Elections en Italie : Le grand cirque électoral

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En plein mouvement social en France, les medias ont fait une large place à la campagne électorale en Italie. Dans ce pays, elle a été omniprésente sur les écrans de télévision depuis plus de 6 mois. C’est une tactique délibérée de la classe dominante d’utiliser le cirque électoral, comme elle l’a fait récemment en Allemagne, en France pour le referendum, et ailleurs, pour détourner la colère ouvrière sur le terrain du vote "populaire", pour enchaîner le prolétariat à son Etat "démocratique". C’est pour cela aussi que tous les partis en Italie se sont jetés dans la campagne, que se sont créées des coalitions, de droite comme de gauche, sensées ouvrir de nouvelles perspectives à une société minée par la crise économique. Cependant, ce que la classe dominante n’a pas pu cacher, c’est que de droite comme de gauche, les deux camps de la bourgeoisie en présence n’avaient absolument rien d’autre à offrir à la classe ouvrière que plus de sacrifices pour rendre l’Italie plus compétitive sur le marché mondial déjà saturé, plus de misère, plus d’oppression. La campagne électorale s’est transformée en farce médiatique dans laquelle les deux camps se sont lancés dans des confrontations, non pas sur leurs projets respectifs pour la société, mais pour diaboliser la fraction adverse. D’un côté, Berlusconi était présenté comme un tyran, un dictateur, un raciste, un mafieux, un homme qui n’a que des insultes à proférer contre les "couillons" du camp d’en face ; de l’autre, la coalition de gauche n’aurait été que l’esclave des "communistes" ennemis de la "liberté", qui font "bouillir les enfants pour en faire des engrais pour les champs". C’est ce torrent d’insultes et de mensonges qui a occupé tout l’espace à la télévision, dans les journaux, une campagne qui faisait appel à tout ce qu’il y a de plus irrationnel dans chaque individu : la peur de la délinquance, de l’immigration, les ressentiments, le dégoût. Pour la bourgeoisie, le résultat sorti des urnes est à la hauteur de son incapacité à trouver une issue à la crise du capitalisme et à la situation spécifique du capitalisme italien dans ce cadre. C’est effectivement la crise mortelle de ce système, son pourrissement sur pied, qui font que la classe dominante a de plus en plus de peine à maîtriser ses mécanismes électoraux, difficulté particulièrement aiguë en Italie mais qui s’est fait jour également aux Etats-Unis ou en Allemagne dans les dernières élections. D'ailleurs, un perdant, il y en a eu un, le prolétariat comme à chaque élection.
Plus qu’une "élection sans perdants" (Le Monde), c’est une élection sans gagnants qui a eu lieu en Italie. D'ailleurs, Berlusconi disait "à plus de 83% de participation, c’est nous qui gagnons". Prodi ne doit sa "victoire" qu'à une coalition invraisemblable allant de l'extrême-gauche au centre droit, ce qui augure de futures furieuses bagarres entre cliques et d'une grande instabilité politique. Effectivement, sa classe, la bourgeoisie, a remporté une victoire … contre la classe ouvrière, après un an de campagne assourdissante, en la divisant en autant de citoyens dans les isoloirs. "Non seulement, la bourgeoisie plonge le prolétariat dans la paupérisation absolue, mais en plus, elle l’humilie en lui donnant ‘des jeux et du cirque électoral’ (Revue Internationale, n°122)". De droite comme de gauche, l’Etat italien ne peut que continuer à attaquer les conditions de vie de la classe ouvrière.

Mel (21 mai)

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