Prise de position sur les récentes grèves au sein de la Police Militaire au Brésil

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

La grève de la Police Militaire 1 (PM) qui s’est déroulé dans plusieurs Etats du Brésil début 2012, même si ce n’est pas de manière simultanée, a eu des répercussions importantes : elle a touché les Etats de Maranhão, Ceará, Bahia, et s’est étendue à Rio de Janeiro. Le mouvement a atteint sa plus grande ampleur et force dans l’Etat de Bahia où plus de 3000 agents de la Force Nationale de Sécurité, de la Police Fédérale et principalement de l’armée ont dû être mobilisés pour y faire face. C'est essentiellement dans la capitale, Salvador, que la mobilisation a été la plus forte, les policiers en grève et nombre de leurs proches y ayant occupé l’Assemblée Législative.

Le gouvernement de Dilma Rousseff, suivant la ligne de son mentor Lula, a condamné le mouvement de grève en tant qu’atteinte à la démocratie et a ordonné la mobilisation de l’armée et de la Police Fédérale à Salvador, Rio et d’autres villes dans le but très clair de réprimer les manifestants. Jaques Wagner, gouverneur du Parti des travailleurs (PT) à Bahia, a été chargé de diriger les actions contre le mouvement de grève dans cet Etat.

Pour leur part, de hauts représentant du PT, du PCdoB, des gauchistes PSTU et du PSOL 2, ainsi que d’autres organisations de gauche et de droite se virent dans l’obligation de se prononcer "pour ou contre" le mouvement. Les deux premiers partis, progouvernementaux, prirent position contre le mouvement, le qualifiant de grave atteinte à l’État de droit et à la démocratie. De leur coté, les gauchistes du PSTU et du PSOL apportèrent leur soutien sans restriction aux policiers, les considérant comme des "travailleurs de la sécurité publique". La population, étant donnée la grande couverture médiatique donnée au conflit et face aux craintes d’une augmentation de la violence et des homicides, se trouva également confrontée au problème de décider si elle soutenait ou non le mouvement de la PM.

Cette grève de la PM qui n’est ni la première, ni certainement pas la dernière du secteur, exprime les difficultés de l’État brésilien pour préserver l’ordre et la cohésion au sein de ses corps de répression, affectés par la crise économique tant dans les conditions de vie de ses membres que dans son fonctionnement.

Le prolétariat et ses organisations de classe doivent être le plus clair possible sur cette grève de la PM et ce qu’elle représente pour les prochaines luttes qu’entamera le prolétariat brésilien, face aux attaques que la bourgeoisie assène, et qui s’accentueront avec l’approfondissement de la crise mondiale du capitalisme.

La crise capitaliste : cause principale du mouvement

La bourgeoisie brésilienne se glorifie de faire partie de l’élite des "pays émergents", positionnement atteint principalement durant les périodes du gouvernement de Lula ; de fait elle fait partie des pays du groupe appelé "les BRICs" 3. Tout comme ses partenaires, le Brésil est parvenu à occuper cette place grâce à l’exploitation et à la précarisation des conditions de vie du prolétariat, favorisées par un climat de "paix sociale" principalement obtenu grâce au contrôle exercé sur les masses prolétarienne par la gauche du capital, avec à sa tête le PT.

Les policiers, tout comme le reste de la population salariée, n’échappent pas à la pression constante qu’exerce le capital contre leurs conditions de vie : bas salaires, précarisation qui s’exprime à travers une détérioration accrue du salaire direct et social et des conditions de travail, etc. Cependant, les militaires, quel que soit leur grade dans la hiérarchie, en tant que membres de l’appareil de répression de l’État et donc rémunérés par celui-ci, en se mettant en grève, mettent en lumière les conflits et les contradictions au sein de la classe dominante. En effet, d’une part, celle-ci a besoin de pouvoir compter sur un corps répressif toujours apte à exercer la coercition et la violence contre le prolétariat quand celui-ci lutte pour ses revendications, même les plus basiques comme un salaire permettant de satisfaire les besoins élémentaires. Mais, d’autre part, ce sont pour la plupart des personnes recrutées au sein de familles du prolétariat qui, tout en constituant les éléments de première ligne dans la défense de la classe dominante, sont aussi ceux qui perçoivent les plus basses rémunérations parmi les personnel exerçant les fonctions quotidiennes liées à l’appareil répressif étatique (police, juges, tribunaux). Tout ceci provoque un énorme mécontentement propice à la grève.

Le récent conflit de la PM, en tant que mouvement revendicatif du secteur ayant eu la plus grande ampleur jusqu’à ce jour, a posé des problèmes certains à l’État brésilien. Les mesures répressives prisent par le gouvernement fédéral contre plusieurs dirigeants du mouvement, loin de calmer la situation, ont entrainé une plus grande radicalisation. Par ailleurs, les revendications de salaire accordées sont loin de correspondre aux aspirations initiales du mouvement. Ce qui était demandé : réintégration des policiers expulsés de la PM suite à la grève "historique" de 2001, incorporation des primes, paiement d’une prime de risque, rattrapage linéaire de 17.28% rétroactif depuis avril 2007 et révision du secours d’alimentation. Ce qui a été obtenu : proposition d’une augmentation de salaire de 6.5% et une nouvelle prime pour le travail en tant que policier destinée à augmenter progressivement jusqu’en 2014. Les policiers emprisonnés n’ont pas été amnistiés.

Le mouvement de grève de la PM est partie prenante de l’affaiblissement croissant de la capacité de la bourgeoisie à imposer son ordre, alors que certaines forces de répression vont devenir moins fiables au fur et à mesure de l’accentuation des contradictions de son système. L’approfondissement de la crise capitaliste et avec lui la mise en place des mesures d’austérité nécessaires, vont jouer un rôle de premier plan.

Les corps de police : au service de la bourgeoisie contre le prolétariat

C’est un fait que la grande majorité des éléments des corps de police, tout comme la majorité des salariés, ne possèdent pas de moyens de production et ne disposent que de leur force de travail pour survivre. Ils appartiennent aux couches les plus pauvres de la société et se mettent au service de l’État pour recevoir un salaire qui leur permet de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. On pourrait être amené penser que, du fait de cette similitude d’origine sociale et de condition salariée, les intérêts et revendications des policiers coïncident avec ceux du prolétariat qui se voit dans l’obligation de lutter et de se mobiliser contre les attaques du capital. Mais ce n’est pas le cas ; ce sont des mouvements qui se situent dans des camps ennemis.

L’origine sociale des policiers ne doit pas nous faire oublier qu’ils sont au service du maintien de l’ordre dominant avec comme fonction de réprimer et terroriser la population comme l’illustre ce qui suit : "Ces derniers mois abondent des nouvelles d’abus policiers, d’agressions gratuites envers la population, de viols, de répression violente de la PM lors de manifestations, en plus des traditionnels assassinats et tortures. La police brésilienne est celle qui assassine le plus au monde et ses crimes quotidiens ne font jamais l’objet d’enquêtes ni de poursuites… La PM est à l’Université de Sao Paulo (USP) pour réprimer les étudiants, tout comme elle le fit contre les manifestations à Piaui, Recife, Espirito Santo, etc." 4. On peut aussi voir cette même attitude dans la récente évacuation de Pinheirinho 5 et la menace d’évacuation de la communauté de quilombos (communautés descendant d’esclaves) de Rio do Macaco à Bahia, où la Police Militaire qui avait été en grève récemment, était en train de remplir sa fonction répressive conjointement avec la Marine.

C’est pourquoi il est nécessaire et fondamental pour la classe ouvrière et ses minorités révolutionnaires d’être le plus clair possible par rapport au caractère de classe des membres des corps de police et des corps répressifs en général. La position de classe des policiers n’est pas définie par le fait d’être des salariés mais parce qu'ils constituent la première force répressive utilisée par l’État, et de ce fait par le capital, pour affronter le prolétariat.

Cette distinction provient du fait que le prolétariat n’est pas constitué par la somme de tous les salariés, ni même par la somme de tous les exploités. Le prolétariat est une classe sociale dont les intérêts sont antagoniques à la classe des capitalistes, et ses luttes revendicatives sont un maillon dans la chaine des luttes en vue de son émancipation, ce qui les mène à une confrontation avec la bourgeoisie et son État. Quand un secteur du prolétariat lutte, ce n’est pas seulement le travailleur exploité qui est en train de lutter, c’est tout un secteur de la classe révolutionnaire qui est capable de développer sa conscience à travers son expérience de la force sociale qu’il représente dans le capitalisme.

Le policier, en décidant de vendre sa "force de travail" à l’État pour intégrer les organes de répression, met ses capacités au service de la bourgeoisie avec la mission spécifique de préserver le système capitaliste à travers la répression du prolétariat. En ce sens, il cesse d’appartenir à la classe des prolétaires. Quand un chômeur ou une personne qui cherche un emploi décide d’entrer dans la police, il accepte le "contrat" suivant : être fidèle au mandat de faire appliquer la loi et de maintenir l’ordre établi. Ceci le place contre tout mouvement social ou de classe qui affronte les intérêts du capital et son État. Ainsi, le fonctionnaire de police devient un serviteur de la classe dominante et, en tant que tel, se situe hors du camp du prolétariat. On sait bien que les membres des corps répressifs ne répriment pas seulement les travailleurs, mais aussi leurs propres voisins dans les quartiers où ils habitent.

Le récent conflit entre les corps de police et leurs directions est un conflit sur le terrain du capital. En effet, les membres des corps de polices demandent de meilleures conditions de salaire et de travail pour pouvoir mener à bien leur tâche et même pour le faire avec plus d’efficacité, c'est à dire, pour mener à bien leur tâche répressive dans le cadre de "paix sociale".

Dans ce sens, c’est une erreur d’appeler à la solidarité les différents secteurs de travailleurs salariés avec une grève de policiers de ce genre ; essentiellement parce que la fonction de la police réside dans la défense de l’État capitaliste. Le fait que les policiers soient recrutés au sein de la population pauvre ne modifie pas cette fonction, bien que cela puisse influencer d’autres aspects.

L’État, avec hypocrisie, s’affronte aux grévistes en les rendant responsables de l’augmentation de la criminalité et les accusant de laisser la population à la merci des criminels. Ainsi l’État s’organise pour attribuer aux corps de polices un rôle "social", "utile", comme par exemple la lutte contre la criminalité ; c’est la justification sociale de la nécessité de ces forces au service de l’État. Nous voyons ainsi comment les prolétaires et l’ensemble de la population sont conduits à apporter leur soutien pour renforcer les corps répressifs, justifiant le recrutement de plus de policiers ou le fait que ceux-ci puissent bénéficier de meilleurs équipements. La criminalité et la violence sociale sont en augmentation partout dans le monde du fait des propres contradictions du capitalisme et de la décomposition sociale qui n’affectent pas seulement les corps de police, mais aussi les hauts fonctionnaires de l’Etat et ses forces militaires 6.

Seul le développement de la lutte prolétarienne peut dissoudre les corps répressifs

Il existe des circonstances dans lesquelles les forces de l’ordre, principalement l’armée, peuvent être amenées à ne pas agir dans le cadre de la défense de l’État capitaliste. Ceci peut arriver au moment de luttes massives du prolétariat quand de larges secteurs de la population sont mobilisés, et que des secteurs des forces militaires refusent de réprimer les luttes ou mouvements sociaux, pouvant même aller jusqu’à s’unir aux secteurs en lutte et à s’affronter militairement aux troupes qui restent fidèle à la bourgeoisie. Dans ces cas-là, il existe la possibilité et la nécessité de soutenir et même de protéger ces membres des corps répressifs qui s’opposent ainsi aux ordres de répression de l’État.

L’accélération de la crise du capitalisme depuis 2007 qui est à l’origine de l’émergence des mouvements sociaux en Afrique du Nord et dans les pays arabes, ainsi que des mouvements comme celui des "indignés" en Europe essentiellement, ou "Occupy Wall Street" aux Etats-Unis, peut générer des situations où seront possibles des tentatives de fraternisation entre les soldats et les masses en mouvement. Cependant, de telles situations doivent être analysées avec beaucoup de précision politique pour éviter les comportements trop confiants comme nous l’avons vu lors des mouvements en Egypte, quand l’armée, simulant la sympathie avec le mouvement, a laissé faire le sale travail de répression brutale par la police. En fait, dans ce pays, comme nous le savons – et c’est beaucoup plus clair aujourd’hui -, le pilier du système c’est l’armée.

Les illusions démocratiques de ces mouvements et le fait que le prolétariat n’a pas été la classe qui en a pris la direction, les a rendus victimes des fausses sympathies des forces de l’ordre et des institutions bourgeoises et les a conduit à chercher des solutions qui aboutissent au renforcement du camp de la bourgeoisie. Ce n’est que dans des situations révolutionnaires très avancées, quand le rapport de force entre bourgeoisie et prolétariat sera favorable à ce dernier, que nous pourrons nous attendre à une situation de fraternisation avec les forces militaires, comme on l’a déjà vu dans le mouvement ouvrier.

Il y a eu des épisodes importants de fraternisation au cours de la Révolution russe d’Octobre 1917.  Trotsky en rend compte de manière brillante dans son œuvre Histoire de la Révolution Russe qui décrit et approuve l’attitude des ouvriers russes en févier 1917 envers les cosaques dont il affirme "qu’ils étaient fort pénétrés d'esprit conservateur" et qu’ils étaient "de perpétuels fauteurs de répression et d'expéditions punitives" ; et plus loin : "les cosaques attaquaient la foule, quoi que sans brutalité (…) les manifestants se jetaient de côté et d'autre, puis reformaient des groupes serrés. Point de peur dans la multitude. Un bruit courait de bouche en bouche : "Les Cosaques ont promis de ne pas tirer." De toute évidence, les ouvriers avaient réussi à s'entendre avec un certain nombre de Cosaques. (…) Les Cosaques se mirent à répondre individuellement aux questions des ouvriers et même eurent avec eux de brefs entretiens. (…) Un des authentiques meneurs en ces journées, l'ouvrier bolchevik Kaïourov, raconte que les manifestants s'étaient tous enfuis, en certain point, sous les coups de nagaïka de la police à cheval, en présence d'un peloton de Cosaques ; alors lui, Kaïourov, et quelques autres ouvriers qui n'avaient pas suivi les fuyards se décoiffèrent, s'approchèrent des Cosaques, le bonnet à la main : "Frères Cosaques, venez au secours des ouvriers dans leur lutte pour de pacifiques revendications ! Vous voyez comment nous traitent, nous, ouvriers affamés, ces pharaons. Aidez-nous !"  Ce ton consciemment obséquieux, ces bonnets que l'on tient à la main, quel juste calcul psychologique, quel geste inimitable ! Toute l'histoire des combats de rues et des victoires révolutionnaires fourmille de pareilles improvisations." 7

Le prolétariat et ses minorités révolutionnaires devons garder à l’esprit que, à plus long terme, il ne peut y avoir de victoires militaires sur la bourgeoisie sans désagrégation des forces répressives. La désagrégation sera le produit de plusieurs facteurs :

- La crise économique ;

- La pression de la lutte de classe, la perspective du pouvoir prolétarien s’imposant à la société comme une alternative à la bourgeoisie ;

- Dans ce contexte, le fait que les forces répressives soient essentiellement constituées d’éléments des couches exploitées ou pauvres de la société, les rend réceptives aux appels à la fraternisation de la part du prolétariat.

Il se peut que nombre de prolétaires, d’éléments et groupes politiques appartenant au camp du prolétariat au Brésil sympathisent ou se solidarisent avec la grève de la PM, étant donné que, d’une certaine manière, ils partagent avec la classe des travailleurs la situation de pénurie à laquelle nous soumet le capital. Il se peut même que certains appellent les travailleurs à prendre la grève des policiers comme exemple de lutte. Toutefois, une telle approche ne sert qu'à nuire à la conscience de la classe ouvrière et à affaiblir sa capacité à affronter la classe ennemie, étant donné que non seulement elle assimile la grève des policiers à un évènement qui appartient aux luttes du prolétariat, mais aussi elle alimente un manque de confiance dans les capacité du prolétariat brésilien à développer ses luttes sur son propre terrain de classe après des décennies de léthargie dues à l’action du PT, des autres partis de droite et de gauche du capital, et leurs syndicats.

Lorsque cette "vieille taupe" dont nous parlait Marx commence à secouer les fondations du capital brésilien, moment où, sans doute, il s’affrontera avec force aux corps répressif de l’Etat, sa lutte persévérante et tenace sur son terrain de classe pourra ouvrir le chemin à un affaiblissement de ces mêmes corps répressifs.

Le CCI (14/03/2012)

 

1 - Au Brésil la police est divisée entre la sphère fédérale et la sphère étatique (c'est-à-dire propre à chacun des différents États de ce pays). Dans la sphère fédérale, se trouvent la Police Fédérale, la Police Fédérale des Autoroutes (ou voies rapides) et la Police Fédérale Ferroviaire. Dans la sphère étatique se trouvent la Police Civile et la Police Militaire. La Police Civile est responsable des investigations et la Police Militaire est l’institution responsable de la sécurité publique et du maintien de l’ordre bourgeois. En plus de ces organisations policières, il y a la Garde Nationale qui est utilisée en cas d’urgence de "sécurité publique" ; elle est formée d’éléments entrainés et détachés de diverses organisations étatiques.

2 - PCdoB : Partido Comunista do Brasil, scission du Partido Comunista Brasileiro.

PSTU : Partido Socialista dos Trabalhadores Unificado (Parti Socialiste des Travailleurs Unifié), de tendance trotskiste.

PSOL : Partido Socialismo e Liberdade (Parti Socialisme et Liberté) qui regroupe plusieurs tendances trotskistes.

3 - En économie, on utilise le sigle BRIC pour désigner l’ensemble : Brésil, Russie, Inde et Chine, qui se détache sur la scène mondiale en tant que "pays émergents". Source : es.wikipedia.org/wiki/BRICS

4 - PCO. Grève de la PM : le gouvernement veut que la police réprime la population. Source : www.pco.org.br/conoticias/ler_materia.php?mat=34993

 

5 - OPOP. Nous sommes Pinheirinho : Soutien total et solidarité avec les habitants de Pinheirinho. Source : revistagerminal.com/2012/01/24/nos-somos-o-pinheirinho-todo-apoio-e-solidariedade-aos-moradores-do-pinheirinho

6 - Voir l’article de Revolución Mundial, notre section au Mexique, "L’insécurité sociale … Un motif supplémentaire pour lutter contre le capitalisme". Revolución Mundial n° 125, noviembre-diciembre 2011.

7 Histoire de la Révolution russe. Ch. VII. "Cinq journées : du 23 au 27 février 1917". https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr07.htm

 

Géographique: 

Rubrique: 

International