une dernière fois à différer le deuxième congrès pan-russe des Soviets qui était initialement prévu le 15 octobre jusqu'au 25, obtenant ainsi un sursis de 10 jours. "Vous fixez la date de la révolution !" disaient les mencheviks aux bolcheviks, ce qui montre l'énorme mensonge d'un putsch préparé dans l'ombre ! Ensuite les événements se précipitèrent : le 23 octobre, le Comité Militaire Révolutionnaire (CMR) partit à la conquête des troupes hésitantes, notamment celles de la forteresse Pierre et Paul ; le 24, commença la prise de possession des positions décisives du pouvoir (le central téléphonique, la Banque d'Etat, etc.). Enfin, comme prévu, le 25 octobre, c'est l'encerclement du gouvernement provisoire au palais d'Hiver permettant la prise du pouvoir par le second Congrès des Soviets. Contrairement, là encore, aux interprétations orientées de la bourgeoisie depuis cet événement, les bolcheviks ne prirent pas le pouvoir dans le dos du Congrès des Soviets, le mettant devant le fait accompli. Comme nous l'écrivions dans la Revue Internationale n°72 : "C'est le prolétariat dans son ensemble qui se donna les moyens d'avoir la force nécessaire - armement des ouvriers, formation du CMR, insurrection - pour que le Congrès puisse prendre effectivement le pouvoir. Sans cette préparation antérieure, la décision du Congrès des soviets de "prendre le pouvoir" n'aurait été qu'une gesticulation inutile facilement désarticulée par les ennemis de la révolution. On ne peut comprendre la tenue du Congrès des soviets comme un acte isolé, formel. Il faut le replacer dans toute la dynamique générale de la classe et, concrètement, à l'intérieur d'un processus dans lequel se développaient les conditions de la révolution à l'échelle mondiale et où, à l'intérieur de la Russie, une infinité de soviets locaux appelaient à la prise du pouvoir ou le prenaient effectivement : c'est simultanément qu'à Pétrograd, Moscou, Tula, dans l'Oural, en Sibérie, etc., les soviets firent triompher l'insurrection."
Si l'insurrection fut l'oeuvre des soviets, ceux-ci n'auraient pu la mener à bien sans le rôle décisif du parti bolchevik, qui tout au long du processus révolutionnaire a agi en symbiose avec la classe dans son ensemble. Son activité avait pour axe central le développement de la conscience de classe : "C'est précisément un patient travail de clarification de la conscience de classe du prolétariat et de cohésion des prolétaires de la ville et de la campagne". (5). D'autre part, il faisait confiance en la capacité d'union et d'auto-organisation du prolétariat : "Ne croyez pas aux paroles. Ne vous laissez pas leurrer par des promesses. Ne surestimez pas vos forces. Organisez-vous dans chaque usine, dans chaque régiment et dans chaque compagnie, dans chaque quartier. Travaillez à vous organiser jour après jour, heure après heure..." (6). La victoire de la révolution, "les bolcheviks la durent à leur intelligence des besoins de la classe ouvrière" (4). En outre, à l'inverse de la bourgeoisie et de par sa situation spécifique au sein de la société, le prolétariat n'a aucune assise économique ou politique au sein de la société. Ses seules armes sont sa conscience (produit des leçons qu'il dégage de son expérience historique contre le capitalisme et facteur actif de sa lutte) et son organisation (d'une part son organisation unitaire, les conseils ouvriers, et d'autre part, son organisation politique, le parti qui regroupe les éléments les plus conscients de la classe). La défaite ultérieure de la révolution commencée en Russie sera due en premier lieu à la défaite de la révolution mondiale (échec de la révolution allemande en priorité) et à l'isolement du premier bastion prolétarien. Quant à l'art de l'insurrection, Lénine disait : "L'insurrection, pour être couronnée de succès, doit avoir pour appui non un complot, non un parti, mais la classe avancée. Cela premièrement. L'insurrection doit s'étayer d'un élan révolutionnaire du peuple. Cela en deuxième lieu. L'insurrection doit s'appuyer sur un tournant de l'histoire de la révolution grandissante, au moment où l'activité des masses populaires atteint son plus haut degré, où les hésitations dans les rangs ennemis atteignent le leur, comme parmi les faibles amis de la révolution, équivoques et indécis. Cela en troisième lieu. Par cette façon de poser les trois conditions de l'insurrection, le marxisme diffère du blanquisme" ("Marxisme et Insurrection"). En ce sens, l'Octobre prolétarien est toujours vivant à travers l'exemple qu'il nous a fourni de la nécessité, de la possibilité et des moyens à mettre en oeuvre pour la révolution communiste mondiale.
L'effondrement du bloc de l'Est en 1989 a redoublé le déchaînement de mensonges à l'égard de cette révolution prolétarienne d'Octobre 17. Le plus crapuleux de ces mensonges est celui qui prétend que la chute fracassante des régimes de l'Est, cette faillite définitive du stalinisme, c'est celle précisément de la révolution d'Octobre 17. "Le communisme est mort" répètent-ils à satiété. Dans cette équivalence éhontée du communisme et du stalinisme, ce dernier étant le concentré hideux du capitalisme décadent, démocrates et staliniens ainsi que les groupes trotskistes se sont toujours retrouvés, au-delà de leurs oppositions, dans une sainte alliance pour dire aux ouvriers que c'est le socialisme qui, malgré ses travers et déformations, a régné à l'Est. Le maintien de cette monstrueuse fiction du "socialisme" à l'Est, représente, aujourd'hui plus que jamais, un enjeu considérable pour la bourgeoisie. Il s'agit de faire croire aux ouvriers qu'il n'y a rien à espérer en dehors du capitalisme. Si selon la propagande bourgeoise, révolution = goulag, c'est que de toutes façons, Octobre 17 ne fut qu'un "vulgaire coup d'Etat" fomenté par les "méchants bolcheviks". Cette falsification cynique illustre à quel point la bourgeoisie mondiale craint par-dessus tout une entreprise comme celle d'Octobre dans laquelle des millions de prolétaires, entraînant derrière eux toutes les autres couches exploitées de la société, sont parvenus à s'unifier consciemment et à agir collectivement pour devenir maîtres de leur propre destinée. En effet, la révolution d'Octobre 17 en Russie et la vague révolutionnaire mondiale qui l'a suivi jusqu'au début des années 20, restent jusqu'à présent le seul moment de l'histoire où la domination bourgeoise a été ou renversée par le prolétariat (en Russie en 1917) ou réellement menacée par celui-ci (en Allemagne en 1919).
SB
(1) Internationalisme n°330(2) Internationalisme n°331
(3) Internationalisme n°332
(4) Victor Serge, L'An I de la Révolution Russe, tome 1, Editions Maspéro.
(5) Trotsky, Histoire de la Révolution Russe.
(6) Lénine, Introduction à la conférence d'avril 1917.
Nous informons nos lecteurs de la création d'un noyau du CCI au Brésil. C'est pour nous un évènement de grande importance qui vient concrétiser le développement de la présence politique de notre organisation dans le pays le plus important d'Amérique latine, pays qui compte les plus grosses concentrations industrielles de cette région aussi bien qu'à l'échelle internationale. Il existe également dans ce pays un milieu d'éléments attirés par les positions révolutionnaires, de même que des groupes politiques prolétariens. Parmi ceux-ci, nous avons déjà signalé dans notre presse et sur notre site en portugais l'existence de l'Opposition Ouvrière (OPOP). Existe aussi dans l'Etat de São Paulo un groupe en constitution, influencé par les positions de la Gauche communiste, avec lequel nous avons établi plus récemment des relations politiques régulières, dont la tenue de réunions publiques en commun.
Nous espérons évidemment que la collaboration avec ces groupes sera de plus en plus étroite et fructueuse, perspective qui n'est nullement contradictoire avec notre volonté de développer spécifiquement la présence politique du CCI au Brésil. Bien au contraire, notre présence permanente dans ce pays permettra que se renforce encore la collaboration entre nos organisations, d'autant plus qu'entre notre noyau et OPOP existe déjà une longue histoire commune, faite de confiance et respect mutuels.
La création de notre noyau est la concrétisation d'un travail engagé par le CCI de façon ponctuelle, il y a plus de 15 ans et qui s'est intensifié ces dernières années à travers la prise de contact avec différents groupes et éléments, la tenue de réunions publiques dans différentes villes, dont certaines dans des universités ayant suscité un grand intérêt de la part d'une assistance nombreuse. Il ne s'agit évidemment pas pour nous d'un aboutissement mais d'une étape significative dans le développement de la présence des positions de la Gauche communiste sur le continent sud-américain. Loin de constituer une exception brésilienne, cet évènement fait partie du même phénomène d'apparition de groupes partout dans le monde et qui est le produit, dans une dynamique de reprise des combats de classe à l'échelle inter-nationale, de la tendance de la classe ouvrière à secréter des minorités révolutionnaires.
CCI / 06.07
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