Le plan de lutte contre la cybercriminalité, un prétexte pour renforcer l'État policier

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Le ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie (MAM), vient de dévoiler son plan de lutte contre la cybercriminalité. Tous les "délinquants" du Net sont dans son collimateur : pédophiles, racistes, terroristes mais aussi les "pirates" en tous genres. Par ce plan, l'Etat français renforce encore un peu plus son arsenal répressif :
  • Passage de 8 policiers et gendarmes affectés à l'Office central contre la cybercriminalité à une cinquantaine et création de 150 "cyberenquêteurs" régionaux à la police judiciaire (PJ).

  • Surveillance accrue des fournisseurs d'accès à internet qui devront fournir les données d'accès des "connexions suspectes" avec le blocage des sites "à caractère douteux".

  • Mise en place de systèmes de mouchards (équivalents des écoutes téléphoniques pour le net) dans le cadre d'enquête pour "délinquance aggravée" avec captage à distance des données d'un ordinateur.

  • Et enfin, ouverture d'un cybercommissariat recevant des plaintes comme la délation de particuliers.

La police, la surveillance et la répression deviennent des éléments permanents de notre quotidien. Contre la menace terroriste, davantage de flics. Contre l'insécurité routière, davantage de flics. Contre la cybercriminalité, davantage de flics. La prochaine Loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi2) doit prolonger pour quatre ans encore les mesures «d'exception» prises suite à l'attentat de Londres en 2005 : les soldats, mitraillettes en bandoulière vont rester encore longtemps sur les quais de gare et de métro, et les caméras de surveillance vont continuer de fleurir un peu partout, à chaque coin de rue.

Toutes ces mesures n'ont qu'un seul véritable but : faire en sorte que la "population", c'est-à-dire la classe ouvrière, s'habitue peu à peu au quadrillage par l'Etat français. La classe ouvrière doit se savoir «protégée» mais aussi, et surtout, surveillé en permanence. Il y a ici une dimension de menace latente, une volonté d'impressionner la classe ouvrière pour l'inhiber. "Faites attention, on vous surveille". Le Figaro, en date du 4 juillet, nous donne par exemple un aperçu de l'utilisation possible de la vidéosurveillance : "Lors du mouvement contre le CPE, la police a (...) expérimenté le renvoi des images par satellite considéré comme une solution d'avenir. "

Si cette pression peut être perçue plus intensément par les ouvriers qui commencent à réfléchir sur ce monde et à vouloir lutter, tant mieux, se dit la classe dominante. C'est pourquoi MAM n'a hésité à rappeler, lors de la présentation de son plan de lutte contre la cybercriminalité, les groupes comme "Action directe, la Fraction Armée Rouge ou les Brigades rouges" et leurs liens avec les "partis politiques extrêmes", autant de menaces terroristes à venir. L'assimilation de ces dérives gauchistes et activistes au mouvement ouvrier est du pain béni pour l'Etat policier. Face à la montée actuelle des luttes ouvrières à travers le monde, la bourgeoisie s'empresse de parler de "résurgence violente de l'extrême gauche radicale". Ce n'est pas par hasard si un groupe de jeunes «d'extrême gauche», se définissant eux-mêmes comme "anarcho-autonomes", a récemment fait les frais d'une interpellation de la cybersurveillance policière pour "visées terroristes". Lesquelles ? On n'en sait rien. Mais Michèle Alliot-Marie rappelle elle-même "les risques d'une résurgence violente de l'extrême gauche radicale". En réalité, dans un contexte où les luttes ouvrières sont appelées à se développer de plus en plus massivement, il s'agit de pointer du doigt et d'avertir que tout discours anti-étatique ou anti-bourgeois sera considéré comme "terroriste".

Il ne faut pas se leurrer, l'Etat français et sa police n'ont pas attendu ce plan d'action pour surveiller et infiltrer ordinateurs et correspondances internet de façon ciblée. Mais "Big Mother" permet à la répression de faire encore un pas en avant dans le flicage de la population.

Mulan (19 février)

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