Une rencontre de communistes internationalistes en Amérique latine

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Nous publions ci-dessous la Prise de position adoptée en commun par 7 grou­pes ou organisations présents dans 8 pays d’Amérique latine (1) qui rend compte des travaux d’une rencontre internationaliste qui s’est tenue récemment (2).

Cette rencontre, dont le projet avait été formulé il y a un an, a été rendue possible en premier lieu par l’émergence de ces groupes qui, pour la majorité d’entre eux (tous à part OPOP et le CCI), n’existaient pas encore il y a 3 ans de cela. Ensuite, cet événement n’aurait jamais vu le jour sans la volonté commune des groupes en question de rompre l’isolement et de développer un travail politique en commun (3).

La base d’un tel travail a été l’acceptation par les participants de critères qu’ils considèrent comme constituant une délimitation du camp du prolétariat par rapport à celui de la bourgeoisie et qui sont exposés dans la Prise de position publiée ci-après.

L’activité première de cette rencontre était nécessairement la discussion politique permettant de faire la clarté sur les convergences et les divergences existant entre les participants, afin que soit élaboré un cadre de discussion en vue de la clarification des désaccords.

Nous saluons chaleureusement le fait que cette rencontre ait pu avoir lieu et qu’elle ait été capable d’assumer des discussions importantes comme celles sur la situation actuelle de la lutte de classe internationale ainsi que sur la nature de la crise qui ébranle le capitalisme aujourd’hui. Nous avons pleinement confiance dans la poursuite fructueuse de ce débat (4).

Nous sommes bien conscients que cette rencontre n’a constitué qu’un tout petit pas sur le chemin qui mène à la constitution d’un pôle de référence international dont l’existence, les débats publics et l’intervention soient à même d’orienter les éléments, les collectifs et les groupes qui surgissent dans le monde entier à la recherche d’une réponse prolétarienne internationaliste à la situation toujours plus grave dans laquelle le capitalisme entraîne l’humanité.

Néanmoins, si l’on se réfère aux expériences passées – par exemple aux Conférences internationales de la Gauche communiste qui s’étaient tenues il y a trente ans (5) – cette rencontre a accompli le dépassement de certaines faiblesses qui s’étaient manifestées à l’époque. Alors que les Conférences n’étaient pas parvenues à adopter une déclaration commune face à la guerre en Afghanistan, qui représentait alors une grave menace, aujourd’hui la Prise de position adoptée unanimement par les participants défend de façon très claire des positions prolétariennes face à la crise du capitalisme.

En particulier, nous voulons souligner la ferme dénonciation que fait la Prise de position des alternatives capitalistes de “gauche” actuellement en vogue sur tout le continent américain et qui suscitent, dans le monde entier, des illusions loin d’être négligeables. Depuis les Etats-Unis, avec le phénomène Obama, jusqu’à la Patagonie argentine, le continent est “secoué” par l’arrivée de gouvernements qui prétendent défendre les pauvres, les travailleurs, les exclus et qui se présentent comme les porteurs d’un capitalisme “social”, “humain”, ou qui encore, dans une version plus “radicale” (comme Chavez au Venezuela, Morales en Bolivie et Correa en Equateur), prétendent incarner rien de moins que “le socialisme du xxie siècle”.

Nous pensons qu’il est de la plus haute importance que, face à ces mystifications, se dresse un pôle unitaire, fraternel et collectif de minorités internationalistes, ouvrant la voie à la discussion et à la formulation de positions de solidarité internationale, de lutte de classe intransigeante, de combat pour la révolution mondiale, face au capitalisme d’Etat, au nationalisme, à l’exploitation dont ces “nouveaux” prophètes cherchent à assurer la perpétuation.

CCI (26-04-09)

Prise de position commune

La lutte pour le communisme authentique, c’est à dire pour une société sans classes, sans misère et sans guerres, suscite à nouveau un intérêt croissant de la part de minorités dans le monde entier. En mars 2009, à l’initiative du Courant Communiste International (CCI) et de Oposição Operaria (OPOP), s’est tenue en Amérique latine une Rencontre de discussion internationaliste à laquelle ont participé différents groupes, cercles et camarades individuels de ce continent se situant clairement sur des positions internationalistes et prolétariennes.

Outre le CCI et OPOP, les groupes suivants étaient présents :

Grupo de Lucha Proletaria (Pérou),

Anarres (Brésil)

Liga por la Emancipación de la Clase Obrera (Costa Rica et Nicaragua)

Núcleo de Discusión Internacionalista de la República Dominicana

Grupo de Discusión Internacionalista de Ecuador

En outre, des camarades du Pérou et du Brésil ont également participé aux travaux de cette rencontre. D'autres camarades d'autres pays avaient également manifesté leur intention de participer mais n'ont pu le faire pour des raisons matérielles ou administratives.

L'ensemble des participants se reconnaissait dans les principes exprimés par les critères ci-dessous, qui avaient également servi globalement à la tenue des Conférences des groupes de la Gauche communiste à la fin des années 1970 et en 1980 :

1. Se réclamer du caractère prolétarien de la révolution d’Octobre 1917 et de l’IC tout en soumettant ces expériences à un bilan critique permettant d’orienter les nouvelles tentatives révolutionnaires du prolétariat.

2. Rejeter sans réserve toute idée selon laquelle il existe dans le monde des pays à régime socialiste ou avec des gouvernements ouvriers, même qualifiés de “dégénérés”  ; de même, rejeter toute forme de gouvernement capitaliste d’Etat, comme ceux basés sur l’idéologie du “socialisme du XXIe siècle”

3. Dénoncer les partis socialistes et communistes, de même que leurs acolytes, comme des partis du capital  ;

4. Rejeter catégoriquement la démocratie bourgeoise, le parlementarisme et les élections, armes à travers lesquelles la bourgeoisie a réussi de nombreuses fois à encadrer et dévoyer les luttes ouvrières en mettant la classe ouvrière devant le faux choix : démocratie ou dictature, fascisme ou antifascisme.

5. Défendre la nécessité que les révolutionnaires internationalistes oeuvrent à la constitution d’une organisation internationale de l’avant-garde prolétarienne, arme indispensable de la révolution prolétarienne.

6. Défendre le rôle des conseils ouvriers comme organes du pouvoir prolétarien, de même que l’autonomie de la classe ouvrière par rapport aux autres classes et couches de la société.

L’ordre du jour des discussions était le suivant :

1. Le rôle du prolétariat et sa situation actuelle, le rapport de forces entre les classes  ;

2. La situation du capitalisme (au sein de laquelle se déroulent les luttes actuelles) et, comme réflexion plus globale, le concept de décadence et/ou de crise structurelle du capitalisme  ;

3. La crise écologique croissante dans laquelle nous plonge le système. Bien que, par manque de temps, ce point n’ait pu être discuté, il fut convenu de mener à bien cette discussion par Internet.

Sur le point 1, des exemples relatifs à l’Amérique latine ont été utilisés pour illustrer les analyses sur l’état actuel de la lutte de classe, mais le souci de la plupart des interventions était de concevoir ceux-ci comme une partie de la situation générale du combat prolétarien à l’échelle internationale. Cela dit, la rencontre a décidé de porter une insistance toute particulière sur la dénonciation des différents gouvernements de gauche qui dirigent la plupart des pays d’Amérique latine en ce moment, comme ennemis mortels du prolétariat et de son combat  ; sont également concernés par cette dénonciation ceux qui apportent un soutien, même de façon critique, à ces gouvernement. La rencontre a également dénoncé la criminalisation des luttes ouvrières de la part de ces gouvernements avec une insistance sur le fait que la classe ouvrière ne peut pas se faire d’illusions sur les méthodes légalistes et démocratiques mais qu’elle ne peut compter que sur sa propre lutte autonome. Cette dénonciation s’applique notamment aux gouvernements suivants :

Kirchner en Argentine,

Morales en Bolivie,

Lula au Brésil,

Correa en Equateur,

Et, tout particulièrement, à celui dirigé par Chavez au Venezuela dont le prétendu "Socialisme du xxie siècle" n'est pas autre chose qu'un vaste mensonge destiné à prévenir et réprimer les luttes du prolétariat dans ce pays et à mystifier les ouvriers dans les autres pays.

Sur le point 2, les participants sont tombés d'accord sur la gravité de la crise actuelle du capitalisme, de même que sur la nécessité de la comprendre plus en profondeur à partir d'une perspective théorique et historique.

En conclusion des discussions, les participants se sont accordés sur les points suivants :

la tenue de la rencontre constitue une manifestation de la tendance actuelle au développement du combat et de la prise de conscience du prolétariat à l'échelle internationale  ;

l'aggravation considérable de la crise du capitalisme aujourd'hui ne peut, à terme, que renforcer cette tendance au développement des luttes ouvrières, rendant de plus en plus nécessaire la défense des positions révolutionnaires au sein du prolétariat  ;

en ce sens, l'ensemble des participants estime nécessaire la poursuite de l'effort qui a été engagé avec la tenue de la rencontre afin d'être partie prenante du combat prolétarien international.

Plus concrètement, comme premier pas de cet effort, il a été décidé ce qui suit :

1. l’ouverture d’un site Internet en langue espagnole (éventuellement portugaise) sous la responsabilité collective des groupes participant à la rencontre. De même, est envisagée la possibilité de publier un bulletin en langue espagnole basé sur le contenu du Site internet.

2. la publication sur ce site :

de la présente prise de position (qui sera également publiée sur les sites des groupes participants)  ;

des contributions qui ont été préparées pour la rencontre  ;

du procès verbal synthétique des différentes discussions qui se sont tenues lors de celle-ci  ;

de toute autre contribution des groupes et éléments présents ainsi que de tout autre groupe ou camarade qui se reconnaît dans les principes et les préoccupations qui ont animé la rencontre.

Parmi ces préoccupations, la rencontre souligne tout particulièrement la nécessité d'un débat ouvert et fraternel entre révolutionnaires et le rejet de tout sectarisme et esprit de chapelle. 

 


1) Mexique, République dominicaine, Costa Rica, Nicaragua, Equateur, Pérou, Venezuela, Brésil.

 

2) Les participants ont été les suivants : Oposição Operária –OPOP (Brésil), CCI, LECO (Liga por la Emancipación de la Clase Obrera, Costa Rica-Nicaragua), Anarres (Brésil), GLP (Grupo de Lucha Proletaria, Pérou), Grupo de Discusión Internacionalista de Ecuador, Núcleo de Discusión Internacionalista de la República Dominicana, de même que des camarades de ces pays ayant participé à titre individuel.

3) Nous avons rendu compte de cette effervescence en Amérique latine dans notre article Deux nouvelles sections du CCI

4) Une des décisions de la rencontre a concerné la création d'un site Internet où seront publiés la prise de position commune et les débats.

5) Lire par exemple dans la Revue internationale n° 16, l'article 2eme conférence internationale des groupes de la Gauche communiste.

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